Star Trek Prodigy : Review 1.01+1.02 Lost And Found
Nouvelle série dans la Galaxie Trek made in Kurtzmanworld, Star Trek Prodigy a débarqué cette semaine sur Paramount+ aux USA. Avant de parler de la dimension Trek, Prodigy est avant tout une série qui ne s’adresse pas à l’ensemble des amateurs de Star Trek, mais est labélisé Nickelodeon. Elle a donc été conçue pour les enfants.
Je ne sais pas si vous êtes tombé récemment sur les programmes des chaînes Kids, mais si je devais caractériser la production, je dirais qu’elle est vociférante, avec des traits de caractères des personnages bien marqués et sans nuances. Le tout avec une action frénétique à faire passer nos Goldorak, Albator et Capitaine Flam d’antan pour des programmes destinés à des personnes ayant besoin d’un calme absolu. Dans ce cadre, j’aurais tendance à offrir un bon point à Prodigy tant ce premier épisode, même s’il a des scènes d’action bien rythmées, offre des temps de dialogue et de calme assez rare chez les autres. Bref, je ne me suis pas senti agressé visuellement et auditivement en le regardant.
On ne va pas se cacher non plus derrière un salut vulcain, les gosses aujourd’hui s’amusent bien plus avec un p’tit Grogu Star Warsien qu’avec une poupée barbie Marie Sue Burnham. Si on exclu la découverte du vaisseau, à part un pauvre Kazon, je n’ai pas vraiment vu ce qui raccroche la série à Star Trek. J’en conclus que pour un premier épisode, le but est de capter l’attention des auditeurs pré-pubères en leur offrant un univers qui ressemble à ce qu’ils aiment déjà dans le but de les initier par la suite à l’univers Trek et les capter définitivement dans la franchise.
Je n’ai donc pas franchement d’avis à donner sur le respect à Trek de l’épisode, je vais attendre le second pour me faire une idée, maintenant que le vaisseau a pris son envol et que l’hologramme Janaway a été activé.
Sur les personnages, je trouve qu’il y a du bon et du moins bon. Dal, le héros, est évidemment celui qui me plait le moins, même si je vois qu’il a toutes les caractéristiques pour être celui qui va accrocher les enfants. Par son coté calme, réfléchie et tiraillé entre son père et ses nouveaux amis, je suis beaucoup plus attiré par Gwyn. Il y a des bonnes idées pour les autres, notamment la voix de petite fille qui est donnée par le traducteur automatique du vaisseau. Les méchants, quant à eux, lorgnent totalement vers Star Wars, on dirait l’Empereur secondé par un Général Grievous.
Globalement, j’aime assez le design de la série que ce soient les personnages ou le vaisseau dont la passerelle est juste magnifique.
Sachant que cela ne m’est absolument pas destiné, on va dire que pour l’instant, la curiosité me pousse à vouloir en voir un peu plus.
FM
Pour qui prend régulièrement la température de la Trekosphère, les divers niveaux de déceptions suscitées par les trois précédentes séries produites par Alex Kurtzman ont fait monter le degré d’attente – ou du moins de curiosité – envers cette quatrième déclinaison, notamment à la faveur de partis pris qui la démarquaient et de ses bandes-annonces très stylisées.
Dans une très large mesure, les 45 minutes de ce diptyque pilote (en une seule partie mais comptant pour deux épisodes) sont assez conformes à ce que les trailers très transparents de la série avaient laissé en deviner. Sur les grandes lignes, n’attendez donc pas surprise particulière : il est fort peu probable que les opinions (positives ou négatives) qui s’étaient forgées durant la longue campagne promotionnelle n’évoluent significativement durant l’expérience effective de visionnage.
Sans aucun doute, Prodigy peut se prévaloir d’une forme particulièrement soignée : animation de haute qualité, gigantisme des décors, créativité des designs, mise en scène efficace, générique somptueux, et musique épique de Michael Giacchino. Soit une condition suffisante pour fasciner voir hypnotiser plus d’un spectateur.
Comparativement, Lower Decks ferait figure de parent pauvre…
Dans la mesure où Prodigy a été développée par Kevin et Dan Hageman, les fans de Troll Hunters (Chasseurs de Trolls) y trouveront même une once (mais seulement une once) du décalage que cultivait cette série animée (2016-2018), également pour enfants.
Pour le reste, c’est surtout du côté de Star Wars, et notamment de The Clone Wars (2008-2020) qu’il faudra chercher la source d’inspiration…
On y retrouve absolument tous les codes, consciencieusement réunis, comme dans une check list dont chaque case a été cochée :
dystopie contextuelle pour asseoir une dialectique de l’espoir individuelle ou clanique ;
héros plus ou moins prédestinés ("élus" et disposant pour certains de de super-pouvoirs) qui vont suivre un parcours initiatique décalqué du monomythe campbellien,
enrôlement dans un ordre chevaleresque,
manichéisme absolu dans leur résistance contre une puissance malveillante voire démoniaque (la série allant jusqu’à proposer un ersatz aussi bien du sombre Sheev Palpatine que du robotique général Grievous),
personnages archétypaux et stéréotypés pour un maximum d’universalité (ou de segments),
multitude de faire-valoir infantiles (petits robots, petits extraterrestres, petites peluches, petits jouets) produisant des bruits amusants pour attendrir les enfants,
une belle princesse à sauver (ici un peu malgré elle),
des filiations maudites (un "gentil" fils d’un "méchant"),
d’innombrables scènes d’action formatées plus invraisemblables les unes que les autres (en particulier du racing vidéoludique à obstacles dans des conduits étroits, des combats improbables aux dessus du vide…),
des répliques cool et fun surtout dans les moment les plus tendus,
et une lourde emprunte de fantasy car c’est quand même plus vendeur que la SF.
