Star Trek Discovery : Review 3.12 There Is a Tide...
Est ce qu’une bonne âme veut bien m’expliquer où la production de Star Trek Discovery veut en définitive nous amener avec cette troisième saison ?
Je veux bien que la célèbre "suspension d’incrédulité" soit la drogue la plus utilisée par les scénaristes de cette série, dès fois avec réussite, le plus souvent à leur détriment. Mais alors qu’il ne reste plus qu’un épisode à diffuser, on peut légitimement se demander quelle conclusion nous sera offert la semaine prochaine.
Cela se passera certainement dans la nébuleuse Verubin, puisque, cette semaine, le sort de Saru, Culber et Adira est totalement occulté. Comment leur sauvetage sera assuré si Stamets n’est plus à bord du Discovery pour effectuer un saut ? Mystère. En tout cas, notre bon spécialiste des champignons nous a fait une belle crise à la Burnham en oubliant totalement tout principe militaire pour vouloir partir sans réfléchir au secours de sa famille élargie. M’enfin, on sait bien qu’il n’y a que Michael qui a le droit de faire ça !
Sur le tea time/pates de fruit courtois entre Osyraa et l’Amiral Vance, ma mâchoire est tombée un certain nombre de fois pendant cet épisode. Que Vance puisse un seul moment penser que sa dernière condition pourrait être acceptée est totalement hallucinant de naïveté. Autant que de commencer ce type de négociation avec un personnage comme Osyraa, détecteur de mensonge holographique ou pas. On est bien content de savoir qu’il existe une Présidente de la Fédération, mais sur une négo pareille, elle avait piscine et n’a pas pu se libérer même sous forme holographique. Mais pincez moi SVP.
En même temps, à voir comment la production veut nous montrer des dictateurs sanguinaires d’une façon positive, on peut se demander si Fedfllet n’est pas en fait une dictature militaire. Après la réhabilitation de Georgiou, voici la nouvelle facette d’Osyraa qui passe du statut de méchante sans aucune ambiguïté à leader raisonnable essayant de négocier un traité de paix avec la Fédération. Mais allô quoi, il n’y avait plus de shampoing sur Orion, Mais allô quouaaaaa !
Et le pompon, c’est le retour capillotracté du Negan du pauvre du second épisode de cette saison. Non seulement il n’est pas mort, mais la production auto-spoile sur son retour puisque avec des précautions d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, on le montre avec insistance dans le rappel des épisodes précédents. Et si celui ci était présenté comme un méchant très méchant, on le retrouve en carpette de Taty Osyraa. Pathétique...
Alors oui, comme d’habitude, visuellement, l’épisode est une tuerie. Un gros big up aux équipes techniques qui sont constantes dans la qualité de leur production. Dans le coté positif, même si je sais que cela a dû en exaspérer beaucoup, je resterais jusqu’au bout un soutien de Tilly qui s’affirme cette semaine en leader.
Dernier point positif, il ne reste qu’un épisode. Dans 7 jours, cela nous fera des vacances.
FM
Dans le mesure où j’adoube en tout point (hormis au sujet de Tilly...) la critique de Frank qui vient parfaitement ponctuer ma longue analyse de la semaine dernière, il serait tentant de ne rien y ajouter cette semaine...
Mais on ne se refait pas, et "quelques" observations complémentaires méritent d’être apportées... ;-)
Durant ses trois saisons d’existence, Discovery aura acquis une mauvaise réputation par (entre autres) son incapacité quasi-congénitale à respecter la continuité trekkienne préexistante, aussi bien en tant que prequel de ST TOS (dans ses deux première saisons) qu’en tant que sequel aux sneak peeks temporels de ST VOY et ST ENT (dans sa troisième), tandis que les showrunners s’enfonçaient de plus en plus dans un déni hors-sol en s’obstinant à vendre leur série comme sise dans la timeline historique de Star Trek. Mais si DIS a depuis longtemps dépassé la masse critique d’incompatibilité de Kelvin aussi bien envers ST TOS qu’envers les trois séries bermaniennes établies au 24ème siècle (alors que Kelvin avait pourtant l’élégance d’assumer sa divergence de ligne temporelle), cela ne doit pas pour autant faire perdre de vue l’amoncellement inédit d’incohérences de la série envers elle-même, à l’échelle des saisons mais aussi des épisodes eux-mêmes. Un anti-palmarès qui a ceci de problématique qu’il devient de plus en difficile d’apprécier Discovery même considérée hors de la timeline roddenberro-bermanienne, et même en tant que série de SF non rattachée à la franchise Star Trek. Désormais, les atteintes à la suspension d’incrédulité sont telles que les gymnastiques mentales du krypto-révisionnisme se révèlent de plus en plus impuissantes…
Et sur ce terrain, DIS 03x12 There Is A Tide... est un cas d’école. Sa main gauche semble ne jamais vraiment savoir ce que fait sa main droite, les auteurs révélant des velléités (parfois en elles-mêmes honorables) qui viennent systématiquement, au mieux se heurter à des apories, au pire se prendre avec élan des murs cartoonesques façon Tex Avery. Il en ressort un exercice boursoufflé ayant la prétention de célébrer l’idéalisme trekkien (comme à l’approche de chaque fin de saison kurtzmanienne) mais ne réussissant in fine qu’à le ridiculiser, en accouchant de WTF proprement anthologiques.
À la fin de DIS 03x11 Su’Kal, les spectateurs se demandaient bien comment Burnham allait réussir à suivre le spore drive de l’USS Discovery avec la seule distorsion classique du cargo de Book. Eh bien la solution est toujours simple… dans un univers TGCM qui ne s’impose aucune contrainte de crédibilité, où il est toujours possible de sortir des prestidigitations de son chapeau sans se préoccuper des conséquences. Ainsi Book emprunte juste un conduit de transdistorsion, et hop, le tour est joué !
Confirmant au passage que la saison 3 de DIS prend place dans l’univers (ou la trame temporelle) de Picard en non dans celle de ST VOY. Puisqu’à la fin de ST VOY 07x25+07x26 Endgame, le réseau de transwarp s’était totalement effondré (c’est-à-dire qu’il n’existait plus physiquement) tout comme le collectif borg d’ailleurs (alors qu’ils ont été retrouvés quasi-intacts plus de vingt ans après dans Picard).
