Star Trek Strange New Worlds : Critique 1.02 Children of the Comet

Date : 17 / 05 / 2022 à 15h30
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STAR TREK STRANGE NEW WORLDS

- Date de diffusion : 12/05/2022
- Plateforme de diffusion : Paramount+
- Épisode : 1.02 Children of the Comet
- Réalisateur : Maja Vrvilo
- Scénaristes : Henry Alonso Myers & Sarah Tarkoff
- Interprètes : Anson Mount, Ethan Peck, Rebecca Romijn, Jesse Bush,Christina Chong, Celia Rose Gooding, Melissa Navia et Babs Olusanmokun

LA CRITIQUE FM

Après les catastrophes de la saison 4 de Discovery et la saison 2 de Picard, le premier épisode de Strange New Worlds a été pour beaucoup, dont moi, une bouffée d’oxygène salvatrice. Même si je suis d’accord avec les points soulevés par Yves en accord avec sa grille d’analyse, je considère de base et depuis longtemps qu’on ne peut plus être dans le même univers que les séries originelles même si la production veut nous faire croire le contraire. Dont acte, tous les multiples éléments qui sont rédhibitoires pour Yves ne peuvent plus l’être obligatoirement pour moi. Seul, compte pour moi l’esprit général qui fait que Star Trek est Star Trek.

Children of the Comet est un épisode centré sur le personnage d’Uhura qui est loin d’être l’officier confirmé vu dans la Série Originale. Incertaine quant à son avenir et sa présence dans Starfleet, l’épisode est une bonne entrée en matière pour commencer à la faire évoluer. Et particulièrement en ce qui concerne sa relation personnelle avec Spock. Si Nichelle Nichols est une personnalité lumineuse qui a pu transmettre à son personnage toute l’empathie qui la caractérise, c’est peu dire que Celia Rose Gooding marche dans les pas de son ainée.

C’est aussi l’occasion cette semaine de continuer à développer les sentiments de Pike concernant son funeste futur. C’est clairement bizarre de voir Starfleet faire pleinement confiance en un homme qui est persuadé que sa destinée est à la base tragique. Pour autant, la discussion avec Una Chin-Riley (Number One) pose une bonne question. Quand on sait, peut-on changer son futur ? Je suis persuadé que cela sera le fil rouge de la saison voire de la série.

Sur la problématique de la semaine, je suis un peu dubitatif, particulièrement sur la résolution. Toute série confondue, cela m’a toujours chagriné de voir des histoires dans une caverne qui, comme par hasard, a une atmosphère respirable. Par contre, j’aime le fait que la musique soit assimilée à un langage. Et pour ceux qui se posaient la question sur les capacités musicales de la nouvelle Uhura, vous voilà rassuré.

Globalement, le format épisodique continue de montrer sa capacité à mieux respecter la raison d’être de Star Trek. Et c’est pour moi un soulagement. Comme l’est l’alchimie entre les acteurs sur cette série. On vibre toujours plus pour des personnages qu’on aime quand ils sont bien incarnés à l’écran.

Un épisode de bonne facture même s’il est moins brillant que la semaine dernière.

LA CRITIQUE YR

L’histoire de Strange New Worlds 01x02 Children Of The Comet se veut "touchante" de simplicité et de classicisme. Et cette "sous-enchère" intimiste est en soi un mouvement estimable...

Si vous ne souhaitez pas vous plonger dans une analyse exhaustive du contenu (fatalement riche en spoilers), veuillez cliquer ici pour accéder directement à la conclusion.

La comète C/2260-Quentin est sur une trajectoire qui croise la planète de classe M Persephone III et sa collision anéantira tous ses habitants, les Delebs, des humanoïdes pre-warp sentients. Mais il s’avère que ce corps céleste abrite une technostructure high tech capable de générer un bouclier d’énergie, tandis que le très puissant vaisseau d’une espèce humanoïde (à la peau grise de tortue et aux yeux oranges) nommée les Shepherds (ou Bergers en VF) convoie religieusement ladite comète, nommée M’hanit, car réputée être un ancien "arbitre de vie", c’est-à-dire apportant la vie ou la mort selon les cas.
Un détachement (composé de Spock, La’an, George Samuel, et la cadette Uhura) est envoyé sur la comète pour explorer une espèce de "temple" à la surface. Mais suite à une imprudence fanfaronne du frangin moustachu Kirk, l’équipe se retrouve coincée dans cette grotte lumineuse déployée autour d’un œuf géant et doré. Il faudra alors tout le talent de Nyota "The Voice" Uhura pour comprendre que le mécanisme qui contrôle M’hanit est sensible à la musique. Après s’être libérée grâce à une séance de vocalise, l’away team est rapatriée sur l’USS Enterprise... qui peut alors tenter d’interférer dans la trajectoire de la comète pour sauver les Delebs en dépit de l’opposition armée des Bergers, disposant d’un vaisseau incomparablement plus grand et puissant.
Les héros devront donc ruser : tandis que l’USS Enterprise détournera l’attention des Shepherds et les bluffera en prétendant détenir du trilithium, Spock frôlera avec une navette la surface de M’hanit (durant une spectaculaire séance de roller coaster entre débris spatiaux) pour que le choc thermique de la sublimation provoque le détachement d’une partie du manteau rocheux et change la trajectoire de la comète. Ainsi, au lieu de se crasher, cette dernière apportera de la vapeur d’eau à la très aride planète Persephone III, offrant ainsi un cycle de pluies renaissantes aux Delebs et une promesse de développement...
Finalement, l’analyse par Uhura des transmissions musicales de M’hanit révèlera sur le tard à l’équipage que la comète disposait d’une capacité de précognition et avait anticipé l’intervention salutaire de Spock. Ce mystère cosmique entrera aussitôt en résonance avec la propre névrose de Pike, c’est-à-dire sa soumission au destin tragique qui le hante. Quant à la cadette Uhura qui doutait de sa place dans Starfleet, cette première expérience sur le terrain la convaincra de sa compétence et de sa légitimité... à grand renfort d’encouragements de l’officier vulcain.
L’épisode sera émaillé de quelques échanges superficiels sur les questions de foi versus raison et destin versus libre-arbitre, mais surtout jonché de nombreuses interactions personnelles, parfois humoristiques, notamment entre Spock et Uhura... et en amont (toute la durée du teaser) dans le cercle des officiers supérieurs conviés à un dîner informel aux quartiers privés de Pike...

Exactement comme pour le pilote SNW 01x01 Strange New Worlds, SNW 01x02 Children Of The Comet présente en apparence la saveur, le parfum, et l’aspect d’un épisode de Star Trek
Dès lors, à un niveau de lecture superficiel, sans prise de tête, ouais, ça peut le faire, et c’est même plutôt joli…
Mais aussitôt que l’on gratte quelque peu la surface, l’édifice s’effondre une nouvelle fois, tel un invariable château de cartes… laissant pour toute consolation la musique du film en lieu et place du film, le seul sourire (mais en forme de K) du chat de Cheshire...

En réalité, SNW 01x02 Children Of The Comet possède deux facettes distinctes mais entremêlées…
C’est d’une part le baptême du feu, en situation de danger réel (et d’exposition à la mort), de la cadette Uhura. En ce sens, ce second épisode immédiatement consécutif au pilote est un décalque narratif de ST ENT 01x03 Fight Or Flight... où d’une très semblable façon l’exolinguiste Hoshi Sato doutait de sa place et de sa légitimité dans Starfleet, était assaillie d’angoisses sur le terrain opérationnel, ne se considérait pas à la hauteur de ses fonctions… pour finalement faire la démonstration de ses capacités et être officiellement adoubée par ses supérieurs (en l’occurrence T’Pol et Archer).
C’est d’autre part une histoire de paradoxe de prédestination où les héros découvrent que le choix décisionnel qu’ils croyaient leur appartenir était en réalité prévu de toute éternité. En ce sens, SNW 01x02 Children Of The Comet est un rip-off thématique de ST DS9 03x15 Destiny… où Ben Sisko s’est efforcé de protéger le whormhole de la collision avec une comète pour faire mentir une prophétie bajorane… avant de découvrir qu’il avait participé de ses actes et malgré lui à ladite "prophétie" (échec de la vaporisation de l’astrocroiseur qui aura éclaté en trois morceaux avant de laisser derrière lui une trainée de silithium permettant de communiquer à travers le trou de ver même fermé).
Ce sont enfin quelques pincées de ST ENT 01x22 Vox Sola (une communication musicale avec une forme de vie alien), ST ENT 03x12 Chosen Realm (des religieux fanatiques qui mettent en danger l’USS Enterprise), ST TOS 01x02 The Corbomite Maneuver (une tactique de bluff du capitaine pour tenir en respect un adversaire plus puissant), ST TOS 03x10 For The World Is Hollow And I Have Touched The Sky (un astéroïde se révélant télique, artificiel et générationnel) et quelques autres opus pré-2009 qui viennent saupoudrer le plat...
Autant dire que les racines trekkiennes ne font ici guère de doute... si ce n’est que ces sources d’inspiration ont été passées à la casserole de la malbouffe et accommodées à la sauce Alex Kurtzman... comme nous allons le constater dans l’analyse du contenu...