Si vous n’en avez pas marre de cette "martingale" commerciale servie non-stop depuis 45 ans au point de frapper d’impuissance le vocable de cliché, eh bien l’épisode Prodigy 01x01+01x02 Lost And Found est fait pour vous.
Mais c’est aussi là où le bât blesse pour évaluer équitablement ce produit, puisque contrairement à ce qu’on pourrait penser en le voyant, il n’est pas produit par Disney et n’est pas vendu sous le label Star Wars.
Non, c’est curieusement sous le label Star Trek qu’il est vendu, avec en sus l’ambition d’initier les jeunes générations à l’univers créé par Gene Roddenberry. Un défi d’autant plus aporétique que rien ne saurait philosophiquement davantage opposer Star Trek à Star Wars… Mais il est vrai que la philosophie, c’est un peu has been au royaume enchanté (ou décervelé) de l’entertainment…
Pour qui acceptera les partis pris graphiques assez radicaux de Prodigy, 01x01+01x02 Lost And Found est un parangon "d’easy viewing". L’histoire est simpliste et convenue, elle tient sur un ticket de métro : en 2383 (soit cinq ans après la fin de ST VOY), désireux de s’évader de l’abjecte colonie pénitentiaire de Tars Lamora dans le quadrant delta, le jeune prisonnier Dal R’El constitue une équipe (Fugitive Zero, Rok-Tahk, Jankom Pog, le blob Murf) et prend (plus ou moins) en otage la princesse Gwyn (Progeny of Solum) pour s’embarquer sur l’USS Protostar NX-76884 découvert dans les entrailles minières. Mais il va être poursuivi par le mystérieux Diviner (maître de cette planète, père de la belle, et convoitant ce même vaisseau) ainsi que par son armée de droïdes (dirigés par le terrible Drednok).
Outre Star Wars bien entendu, ce ressort emprunte également à Farscape (les fugitifs du Moya poursuivis par les Peacekeepers puis par Scorpius) mais aussi à Guardians Of The Galaxy...
Alors si tout cela semble vraiment manquer d’esprit Trek, eh bien il faut se dire que ce n’est pas qu’une apparence et que cela n’a rien de fortuit. Le lien avec Star Trek est particulièrement ténu, pour ne pas dire prétexte : quelques alibis, skins, et placements (quatre espèces aliens connues du Trekverse, un vaisseau prototype de Starfleet, les traducteurs universels via un combadge). Et bien sûr le fameux caméo final et fort bref (Janeway en hologramme éducatif avec la voix de Kate Mulgrew).
L’épisode pourra être "sympa" à suivre… mais à condition de se contenter d’une "lecture" très, mais alors TRÈS superficielle. Il faudra se laisser juste emporter tel un fétu inerte par les belles images et la dynamique du récit, mais ne surtout pas se retourner, ne surtout pas penser, en ayant si possible laissé son temps de cerveau disponible au vestiaire...
Car à partir du moment où l’on creuse un peu, juste un peu, le château de cartes s’effondre et l’épisode peut se relater à travers son seul enchaînement d’incohérences ou de facilités :
La première tentative d’évasion (du moins on screen) de Dal R’El est tellement déconnectée de toute réalité qu’elle s’apparente à la mécanique d’un jeu vidéo 8 bits : le petit bonhomme saute dans le vide, se raccroche à des élévateurs, survit indemne à une chute de plusieurs centaines de mètres, évite tous les obstacles d’une course où il n’est soumis à aucune inertie, survit à l’écrasement et au cisaillement de la moitié de son module entre deux vantaux, se propulse sur une rampe de lancement en ignorant tous les objets qui lui tombent dessus, et finit par chuter au sol comme une pierre depuis la haute atmosphère pour n’avoir pas réussi à franchir le bouclier planétaire. Faut dire aussi que le mobile emprunté de Dal ne volait pas, c’était en gros un camion, ce qui situe tout de suite l’intelligence des personnages et de l’épisode. Allez, un petit game over pour le rythme, et le petit avatar est prêt à repartir de plus belle. C’est merveilleux les mondes virtuels avec 0 conséquence. Mais quand rien ne compte, la tentation de zapper est également très grande...