D’après ce qu’en montre fugacement le teaser le DIS 03x12 There Is A Tide, les conduits de transdistorsion n’ont pas besoin d’être alimentés énergétiquement (ni même entretenus) pour continuer à exister. Ce sont comme des autoroutes à l’abandon, des trous de vers stables et passifs, restant ad vitam dans le subespace. Soit un complet changement de paradigme envers ST TNG et ST VOY. Mais du coup, ce profond retcon (un de plus !) vient contredire toutes les hypothèses pénuriques post-Burn de la saison 3 de DIS. Parce que pour se payer une spectaculaire séance de slalom de type Star Wars avec le Millennium Falcon de Cleveland, l’épisode révèle surtout que le seul problème de ces couloirs transwarp, ce sont les épaves de vaisseaux qui l’obstruent. Auquel cas, il est invraisemblable que nul n’ait entrepris durant 120 ans (par exemple l’UFP dont le QG était à deux encablures du point d’entrée/sortie) de nettoyer les conduits de transdistorsion alors qu’ils offraient la solution idéale à la carence générale de dilithium et au besoin de voyages spatiaux (qui plus est accélérés) dans toute la galaxie.
Nous retrouvons là toute l’ineptie systémique de Discovery en matière de worldbuilding. À chaque initiative narrative, tels de perpétuels Gaston Lagaffe de l’écriture, les showrunners fragilisent et sapent un peu plus les fondements de leur propre château de carte.
Au nombre des retcons, on signalera la capacité des couloirs de transdistorsion à faire quasiment jeu égal avec le spore drive. En effet, Book et Burnham arriveront au voisinage de la bulle de distorsion de Fedefleet… seulement quelques minutes après l’USS Discovery et le Viridian !
Bien entendu, les communications grilleront à ce moment-là, ce qui empêchera Mary-Sue d’avertir l’amiral Vance du piège que lui tend Osyraa. Ni une ni deux, elle engouffrera alors le cargo dans le sillage du Discovery et le crashera dans le hangar à navette… pour reconquérir par ses propres moyens le vaisseau ravi à Tilly.
La dea ex machina arrive, et les "méchants" n’ont qu’à bien se tenir. C’est parti pour un rip-off de Die Hard (Piège de cristal) au féminin. Il faut d’ailleurs contempler la mine extatique des officiers emprisonnés sur l’USS Discovery lorsqu’ils apprennent que la messianique Michael Burnham est de retour.
S’étant emparée avec une telle efficacité de l’USS Discovery, puis mettant en œuvre le spore drive avec une maîtrise laissant penser que cette technologie était depuis toujours connue d’elle (aussi invraisemblable que cela soit), tout laissait penser qu’Osyraa allait directement "jumper" au cœur du sanctum sanctorum de Fedefleet avec son croiseur afin de prendre les défenses de l’UFP par surprise et l’anéantir ou la mettre à genoux. Les épisodes précédents avaient justement montré que le champ de distorsion dans lequel le QG s’est enfermé n’interdit aucunement les entrées et les sorties directes via le réseau mycélien.
Mais rien de tel. Alors qu’elle disposait d’un considérable avantage tactique, Osyraa se contente d’un plan laborieux consistant à "jumper" à l’extérieur du périmètre, pour mettre en scène une attaque de l’USS Discovery par le croiseur Viridian… en espérant que – malgré l’absence de communication – Fedefleet ouvre les "portes du paradis" au vaisseau investi par la Chaine d’émeraude.
ST Idiocracy est toujours en pleine forme : alors que l’USS Discovery est arrivé par spore drive avec le croiseur lourd des forces ennemies (déjà plus que louche), que ce dernier l’assaille de tirs devant le QG même de l’UFP, que le vaisseau de Starfleet reste inexplicablement muet, et que d’après Book (appartenant au même siècle que Fedefleet), Osyraa est coutumière de ce genre de procédé (le palais présidentiel de Benthos IV fut ainsi détruit par une semblable manœuvre)... eh bien ni Vance ni son état-major ne suspectent quoi que ce soit ! Tout au plus, l’amiral hésite un peu avant d’ouvrir l’accès, mais il ne se donne même pas la peine de préparer un comité d’accueil surarmé dans le cas (plus que probable au regard des pesants indices) où l’USS Discovery serait compromis ! Puis lorsque le vaisseau entre dans la forteresse des HQ, donc à l’abri des tirs du Viridian, il n’abaisse pas ses boucliers (un casus belli signé). Mais Vance continue à ne rien soupçonner, pas plus qu’il ne chercher même à scanner ses occupants ! Il faudra ensuite plusieurs minutes de mutisme impénétrable (pendant lesquels la bulle de distorsion aurait pu être ravagée par Osyraa si elle l’avait voulue) pour que Vance devine la vérité ! Il aura mis le temps, et pas un seul cador autour de lui pour relever le niveau.
Ce n’est ni flatteur ni crédible lorsque les personnages (a fortiori d’un lointain futur super-avancé) ont systématiquement plusieurs trains de retard sur les spectateurs...
Heureusement pour la Fédération, Osyraa n’avait que des intentions pacifiques... en dépit des apparences !
Elle aura donc organisé cet abordage de l’USS Discovery à l’autre bout de la galaxie, l’emploi capillotracté d’une technologie inconnue d’elle, la mise en scène d’une attaque au nez à la barbe des Starfleet HQ, et la pénétration forcée sous fausse bannière… rien que pour proposer un armistice (voire une alliance) avec l’UFP au nom de la paix et de l’intérêt mutuel ! Sa perpétuelle sincérité (ou presque) sera même confirmée par Eli (l’EMH millésime 3189 détectant les mensonges à un niveau moléculaire).
