Devs : Review des deux premiers épisodes

De l’art de faire sobre dans la complexité…

Devs, c’est l’antithèse d’Altered Carbon : tout y est simple et limpide, sobre et lent, parfois même hypnotique. Narrativement, Devs ressemble à ces séries policières où l’on connait l’assassin dès le départ et dont le but est de nous amener à découvrir peu à peu ce qui l’a poussé à commettre l’irréparable. Le premier épisode introduit le coupable et son motif, le deuxième nous présente les enjeux : pas de grosses surprises, un suspense limité, ’what you see is what you get’. Mais un beau travail de fond.

Le créateur anglais de la série, Alex Garland, romancier, scénariste et réalisateur, est un pro de la SF à qui l’on doit Annihilation, Ex Machina, Dredd, Sunshine et 28 jours plus tard. Donc lorsqu’un type de ce calibre vous sort une série de SF, ce n’est pas juste pour boucher les trous dans la programmation de Hulu. Apparemment, c’est un coup de fil avec l’acteur de Parks and Recreation, Nick Offerman, qui a tout déclenché : ‘Salut mec ! J’adoooore ce que tu fais ! Ça te dirait de te lancer dans la télé ? J’voudrais bien bosser avec toi, t’as pas un truc dans tes cartons ?’ À l’autre bout du fil, Alex réfléchit en faisant tourner les glaçons dans son verre de scotch, regarde d’un oeil torve son calendrier de production plutôt vide, puis se lance : ‘Ouais, j’ai bien un truc en tête : c’est de la SF avec de l’espionnage ; y’a des Russes, des technologies de l’au-delà et un rôle de génie milliardaire perturbé qui t’irait comme un gant.’ Nick jubile, l’affaire est conclue, Devs est née.

Lily (Sonoya Mizuno) travaille avec son boyfriend Sergei (Karl Glusman) pour Amaya, une boîte qui se spécialise dans l’informatique quantique. Sergei lui, son truc, c’est l’IA. Il transpire depuis des mois sur un projet qu’il est enfin prêt à présenter au gourou de l’entreprise, Forest (Nick Offerman). Sa présentation fait mouche et le mogul des quanta lui propose de quitter la division IA et d’aller bosser avec la crème de la crème d’Amaya sur le mystérieux projet DEVS. Mais Sergei est russe et le chef de la sécurité d’Amaya, Kenton (Zach Grenier) lui fait passer un entretien un peu tendu pour vérifier qu’il n’espionne pas leur entreprise pour le compte des méchants Russkofs. Le jeune homme obtient son accréditation de sécurité et commence son job pour Devs. Mais quésaco, ce fameux Devs ? C’est une machine. Une machine dont le code est tellement hallucinant que Sergei en vomit son breakfast le matin et en meurt le soir. Le spectateur sait ce qui s’est passé, mais pas la gentille Lily à qui Forest va tenter de vendre une version complètement jetée du décès du pauvre Sergei. Mais Lily est très intelligente et n’apprécie pas qu’on la prenne pour une bille : elle décide d’enquêter sur la mort de son homme et reprend contact avec son ex, Jamie (Jin Ha), pour qu’il l’aide à découvrir ce qui se cache derrière l’app de Sudoku de Sergei qui, bizarrement, n’aimait pas jouer au Sudoku.

Devs, c’est un de ces ovnis que l’on trouve de plus en plus souvent en SVOD, une de ces mini séries avec un goût de fantastique qui vous transportent, pendant quelques épisodes, dans une autre dimension. Un peu comme The Lost Room (2006) - si vous avez eu la chance de voir cette excellente série peu connue et, hélas, plutôt mal finie. Ou, plus près de nous, 22.11.63 (2016), elle aussi passionnante mais assez pauvrement résolue. Je vous disais plus haut que le rythme est lent, mais cela ne veut pas dire que le contenu est léger, bien au contraire : il est bien construit et prenant. La mise en scène est sobre mais très belle, avec un côté parfois onirique. On ne rentre pas dans l’histoire en se posant des questions : on se laisse porter par ce que l’on nous sert et on fait confiance au scénario. C’est très étrange comme sensation, comme si votre esprit se détachait de votre corps… J’ai vraiment hâte de savoir où tout cela va nous mener, et je croise les doigts pour qu’Alex Garland n’ait pas massacré la fin de Devs.

 Episodes : 1.01 & 1.02
 Titres : ’Épisode 1’, ’Épisode 2’
 Date de première diffusion : 5 mars 2020 (Hulu) - 6 mars 2020 (Canal+)
 Réalisateur : Alex Garland
 Scénariste : Alex Garland

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