Le Darth Sidious de service, Diviner, oblige sa fille, Progeny Of Solum, à découvrir la vérité sur la possible collusion entre Dal R’El et Fugitive Zero, mais en lui laissant le choix de la méthode. Or étant pleine de compassion (et souffrant de la cruauté de son environnement), elle veut privilégier la persuasion civilisée en espérant éviter ainsi au jeune insoumis les séances de torture que lui destine le général Grievous local, Drednok. Gwyn ne mettra pas longtemps à établir sans le moindre doute possible – notamment en plaidant le faux pour connaître le vrai (étant donné toutes les infirmations dont elle dispose) – que Dal R’El ne connait pas Zero ! Et pourtant, contre toute logique et contre tout humanisme (dont elle se prévaut pourtant), au lieu d’entériner l’innocence de Dal (par rapport au Medusan), c’est précisément à ce moment-là qu’elle va menacer de le livrer au cruel Drednok, transformant le garçon (par désespoir et bluff) en en simple enquêteur de terrain ou en "agent infiltré"... alors qu’il dispose de bien moins d’infos et de moyens que le personnel du pénitencier...
Durant l’interrogatoire, Dal convoite une coupelle de… litchis ("lychees" en VO) que Gwyn consent à lui laisser ! Mais comment est-il possible que ce fruit typiquement terrien d’origine chinoise se retrouve à l’autre bout de la galaxie ? Quand bien même ces sapindaceae se seraient répandus au sein des mondes de la Fédération, cela n’explique pas leur présence à des dizaines de milliers d’années-lumière, qui plus est sous la même dénomination ! Mais il s’agit probablement là de considérations qui dépassent largement le niveau infantile de réflexion des auteurs… quitte à faire régresser Prodigy au rang des productions audiovisuelles inconséquentes des années 40 et 50 où, par exemple, tous les extraterrestres de l’univers utilisaient des caractères latins et parlaient anglais…
Envoyé donc dans les mines à la crevasse du nord-ouest ("Northwest crevasse" en VO) où Zero aurait été aperçu, Dal ne bénéficie même pas de la plus élémentaire liberté d’action pourtant requise pour la mission reçue. Enchaîné à un autre prisonnier (un gigantesque mastodonte d’apparence minérale poussant des grognements), il est dans l’impossibilité de mener une quelconque investigation ou approche, et pourtant il ne dispose que de 24h avant d’être livré à Drednok. La situation est tellement kafkaïenne que cela serait revenu au même de le livrer directement au bourreau... si Gwyn ne cherchait pas à s’acheter une bonne conscience (ce que l’épisode n’assume évidemment pas puisque la princesse est d’emblée définie comme une "gentille").
Mais bien sûr, il va advenir la plus improbable des providences : en tombant sur le dos et en activant sa foreuse à particules involontairement, Dal lézarde le plafond de la grotte qui s’effondre sur lui, non sans que son compagnon minéral fasse d’abord bouclier de son corps pour lui sauver la vie. Sortant des décombres, ils découvriront tous deux l’USS Protostar, surgi majestueusement de terre rien que pour les accueillir et les sauver de l’enfer. C’est bô la Main invisible... des auteurs.
Après avoir exploré ce vaisseau de Starfleet inerte et silencieux, puis découvert une passerelle sublime (ajoutant à sa large baie vitrée la transparence de la coupole !), les systèmes sont accidentellement mis en marche. Et avec eux, le traducteur universel trekkien. Un choc pour Dal et son compagnon minéral dont il s’avérera qu’il est en fait féminin (Rok-Tahk) tandis que l’UT lui attribue une voix de fillette ! Bien entendu, l’écart entre l’aspect physique et la tonalité vocale est un joli comic relief, s’inscrivant en outre dans un véritable relativisme culturel. Hélas dans le même temps, ce parti pris va rapidement devenir agaçant, mais surtout il va s’accompagner d’effets discréditants en ceci qu’il a suffit que l’UT entre en service pour que Rok se métamorphose comme dans un conte de fée. De créature chtonienne au départ, elle s’est mise – par la seule grâce du traducteur auto – à adopter des manières de petite fillette maniérée, délicate et sensible, voire même de midinette et de groupie idiote. L’audace dont l’épisode témoigne d’un côté, il la vaporise de l’autre...
Zero, qui les suivait discrètement depuis un moment, vient les rejoindre au vaisseau, quoique lui-même enfermé dans son caisson de cyclope porté par un exosquelette robotique. Le Medusan se targue de l’avoir fabriqué sans bras ni jambe. Trop fort mais totalement invraisemblable en l’absence de psychokinèse (alias pouvoir PK ou télékinésie) de pointe.. Dans ST TOS, cette espèce était définie comme télépathe et "non-corporeal". Mais par un retcon dont le Star Trek kurtzmanien a le secret, Zero définit désormais son espèce comme purement énergétique ! Introduisant du coup une incohérence, car si tel était vraiment le cas, il n’aurait pas de masse, il ne nécessiterait pas des caissons pour être déplacé (ou se déplacer), et il se serait évadé depuis longtemps de Tars Lamora en passant à travers les murs... Qui imaginerait les Organiens ou Q enfermés dans une prison pour humanoïdes ?