Ou le con art typiquement kurtzmanien de concevoir des scénarios tordus, gorgés de rebondissements spectaculaires... pour finalement accoucher d’un pet de lapin. Parce que dans un univers crédible, si Osyraa n’avait eu aucune autre intention que de nouer des relations pacifiques durables avec l’UFP, il lui suffisait de demander une audience et présenter sa proposition d’armistice… En termes de crédibilité comme de bonne foi, cela aurait été beaucoup plus convaincant... que d’en passer par une systémique de piratage et de violence, avec prise en otage d’un équipage entier et risque de dégénérescence...
Le twist pour le twist bascule ici dans un non-sens digne des Monty Python, sauf que ce n’est pas volontaire... Il fallait absolument que tous les événements passent par l’USS Discovery et par Mary-Sue, quand bien même ce serait le chemin le plus long et le plus invraisemblable.
L’objectif diégétique est évidemment de surprendre, aussi bien Fedefleet que les spectateurs. Et cet objectif-là a assurément été atteint. Qui se serait en effet attendu à ce que la "méchante" si caricaturale des épisodes précédents présente un authentique plan de paix à la Fédération ? Au point de contractualiser par voie de traité un alignement sur la plupart des exigences éthiques de l’UFP : abolition de l’esclavage, cessation du viol systématique de la Prime Directive à des fins d’exploitation de planètes pré-warp, abandon à l’UFP de la souveraineté desdites planètes dominées par la Chaine... en contrepartie de la reconnaissance par l’UFP des mécanismes marchands et capitalistes qui gouvernent de facto la galaxie post-Burn, ainsi que de recherches scientifiques conjointes avec l’Emerald Chain pour réussir à reproduire le spore drive permettant de s’affranchir de la dépendance envers le dilithium.
Sur le coup, il y a évidemment quelque chose de surréaliste à entendre la "psychopathe" Osyraa se mettre à tenir un discours proprement trekkien sur l’unité et la paix. On se croirait presque dans C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux et Benoît Poelvoorde (1992) lorsque le serial-killer Ben se met à philosopher au bénéfice de la collectivité...
Il n’empêche que la proposition d’Osyraa n’a en soi rien d’absurde : accorder des concessions éthiques à Fedefleet, pour s’épargner des conflits inutiles car préjudiciables au commerce, tout en redorant le blason de la Chaine d’émeraude grâce à l’excellente réputation de l’UFP... voilà bien un deal win-win.
Scénaristiquement, c’est donc bien la base d’une grande idée, les germes d’une ambition qui auraient pu accoucher d’un développement solide. Seulement eût-il encore fallu amener cela de façon rationnelle et faire reposer l’initiative sur des fondations civilisationnelles nourries d’une véritable réflexion constructiviste, non sur un twist sorti du chapeau et s’inscrivant dans une shopping list flattant la culture de l’immédiateté et cherchant à mettre en avant les VIP du cast.
Du coup, ça ne marche pas.
Grand est le glissement sémantique voire épistémologique consistant à faire soudain passer un cartel, c’est-à-dire une organisation mafieuse (la version étendue et futuriste du Syndicat d’Orion) pour une authentique nation et même un empire... avec son gouvernement, ses ministres (Osyraa), son Congrès (!!!), son armée (les régulateurs déshumanisés, à la voix métallique et aux visages masquées). La gouvernance par le meurtre arbitraire (sans procès ni rituel) et par l’esclavagisme s’accorde assez mal avec le parlementarisme et les institutions scientifiques de premier plan... qui postulent quant à eux un certain degré de maturité. Les auteurs ne maîtrisent visiblement pas les concepts structurants de la sociologique, préférant les gimmicks aux causalités. Avec ces "révélations" inconséquente sur la Chaine d’émeraude, Discovery nous fait l’Empire romain à l’envers...
L’espèce de tea party entre Vance et Osyraa visait surtout à se jauger mutuellement de visu et in situ (avec un avantage tactique évident pour l’UFP grâce à son détecteur bipède de mensonge).
À cette occasion, le script s’est payé une provocation lorsque Vance a fait incidemment croquer une pomme à Osyraa pour finalement lui révéler qu’elle avait été synthétisée à partir de "merde" (sic) ! C’est digne de la saga parodique Les aventuriers du Survivaure. Le malaise coprophage est au rendez-vous, mais au prix d’un anachronisme, car c’est au 22ème siècle dans ST ENT que les reséquenceurs recomposaient les molécules des excréments biologiques humains pour d’autres usages ; tandis que les réplicateurs et synthétiseurs (technologies plus avancées) des siècles suivants étaient exclusivement des convertisseurs énergie-matière... Entre Vance qui clame n’avoir jamais mangé de vraie pomme dans sa vie (il y a pourtant de vastes serres hydroponiques dans la bulle de distorsion du QG) et la normalisation de "copro-synthétiseurs", que voilà une lourde régression, mais bien involontaire ou inconséquente vu la débauche d’énergie qu’exhibe en permanence Starfleet.
Évidemment, dans une série du showrunner de l’affligeante Alias, il faut toujours suspecter les coups bas, les manipulations et les duplicités... aussi bien en internaliste qu’en externaliste d’ailleurs. Et donc en dépit du gage de vérité apporté par le super-EMH, le devoir de Vance était de rester à la fois ouvert et méfiant envers cette proposition d’armistice trop belle pour être vrai.
Eh bien, l’amiral n’aura été ni l’un ni l’autre, avec à la clef un fiasco mémorable. Quoique admettant lui-même l’excellence de cette proposition de traité dont il a lu la traduction anglaise, tout ce qu’il a trouvé à faire, c’est subordonner son acceptation à l’exigence qu’Osyraa soit traduite en justice pour répondre de ses crimes (parfaitement documentés selon lui), en lui promettant qu’il veillera à ce que la galaxie se souvienne de son sacrifice !
Euh... est-ce supposé être un gag ?
À quel titre, la Fédération peut-elle s’ériger en juge et partie de civilisations tierces, qui plus est de façon rétroactive ? Selon quelle juridiction commune ? Y a-t-il un ONU galactique ? Si encore, l’Emerald Chain était un ancien membre de l’UFP ayant fait sécession comme la Terre ou Ni’Var (Vulcain), l’argument serait peut-être (?) plaidable. Mais rien de tel ici, et ce qui est considéré comme criminel aux yeux de l’UFP ne le sera pas forcément aux yeux des Orions. Et en vertu de quelle préséance, les valeurs de l’un l’emporteraient sur les valeurs de l’autre ? Puisque la série tient à donner à la Chaine des attributs régaliens, la moindre des choses serait de l’assumer dans le script...