Cela commence par la "martingale" appliquée à tous les personnages historiques qui ont eu le malheur de tomber dans l’usine Tricatel de Secret Hideout. Après les Vulcains dans Kelvin (exterminés), après Baby Kirk dans le même Kelvin (sacrifice de son père à sa naissance), après les Romuliens (exterminés aussi), après Jean-Luc Picard (sa mère pendue), après Seven Of Nine (Icheb "euthanasié" par charité), après Q (soudain humain jusqu’à la mortalité), après Pike (résigné envers son destin hyper-tétraplégique), après La’an la descendante de Khan (toute sa famille bouffée vivante par les Gorns), il fallait absolument que Uhura trimbale elle aussi son traumatisme personnel (en l’occurrence ses parents et son frère décédés dans un accident de navette).
Si certains de ces cas contredisent frontalement la timeline trekkienne historique (Picard, Q, La’an), reconnaissons que ce n’est pas forcément le cas de Nyota étant donné le peu d’informations familiales délivrée par ST TOS. Cependant, le procédé n’en est pas moins artificiel et utilitariste lorsqu’il devient systémique, et il dévoile en réalité une véritable impuissance de caractérisation… à la façon d’une concurrence victimaire. Soit une forme de Münchhausen narratif pour désespérément tenter de susciter l’intérêt, attirer l’attention, et éveiller la sympathie des spectateurs. Après des années revendications inclusives et de combats sociaux et syndicaux acharnés, chacun a désormais droit — un droit inaliénable — à son trauma et à son passé tragique (distribution entièrement remboursée par la sécu), y compris les personnages rebootés (avec ou sans recast) depuis 2005 — et c’est parfois tout ce qu’il leur reste les pauvres pour exister pleinement au royaume enchanté de Paramount +.
Dès lors, durant la party Insta chez Pike, Uhura aura fait sensation avec la tragédie ayant frappé sa famille, et elle y aura gagné un "supplément d’être"… vu que sa version historique incarnée par Nichelle Nichols devait probablement en manquer au sens kurtzmanien. Par la même occasion, elle aura accru son crédit social de VIP… puisque comme Kirk-Pine dans Kelvin, c’est un traumatisme qui l’aura conduite à s’engager dans Starfleet (le premier par défi, la seconde par dépit), moyennant une capitalisation sur le narcissisme des débauchages ("vous êtes tellement important que Starfleet ne pourrait se passer de vous").

Cela continue par la mise aux normes contemporaines du style de commandement de Christopher Pike, ouvertement forgé dans l’holacratie à la mode en Californie. D’aucuns pourraient être tentés d’y voir une parenté avec Jonathan Archer dans ST Enterprise, mais ce serait un sophisme ou un trompe-l’œil.
Parce qu’au milieu du 22ème siècle, Starfleet était une institution toute nouvelle, encore embryonnaire, prolongeant à l’échelle planétaire la NASA et seulement partiellement militaire. Il s’agissait d’un petit groupe de pionniers, frères de survie si ce n’est d’armes, et donc le capitaine de vaisseau était avant tout un skipper. Et pourtant, en dépit de son informalité (à l’image de l’acteur Scott Bakula), et de quelques contestations utilement explorées (par exemple dans ST ENT 02x03 Minefield), Archer avait su maintenir un véritable rapport hiérarchique dénué de contestabilité envers ses subordonnés, une distance formelle et une distanciation structurante, tant il s’agit d’une condition impérative à l’efficacité et à la pérennité d’un équipage durablement isolé dans l’espace et exposé à d’innombrables dangers.
Ces principes de commandement ont donc fatalement été normalisés et même renforcés au milieu de 23ème siècle. Car après la fondation de la Fédération (2161), Starfleet est devenue un système, une lourde institution intergalactique et pluri-espèces aux attributs militaires (uniformes, grades, cours martiales, vastes équipages, vaisseaux surarmés, mission de défense adossée à l’exploration, devoirs sacrificiels…).
Pourtant, loin du personnage mis en scène dans ST TOS 00x01 The Cage, le Christopher Pike "révisionné" par SNW est le pur produit du management horizontal de la culture start-up, avec son corollaire d’égalitarisme illusoire ou hypocrite, aussi bien pendant que hors du service actif. Sa soirée d’intégration fraternelle n’est rien de plus qu’une forme à peine déguisée de "team bulding" directement issue des manuels de développement et d’efficience managériaux. Ce qui revient à renverser totalement la cause et le conséquent du paradigme que Starfleet partage en grande partie avec les écosystèmes militaires des états de droit. Ce sont en effet les expériences opérationnelles qui sont susceptibles de rapprocher progressivement les hommes/femmes, puis d’éventuels événements sociaux peuvent ensuite entériner cette évolution naturelle en aval. Mais en commençant par la fin du processus, SNW 01x02 Children Of The Comet brise un équilibre génératif essentiel : la sociabilité n’est plus le fruit d’une sélection naturelle ou d’un parcours de mérites (sans lesquels rien n’a vraiment de valeur), mais seulement le produit d’OGMs (un faux innéisme) développés en accéléré dans une boîte de Petri. C’est donc, à sa manière, une manipulation... et une fiction. Mais surtout une aubaine pour faire du soap opera... car le soap porte toujours sur des relations humaines artificiellement provoquées (façon téléréalité) et non naturelles (sans quoi on parle de sciences humaines, d’études sociales ou psychologiques... comme en écrivaient Honoré de Balzac, Émile Zola... mais aussi Ronald D Moore et Brannon Braga).
Entre les soirées pyjama avec l’équipage, les subordonnés (et même les cadets comme Uhura) coupant la parole ou contestant les décisions des supérieurs (pas seulement du capitaine), les discussions et les décisions d’égal à égal, le copinage supplantant la méritocratie, Pike lui-même donnant publiquement raison aux officiers n-5 contre ses officiers n-1 (au mépris de toute chaîne hiérarchique)… cela fleure la cour du roi Pétaud.

Mais les masques tombent. Car une telle configuration représente en réalité la quintessence et l’aboutissement de l’individualisme, privant structurellement la société d’un quelconque progrès collectif (aucune utopie n’y est donc matériellement possible), les quelques réussites aléatoires sont alors le seul fruit d’individus d’exception et prédestinés. Soit précisément le catéchisme que nous servent Abrams et Kurtzman depuis 2009.
Et les raccourcis factices que prend SNW dans la construction des relations humaines représentent ni plus ni moins les pendants privés de la turbo-promotion militaire de Baby-Kirk dans Kelvin. Une autre façon de construire indûment un clubisme élitaire aucunement basé sur le mérite réel d’individus ayant fait leur preuve sur la durée (aussi bien professionnellement que relationnellement), mais uniquement sur des privilèges arbitraires (de classe, de cultisme, de prétention, de VIPisme...).
Christopher et le commandement militaire, c’est un pur oxymoron mais qui n’a finalement n’a rien de nouveau puisque le ton avait été donné dans Discovery 02x06 The Sounds of Thunder. En ce sens, Strange New Worlds est très fidèle à Discovery. Mais qu’il ne s’étonne alors pas d’être jugé avec la même sévérité sur le fond.
Et que dire de la dimension diachronique de l’Histoire du futur, où Pike devrait être un maillon évolutionniste sis quelque part entre Archer et Kirk ? Il n’en reste strictement rien ici.
Alors évidemment, par la grâce d’un script toujours complice et d’une interprétation d’Anson Mount aussi alliciante et charmeuse que pouvait l’être celle de Scott Bakula il y a vingt ans, cela peut subjectivement "passer". Mais le réalisme contextuel en prend un sérieux coup dans l’aile, car hors d’une parfaite chorégraphie scénique (donc artificieuse), un vaisseau opérationnel ne peut fonctionner sur ce mode démagogique (les quelques expériences de ce genre dans le monde réel se sont toujours soldées par des catastrophes...).
Maintenant, oui, c’est certain, l’USS Enterprise du "bon copain" Christopher est un coin franchement accueillant les touristes, ses pubs irlandais sont chaleureux, l’ambiance est toujours bonne, et plus d’un spectateur sera séduit… mais ce ne sera pas pour des raisons trekkiennes. Pas plus que le gotha des startups et des GAFAM de la Silicon Valley ne préfigure l’utopie roddenberrienne (quoiqu’en pensent certains, Kurtzman en tête probablement).