À partir de ce moment-là, et pendant presque un quart de l’épisode, les auteurs oublient – ou bien tentent de faire oublier – que les événements se déroulent dans un pénitencier de haute sécurité. Sans explication, ça devient une colo entre potes ! L’effondrement d’un pan gigantesque des mines et la découverte d’un vaisseau galactique n’ont même pas été remarqués par les nombreux détecteurs, scans high tech, systèmes de sécurité et "employés" robotiques de la prison. Et à dire vrai, il ne vient pas davantage à l’esprit des deux héros (Dal R’El et Rok-Tahk) que quoi que ce soit puisse être découvert, l’un d’eux s’étonnant même qu’ils ne puissent pas d’accorder plus d’une bonne semaine pour retaper le vaisseau tranquillou (ben oui, parce qu’il faut quand même que Dal R’El livre Zero à Gwyn dans les 24h pour échapper aux tortures de Drednok).
En attendant, les héros vont et viennent librement à leur aise entre le vaisseau de Starfleet et le reste du pénitencier pour recruter leur équipage. Dal va notamment voir l’ingénieur tellarite Jankom Pog (un peu comme on irait tailler un bavette avec le garagiste dans la rue voisine), et il entame une longue négociation (et même une manipulation psychologique) pour le convaincre de se joindre à eux (ben oui, pour le ressortissant de l’utopique Fédération que le Tellarite est supposé être, il se plait bien au camp de vacances de Tars Lamora). De son côté, Rok-Tahk ramène un gentil blob qui ressemble vaguement au Yaphit de The Orville, sauf que l’UT ne réussit pas à traduire les borborygmes "rigolos" – genre rots et pets – qu’il émet sans cesse (il est certain que si on avait traduit les bip-bip de R2-D2, il aurait eu bien moins de succès). En cette ère de haute technologie, les prisonniers ne sont visiblement même pas porteurs d’émetteurs ou de mouchards (sous forme de bracelets ou d’implants corporels) ; et pourtant certains personnages parlent parfois de monitoring par les PTB, mais en maintenant un flou artistique sur le sujet. Bien pratique les paramètres à géométrie variable selon les besoins narratifs...
Il ne faudra à Jankom Pog pas plus de quelques secondes à l’extérieur du vaisseau – que pourtant il ne connait pas et ne reconnait pas (alors qu’il est Tellarite) – pour évaluer la durée des réparations (une semaine à la base). Immédiatement, Dal R’El le soupçonne de surévaluer la durée. L’occasion était trop belle de ne pas la jouer un peu façon Lower Decks : il a beau être enfermé dans une prison du quadrant delta, le héros est quand même un trekkie et il connait donc comme tout le monde les tours et les recettes du "miracle worker" Scotty. C’est bien normal, nous sommes dans le KurtzTrek... où l’internalisme a depuis longtemps abandonné le terrain au seul externalisme.
Bon, après cette longue pause de convenance personnelle, il est temps de remettre un coup de pression, car la fantasy ne serait rien sans son cortège de méchants-parce-que pour sanctifier les élus du destin et les super-héros. Et justement, lors de leur premier contact télépathique, Zero avait révélé à Dal R’El qu’il était un élu ("special" en VO). Et depuis, la groupie Rok-Tahk, déjà forte comme Hercule, meurt d’envie d’être télépathe aussi, et "special" également. C’est tellement obsessionnel chez elle, que cela vire même au running gag (mais pas drôle). Quant au Medusan, il n’est pas seulement télépathe, il est visiblement precog aussi, puisqu’il réussit à détecter longtemps avant et à distance l’approche coordonnée des robots de surveillance, les Watchers (et il est a priori exclu que la télépathie fonctionne avec des machines n’ayant pas atteint l’élaboration d’un Nomad ou d’un V’Ger). Du coup, pour ne pas que soit découvert le pot au roses (c’est-à-dire l’existence de l’USS Protostar et son équipage de fortune), Dal va au-devant des troupes, quitte à se sacrifier. Faute d’avoir apporté des infos sur Zero, Drednok s’empare de lui et l’expulse à la surface de la planète, où sont réalisés des travaux de force aussi circulaires qu’absurdes, comme dans La folie des grandeurs (1971) de Gérard Oury (mais les combinaisons spatiales et la grande mortalité en plus).
Gwyn fait mine de se désoler du sort de Dal par communication radio, et celui-ci, se considérant perdu, lui sort en substance la phrase historique par laquelle se concluait ST TOS 01x08 Balance Of Terror (lorsque le commandant romulien qui s’apprêtait à se faire sauter avec son vaisseau dit à Kirk « You and I are of a kind. In a different reality, I could have called you friend. »). Voilà donc comment on pompe et on banalise une mémorable réplique de La série originale, avec pour conséquence de la spoiler ou de l’éventer pour ceux qui auraient l’infortune d’entrer dans Star Trek via Prodigy.
Finalement, c’est sous la pression de Drednok que Gwyn manipule émotionnellement Dal R’El, puis déclenche artificiellement un petit cataclysme à la surface pour pousser le héros à s’évader, et ainsi monitorer la destination de sa fuite... afin de localiser Zero. Une stratégie on-ne-peut-plus classique, mais cette fois, curieusement, Gwyn et Drednok n’ont aucune difficulté à suivre Dal à la trace, alors que ce dernier n’embarque ni plus ni moins de mouchard(s) que lors de son "escapade" précédente dans les mines.