Lorsque Spock avait négocié les Khitomer Accords avec l’Empire Klingon dans ST VI TUC, l’avait-il subordonné au procès du chancelier Gorkon pour les crimes (selon l’entendement terrien) antérieurement commis par ses troupes et ses ressortissants ? Avec des normes de ce genre, aucune forme d’alliance avec des civilisations non strictement identiques à l’UFP ne serait envisageable. Sans même en avoir conscience, l’amiral Vance a révélé par cette exigence dirimante un degré d’impérialisme inédit dans l’Histoire humaine, et dont ne souffrent pas les empires terriens contemporains (USA, Chine, Russie) ni même coloniaux passés. Et en cherchant à imposer des conditions aussi intenables comme seule réponse à la bonne volonté de son interlocutrice, pas à un seul instant Vance n’a songé à l’intérêt du plus grand nombre, en particulier des humanoïdes asservis dans la galaxie, de toutes les sociétés pré-warp impitoyablement exploitées, ni tous les morts inutiles dans les futurs affrontement avec l’Emerald Chain... Pas à un seul instant il n’a considéré la Big Picture où les valeurs de l’UFP accédaient à une dimension hellénistiques puisque la force la plus puissante de ce 32ème siècle acceptait d’en adopter une partie significative, ce qui représentait une victoire symbolique pour la Fédération dans le registre du "soft power", avec une évolution vers des sociologies moins violentes et iniques...
Non, en lieu et place, Vance s’est contenté de réciter le crédo du petit fanatique prêt à envoyer ses troupes à la mort au nom de ses valeurs sacrées. Signe d’une invraisemblance contextuelle crasse d’une société, qui au lieu d’épouser en flexibilité la réalité sociétale d’un univers malmené par le Burn, s’est à l’inverse radicalisée dans une dérive sectaire, combinant à la fois une caricature des USA à s’ériger en justicier universel et une caricature de l’URSS à diaboliser toute forme de capitalisme.
Et puis, la délégation de la négociation par le président de l’UFP au seul Vance dévoile de vrais relents fascistes... Étant donné que la saison 3 de DIS n’a cessé de nous vendre la Chaîne d’émeraude comme l’unique antagoniste dans toute la Voie Lactée, l’enjeu civilisationnel n’était-il pas suffisamment conséquent pour que le (ou la) président(e) ainsi que tous les cadres sortent de leur autisme et s’impliquent de façon pluraliste dans ce dossier majeur ? Cette proposition d’armistice inespérée aurait pourtant dû être intensément débattue au sein de la Fédération, la balance des "pros" et des "cons" aurait dû être soupesée. N’est-ce pas là le rôle même du politique tel qu’il avait été si bien défini plus d’un millénaire avant dans l’épisode ST ENT 01x24 Desert Crossing, avant même la fondation de l’UFP ?
Déjà que la confusion entre le politique et le militaire est très suspecte dans le nouvel organigramme du Fedefleet du 32ème siècle, mais on voudrait en sus nous faire croire que l’utopie kurtzmanienne ne parle désormais plus que d’une seule voix, tel un nouveau collectif borg dont Vance serait le "roi" ?! L’amiral Vance occuperait-il la fonction autocratique de l’amiral Marcus dans ST Into Darkness (une signature Kurtzman) ? C’est même à se demander si le (ou la) président(e) de l’UFP existe bien, et si l’amiral Vance ne se la joue pas comme Melanie Cavill dans Snowpiercer 2020 ?!
Est-ce vraiment ce qu’est devenue cette parodie de Fédération du 32ème siècle ? Est-ce l’idéal pour lequel se bat Mary-Sue avec tant de pompe et de grandiloquence lacrymale ?
Bref, il ressort de cette rencontre potentielle mais bâclée entre Vance et Osyraa un émétique sentiment de gâchis : la série est passée à côté d’une construction qui aurait pu enfin être réaliste et nuancée (dans le sillage de celles ST DS9), et le quasi-seul personnage crédible de la troisième saison de DIS vient d’être lamentablement ruiné (seulement, aussi bon que puisse être Oded Fehr, il sera fatalement plombé par le texte affligeant que lui imposeront les auteurs).
Le Kurtzverse n’a décidément aucun sens de la mesure... ni aucune décence. Il n’a aucun scrupule à essayer de rendre sympathique par voie manipulatoire de projection familiale des super-Hitler galactiques. Et dans le même temps, il promeut des jugements axiologiques et une intransigeance criminelle envers tout ce qui n’est pas 100% "UFP-approved". Comme un compositeur incapable d’éviter les fausses notes, comme un tireur fou qui rate sa cible... à chaque fois.
Discovery est une frustration permanente.
Même si le come-back du caïd Zareh était acté depuis la fin de DIS 03x02 Far From Home (puisque tous ses subordonnés furent gratuitement massacrés par Mirror-Georgiou mais lui commodément maintenu en vie juste pour ménager sa vengeance à venir), il est en revanche particulièrement inconséquent de le voir réapparaître dans le rôle de premier lieutenant d’Osyraa herself.
C’est tout d’abord un syndrome de micro-univers jusqu’à la caricature : une gigantesque Voie Lactée de possibilités mais toujours les mêmes VIP qui se croisent et se recroisent, comme si l’univers se limitait à une garden party à Beverly Hills. En dépit de décors de studio qui ne dépassaient guère les 300 m2, ST TOS réussissait ironiquement à indure une sensation de gigantisme à la cheville de laquelle est loin de parvenir DIS malgré ses budgets pharaoniques.