SNW 01x02 Children Of The Comet s’attèle à vouloir offrir au personnage de ST TOS, Uhura, son "origin story". Ce qui suppose dans la tradition hollywoodienne et surtout comicsienne de lui imposer une série de défis à relever… pour devenir digne de son "destin".
Mais d’entrée de jeu, l’épisode a vraiment la main très lourde en prétendant que cette gamine ayant à peine la vingtaine maîtrise rien de moins que 37 langues ! Ben voyons ! Lorsqu’on sait le temps et l’investissement que demande l’apprentissage ne fût-ce que d’une seule langue étrangère, il serait intéressant de savoir comment Uhura a matériellement fait ? Mais ce type de surenchère ne coûte finalement que le prix de quelques dialogues clinquants et inconséquents pour glorifier à peu de frais la science infuse des VIPs. Le #FakeTrek n’en est de toute façon pas à son coup d’essai en la matière, puisque Discovery 02x02 New Eden avait révélé que Saru avait carrément appris 94 langues en plus de la langue natale ! La différence malgré tout est que l’on pouvait toujours imputer cette performance surréaliste aux aptitudes supérieures des Kelpians (à l’instar de l’espèce 116 et d’Arturis dans ST VOY 04x26 Hope And Fear), ce qui n’est pas le cas pour Uhura.
Mais c’est surtout sa visite dans le "temple" de M’hanit qui donnera l’occasion à la cadette de "briller" et d’en mettre plein la vue. Déjà par ses effronteries et ses impertinences pseudo-humoristiques consistant à couper le sifflet à ses supérieurs, à persifler et discréditer les officiers vétérans de Starfleet à la moindre occasion (entre manque de respect et marque de mépris à peine voilée). Mais telle est probablement la recette pour développer des "alchimies" entre les personnages selon la grammaire de Secret Hideout.
Il ne fait aucun doute que l’écriture de SNW 01x02 Children Of The Comet repose sur le même postulat que l’ensemble des productions Abrams-Kurtzman depuis 2009, à savoir "tout pour l’individu, presque rien pour la société et les institutions". Dans le cadre de ce paradigme, il n’est pas si étonnant qu’Uhura paraisse grossièrement incompétente et impréparée au début de la mission :
- méconnaissance complète des protocoles et des usages militaires (on interrompt et on raille ses supérieurs, on drague pendant le service, on se la joue et on raconte sa vie...) ;
- peur anachronique de la téléportation à l’instar de Hoshi Sato dans ST ENT 02x10 Vanishing Point comme si les événements se déroulaient en 2152 et non en 2259 ;
- exploitation de n’importe quel prétexte pour ne pas aller sur le terrain avec la "landing party" ;
- brandissement perpétuel de l’excuse newbie (« This is my first away mission », oui oui on le saura) ;
- apathie complète devant le mur d’idéogrammes aliens tapissant le gros œuf orange au milieu de la grotte (c’est Samuel Kirk qui apprendra à Uhura que c’est son boulot de décrypter les écritures extraterrestres) ;
- grosse difficulté à comprendre que l’équipe compte sur elle pour tout le volet linguistique, elle sera même toute tétanisé lorsque ses supérieurs le lui expliqueront (la bonne blague, Uhura se croyait où, en tourisme sur un yacht de croisière ?) ;
- remarques idiotes comme si elle avait trois trains de retard (genre M’hanit n’a cessé de dévoiler ses capacités de réaction et d’interaction grâce à sa technostructure, son IA, et ses nombreux capteurs, et voilà que Nyota se réveille et sort tout de go : « Quel genre de comète sait que quelqu’un marche dessus ? ») ;
- psychologisme de stages d’entreprises omniprésent pour gérer le stress face au danger (donc au lieu de performer en situation l’urgence, au lieu de se concentrer scrupuleusement sur la formation reçue réputée ultra-élitiste, au lieu de se focaliser sur le défi de s’évader de la grotte en moins de deux heures avant que la comète ne se crashe sur Persephone III ou que les organes internes des visiteurs ne fondent sous l’effet des radiations... on se regarde le nombril, on discute des différentes façons de se remonter le moral et d’adresser des pep talks aux autres, et surtout on parle d’autre chose, de préférence des commérages de cœur et de cul...).
Du coup, il est permis de se demander ce qu’Uhura a foutu à Starfleet Academy durant au moins deux ans (aussi bien dans les "matières" des voyages spatiaux et des stages de survie que dans celle de l’exolinguistique). Il est même permis de se demander si Nyuta a simplement vécu sa jeunesse dans la Fédération du 23ème siècle (où les voyages spatiaux sont monnaie courante). Car hormis son show off des 37 langues, Uhura n’aurait pas agi différemment au début de la mission sur M’hanit si elle n’avait jamais mis les pieds à Starfleet Academy, voire même si elle était juste une trekkie débarquant de l’an 2022. Faut-il rappeler que dans les cursus réguliers (pas ceux des space boomers comme Wesley Crusher), les affectations sur les vaisseaux spatiaux, c’est après avoir terminé l’académie, non avant d’y être entré.
Et puisque SNW 01x02 Children Of The Comet convoque autant ST ENT 01x03 Fight Or Flight, la comparaison entre les deux épisodes est fatale pour… Uhura ! Hoshi Sato avait beau faire sa première expérience dans le deep space, elle avait beau avoir la peur au ventre, elle avait beau douter d’elle-même, elle avait beau appartenir à une époque où les voyages spatiaux n’étaient pas encore naturels… jamais elle ne se défilait face au danger, jamais elle ne se cherchait des excuses, jamais elle ne manquait à la discipline et au self-control, et elle connaissait sur le bout des doigts son métier d’exolinguiste (aussi bien dans son volet sonore que graphique). Elle fut la grâce sous la pression. Mais c’est vrai, Hoshi ne se vantait pas de parler 37 langues, elle ne s’épanchait pas narcissiquement sur elle-même, elle n’apostrophait pas d’égale à égale ses supérieurs, elle préférait l’être au paraître, elle était discrète et humble, elle ne vannait pas le Vulcain (ou en l’occurrence la Vulcaine) de service, et elle n’avait pas un trauma familial à valoriser. En somme, Sato était une vraie professionnelle, formée par une institution crédible, et évoluant dans un univers réaliste. L’écart est juste abyssal.
Autant dire que Sato ressemblait pas mal à... Uhura ! La vraie.

Mais soudain, miracle, en seulement quelques minutes, la chrysalide se métamorphose en papillon ! Sous la houlette initiatique de son "directeur de conscience" Spock, la cadette Uhura pige tout, et abracadabra, elle réussit à désactiver le bouclier qui maintenait prisonnier le détachement dans le "temple", sauvant ainsi la mise à tout le groupe. Ah la magie de l’individualisme prédestiné ! Eh oui la prédestination est vraiment au centre de tout dans Strange New Worlds. Comme dans Kelvin quoi.
Seulement, même là, SNW 01x02 Children Of The Comet triche ! Et dans les grandes largeurs en plus. Parce que ce ne sont aucunement ses compétences académiques ou professionnelles en exolinguistique qui font la différence, mais seulement la jolie voix d’Uhura ! Certes, probablement digne d’une premier prix de télécrochet, soit l’hommage que Strange New Worlds prétend rendre aux impros unplugged (notamment de Beyond Antares) par Nichelle Nichols dans ST TOS 01x07 Charles X, ST TOS 01x12 The Conscience Of The King et ST TOS 02x08 The Changeling.
En réalité, SNW 01x02 Children Of The Comet reproduit ici sous une autre forme (plus simple) "l’idée de génie" de la quatrième saison de Discovery, c’est-à-dire le langage émotionnel et phéromonal de l’espèce 10-C à travers les hydrocarbures disséminés dans le régolithe. Mais ici sous une forme musicale, ce qui est assurément plus sexy, permettant même de se draper de poésie, et pourquoi pas de convoquer la mémoire de Close Encounters Of The Third Kind (1977) voire des chants de baleines à bosse de ST IV The Voyage Home
Hélas, comme à son habitude, chaque fois que le #FakeTrek convie ne fût-ce qu’une once d’émotion, c’est pour mieux opérer une diversion manipulatoire afin de détourner l’attention du spectateur d’un tour de prestidigitation éhonté. Ainsi, tout en scannant les inscriptions extraterrestres sur l’œuf géant (mais sans en tirer grand-chose de tangible), Uhura fredonne des mélopées kenyanes (e.g. Vamuvamba). Faut bien dire qu’elle a toutes les raisons d’être heureuse et décontractée, elle a encore quelques minutes à vivre. Spock comprend alors — sur la base des variations de luminosités et de couleurs de LEDs qui tapissent les murs de la grotte — que le système (informatique) qui contrôle la comète M’hanit est musico-sensible. Puis Uhura devine que les harmoniques (multiples des fréquences fondamentales) correspondent à des nombres et forment un langage (comme pour les 10-C quoi). Grâce à cet alibi, Nyota fredonne un bon coup (une mélopée kenyane of course)… et hop, le gros œuf au centre s’illumine en orange et "s’ouvre"… de la façon dont on pèle une banane ! Mais curieusement, aucun des explorateurs n’a l’idée d’aller voir ce qu’il y a dedans (ni même de l’observer à distance) !
Uhura et Spock sont surtout dans leur trip solfège.. Ils constate alors que le "temple" — dont les murs sont désormais illuminés d’une lumière de couleur vermillon — émet une mélodie quelque peu inquiétante. Alors Uhura a la brillante idée de reproduire ladite mélodie a cappella ! Et cette fois, le bouclier énergétique de la comète se désactive… permettant alors à l’USS Enterprise de téléporter l’away team à bord (dont Samuel Kirk blessé et inconscient) !!!
Zéro explication bien sûr, on tourne vite fait la page (grâce aux menaçants Shepherds qui offrent une nouvelle diversion mentale). Probablement que les scénaristes s’imaginent que les spectateurs ont tellement été émus par le casting d’Uhura à l’émission The Voice sur M’hanit qu’ils ne questionneront pas le pourquoi du comment. Et effectivement, mieux vaut ne rien questionner… Car la clé de la prison (et des champs), la résolution de l’énigme, la pierre de Rosette consistait en une simple séance de psittacisme simiesque : une invitation à répéter ou reproduire la mélodie émise (ressemblant d’ailleurs curieusement aux mélopées kenyanes) ! À la limite, sans Uhura, il aurait suffi de l’enregistrer au tricordeur, puis la diffuser...
Mais à part ce travail de perroquet, on n’est pas tellement plus avancé à ce stade sur le terrain "linguistique"... Car même si les harmoniques peuvent être mis en correspondance avec des nombres entiers (ce qui est au demeurant une lapalissade car telle est justement leur définition), et que lesdits nombres participent d’un langage, comprendre ce mécanisme d’association élémentaire ne suffit aucunement à communiquer ni à se faire comprendre, et encore moins à se faire obéir (même en mode performatif). Du coup, quand l’épisode ose faire accroire que pour désactiver le bouclier et se libérer, il suffisait à Uhura de se lancer dans une belle vocalise imitant le son de la grotte, c’est du pur TGCM. Et même un TGCM de compétition construit sur mesure pour vedettiser péremptoirement l’héroïne selon la même formule copyrightée que Burnham dans Discovery ! Tout ici est tellement cheaté que c’est même à se demander si ce triomphe de bac-à-sable son & lumières n’était pas en fait prédéterminé quelle que soit la mélodie chantée par Uhura.