L’USS Protostar est donc localisé par les geôliers de Tars Lamora. La princesse, arrivée première sur les lieux se voit invitée de bonne foi par Dal à rejoindre son équipage, elle est visiblement tentée par la proposition libératrice (envers son étouffant et cruel paternel), mais c’est trop tard... car Drednok débarque en force. Gwyn découvre à cette occasion que son père et ses droïdes connaissaient et recherchaient obstinément ce vaisseau de Starfleet (dont elle ignorait tout), et que c’était là l’origine probable de la transformation de la planète en gruyère. Tandis que Progeny Of Solum entre à l’intérieur et découvre avec émerveillement son réservoir d’exolangues (sa grande passion), l’équipage de fortune est immobilisé hors du vaisseau à la merci des assaillants. Mais Jankom Pog décide d’un coup de tête de suivre le "plan" que Dal transmet télépathiquement (grimaces à l’appui) à Zero. Sa "brillante" idée consiste simplement à rentrer d’abord dans le lard de tous les robots de combats. Ben voyons ! Quatre prisonniers contre une armée de Watchers... Mais la chorégraphie hautement manipulatoires réussi à faire passer ça comme une lettre à la poste (ou presque). Seconde étape : regagner le vaisseau et décoller avec la princesse... qui servira éventuellement d’otage.
La suite, c’est-à-dire les dix dernières minutes, c’est un bullshit et un nawak intégral, qui ne mérite même pas d’être décrit verbalement. Faut le voir pour (ne pas) le croire ! En mode jeu vidéo, absolument rien ne respecte un semblant de réalisme : le vaisseau parcours un interminable dédale sous-terrain de galeries plus gigantesques les unes que les autres (c’est un peu le phantasme de la Terre creuse et en même temps le rattrapage en animation du projet abandonné de l’exploration de l’intérieur de Qo’noS dans Discovery 01x15 Will You Take My Hand ?) ; aucun des protagonistes ne connait la langue anglaise des affichages ni n’a jamais piloté de vaisseau, mais il suffit d’appuyer sur des boutons au pif et ça marche ; Dal reste sur la coque du vaisseau à l’extérieur du vaisseau pour réparer les boucliers (parait-il) ; il en profite pour plastronner, assis comme sur un destrier, lorsque le vaisseau survole des attroupements de bagnards en liesse (belle solidarité quand même, car eux ne sont pas prêts de s’évader) ; et malgré l’absence de semelles magnétiques ou autres systèmes de fixation, Dal résiste sans tomber à tous les chocs, soubresauts, roulis, tangage, lacets, changement de trajectoires et d’assiettes, pivotements, retournements incessants ; mieux, il combat au-dessus du vide (of course) tel un Jedi l’invulnérable Drednok encore mieux équipé en armes lourdes que le général Grievous ; la communication entre l’intérieur et l’extérieur du vaisseau pendant toutes ces manœuvres se fait sans radio, juste à haute voix, à croire que la coque de ce vaisseau de Starfleet est en carton pâte ; finalement, le blob Murf qui semblait juste décoratif tombera à pic sur une console pour déchaîner les phasers du vaisseau, détruisant ainsi les derniers obstacles empêchant le vaisseau d’émerger de ce Pandémonium flanqué de structures plus indéchiffrables les unes que les autres (évoquant presque une Unimatrix borg de ST VOY, mais aux acides).
Rarement une séquence (qui se veut un bouquet final) n’aura été aussi vaine, tape-à-l’œil, absurde de bout en bout... tout en restant 100% prévisible (la réussite de l’évasion était acquise comme dans un passage scripté de JdR). Et la musique pompeuse et grandiloquente de Michael Giacchino aura réussi a ajouter une surcouche de ridicule embarrassant. Autant dire que ça fait surtout du bien quand ça s’arrête...
L’arrivée en orbite révèle que la planète de Tars Lamora a depuis longtemps cessé d’en être une. Mais l’avoir excavée et éventrée à ce point reste peu crédible au regard des conséquences sur le noyau, le magma, les effets volcaniques et sismiques. A fortiori si les entrailles de la planète sont aussi densément peuplées...
In fine, un hologramme de Janeway apparaît sur la passerelle de l’USS Protostar NX-76884 comme les carabiniers d’Offenbach. Devant l’équipage interdit (à croire qu’ils n’ont jamais vu d’hologramme de leur vie), elle se présente un peu à la façon de l’EMH de l’USS Voyager : « Did someone ask for help ? I’m hologram Janeway, your training advisor for exploring the greater galaxy. On behalf of Starfleet, welcome aboard. How can I be of any assistance ? ». Cette arrivée bien trop tardive, c’est-à-dire superfétatoire, donne probablement quelques indications sur la nouvelle chaîne alimentaire et la répartition des rôles...