C’est ensuite une négation des considérables distances que seul le spore drive est supposé franchir à l’ère post-Burn de la pénurie en dilithium. Zareh sévissait sur la planète The Colony dans le quadrant bêta à quelques 50 000 AL de là, une distance que Book ne pouvait d’ailleurs franchir sans l’USS Discovery en dépit de sa qualité de coursier et son cargo Transformers. Mais en revanche, on a beau gémir en toute occasion sur la disparition des ressources et des infrastructures depuis le Burn, chaque fois que ça arrange les scénaristes (et sans la moindre explication on screen), le cosmos se parcours bien plus vite et sur de bien plus grandes distances que durant les opulents 23ème et 24ème siècles trekkiens. Idem pour les communications subspatiales devenues impossibles... sauf chaque fois qu’on a en besoin.
C’est enfin un appauvrissement considérable de la diversité galactique de l’IDIC, comme si – bien plus que le Burn – c’était surtout l’entropie qui avait gagné au 32ème siècle. Car rien ne suggérait dans DIS 03x02 Far From Home un quelconque lien entre Zareh et Osyraa. Quand bien même le modèle mafieux semblait être l’horizon indépassable du bréviaire kurtzmanien depuis la série Picard, il semblait être malgré tout pluriel. Eh bien non en fait ! Désormais, avec cette allégeance rétrospective (et si symbolique) de Zareh au Syndicat d’Orion 2.0, où que Discovery nous transporte dans la galaxie, que ce soit au fin fond du quadrant bêta ou dans le quadrant gamma… il n’y a plus que la Chaine d’émeraude vs. la "religion Fédération". Tandis que, outre les Kelpiens, les extraterrestres rencontré se réduisent essentiellement à des humains (ou crypto-humains), à des Vulcains/Romuliens, à des Andoriens, et à des Orions. Telle une version miroir cauchemardesque de ST ENT… mais plus de mille ans après. Qui se souvient que, du temps de ST TNG où à peine plus de 10% de la Voie Lactée était explorée, chaque "planète de la semaine", chaque épisode offrait une opportunité paradigmatique nouvelle, avec son lot de nouveautés et de surprises, dans un univers à la diversité sans fin ?
La paupérisation infligée par Discovery donne proprement le vertige. Il ne subsiste que deux forces, que deux allégeances possibles : la "vraie croyance" ou la mafia ! Le Bien ou le Mal. Au secours, on étouffe dans ce nouveau Trekverse !
Il est évident que les auteurs tentent de légitimer Sylvia envers et contre tout en dépit de sa "promotion Instagram". Ils vont donc tenter d’en faire une bad ass n’ayant de cesse de laver l’affront subie. Après avoir réussi (avec l’aide de sa "garde prétorienne" plus gradée qu’elle et de Book) à estourbir les régulateurs du réfectoire où elle était retenue prisonnière, Tilly prend le maquis et écume le vaisseau jusqu’à l’armurerie. On ira même jusqu’à placer dans sa bouche une réplique bien dure qui en jette : « Prenez toutes les armes que vous pouvez porter. Nous n’avons guère de temps. Quoi qu’il arrive, on gagne la passerelle. Ça veut dire que si quelqu’un tombe, on ne s’arrête pas. Compris ? »
Ouais, ça ne rigole plus. lol
Mais jouant sur les deux tableaux, les scénaristes ne manqueront pas pour autant de glisser une nouvelle "lantern" par l’entremise d’Osyraa : « Eh bien... la prise du navire était si facile que j’ai presque cru à un piège au début. Lorsque j’ai réalisé que le capitaine Saru n’était pas à bord et avait laissé le navire à une enseigne. Saru est-il à Kaminar ? »
Ce bref instant de lucidité à l’endroit de Tilly ne se boude pas... même si c’est une diversion envers les réelles intentions de caractérisation.
Dans DIS 02x14 Such Sweet Sorrow Part 2, toute la force de frappe du Starfleet du 23ème siècle ne suffisaient pas à détruire les archives sentients de la Sphère rouge (d’où cet improbable voyage vers le futur). Mais maintenant, alors que l’USS Discovery a pourtant été "refité" (c’est-à-dire mis aux normes technologiques du 32ème siècle), Osyraa réussit à s’emparer du vaisseau en quelques secondes, et il ne lui faut pas plus de 12 minutes pour importer son propre système informatique en écrasant l’IA Zora sans se heurter à la moindre résistance (hormis la projection d’un vieux nanar qu’il suffira d’éteindre). Cherchez l’erreur.
Mais finalement, coup de théâtre, les gentils robots de maintenance – au look à mi-chemin entre R2D2 de SW et WALL-E – viennent se rallier aux vaillants guérilleros conduits par la bad ass Tilly à la fin de DIS 03x12 There Is A Tide ! Reconnaissant en Sylvia la capitaine légitime de l’USS Discovery (ben voyons...) et lui adressant tous un salut vulcain à deux doigts (vu qu’ils n’ont en ont que trois), il s’avère que Zora a trouvé refuge dans ces petites créatures toutes mimis et elle rejoint dorénavant la résistance !
Une conclusion qui donne envie de se gausser. On se croirait dans une animation pour mômes en bas âges gorgée de morale de patronage et où les rêveries naïves deviennent réalité. Et la bande à Tilly n’en apparaît que plus immature : des gamins qui essayent d’imiter les adultes dans un mauvais RPG constitué uniquement de passages scriptés.
By the way, le réceptacle de ces archives sensients de plusieurs centaines de milliers d’années demandaient dans DIS 02x04 An Obol For Charon une sphère de pas moins de 565 km de diamètre et de 6,39×1020 kg ! Mais maintenant, on voudrait nous faire croire que lesdites archives de Zora peuvent se loger dans des DOT-23 ?!
Bah oui, à chaque épisode, ST Discovery s’enfonce un peu plus irréversiblement dans une fantasy où plus rien n’a d’importance...
Sur le terrain tactique, DIS 03x12 There Is A Tide est aussi bancal que l’épisode précédent. Toutes les forces en présence et les personnages agissent au mépris du bon sens et de la logique, manifestement dans le seul but de faire durer le suspens et de conférer à tout prix un rôle cardinal aux deux lolitas très CW du show : Mary-Sue et Sylvia.