Pour poursuivre la comparaison avec, ou plutôt l’opposition à ST ENT 01x03 Fight Or Flight, il pouvait sembler un peu rapide qu’Hoshi réussisse à la fin de l’épisode à dire quelques mots aux Axanars dans leur propre langue, mais néanmoins cette épreuve du feu reposait sur quelque chose de tangible, à savoir des analyses linguistiques à l’aide des traducteurs universels sur la base de nombreux échantillons que l’exolinguiste avait passé tout l’épisode à étudier. Alors que dans SNW 01x02 Children Of The Comet, il n’y a rien, juste du vent : Uhura fredonne, elle convertit quelques harmoniques en nombres, reproduit une mélodie entendue, et voilà : "Sésame, ouvre-toi". Chapeau bas en matière de foutage de gueule.
En amont, les showrunners de SNW semblent ne pas du tout comprendre que toute langue étrangère est une forme de musique pour celui qui ne la connait pas (et certaines langues terriennes le sont littéralement comme par exemple celle du peuple Dong/Kam en Chine). Par conséquent, les matrices des traducteurs universels ne s’appliquent pas moins à des formes de communications musicales, à plus forte raison des liens génératifs qui existent entre la musique et les mathématiques (dont SNW 01x02 Children Of The Comet a d’ailleurs eu le culot de rappeler le caractère universel mais sans en tirer les conséquences). Et pourtant, vu que SNW n’hésite pas à pomper à mort sur le Star Trek historique, ses auteurs devraient savoir que ST ENT 01x22 Vox Sola en avait apporté l’illustration puisque la langue de la forme de vie symbiotique non-humanoïde qui absorbait l’équipage du NX-01 communiquait au travers d’un langage musical que seuls les traducteurs universels pouvaient réussir à décrypter... Mais le #FakeTrek est coutumier de ce type d’inconséquence, à l’instar de Discovery 04x12 Species Ten-C qui se prévalait du Lincos tout en le sortant du champ de compétence des traducteurs universels alors que ces derniers en sont justement la généralisation conceptuelle et fonctionnelle.
De plus, les conditions et les règles du jeu restent fluctuantes au gré des besoins scénaristiques dans les prods Secret Hideout, y compris au sein d’un même épisode. Ainsi, SNW 01x02 Children Of The Comet a fait croire que les UT étaient inutilisables sur la "musique" du "temple" tant qu’Uhura était dedans (histoire de la promouvoir artificiellement), mais ce sont pourtant ces mêmes UT qui ont forcément ensuite permis à la cadette (au retour dans l’USS Enterprise) de convertir ces harmoniques de M’hanit en carte spatiale détaillée afin de révéler la prescience divinatoire de la comète... navigant entre fantasy et religion.
By the way, comment se fait-il que l’USS Enterprise ait réussi à capter les mélodies kenyanes fredonnées par Uhura ? Le "temple" avait beau être pressurisé, les sons ne circulent pas dans le vide spatial. Cela signifie alors que la comète les a délibérément convertis en transmission EM ! Mais alors pour quelle raison ? Pour se payer un concert cosmique à la façon d’Interstella 5555 : The 5tory of the 5ecret 5tar 5ystem (2003) de Leiji Matsumoto ?
Et puis pourquoi faut-il qu’une fois de plus, comme pour les 10-C de la quatrième saison de Discovery, ce soit l’espèce réputée la moins avancée qui fasse tout le chemin pour communiquer et décrypter le langage de l’espèce la plus avancée ? L’évolutionnisme postule pourtant l’inverse (sauf si les rapports se réduisent à un simple rapport de force dominant/dominé, ce qui n’est pas le cas ici).
En outre, n’était-il pas risqué et contreproductif de livrer le plan de vol au personnel de l’USS Enterprise avant que n’advienne l’intervention de Spock ? Car si d’aventure le message avait été déchiffré avant par Uhura, la connaissance de celui-ci aurait pu impacter sur le déroulement des événements. Ah oui, c’est vrai, le paradoxe de prédestination aura systématiquement une longueur d’avance, quoi que vous fassiez ou ne fassiez pas. Une forme de super-deus ex machina inscrit dans le tissus même de la réalité. Et une astuce narrative auto-génératrice et auto-justificatrice complaisamment employée dans la seconde saison de Picard.
Bref, de la cuistrerie inconséquente dans sa forme la plus pure au service d’un nawak perpétuel...

Le cœur SF de l’épisode — car il y en a tout de même un — réside dans le concept panspermique d’une comète qui serait chargée soit d’effacer la vie soit de l’apporter aux planètes croisées, ces deux options pouvant probablement être cumulatives (à la façon de la torpille Genesis dans ST II TWOK). Mais parce que perçue par les autoproclamés Shepherds comme un "arbitre" infaillible de vie ou de mort de civilisations, ladite comète, M’hanit, est devenue l’objet d’une religion absolutiste avec rien de moins que son ordre de moines-soldats chargé de sanctuariser ses trajectoires spatiales.
Une idée aussi capillotractée, ou du moins New Age, prétendant intriquer synergiquement foi et science dans la marmite du déterminisme, aurait peut-être eu sa place dans un improbable loner de Babylon 5 (voire de Farscape), à condition d’être traitée sardoniquement (et sans complaisance) par de vrais auteurs de SF (comme e.g. J Michael Straczynski ou Manny Coto), à la manière d’un de ces singuliers caprices de l’évolution, à l’instar de la sélection du Shadak chez les Drazi dans Babylon 5 02x03 The Geometry Of Shadows.
Malheureusement, SNW 01x02 Children Of The Comet n’a aucun complexe à prendre très au sérieux (au premier degré) son idée faussement innovante et dont le traitement est fort peu cohérent. Fondamentalement, tout repose ici sur le paradigme de l’ordalie ou jugement de Dieu, une croyance médiévale obscurantiste selon laquelle Dieu rétablirait la vérité en donnant la victoire au juste lors de duels ritualisés. Alors sans le moindre recul ni tarage évolutionniste, Henry Alonso Myers et Sarah Tarkoff ont pris le parti de transposer littéralement cet archaïsme dans l’espace, à l’ère des vaisseaux spatiaux voyageant à distorsion, en faisant abstraction de toutes les ruptures épistémologiques successives qui président au lent développement des sciences… permettant de s’arracher un jour à l’attraction de son berceau planétaire, puis développer éventuellement des technologies de FTL...
Qu’à cela ne tienne, selon le bréviaire de Strange New Worlds 01x02 Children Of The Comet, on dira que les irrationnels Shepherds ont construit des vaisseaux bien plus avancés que ceux de la très rationnelle Fédération, et malgré leur haut savoir scientifique ne leur dissimulant rien de la nature strictement technologique du M’hanit, leur compréhension des faits est des causalités n’a jamais réussi à s’émanciper d’un stade mental moyenâgeux ! Voilà une belle contradiction. Autant un carcan religieux n’est pas incompatible avec certains développements scientifiques contenus, autant les grandes révolutions coperniciennes et les disruptions scientifiques — qui seules peuvent un jour conduire vers les étoiles — postulent d’en passer par une pensée sceptique, iconoclaste, et démystificatrice.
Et dire que certaines mauvaises langues reprochaient naguère aux Bajorans de ST DS9 d’avoir une foi anachronique… Sauf que son objet n’était pas forcément scientifiquement réductible (contrairement au M’hanit) ni philosophiquement exclusif/contraignant/totalitaire (laissant à chacun, et notamment à l’UFP, une complète latitude démystificatrice, même dans sa polémique septième saison).
Est-il alors cohérent de mettre en scène des technologies aussi avancées qui n’auraient jamais pu épistémologiquement sortir d’esprits aussi peu évolués, du moins dans un univers vérifiant une homogénéité évolutionniste ? Certes, les fanboys de SNW pourraient toujours dégoter dans Star Trek une "jurisprudence" (quitte à la décontextualiser avec mauvaise foi) pour "justifier" ce type d’alibis, en invoquant ces quelques espèces ayant réussi à s’emparer par la force, la ruse, ou le commerce de technologies qu’ils n’avaient pas inventées ou du moins avec lesquelles ils n’étaient pas mentalement "synchrones" (les Pakleds, peut-être les Ferengis...). Il serait également possible de songer aux espèces qui auraient "dégénéré" avec le temps (les Klingons comme l’avait remarquablement montré ST ENT 02x19 Judgment) et à celle qui sont tellement diversifiées ou plurielles que les inventions des plus éclairés peuvent tôt ou tard profiter aux plus "arriérés". Mais il n’est pas même pas nécessaire de partir en quête de légitimation internaliste puisque SNW 01x02 Children Of The Comet a fait dire au Berger que son peuple aurait été chargé en des temps immémoriaux par les hypothétiques "grands anciens" de veiller sur leur création, i.e. les "arbitres de vies" cométaires sillonnant à l’origine toute la galaxie, et dont M’hanit serait l’un des derniers spécimens. De là à supposer que lesdits "grands anciens" aient également fourni à l’espèce des Bergers la technologie et le matériel nécessaire pour exercer ce "sacerdoce" cosmique afin que nul ne s’oppose à leur prétention divine originelle de présider par avance à la vie et à la mort des mondes... Auquel cas, les Shepherds auraient-ils été manipulés comme les Xindis par les Sphere Builders dans la troisième saison de ST ENT ? Bah, il est évident que SNW ne répondra jamais à cette question car elle s’en moque bien, faute de mesurer vraiment les implications ontologiques de ce qu’elle met en scène...
Toujours est-il que cette sacralisation religieuse de l’insondable irrationnel — donc de l’arbitraire rationnel — et l’invocation par les Shepherds d’une politique de non-interférence pour laisser une comète décider du génocide ou non de civilisations entières est comme un miroir obscur de la Prime Directive. Et curieusement, tel un motif kurtzmanien qui se répète inlassablement, ce n’est pas sans rappeler la doctrine criminelle de la dystopique Fédération de la série Picard exprimée par l’amirale Kirsten Clancy dans Picard 01x02 Maps And Legends.
On retrouve également ici toute l’obsession kurtzmanienne pour les ordres combattants de fantasy, les Shepherds ayant un faux air de Qowat Milat, quoiqu’en version masculine ou mixte, mais toujours aussi fondamentalistes et nonsensiques, telle une chevalerie dégénérée sortie de la tête de cuistres.
En outre, la foi en la prédestination exprimée par le Berger postule un complet fatalisme rendant dès lors toute action vaine et sans objet (aussi bien leur protection proactive que les oppositions d’éventuels aliens), frappant donc ironiquement d’inanité la vocation même des Shepherds sur la base même de leur propre croyance. Mais il ne s’est évidemment pas trouvé dans l’épisode une ligne de dialogue pour pointer cette absurdité aporétique (qui est loin d’être la seule, cf. plus bas)...