Sur la "planète", "Our Diviner" apparait pour la première fois de plain-pied (et non plus seulement à travers de gros plans sur ses yeux ou sa peau) pour fulminer. Les démons fourbissent leurs armes et leur vengeance. La suite va être palpitante... Miam.
Moyennant seulement cinq ans de postériorité chronologique par rapport à ST VOY, Prodigy 01x01+01x02 Lost And Found aurait pu faire un semblant d’effort pour respecter la localisation des espèces rencontrées... Nenni hélas...
Qu’un chasseur kazon (l’approvisionnant périodiquement en proies) soit à portée spatiale du pénitencier Tars Lamora le situe non seulement dans le quadrant delta, mais aussi par-delà le très vaste espace borg, c’est-à-dire à environ 70 000 AL de la Fédération (et non par exemple à 30 000 AL ou dans son voisinage). Une hypothèse renforcée par le fait que le vaisseau USS Protostar (un prototype immatriculé en NX et employant peut-être une propulsion expérimentale) soit considérée comme le Saint-Graal par le Diviner (à tel point qu’il est possible que toute son entreprise d’esclavage minier à très grande échelle – ayant littéralement désossé la planète Tars Lamora jusqu’à lui faire perdre sa forme sphérique – n’ait jamais eu aucun autre but que de mettre la main sur ce vaisseau dissimulé dans ses entrailles).
Pourtant, dans ce même Enfer, on rencontrera une petite Caitian (livrée par ce même Kazon) qui appartient à une espèce féline membre de la Fédération et servant dans Starfleet depuis le 23ème siècle (cf. ST IV The Voyage Home et M’Ress dans ST TAS), donc une espèce du quadrant alpha... et pourtant très familière pour l’exolinguiste surdouée Gwyn puisqu’elle en parle couramment la langue !
Puis au même endroit, apparaîtra le Fugitive Zero qui, derrière son écrin métallique de Dalek, est en fait un Medusan, soit une espèce également du quadrant alpha et possiblement membre de la Fédération... mais au sujet de laquelle le Diviner et son personnel n’ignoraient rien (étant donné les précautions prises pour ouvrir son caisson initial en exposant à la folie seulement des prisonniers).
Et enfin, l’ingénieur Jankom Pog n’est autre qu’un Tellarite, une espèce du quadrant alpha non seulement membre de la Fédération, mais carrément cofondatrice de celle-ci en 2161 ! Or l’espiègle Dal R’El connaît pourtant parfaitement la réputation (vainement argumentative et rhéteuse) des Tellarites, et cela avant même que le mur de l’incommunicabilité ne soit brisé par le traducteur universel de Starfleet.
Autant dire que Prodigy 01x01+01x02 Lost And Found inflige un patchwork et un melting pot qui n’a ni queue ni tête. Bien entendu, cracher sur la distribution géographique des espèces trekkiennes peut sembler anodin (surtout après quatre ans de "tournante" kurtzmanienne). Pourtant, la cartographie spatiale est un élément à part entière participant de la vraisemblance et de l’identité du Trekverse, et ne pas la respecter n’est pas moins rédhibitoire que de fouler aux pieds la chronologie de la timeline.
Résultat : Prodigy ne prend pas place dans le Trekverse, mais dans une sandbox miniaturisée où tout le monde est réuni dans la même aire de jeu au mépris des lois de causalités, exactement comme les films Kelvin naguère qui avaient tenté de comprimer technologiquement toutes les ères chronologiques au même instant pour des questions de simplisme et de tape-à-l’œil.
Et comment le Diviner savait-il qu’un vaisseau de Starfleet vide se trouvait dans les entrailles Tars Lamora… sans pour autant avoir jamais réussi à le localiser, ni donc le détecter, avec des scanners ? Ce n’est pourtant pas faute de disposer de technologies très avancées comme en témoigne son armée robotique et sa capacité à maintenir en esclavage autant de ressortissants divers du quadrant delta (et même alpha au mépris de toute logique) ? Même si c’est probablement l’extraction et la vente du minerai chimerium qui rentabilise ce bagne, était-il nécessaire de forer en aveugle jusqu’à désosser complètement la planète ?
Un travail remontant forcément à pas mal d’années, car cette colonie minière ne fut pas établie et ses innombrables esclaves ne furent pas réunis en un jour… Ce qui permet d’en déduire que le voyage (sans équipage et grâce à une technologie expérimentale ?) de l’USS Protostar entre les quadrants alpha et delta aura probablement été très court voire instantané (le vaisseau étant arrivé à l’intérieur de Tars Lamora plusieurs années avant 2383 mais néanmoins après 2378 du fait de la présence à bord de l’holo-Janeway).
En outre, cette inconséquence contextuelle invalide le postulat même de la série.
Déjà, quel est le sens de l’obstination du Diviner à cacher à sa fille l’existence même la Fédération (pour la préserver de son influence culturelle humaniste), lorsque dans le même temps, Gwyn ne peut logiquement ignorer l’existence (et valeurs) de ladite Fédération puisqu’elle parle couramment la langue d’une de ses espèces majeures (les Caitians) et que le pénitencier accueille au minimum un autre de ses ressortissants (le Tellarite Jankom Pog et possiblement le Medusan Zero).