Au nom de quelle parade technologique (pas même évoquée dans le script) le QG de Fedefleet n’est-il pas en mesure de téléporter d’office l’ensemble du personnel (à commencer par le précieux Stamets) depuis l’USS Discovery ? Même si les boucliers du vaisseau sont activés, il s’agit d’une technologie propriétaire de Starfleet… que donc Starfleet est le mieux à même de bypasser sachant que la Chaine d’émeraude n’a eu aucune difficulté à le faire en téléportant à travers ces mêmes boucliers toutes ses forces d’invasion. Si le nouveau paradigme trekkien est de rendre les boucliers vulnérables à la turbo-téléportation individuelle, alors il faut l’assumer et appliquer les mêmes règles d’un épisode à l’autre t …
Comment se fait-il que le personnel demeuré en otage (les VIP) ait été placé au réfectoire, sous la surveillance des "régulateurs" avec tous les aléas et les risques que cela comporte (pour les deux parties d’ailleurs). Alors qu’il aurait été plus rentable et plus fiable d’enfermer les VIP dans les cellules du vaisseau, derrière des champs de force. Explication : il fallait bien que le gang de Tilly puisse s’évader et que Ryn conserve la liberté de saboter les systèmes de surveillance de bord (en faisant apparaître tout l’historique des localisations à la place des localisations en live).
Après que le cargo se soit crashé dans le hangar de l’USS Discovery, Book sort de nulle part un occulteur au format brassard… presque digne de la montre de Gemini Man (1976)… et dont il équipe Burnham. Il est en effet bien pratique pour les stratégies de type guérilla de ne pas se faire repérer des détecteurs de bord… et heureusement que les auteurs ajustent en permanence la panoplie de la parfaite dea ex machina. Burnham sera ainsi la botte secrète de Book lorsque la Chaine d’émeraude le capturera. Mais lorsque Mary-Sue éliminera son premier "régulateur" (non sans mal), elle sera blessée à la jambe. Mais au lieu de cicatriser sa plaie sur place (elle était seule à ce moment-là), elle sèmera derrière elle tel un Petit Poucet une trainée de sang. Et comme si cela ne suffisait pas, elle embarquera aussi le combadge dudit régulateur, annulant aussi sec son avantage tactique de furtivité, car Zareh ne mettra pas longtemps à la localiser et la coincer dans un tube de Jefferies en ordonnant à ses troupes une manœuvre en tenaille.
Burnham n’en réchappera qu’en tirant au phaser sur un bulbe rouge qui activera le protocole anti-incendie assorti d’une purge de l’oxygène par l’ouverture des sas sur l’espace. La régulatrice 665 qui la poursuivra sera expulsée dans l’espace, mais pas Michael car elle se sera attachée au préalable au moyen d’une sangle. Mais comment se fait-il que, plutôt que de s’accrocher aux pompes de Mary-Sue, la régulatrice n’ait pas utilisée son téléporteur individuel pour quitter cette zone du vaisseau devenue inhospitalière ? A défaut, pourquoi Zareh ne l’a pas téléportée ? Pourquoi non plus Fedefleet n’a pas cherché à la téléporter après son expulsion dans le vide de la bulle de distorsion ? On survit deux minutes dans l’espace et l’USS Discovery tombé entre les mains de l’ennemi était étroitement surveillée par le QG de l’UFP. Mais rien, aucune réaction, sauf après les faits, et tandis que le corps gelé et brisée de la régulatrice 665 flotte devant l’écran panoramique de la passerelle. Cette indifférence de Fedefleet envers la mort est sidérante. Mais il est vrai que dans Disco, la téléportation ne sert qu’au confort et l’épate, jamais pour sauver des vies.
Accessoirement, comment se fait-il que les sas d’évacuation d’oxygène de l’USS Discovery aient la taille de laisser passer des corps humanoïdes ? L’efficacité n’aurait pas été moindre avec des sas de taille réduite mais en plus grand nombre ("filtrant" les humanoïdes mais pas l’oxygène), ce qui permettrait d’éteindre les incendies sans tuer les occupants. Mais, une fois le plus, le contexte opérationnel est absurde.
Lorsque Zareh, avec un cynisme détaché pseudo-emprunt de "sagesse" recommande à Burnham de se livrer en lui promettant que "son crâne servira de bol à bonbon" (sic), cette réplique cartoonesque ne contredit-elle pas les ordres formels de Osyraa qui avait imposé à ses subordonnés à ne faire aucun mal à l’équipage pour ne pas compromettre les négociations avec l’UFP ?
Burnham a certes réussi à expulser dans l’espace la régulatrice 665 qui la poursuivait. Mais le script oublie bien vite que du fait du combadge qui aura permis de la localiser, Zerah a envoyé plusieurs équipes pour lui barrer toute retraite. L’ouverture du sas aurait dû juste permettre à Mary-Sue de gagner du temps, mais pas pour autant d’échapper aux poursuivants.
Michael trouve le moyen (depuis les tubes de Jefferies où elle est réfugiée) d’envoyer sur relai sécurisé un "mayday" à destination de sa mère Gabrielle sur Ni’Var. Mais un "mayday" qui prend surtout l’allure d’un sirupeux "adieu" ou elle évoque même l’au-delà où elle retrouvera son père ! Plutôt que de sombrer dans cette mauvaise poésie, n’aurait-il pas été beaucoup cohérent et utile d’utiliser ce canal (ou un autre) pour contacter le QG de Fedefleet à quelques centaines de mètres de là afin de coordonner le sauvetage de l’équipage et la neutralisation des envahisseurs ? Cette scène risible est à l’image de celle de ST Into Darkness où, dans l’urgence, Spock-Quinto trouvait le moyen de contacter à des années-lumière Spock-Nimoy sur New Vulcan pour chater avec lui… mais ne songeait en revanche pas à contacter le QG de Starfleet à distance orbitale pour demander une aide immédiate face à l’USS Vengeance. Sept ans ont beau s’être écoulés, on retrouve intacts chez Kurtzman exactement les mêmes nawaks..