Alors évidemment, dans SNW 01x02 Children Of The Comet, les membres d’équipage de l’USS Enterprise sauvent les apparences de la décence, puisqu’ils feront leur possible — en dépit de leurs moyens présentés comme très inférieurs — pour contrer l’oxymoron du "fatalisme terroriste" des Bergers. Puis lorsque Spock réussit clandestinement à dévier la trajectoire de M’hanit (et ainsi sauver les Delebs de Persephone III), Pike fait mine d’avaler et d’avaliser la docte "leçon de foi" des Shepherds… mais probablement aussi "sincèrement" que Galileo Galilei avait abjuré et maudit devant le tribunal du Saint-office en 1633 la théorie héliocentrique.
Il s’agit donc moins d’une recherche iréniste de paix ou de pardon à tout prix de la part de Pike que d’une forme de prudence et de diplomatie. Cette "contrition" au second degré pouvait en outre être tactiquement tolérable par réflexe de survie... face à un prosélytisme absolutiste trop puissant pour être immédiatement contré ou endigué (à l’exemple des Voths de ST VOY 03x23 Distant Origin).
Hélas, "l’acceptation" de Pike prend rétrospectivement un tour suspect (et même gênant) lorsqu’Uhura vient révéler (pour le "coup de théâtre" final) que le message musical chiffré de la comète M’hanit avait cherché à informer de l’innocuité de sa trajectoire en anticipant l’intervention de Spock (au millimètre près de roche éjectée). Car au lieu d’interpréter cette découverte sous un angle strictement rationnel (comme le faisait Starfleet envers les Prophets de ST DS9), c’est-à-dire par une variabilité de la dimension temporelle (voire par une métatemporalité), les protagonistes convoquent immédiatement la notion de destin avec son corollaire de pieuse soumission à la prédestination, probablement dans le but de servir la soupe au drame personnel de Pike envers ST TOS 01x15+01x16 The Menagerie, mais avec pour effet de légitimer en creux la croisade des Shepherds. Et voilà comment le général est sacrifié au particulier...
C’est d’autant plus facile de glisser ainsi dans un assentiment tacite… que l’affaire se termine par un happy end bien commode. Les Delebs ont été arrosés au lieu d’être exterminés, la foi et le fanatisme infatués des Shepherds ont été renforcés, et l’équipage de l’USS Enterprise s’est humblement incliné devant un ordre criminel antique du seul fait qu’il a ponctuellement épargné Persephone III. Mais qu’en sera-t-il la prochaine fois que M’hanit croisera une autre planète de classe M habitée ? Et si dans son prétendu "décret divin" décidé depuis l’origine du monde, il était "prévu" que M’hanit s’y crashe ? Et s’il s’agissait d’une planète à l’évolution technologique comparable à la nôtre d’aujourd’hui (ou à celle de Kiley 279 dans SNW 01x01 Strange New Worlds) et que ses ressortissants s’employaient à intervenir eux-mêmes contre la comète pour sauver leur monde, les Shepherds les en empêcheraient-ils au nom d’une soumission quiétiste à la prétendue "volonté" d’un "rocher spatial" ?
Mais ce raisonnement-là, SNW 01x02 Children Of The Comet n’invite pas à le faire. Les spectateurs sont au contraire supposés suivre les héros qui se réjouissent niaisement de l’arbre "feel good" qui cache la forêt apocalyptique. Et par un biais cognitif de confusion entre le phénoménologique et le structurel, l’épisode parvient l’air de rien — presque subliminalement — à implanter dans l’esprit du public que les bigots avaient en fait raison !
Sorry, Myers & Tarkoff, mais il y a quelques chose de pourri au cœur de votre histoire hautement sophistique, dans le sens où votre épisode tente de faire passer les vessies pour des lanternes, d’une part avec la complicité des illuminés qui se voient artificiellement parés d’un discours civilisé et d’une pensée évoluée que les événements semblent empiriquement confirmer (à la façon d’une propagande hagiographique composée par les prosélytes eux-mêmes), d’autre part avec la complicité active des héros qui habillent de "merveilleux" et de "hiératique" l’une des pires arnaques rétrogrades possibles. Comme il n’est pas possible de bâtir de science sur l’unicité, l’issue heureuse de SNW 01x02 Children Of The Comet demeure strictement contingente, mais aucunement signifiante. Hélas, faute de dialectique, le #FakeTrek nouveau est incapable de comprendre cette distinction. Les personnages, les spectateurs, voire les auteurs eux-mêmes se laissent donc enfumer par un consensualisme final trompeur. Et c’est ainsi que la superficialité de traitement ne conduit pas à une simple légèreté "no brainer", mais à de véritables contresens et apories philosophiques...
Il en ressort que le rhème de l’épisode est foncièrement anti-trekkien : l’extrémisme religieux s’est paré des atours de la raison pour faire la leçon aux officiers de Starfleet (traités comme des gamins irresponsables) ; le relativisme cognitif (i.e. démystificateur) se voit fragilisé par le relativisme subjectiviste (i.e invertébré) ; la distanciation critique et rationnelle est compromise par une systémique obscurantiste ; la SF (même modeste) s’efface à nouveau devant la toute-puissante fantasy (exactement comme dans Discovery et Picard) ; et la doxa réussit-là un de ses fameux coups de balancier expiatoires.
Nauséabond... derrière une façade d’ouverture aux "mystères de l’univers" et à l’hypothèse panspermique..

Ce n’est hélas pas le volet astrophysique qui va relever le niveau...
Quand bien même équipée d’une technostructure et d’une IA capable de générer des boucliers énergétiques, de faire de la musique de cétacés, de transformer son temple troglodytique en boîte de nuit branchouille, et surtout de prédire le futur (ou plus probablement d’avoir été programmée par des "grands anciens" provenant du futur voire existant hors du temps), la comète M’hanit ne semble cependant pas équipée d’un quelconque système de propulsion (contrairement par exemple à l’astéroïde Yonada de ST TOS 03x10 For The World Is Hollow And I Have Touched The Sky)… puisque les protagonistes n’ont rien détecté de tel et que son changement de trajectoire (prédestiné, consenti ou désiré) reposait uniquement sur une intervention extérieure (en l’occurrence celle de Spock). Mais n’est-il pas totalement illogique qu’une technostructure aussi élaborée ne dispose pas du b.a.ba de tout voyage spatial, à savoir la possibilité de corriger sa trajectoire ? Pour une comète supposée avoir sa volonté propre et accomplir des ordalies existentielles décidées par des "dieux" autoproclamés il y a des éons, n’est-il pas contradictoire de n’avoir à ce point aucun des moyens de sa politique ? Analogiquement, cela reviendrait à disposer de l’armement nucléaire… mais ne pas savoir enflammer une allumette.
Si M’hanit ne dispose effectivement d’aucune propulsion (pour se laisser porter par les seules ondes de la prédestination), cela signifie qu’elle n’est pas en mesure de voyager en FTL (distorsion ou autre), en somme comme n’importe quelle comète lambda. Dans ces conditions, elle est soumise aux mêmes lois astrophysiques que les autres corps célestes, inertes et balistiques. Or il est très improbable (pour ne pas dire impossible) qu’un géocroiseur puisse quitter son système stellaire afférent. Une comète passant à proximité d’une planète est presque toujours soumise à une périodicité de révolution (plus ou moins ample). Ce qui signifie en toute logique que ce prétendu "arbitre de la vie" se contente de frôler régulièrement Persephone III et exposer à chaque fois les Delebs à un risque cataclysmique. La grande montagne métaphysique accouche ainsi d’une souris eschatologique.
En supposant malgré tout que, grâce à une trajectoire complexe défiant les problèmes astronomiques non pas à trois mais à cent corps, M’hanit réussisse à s’arracher au système stellaire de Persephone III, à une vitesse cométaire (c’est-à-dire subluminique et même sub-impulsionnelle), il lui faudrait de nombreux siècles pour atteindre un autre système stellaire, et statistiquement des dizaines de millénaires pour s’approcher d’une autre planète de classe M abritant la vie (à supposer qu’elle en atteigne jamais une autre car la probabilité reste de toute façon très faible). Alors faut-il en déduire que le gros vaisseau du Berger est générationnel est passe des dizaines de millénaires à suivre à une vitesse cosmique d’escargot une comète pour savoir si un jour elle rencontrera une planète de classe M, et ce dans le seul but de s’assurer que nul ne l’empêche de s’y écraser ?! Sérieux ?! C’est vraiment ça la "grande idée SF" de Strange New Worlds 01x02 Children Of The Comet ? Un vrai nawak en barre, réussissant à être encore moins crédible que la Lune baladeuse de Space 1999 !