Mais surtout, l’épisode présente la découverte de l’USS Protostar comme une révolution copernicienne pour l’entendement et l’évolution personnelle des fugitifs, notamment à travers les technologies dont le vaisseau dispose (le traducteur universel du combadge, l’hologramme de Janeway, le design et la puissance du vaisseau...). Mais ce soufflé se dégonfle dès lors que l’on sait que deux desdits fugitifs sont tellement liés à la Fédération (Jankom Pog et Zero) qu’ils ne peuvent aucunement ignorer l’existence de Starfleet, de ses vaisseaux et de ses technologies. Seulement, au prix de la plus grasse des incohérences, l’épisode triche. Du coup, pour les besoins de la manipulation, ni le Tellarite ni le Medusan ne reconnaissent Starfleet, et ils tombent autant des nues que les autres newbies devant ces technologies pourtant banales dans leurs propres mondes depuis des siècles !
Quant à faire l’hypothèse-rustine qu’ils seraient tous des orphelins kidnappés au berceau et n’ayant aucune connaissance de leurs identités et de leurs mondes respectifs, cela contredirait ce que l’épisode montre sans ambiguïté, puisque chacun parle sa propre langue originelle et présente des idiosyncrasies comportementales acquises et non pas seulement innées. Et auquel cas, comment Jankom Pog serait-il devenu ingénieur (au point de réparer en quelques heures un vaisseau galactique à distorsion), étant donné que ce n’est tout de même pas le pénitencier esclavagiste de Tars Lamora qui prodigue des formations universitaires ?
Conclusion
Bref, Prodigy 01x01+01x02 Lost And Found s’avère totalement incompatible avec l’univers de Star Trek, aussi bien intradiégétiquement et contextuellement que philosophiquement et conceptuellement. À tel point qu’il serait même permis de soupçonner Kevin et Dan Hageman d’avoir à l’origine développé le script de Prodigy pour un tout autre univers (fantaisiste ou cartoonesque)... qui aurait été raccroché tardivement et bien artificiellement à Star Trek...
Mais avec ses interminables péripéties sans queue ni tête, ce pilote cumule également une masse presque critique d’incohérences envers lui-même, indépendamment même de son absence totale d’intégration à la continuité du Trekverse. Ce qui en ferait donc un fort médiocre Star Wars, un non-moins médiocre Troll Hunters (des mêmes auteurs pourtant), et un assez médiocre Guardians Of The Galaxy.
Enfin, l’épisode recourt à une mauvaise foi narrative très caractéristique des séries Discovery et Picard, à savoir le changement des "règles du jeu" (c’est-à-dire que les mêmes causes dans les même conditions ne produisent plus les mêmes effets) en cours de saison, voire à l’intérieur d’un même épisode, au gré des besoins scénaristiques. Travers foncièrement malhonnête et hautement manipulatoire dont la série SW The Clone Wars ne souffre pourtant pas, du moins pas dans de semblables proportions, et ce n’est pourtant "que" de la fantasy...
Mais pas davantage que le caractère (pseudo-)humoristique ou parodique de Lower Decks, le caractère juvénile et/ou cartoonesque de Prodigy ne saurait s’ériger en exonération ou en passeport d’immunité pour n’être tenu comptable d’aucune licence ni d’aucun "what the fuck", du moins dès lors que l’œuvre est considérée par CBS comme "canon". Car lorsqu’on se prévaut d’authenticité internaliste, on s’expose à être jugé avec la même rigueur que les séries live.
Peut-être serait-il d’ailleurs opportun de commencer à envisager une distinction entre "canon" et simplement "officiel" (c’est-à-dire produit par CBS ou Paramount) ?
Il n’y a donc pas de miracle, une production Kurtzman reste une production Kurtzman, même lorsque des auteurs estimables (Kevin et Dan Hageman) viennent apporter leur expérience et leur vision. Il en fut de même avec le talentueux Michael Chabon qui ne réussit pourtant pas à rendre la série Picard moins exécrable que n’importe quelle saison de Discovery. Et rebelote à nouveau avec le connaisseur Mike McMahan qui n’a jamais vraiment réussi à élever Lower Decks au-dessus du fan-service en mode Mystery Science Theater 3000, c’est au-dessus d’une convention de trekkies jouant à un Trivial Pursuit (wikifié ou railleur) sur leur univers fétiche.
Et entre Lower Decks et Prodigy, il faut dire que c’est le grand écart...
La première est comme un bottle show ou un Ouroboros créatif, c’est-à-dire une série qui cannibalise sans fin ce que Star Trek fut entre 1964 et 2005 faute d’être capable d’inventer quoi que ce soit de nouveau.
Tandis que la seconde puise son identité dans tout ce qui n’est pas Star Trek, comme si cet univers n’était pas en lui-même un vecteur d’appel suffisant, et qu’il fallait absolument des greffes exogènes autrement plus banquables pour le maintenir à flot.
Deux postures extrêmes qui ont pour point commun de rater leur cible à chaque fois, tel un tireur perpétuellement ivre.