Il n’est pas du tout crédible que l’éminent scientifique Aurellio (possible humain marié à une Andorienne) se berce à ce point d’illusions sur les valeurs et des méthodes de la Chaine d’émeraude, étant donné qu’il n’a pas été enfermé dans une tour d’ivoire mais qu’il a suivi Osyraa sur le terrain. Il dresse d’elle un panégyrique extatique littéralement au nom des idéaux trekkiens ! Mais comment l’Emerald Chain a-t-elle pu produire des sujets fidèles aussi humanistes ? Finalement, Stamets n’aura pas besoin de plus de trois répliques pour retourner Aurellio comme une crêpe et le faire douter de toute ce en quoi il a toujours cru. Passer tant d’années aux côtés d’Osyraa pour qu’un prisonnier tiers et réputé ennemi (Stamets) lui ouvre si brutalement les yeux, c’est assez risible, et le worldbuilding est une fois de plus à la ramasse.
Burnham réussit à libérer Stamets de ses entraves en ingénierie (après qu’Aurellio l’ait déjà émancipé de son verrou neural). Mais alors qu’il est parfaitement lucide sur la situation tactique, l’astro-mycologue révèle se moquer totalement du destin de la Fédération ! Sa seule et unique préoccupation va à son amant Culber et à son nouvel "enfant" Adira ! Dès lors, il n’a plus qu’une idée fixe : se précipiter au moyen du spore drive dans la nébuleuse Verubin. Une nouvelle fois, les personnages du Kurtzverse – y compris diplômés de Starfleet – se moquent de l’intérêt général et ne songent qu’à leur intérêt personnel, qu’il soit sentimental, familial, communautaire ou ethnique. Or ici, les auteurs ont inventé de toute pièce un lien de filiation symbolique entre Stamets et Adira alors que ces deux derniers ne se connaissent que depuis quelques épisodes ! Objectif : faire pleurer Margot bien sûr, mais surtout transposer en "mode SJW" de façon anachronique (et donc injurieuse) dans le Trekverse une communauté de fiertés LGBTQIA+.
Chaque fois que des personnages kurtzmaniens n’ont plus d’yeux que pour eux-mêmes et pour leurs proches, ils en perdent toute raison. En effet, si Stamets avait conduit un USS Discovery totalement contrôlé par l’ennemi jusqu’au KSF Khi’eth, il aurait fait quoi de Culber et Adira ? Eh bien, Paul les aurait littéralement offerts en otage à Osyraa, garantissant ensuite sa propre aliénation à la Chaîne d’émeraude ! Et voilà comment l’autocentrisme incontinent peut conduire à l’irresponsabilité et à la trahison, pourtant la norme dans les productions ST depuis 2009. Les personnages ne sont que des pions manipulables aisés à contrôler et à suborner...
Stamets n’est donc pas davantage digne de son uniforme ici que Saru dans l’épisode précédent, ni que Burnham dans de nombreux épisodes antérieurs… Quoique cette fois – fin de saison oblige – les auteurs font agir cette dernière de façon responsable (une fois n’est pas coutume)… mais si elle ne nous épargnera d’interminables séances de larmoiement (comme d’hab). Cependant, il ne faut pas être dupe : si d’aventure, il s’était agi de Book et/ou de Gabrielle encalminés dans la nébuleuse létale, nul doute que Burnham aurait agi exactement comme Stamets. Car c’est dans l’ADN même de toutes typos kurtzmaniennes, ce qui rend la soudaine crise de responsabilité – et ses corollaires à la fois moralisants et compassionnels – de Mary-Sue puants de tartufferie manipulatoire à l’usage des spectateurs amnésiques.
Mary-Sue assommera donc Stamets (qui était prêt à anarchiquement "sauter" en spore drive en orbite de la planète de dilithium) puis le renverra à Fedefleet ficelé dans un paquet cadeau (c’est-à-dire dans un champ d’évacuation d’urgence faisant office de cocon énergétique assorti d’une balise de retour après l’explosion d’un phaser à proximité d’un hublot). Faut-il vraiment une telle mise en scène et un tel tintamarre pour que l’UFP repère et sauve les corps expulsés de l’USS Discovery à l’intérieur de son propre QG ?
Michael emploiera le Vulcan neck pinch pour assommer Paul Stamets. Même si cette aptitude est fort contestable en internaliste pour une humaine (e.g. Spock ne pouvait l’utiliser dans le corps de McCoy d’après ST III TSFS), DIS a néanmoins établi depuis le pilote de la série que Mary-Sue maîtrise cette "prise" ! Mais alors, pourquoi ne s’en est-elle pas servie contre le premier régulateur, ce qui aurait été beaucoup plus rapide, tout en lui évitant de devoir l’étouffer et de se retrouver blessée à la jambe ? Plus généralement, combien de combats kung-fu chorégraphiés ridicules auraient-ils pu être évités tout au long de la série si le Vulcan neck pinch avait été employé sur une base régulière ?
Pourquoi Burnham n’a-t-elle pas mis à profit sa présence dans la salle des machines (elle avait neutralisé par surprise toute résistance) pour saboter le spore drive ainsi que le réacteur à distorsion… en tirant dedans au phaser s’il le faut ? Car c’était la seule stratégie fiable pour immobiliser une fois pour toute le vaisseau et livrer les pirates à Fedefleet. Après, tout dépend évidemment de l’objectif réel poursuivi… Mais aucune mesure radicale de ce genre n’a même été envisagée, comme si le but des scénaristes étaient de faire durer le plus longtemps possible ce chassé-croisé aussi artificiel qu’invraisemblable...
Pourquoi Osyraa assassine froidement l’Andorien Ryn sans même chercher à le faire parler, alors que les épisodes antérieur avait établi à quel point elle avait besoin de lui sur le terrain technique et opérationnel. Ne fût-ce que présentement pour réparer le sabotage des systèmes informatiques ? Totalement illogique et contreproductif, même hors de toute considération morale.