En aval, le "plan" concocté par l’USS Enterprise pour faire dévier la comète est paroxystiquement invraisemblable...
Certes, se placer dans le sillage cométaire faisait sens pour calmer les ardeurs des Shepherds, paralysant ainsi leurs tirs en exploitant leur peur d’atteindre et d’impacter la trajectoire sacrée de la comète.
Mais rien de ce qui suit ne tient la route :
- La navette de Spock est nommée "shuttlecraft Galileo", en référence à l’épisode ST TOS 01x13 Galileo Seven. Mais comment cet astronef a-t-il réussi à sortir de l’USS Enterprise durant le dogfight pour se cacher derrière un débris spatial ? Quand bien même la navette elle-même aurait été téléportée, le vaisseau prétendument supérieur en tout point des Bergers aurait dû le repérer aussi sec ! A fortiori, durant le survol rapproché de M’hanit en produisant une chaleur atteignant les points de sublimation de la surface minérale ! Pour mémoire, ces extraterrestres n’avaient eu aucune difficulté à repérer le détachement à l’intérieur du "temple" à la surface de la comète, ni son retour par voie de téléportation à bord de l’USS Enterprise. Mais le script a bien commodément oublié tout ça quelques minutes après, histoire de vendre un dénouement qui prend les Shepherds pour des idiots… et les spectateurs pour des poissons rouges.
- Quand bien même la navette de Spock réussirait à atteindre des températures de rentrée atmosphérique (impliquant l’activation d’un "heat shield") en frôlant une comète qui en est dépourvue (sauf à l’intérieur du "temple"), son énorme vitesse de survol — destinée à en mettre plein les mirettes quitte à sacrifier toute vraisemblance — ne pourrait en aucune façon provoquer la sublimation et finalement le détachement d’une aussi importante masse de roche ! Au nombre des Easter eggs, il faut signaler que l’écran thermique de la navette Galileo s’illumine ici en rouge exactement de la façon dont la navette Galileo 7 s’illuminait en vert en orbite de Taurus II (Murasaki 312) dans la version remasterisée de ST TOS 01x13 Galileo Seven.
- Même en supposant que M’hanit ait perdu en quelques minutes une pareille quantité de matière, à moins d’une heure de l’impact planétaire à une vitesse cométaire, la trajectoire de collision ne pouvait être suffisamment altérée pour éviter la catastrophe. Comme l’avait très justement montré ST TOS 03x03 The Paradise Syndrom, il faut s’y prendre au minimum des semaines ou des mois (des années de préférence) à l’avance pour faire utilement dévier un astéroïde par des voies naturelles. À moins d’être dans un nanar de Michael Bay, la déviation est vaine lorsque le géocroiseur a atteint la haute atmosphère… sauf s’il dispose lui-même d’un très puissant système de propulsion (pas du tout le cas ici). Et c’est encore plus vrai et plus contraignant pour une comète, plus massive qu’un astéroïde. Quant à briser un géocroiseur en plusieurs morceaux dans le voisinage orbital de la planète, cela ne fait que multiplier les points d’impacts, non les empêcher...
- Enfin, jamais la dose de vapeur d’eau que pourrait libérer une comète (ou sa queue) ne suffirait à changer véritablement le climat d’une planète entière, ni renforcer ses cycles de précipitations... qui plus est immédiatement (au contraire de ce que montre l’épisode juste pour faire pleurer Margot). De plus, si Persephone III n’a pas enduré un cataclysme antérieur, sa sécheresse pourrait être un état naturel pour les Delebs, et donc un écosystème dans lequel ils se seraient harmonieusement développés. Auquel cas, il n’y aurait pas de raison qu’ils accueillent la pluie nouvelle à la façon d’un miracle biblique... Cet accroissement d’humidité pourrait même leur être préjudiciable, à l’instar des cactacées...

Bref, comme d’habitude, rien de ce que met en scène Strange New Worlds 01x02 Children Of The Comet ne tient la route. C’est bien une signature Kurtzman en tout point.
Mais l’indulgence croissante des trekkers à l’accepter suggère que l’on finit par s’habituer à la médiocrité, ou bien que désormais seule la forme détermine l’appréciation.
Et le fossoyeur de Star Trek ne se pavanera que davantage dans les médias en s’imaginant avoir réinventé l’eau chaude...