Prodigy tient du cross-universe implicite, quoique totalement contre-nature, dont l’objectif consisterait à faire venir à Star Trek un jeune public biberonné à Star Wars. Mais à ce jeu internaliste moitié pédago, moitié prosélyte, ce n’est pas forcément Star Trek qui tirera son épingle du jeu. Parce que les personnages – auxquels les jeunes spectateurs s’identifieront fatalement – sont une nouvelle fois forgés dans le chaudron starwarsien (comme dans la grosse majorité des dessins animés pour enfants actuels), et les quelques référents trekkiens (Janeway, bientôt Chakotay) y occupent une fonction ouvertement éducative, donc réductrice… Une fonction dont les protagonistes de la série n’ont de facto pas besoin comme en atteste l’exploit de leur évasion spectaculaire, puisque ils ont réussi à fausser compagnie à leurs redoutables geôliers au moins aussi efficacement (voire davantage) que l’auraient fait des officiers expérimentés de Starfleet, renforçant la prévalence antitrekkienne de l’inconscience (agir sans le moindre plan), de la science infuse (on répare et on pilote les vaisseaux de Starfleet sans n’avoir jamais rien appris), de la baraka (on appuie sur des boutons au hasard et ça marche), et de l’électivité (on est "spécial" et l’univers vous file un coup de main). Alors franchement, dans un univers de fantasy ou dans un univers de cartoon (où la logique, les lois physiques et les lois naturelles sont perpétuellement violées), il n’y a rien de plus lourd, rabat-joie et casse-bonbon que les leçons moralisantes de Mam Janeway...
Un rencontre officieuse Star Trek – Star Wars pourrait en faire fantasmer plus d’un, mais l’expérience (notamment littéraire) a montré que (presque) chaque fois que l’on mélange dans un même univers imaginaire la SF et la fantasy, il ne reste que la fantasy à la fin ! La victoire de l’entropie en somme.
Du coup, le paradoxe est qu’en étant un sous-Star Wars médiocre, Prodigy pourrait faire encore davantage de tort à Star Trek que les précédentes déclinaisons kurtzmaniennes totalement ratées.
De quoi en revenir à une vieille équation : "pire parce que meilleur ?"
Une question mérite d’être posée : la franchise Star Trek avait-elle vraiment besoin d’une série dédiée aux enfants ?
Durant ses plus de 55 ans (40 premières années surtout) d’existence, ST a toujours réussi à s’adresser avec la même efficacité à toutes les tranches d’âges. Car la proposition trekkienne spatiale et larger than life a toujours été en elle-même un vecteur d’émerveillement pour les plus jeunes, quand bien même ils ne comprenaient pas d’emblée toutes les considérations philosophiques et civilisationnelles abordées.
La meilleur façon d’initier les enfants est encore de leur parler comme des adultes, et de favoriser le développement d’œuvres à plusieurs niveaux de lecture, comme Star Trek avait si bien su le faire entre 1964 et 2005.
Star Trek The Animated Series (1973-74), quand bien même visuellement obsolète aujourd’hui, en avait été une illustration... mais d’autant plus ironique que les dessins animés pour adulte n’existaient pas à l’époque.
D’une perspective trekkienne, s’il fallait tout de même valoriser une chose dans Prodigy, c’est que le tournant profondément starwarsien amorcé par JJ Abrams et Alex Kurtzman depuis 2009 est pour la première fois totalement assumé à l’écran. Il y a donc peut-être un peu moins "tromperie sur la marchandise" que dans les autres "Star Trek in name only" produits par CBS depuis 2017.
Hélas, ce que que cette quatrième série d’Alex Kurtzman perd en cynisme, elle le gagne en racolage !
Car en recyclant avec une certaine efficacité (mais sans aucune prise de risque) des recettes éprouvées par ailleurs, Prodigy pourra faire illusion auprès de ceux qui sont las de la médiocrité kurtzmanienne et qui désirent absolument se raccrocher à quelque chose...
Mais une contrefaçon désormais franche voire décomplexée et un changement de stratégie des "executives" de CBS ne vaudront pas pour autant à la "note Star Trek" d’être moins abyssale que dans chacune des productions #FakeTrek précédentes. On reste donc à la note plancher, soit un zéro pointé, malheureusement.
Même si tout reste encore possible dans les prochains épisodes – et il faut garder l’esprit ouvert –, Prodigy usurpe à ce stade totalement son identité trekkienne. Ni sa forme somptueuse (quoique pas du goût de tous), ni ses (très modestes) qualités de fond propres (la "dialectique de l’espoir" sortie de Star Wars mais aujourd’hui galvaudée et clichée), ni les quelques placements internalistes (au demeurant profondément incohérents et contradictoires), ni sa démagogie infantile (confondant enfance avec niaiserie), ni même les caméos cultes (Kate Mulgrew et Robert Beltran) ne rédiment une complète rupture de paradigme envers le label "Star Trek".
YR
EPISODE
Episode : 1.01+1.02
Titre : Lost And Found
Date de première diffusion : Paramount+ 28/10/2021
Réalisateur : Ben Hibon
Scénariste : Kevin & Dan Hageman
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