Connaissant mieux que personne la Chaine d’émeraude, comment Book ose-t-il trahir l’UFP en livrant à Osyraa le secret de la planète de dilithium ? Il était évident qu’il n’allait y avoir aucun marchandage contre la vie de Ryn. La mafieuse vert-de-gris allait s’emparer à la fois du beurre et de l’argent du beurre selon son bon vouloir. Entre naïveté indigne du parcours de Cleveland et prévalence (again) de l’intérêt personnel…
C’est bien joli pour le "spectacle burnhamien" de vouloir éliminer un par un chaque pirate s’étant emparé du vaisseau, mais n’aurait-il pas été beaucoup plus rapide et responsable de saboter (encore une fois au phaser si nécessaire) les systèmes énergétiques qui empêchaient Fedefleet de téléporter les services de sécurité à bord ou en téléporter l’équipage ? Décidément, aucun personnage ne semble mettre à profit le fait que cette prise d’otage (ou "occupation") se déroule à l’intérieur même du QG de Starfleet (et non dans un coin perdu au fin fond du "deep space").
Comment se fait-il que, les négociations échouées (du seul fait de Vance), Starfleet laisse tranquillement Osyraa repartir sur l’USS Discovery comme s’il s’agissait de son vaisseau légitime, sans rien entreprendre pour l’en empêcher ni l’en déloger ?! Aucun vaisseau de l’UFP ne s’attaque à l’USS Discovery détourné, ni le l’intercepte... alors que c’est pourtant le seul vaisseau disposant du spore drive, donc susceptible d’entrer et de sortir à tout moment de la bulle de distorsion sans même passer par le portail ! Et si Osyraa a bien honoré son engagement de libérer la majorité de l’équipage (les subalternes) qui ont regagné le QG en navettes, le carré les VIP des officiers de passerelle est toujours maintenu en otage, et Vance ne tente même pas de négocier leur libération. On laisse ainsi l’Emerald Chain comploter depuis le plus précieux des vaisseaux de l’UFP, et au passage assassiner Ryn tranquillos...
En additionnant tout ça, strictement rien de ce que relate l’épisode ne tient debout !
En fin de compte, de la même façon que toute l’affaire de Su’Kal aurait pu être solutionnée dans l’épisode précédent par quelques sauts sporiques chirurgicaux et l’usage de la téléportation (on récupère le bébé centenaire hurleur sans en passer par les cases inutiles des radiations mortelles et de l’abordage par la Chaîne d’émeraude), toute l’équipée improbable d’Osyraa aurait pu être facilement neutralisée dès le début de l’épisode si les protagonistes avaient agi avec un minimum de volonté et d’intelligence.
Mais ce n’était visiblement pas du tout l’intention des showrunners. Et après, ils voudraient que les spectateurs s’impliquent et vibrent pour les personnages et les enjeux ?! Nemo auditur propriam turpitudinem allegans.
Conclusion
Oh, il y avait bien quelques potentialités dans DIS 03x12 There Is A Tide autour de la paradoxale Osyraa et de son plan de paix. Mais tout est hélas noyé sous une avalanche d’invraisemblances, d’incohérences et de bullshit comportementaux/stratégiques de toutes parts. Malgré la présence de Jonathan Frakes derrière la caméra, une certaine maîtrise de mise en scène et de beaux effets spéciaux, l’épisode fait l’effet d’être un navire ivre qui a perdu son cap. Aucun comportement, aucune intrigue n’a vraiment de sens, et il ne subsiste que des artificialités en séries destinées à alimenter le culte messianique de Burnham et la promotion de Tilly.
L’épisode est pétri de contradictions : les showrunners semblent perpétuellement vouloir une chose et son contraire... tout en se gardant bien d’assumer véritablement les conséquences épistémologiques de quoi que ce soit.
Et sans la moindre déontologie, ils changent les lois causales et les règles du jeu au gré de leurs besoins. Somme toute, une systémique décomplexée de la triche.
D’un côté, on tente d’humaniser et normaliser les despotes génocidaires (après Mirror-Hitler qui était finalement une bonne copine, voici la Môme-vert-de-gris qui s’avère sincère et raisonnable) au nom d’une inclusion woke profondément nauséabonde. Mais de l’autre, lorsque ces dernières proposent des solutions de realpolitik, on fait passer les ultimes représentants de l’UFP (Vance en l’occurrence) à la fois pour des autocrates impérialistes et des idéalistes illuminés qui préfèrent un état de guerre permanent, des viols systématiques de la Directive première, et une politique d’esclavage à l’échelle galactique... plutôt qu’un compromis et une avancée relative vers le progrès au bénéfice de l’intérêt général.
Toujours le pire des deux mondes, quoi.
Ce qui aurait pu constituer un véritable débat éthique et/ou dilemme moral dans la plus haute tradition trekkienne n’est en fait qu’un rideau de fumée dissimulant une arnaque de plus, exactement à l’instar du T’Kal-in-ket, vendu comme une confrontation scientifique dans DIS 03x07 Unification III mais qui se sera avéré n’être qu’un épigone vulgaire du Larry Sanders Show.
Il ne pouvait pas exister plus grande insulte adressée à l’utopie trekkienne : la faire passer pour un dogmatisme totalement déconnecté du réel, transformant ses troupes en zélateurs fanatiques, refusant tout compromis, prêts à crever pour une cause théorique (presque "religieuse") au mépris du plus élémentaire des pragmatismes. C’est là un déni insultant de tout ce que Rick Berman avait apporté à la franchise Star Trek entre 1987 et 2005 : la démonstration qu’il était possible d’être à la fois idéaliste et réaliste, que l’utopie en construction ne rimait ni avec un radicalisme suicidaire ni avec une niaiserie de Bisounours.
Mais une fois de plus, l’UFP revue et corrigée par Kurtzman, c’est à la base le programme politique du Democratic Party des USA contemporains, mais dans un cadre institutionnel futur totalement sous perfusion, au stade terminal dans sa relation avec le réel, dépourvu de toute immunité et viabilité, à peu près aussi imbécile que les Éloïs de HG Wells. Rien d’étonnant alors que ce soient systématiquement ses super-héros providentiels (Mary-Sue, Papy Picard...) qui portent la Fédération moribonde à bout de bras, saison après saison. Gene Roddenberry apprécierait...
0/5
YR
EPISODE
Episode : 3.12
Titre : There Is a Tide...
Date de première diffusion : 31/12/2020 (CBS All Access) - 01/01/2021 (Netflix)
Réalisateur : Jonathan Frakes
Scénariste : Kenneth Lin
BANDE ANNONCE