Pour finir, voici la traditionnelle rubrique "bullshit en bullet points" :
- En prévision de la fiesta chez Pike, la lieutenante Erica Ortegas induit délibérément en erreur Uhura sur le code vestimentaire en vigueur, la conduisant à porter un uniforme formel alors que c’est juste une teuf entre tepos où on se tape sur le ventre. La farce sera explicitement présentée comme participant d’un bizutage d’intégration. Alors, certes, dans le registre des bizutages, cela reste très innocent. Mais il y a malgré tout de quoi s’étonner que ce rituel profondément anachronique — car dégradant — existe toujours au 23ème siècle, et même que ce vocable soit simplement encore en usage. Mais il est vrai que la Fédération kurtmanienne demeure dans chaque série "Star Trek in name only" le monde contemporain avec davantage de tech, étant donné la complète incapacité (ou volonté) des showrunners à penser le futur.
- Le rapport de taille entre l’USS Enterprise de Pike et le gigantesque vaisseau des Shepherds est presque aussi important qu’entre l’USS Kelvin et le Narada de Nero dans ST 2009 (moyennant cette fois un plan d’ensemble très large). De 2009 à 2022, la stagnation kurtzmanienne est donc totale : ses tropismes de la surenchère perpétuelle et de la course à l’échalotte n’ont pas bougé d’un pouce. Mais si l’esthétique du vaisseau des Bergers est assurément réussie au sens de la Hard-SF (évoquant presque certains des designs de l’univers de Babylon 5), la présence d’anneaux rotatifs demeure un anachronisme pour un vaisseau présenté comme incomparablement plus avancé que ceux de Starfleet. Car la seule utilité de telles sections rotatives est d’émuler par voie de force centrifuge la gravité naturelle, soit une contrainte de frottement (et donc d’usure) sans objet dès lors qu’a été développée la gravitation artificielle — une technologie indissociable du FTL… dont dispose forcément ce vaisseau puisque présenté comme plus rapide que l’USS Enterprise.
- Comment expliquer que le "temple" de la comète M’hanit, voie d’accès à l’IA de sa technostructure interne, dispose d’une atmosphère, et comme par hasard avec la composition et la pression idoine pour les humains ? D’aucuns ont souvent reproché au Star Trek historique ses sempiternelles grottes (comme à Stargate SG-1 ses forêts canadiennes), mais au moins elles avaient la cohérence de toujours se situer sur des planètes de classe M abritant la vie et des montagnes accessibles. Alors qu’il s’agit ici d’une comète dont la masse est par définition insuffisante pour conserver captive une quelconque atmosphère à la surface. Et pour ne rien arranger, il n’y a pas de sas (ni même de porte) entre l’intérieur du "temple" et le vide spatial qui l’entoure. Un éventuel champ de force de proximité (distinct de celui qui s’est activé par la suite autour le M’hanit) pourrait expliquer cette impossibilité physique, mais les protagonistes n’ont rien détecté de tel (du moins dans le script) ni même ne se sont étonnés de cette situation. Tout ça à peu près du niveau de la très médiocre série Lost In Space 1965...
- Avant de s’aventurer dans la queue de la comète, Pike décide finalement de riposter à l’assaut violent infligé par le vaisseau des Bergers suite au retour en téléportation de l’away team (car perçu par eux comme une profanation du "temple" de M’hanit). Mais dès son premier tir, l’USS Enterprise réussit à endommager le vaisseau adverse, sans se heurter à un quelconque bouclier énergétique, provoquant même des explosions en chaîne dans le "moyeu" central des anneaux rotatifs. Pour un vaisseau prétendument supérieur en tout point, c’est pour le moins inconsistant… Alors finalement, le vaisseau des Bergers surclasse l’USS Enterprise juste quand ça sert le script. Les rapports de puissance, c’est selon le moment et le bon vouloir des scénaristes. Comme d’hab quoi depuis 2009.
- De même, la capacité de résistance de l’USS Enterprise aux tirs intensifs des Shepherds est particulièrement hétérogène. Outre de réussir à slalomer entre les nombreuses salves avec aussi peu de réalisme que dans un jeu vidéo shoot ’em up (c’est supposé être imputable à Ortegas se vantant d’être la meilleure pilote de la flotte), le vaisseau perd 75% de ses boucliers pour avoir encaissé seulement quelques tirs. Puis lorsque cela arrange la tactique de Pike, le vaisseau se stabilise autour de 25% de boucliers malgré une augmentation considérable du nombre cumulé et de la fréquence des impacts. Nous retrouvons donc ici le même genre de géométrie variable limitless que dans le giga-combat spatial sans queue ni tête de Discovery 02x14 Such Sweet Sorrow Part 2.
- La performance de Spock aux commandes de sa navette complètement rebootée (franchement rien à voir avec celles de l’USS Enterprise de ST TOS) n’est pas en reste. La façon dont il se fraye un passage entre les innombrables débris cométaires (invraisemblable qu’il y en ait autant d’ailleurs) puis se glisse à une vitesse phénoménale dans les conduits les plus étroits — le tout en commandes de pilotage analogiques et homothétique s’il vous plait — est spectaculaire mais totalement irréel. C’est une combinaison des scènes les plus tape-à-l’œil des films Kelvin et de la frime de Cleveland Booker aux commandes de son vaisseau-Transformer.
- D’enthousiasme à avoir réussi à dévier la comète, Spock lâche un rire bien gras dans la radio en la justifiant par un "enseignement" antérieur de Pike (« Parfois, les choses vont si mal vous n’avez qu’à rire »). En retour, la passerelle rit de bon cœur. Même si dans ST TOS 00x01 The Cage, les Vulcains n’étaient pas encore pleinement définis (tout le monde se souvient du grand sourire de Spock devant les "singing flowers" bleues de Talos IV), cette initiative de SNW 01x02 Children Of The Comet est un peu casse-gueule. Moins par le risque de banalisation de ce qui était supposé être exceptionnel (les explosions émotionnelles de Spock) que par les réactions de l’équipage de Pike qui aplanit les identités, qui n’a guère le sens de l’altérité (pour être conforme à la doxa actuelle), et qui ignore les lignes de forces évolutionnistes dans l’Histoire de l’UFP. Du coup, dans SNW comme dans Kelvin, les Vulcains sont essentiellement des humains comme les autres, et ST TOS qui est pourtant supposé être postérieur (même dans une timeline distincte) pourrait comparativement (notamment par l’attitude de McCoy et des humains en général envers Spock) faire l’effet — à tort — d’accuser une régression socio-comportementale, alors qu’il est seulement question d’une entropie moindre. Résultat : un (faux) prequel qui "archaïse" (au lieu de légitimer) l’œuvre qu’il prétend précéder et préparer chronologiquement.
- Lorsque Pike fait éteindre tous les systèmes actifs de l’USS Enterprise (sauf le système de survie) à l’intérieur de la queue de la comète pour feindre une reddition aux Shepherds (afin de laisser le champ libre à Spock en navette), il prétend que son noyau de distorsion possède de la résine de trilithium… qui s’enflammerait et exposerait la "sainte comète" à un anéantissement s’il prenait l’envie au Berger de détruire l’USS Enterprise ! Quand bien même la timeline de SNW n’est de facto pas celle du ST historique, le trilithium n’existe pas à l’état naturel et il faudra attendre un bon siècle pour le Dr Soran réussisse à en synthétiser dans ST Generations. On peut donc supposer que Pike bluffe en beauté le Berger… exactement comme Kirk bluffera Balok du Fesarius au moyen de la corbomite imaginaire dans ST TOS 01x02 The Corbomite Maneuver huit ans après. Seulement Christopher fait cela ici avec la plus grande spontanéité (et probablement en concertation avec Spock puisque cela s’inscrit dans un plan qu’ils ont préalablement mis au point ensemble) sans même que l’épisode s’y attarde… alors que huit ans après, une telle stratégie de poker sera au cœur d’un épisode (jusqu’à lui donner son titre) à la façon d’une audace faisant honneur au style de commandement Kirk et supposé édifier Spock. Pour les rares trekkers qui goberaient encore la com d’Alex Kurtzman (et qui considéreraient donc mordicus que SNW appartient à la même timeline que ST TOS), c’est là une illustration anthologique du syndrome du mauvais prequel… pillant les ressorts chronologiquement ultérieurs pour son propre bénéfice, vampirisant le lore et la matériel existant, siphonnant les innovations et les mérites des héros déjà établis, tuant ainsi toute diachronie sans laquelle une Histoire du futur est juste impossible.
- Les scénaristes n’ont visiblement pas compris la fonction du trilithium. Il s’agit — comme son nom le suggère (chimiquement parlant) — d’un super-dilithium. Le dilithium est un régulateur : il intervient donc notamment pour stabiliser les réactions matière-antimatière. Tandis que le trilithium accentue cette propriété : il est un puissant inhibiteur, capable même d’endiguer les réactions nucléaires fortes des étoiles ! Alors le présenter ici comme un puissant explosif, c’est précisément le contraire de ce qu’il est !
- Quand Uhura vient livrer les conclusions de son investigation sur la "musique" émise par M’hanit, c’est avec le plus grand naturel qu’elle révèle que la comète est precog ou presciente, donc capable de circuler librement sur la ligne du temps. Même si les autres protagonistes réinterpréteront ces informations sous l’angle fantasy de la prédestination (notamment Christopher et Una pour alimenter les échanges privés par lesquels s’achèvera l’épisode), il est déroutant que voir avec quelle ouverture d’esprit tous les personnages de SNW (même des cadets comme Uhura qui ne sont pas au courant des aventures classifiées de l’USS Discovery) envisagent les problématiques temporelles, comme s’il s’agissait d’une banalité presque soporifique… alors que le positionnement général de la société sur cette question devrait être à peu près le même en 2259 qu’en 2151 (lorsque nul ne voulait croire Archer et ses expériences avec l’agent spatiotemporel Daniels). C’est bien la raison pour laquelle tout l’équipage de ST TOS (dont Uhura) tombera des nues huit ans après lorsque la possibilité du voyage dans le temps sera découverte par sérendipité à la fin de ST TOS 01x06 The Naked Time. Dans l’hypothèse totalement bancale d’une timeline commune, Strange New Worlds fait vraiment le pire des prequels imaginables, donc à jeu égal avec les deux premières saisons de Discovery, cherchant en toute occasion à ringardiser et discréditer ST TOS.
- Strange New Worlds tire en grande partie sa popularité auprès des trekkers d’un renouement avec le format épisodique des stand alones. Pour autant, Kurtzman ne se refait pas. On sent bien que les loners sont des facteurs limitants aux inclinations naturelles, tandis que point une tension et un désir de rechuter dans la serialité des pyramides de Ponzi de Discovery et de Picard. Combien de temps Secret Hideout résistera-t-il au retour-de-la-mort-qui-tue galactique ?
- Et déjà, il y a bel et bien un pesant fil rouge qui se dessine, et pas seulement en filigrane, mais au premier plan. À savoir la névrose de Pike quant à son destin tragique dans ST TOS 01x15+01x16 The Menagerie que les épisodes de SNW ne manquent jamais une occasion de remémorer aux spectateurs, tant par des échanges violoneux du capitaine avec son équipage (essentiellement Una et/ou Spock), que par les inflexions de voix dans certains dialogues (par exemple lorsque Pike dit simplement "dans dix ans" à propos d’autre chose), et même — plus grave — par la tournure de certains ressorts dont il est évident qu’ils ont été développés dans le seul but d’alimenter ce fil rouge. Or lorsque l’internalisme ne fait aucun mystère des objectifs externalistes, c’est bien le signe — s’il en est — d’une construction narrative médiocre. Seule l’interprétation toujours sobre d’Anson Mount réussit à limiter les dégâts et évite de sombrer dans un Burnham-show lacrymal. Mais il n’est pas certain que ces états d’âmes autocentrés (sur un faux problème) ne finissent pas par devenir lourds et soûlants à la fin de la saison, voire même insupportables dans les saisons suivantes.
- SNW 01x02 Children Of The Comet fait donc un peu progresser cette intrigue pikienne globale, mais sans y gagner au change en crédibilité. Parce que Christopher dévoile que le flashforward qu’il a enduré au monastère klingon de Boreth dans Discovery 02x12 Through The Valley Of Shadows était tellement immersif qu’il connait même les noms de tous les cadets qu’il a sauvés (Dusty Swender, T’quiel Dawn, Muliq Al Alcazar, Yuuto Hoshide, Andréa Lopez…), au point de compulser obsessionnellement leurs dossiers. Mais dans ces conditions, avec une telle précision de détails, il devient à chaque épisode de plus en plus invraisemblable que Pike envisage de se soumettre à une destinée funeste alors qu’il possède absolument tous les éléments en main pour l’éviter sans que qui que ce soit n’en souffre. En parallèle (aussi bien au début qu’à la fin de l’épisode), Una lui sort enfin avec bon sens ce que tous les spectateurs pensent très fort depuis la seconde saison de Discovery, à savoir que rien ne l’oblige à ruiner sa vie pour sauver ces futurs cadets, les deux conditions n’étaient aucunement indissociables ou subordonnées. Mais si une réplique comme « As-tu considéré que peut-être ton destin n’est pas écrit ? » sera logiquement accueillie avec soulagement par le public, elle révèle en même temps un état général idiocratique... pour être formulée seulement à un stade aussi avancé de la réflexion ? Devoir ainsi opposer des évidences aux héros n’est jamais un bon indicateur... Pike est-il tellement à plat ventre devant le concept païen de "sort" ou le paradigme antique de "fatum" pour n’y avoir jamais pensé de lui-même ?! Sérieux ?!
- Mais au fait, n’y a-t-il pas une contradiction flagrante entre la proposition et la péroraison ? SNW 01x02 Children Of The Comet s’est en effet employé à célébrer le déterminisme inviolable et même la prédestination absolue de M’hanit... dans le seul but de nourrir par analogie pédago l’évolution de l’introspection de Pike à travers l’objection exprimée par Chin-Riley. Sauf que cette dernière valorise (tout à l’inverse du "message" de l’épisode) le libre arbitre et la possibilité de choisir son destin ! Alors est-ce une brillante palinodie de rhéteurs ou un lamentable paralogisme de scribouillards ? La seconde hypothèse est la plus probable vu les lourds passifs de la "dream team" de Kurtzman. Mais dans le cas éventuel de la première, cela signifierait que l’histoire de la comète vient en réalité renforcer le fatalisme de Pike, comme pour suggérer que quoi qu’il entreprenne, son destin est de toute façon scellé. Soit un paradigme de fantasy, en aucun cas de SF. Somme toute, le choix devra se faire entre l’aporie et la religion. Vraiment stimulant.
- Il est probable que l’essentiel de la curiosité des spectateurs se concentre sur la manière dont Secret Hideout va réussir à justifier — probablement par un niveau de pathos encore inédit dans l’histoire audiovisuelle — que Pike accomplisse ce sacrifice totalement inutile. Car lorsque l’écurie Kurtzman défèque sur la continuité et l’internalisme trekkiens dans presque chaque scène, elle mettra en revanche un point d’honneur à raccrocher ce wagon-là à n’en point douter. L’occasion d’un WTF himalayen ne se refuse pas, surtout s’il peut être dédié à un fan-service glouton (ayant totalement phacocyté la notion même le worldbuilding).
- Au passage, la Fédération kurtzmanienne est-elle une société totalitaire et dystopique au point que les officiers de Starfleet ont librement accès à des dossiers privés sur n’importe quel civil ? Parce que huit ans avant la tragédie, ces futurs cadets ne sont encore que des enfants, loin de s’être encore enrôlés dans Starfleet...
- Un autre fil — plutôt rose quant à lui — s’esquisse déjà. Entre la très "chaude" T’Pring sortant plutôt de San Pornando Valley que des déserts vulcains, la bimbo Christine Chapel (non plus infirmière visiblement mais biologiste et médecin surqualifiée !) qui fait du rentre-dedans en mode ado façon The Bold And The Beautiful ou Beverly Hills 90210, et la cadette Uhura qui flirte en mode SM verbal, ce n’est même plus un triangle mais carrément un losange amoureux que SNW tisse autour de Spock ! Une perspective qui n’est guère réjouissante narrativement, outre d’être totalement incompatible avec ST TOS 02x05 Amok Time... et même avec la série originale en général. Parce que mine de rien, les trois prétendantes du beau bachelor aux oreilles pointues sont les antithèses géométriques de leurs modèles originels respectifs, tout comme leurs interactions avec Spock... qui s’abîment dans le parangon du contemporain le plus vulgaire (avec une touche de téléréalité en sus). Exit la finesse relationnelle, les complexités et les nuances que ST TOS réussissait à offrir malgré son grand âge et ses stigmates sixties. C’est quand même un vrai "tour de force" de la part de SNW de réussir à avoir tout faux sur trois personnages féminins à la fois en pleine ère wokiste. Et ça ne fait commencer... car cette coupe-là — 100% teen-soap garantie — sera assurément bue jusqu’à la lie.
- Spock lui-même s’avère de plus en plus décevant. Se réduisant presque à un personnage-fonction (pilote hors pair, roi du small talk, et sparring-partner d’Uhura pour encaisser ses trollages ou lui servir de marchepied), sa psychologie diverge (également) radicalement de celle du personnage historique de ST TOS... et de la vulcanité en général. Quand il adresse en fin d’épisode à Nyota un discours d’encouragement pour la convaincre que sa place est bien dans Starfleet (pour avoir prouvé qu’elle savait chanter ?), le pathos qui s’en dégage sonne bien peu vulcain. Il s’obstine à adopter les idiosyncrasies humaines (ses quelques maladresses n’étant là que pour le fun) comme s’il cherchait à (com)plaire à ses collègues et subordonnés, telle une pâle imitation de Data (dans ST TNG). Mais les scénaristes savent-ils seulement que l’un est le contraire de l’autre ? Data voulait désespérément être humain, tandis que Spock s’imposait de suivre la voie vulcaine tout en étant indifférent aux opinions des humains. Pour un personnage aussi culte et aussi épais, un tel loupé scénaristique est symptomatique. Et c’est d’autant plus navrant que le comédien Ethan Peck est en lui-même irréprochable, se donnant entier à son rôle avec une énergie palpable et un désir de bien faire. Honte à l’écriture et au showrunning de gâcher autant de potentiel et de ressources...
- Dans la famille Kirk, donnez-moi le frère... de James Tiberius. Bon alors, c’est acté, le xénoanthropologue George Samuel est le bouffon officiel de l’USS Enterprise ! On beau avoir instauré le management horizontal pour être tendance, cette tradition des cours royales a été préservée intacte, mais novlangue oblige, on nomme désormais ça "comic relief". Fait encore impensable il y a une semaine, Baby Kirk de Kelvin a été enfoncé sur son propre terrain ! C’est visiblement congénital dans les mondes parodiques signée de la marque K. Sam est donc toujours partant pour faire le kéké irresponsable, et il n’y rien d’étonnant qu’il soit devenu un vrai Jackass en ligue pro. Son dernier video gag consiste à se précipiter vers le "naos" au milieu de l’impénétrable "temple", monter sur la plateforme qui réagit au poids, rigoler des avertissements lumineux et sonores, s’en tamponner des mises en garde répétés puis des ordres de recul de Spock, poser goulument ses mains sur l’œuf central et le tripoter… puis se prendre une énorme dérouillée en pleine poire (effet backlash certifié), et finalement crever comme une m**** (en "emmurant" ses compagnons au passage). Une prestation méritant un Darwin Award. Mais pô grave, le contrat lui a garanti une résurrection cartoonesque aussi sec. Il y a même désormais une zone conductrice dans la combinaison spatiale en haut à gauche au niveau du cœur pour appliquer les défibrillateurs (les showrunners ont juste oublié que ça ne marche pas à travers les vêtements et que ce n’est pas au même endroit pour les Vulcains que pour les humains, mais OSEF). Bref, c’était l’instant karma "mise en abyme", où SNW parodie Kelvin qui parodiait déjà Galaxy Quest.
- À l’époque des synthétiseurs (ou réplicateurs) qui optimisent les ressources en reconvertissant en énergie aussi bien les restes organiques (la nourriture non consommée par exemple) que les supports inorganiques (les assiettes et les couverts par exemple), Pike cultive son originalité vintage. Donc après son gueuleton-barbecue (oui, il y a même des cheminées avec de vrais feux de joie à bord de l’USS Enterprise rebootée de SNW), Christopher et Una lavent benoîtement la vaisselle… comme un couple-vitrine pour sitcom des fifties (mais en version paritaire attention !). Et après, ils vont certainement faire le ménage, épousseter les meubles, enlever les toiles d’araignées, et passer l’aspirateur. Voilà donc comment on occupe ses loisirs à bord de l’USS Enterprise de Pike. Pour leurs hobbies, les équipages du Starfleet historique projetaient des films, faisaient du sport, montaient des pièces de théâtre et des récitals, se produisaient en concerts, vivaient d’autres vies dans des holodecks… Mais dans SNW, on préfère les jeux de rôle rustiques, les trips régressifs, les clubs de "vaissellistes" (il y a même maintenant des éviers à cette fin dans les cabines), la passion des vieux métiers... pour être toujours davantage "dans la peau des spectateurs qui nous regardent". Mais en étant un poil politicien, c’est paradoxalement raccord avec le style de management pratiqué par Pike : le plus proche possible du public actuel... pour un voyage non pas dans l’espace en 2259 mais à Hollywood en 2022.
- Malgré le léger reboot visuel, le chef ingénieur Hemmer (interprété par Bruce Horak) s’avère assez prometteur... La série assume visiblement sans ambages ses caractéristiques d’Aenar, illusoirement handicapé, en réalité supérieur. Néanmoins, prudence, certains clichés inclusifs se tiennent en embuscade… Wait and see.
- La’an Noonien-Singh demeure toujours l’un des personnages les plus réussis de la série, notamment parce qu’elle conserve un côté politiquement incorrect… dans le sillage de Camina Drummer (cf. The Expanse). Outre d’être le seul officier de Starfleet à peu près crédible dans la série, SNW 01x02 Children Of The Comet aura eu la malice de lui faire prendre à rebrousse-poil les moments de "communion musicale autosatisfaite" dans le "temple" de M’hanit. Jouissif… Mais attention, il ne faut pas être dupe : la série lui confère de toute évidence une puissante fonction de lantern (en guise de doigt d’honneur mouillé ou de clin d’œil connivent selon les cas...) pour se concilier les bonnes grâces des insatisfaits (en faisant exprimer dans le champ in-universe de la série ce que les spectateurs déplorent ou moquent derrière leur écran).
- Strange New Worlds 01x02 Children Of The Comet enfonce une nouvelle fois le clou des stardates totalement anachroniques… qui à elles toutes seules excluent SNW de la timeline de ST TOS. Cette fois, c’est Uhura qui énonce la stardate 2912.4 dans son "cadet’s log". Après avoir situé SNW 01x01 Strange New Worlds (stardate 2259.42) chronologiquement entre ST TOS 01x08 Balance Of Terror (stardates 1709.2-1709.6) et ST TOS 01x09 What Are Little Girls Made Of ? (stardate 2712.4), voici maintenant que SNW 01x02 Children Of The Comet se place entre ST TOS 01x13 The Galileo Seven (stardates 2821.5-2823.8) et ST TOS 01x14 Court Martial (stardates 2947.3-2950.1). Chapeau pour le sens aigu de la continuité... Ça ressemble à un gag (ou à un bras d’honneur).

Conclusion

Alors, comme pour beaucoup de choses, il est toujours possible de voir le verre à moitié plein… ou à moitié vide.

À moitié plein, parce que SNW 01x02 Children Of The Comet prétend asseoir sa légitimité en puisant toutes ses idées dans la gigantesque base de donnée (736 opus) du Star Trek historique (exactement comme le fait depuis deux ans l’anime Lower Decks).
Parce que la nostalgie business aura permis d’émuler un cadre et des ambiances simili-trekkiennes (mais davantage à la façon de Kelvin avec un zeste d’autodérision à la Stargate SG-1 qu’à la façon de ST TOS).
Parce que le casting est fort sympathique et l’USS Enterprise de Pike est un spot très cool où le spectateur aura plaisir à trainer (façon virée entre potes dans un Club Med de l’espace).

À moitié vide, parce que SNW se spécialise dans le cannibalisme systématique, ne créant ni n’inventant rien pour se contenter de diffuser des miscellanées, des medley et des remix de l’ère (1964-2005) où Star Trek était démiurgique.
Parce que SNW 01x02 Children Of The Comet multiplie les facilités (affliger les personnages historiques recastés de traumas sortis du chapeau pour leur conférer une illusion de profondeur, faire passer les contingences pour des vérités ou des enseignements…) et les contresens (une vision start-up du commandement militaire, une soumission nauséabonde en creux à la superstition et à l’irrationalité…) typiquement kurtzmaniens et anti-trekkiens.
Parce que la diégèse n’est toujours pas fichue d’être un minimum cohérente, ne fût-ce qu’envers elle-même et envers les sciences (à défaut de l’être envers le lore et l’internalisme historiques, autant de causes perdues depuis longtemps).

Chaque trekker peut donc se positionner sans complexe selon son humeur, ses attentes, et ses exigences…

Mais au visionnage de ce second épisode, il semble se confirmer que la série Strange New Worlds est nettement plus soignée et attractive que les contrefaçons précédentes de Secret Hideout. Un verdict néanmoins relatif, car il faut bien dire que les purges Discovery et Picard avaient mis la barre si abyssalement bas qu’il n’est guère méritant ni difficile de faire mieux (ou simplement "moins pire") que le zéro absolu.
Pour autant, Strange New Worlds n’en est pas moins un #FakeTrek... Car sa sémantique consensuelle est devenue le faux nez des pires sophismes, sa forme somptueuse tente de se faire passer pour un fond 2.0, l’exploitation industrielle de la nostalgie cherche à masquer l’absence de créativité et le manque d’inspiration, le fan-service racoleur s’est totalement substitué au worldbuilding, et la SF se fait toujours davantage grignoter par la religion-fantasy...
Tout en continuant ad nauseam — comme Discovery et Picard — à vampiriser, à cannibaliser, à profaner l’inépuisable capital historique.

SNW ou comment se servir de Star Trek sans jamais le servir.

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

BANDE ANNONCE





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