The Politician : Review de la saison 1
Tous ceux qui sont allergiques au style de Ryan Murphy et Brad Falchuk (Nip/Tuck, Glee, American Horror Story) ne changeront certainement pas d’avis en regardant The Politician, pourtant l’une de leurs meilleures créations. Leur style inclusif, mélodramatiquement suranné et ponctué de coups de griffe aux normes imposées par la société se présente ici dans ses plus beaux atours, et ce, pour le plus grand plaisir de tous ceux qui n’y sont pas hermétiques.
The Politician est centré sur Payton, un gosse de riches convaincu depuis son plus jeune âge qu’il sera un jour Président des Etats-Unis. Dans cette saison un, on suit la première étape de la construction de son destin présidentiel, à savoir sa candidature au poste de président du bureau des élèves de son lycée huppé de Californie. C’est l’occasion pour Murphy de nous livrer une satire des coulisses de la politique, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec son style incisif nous avons le droit à du très gratiné.
Les thématiques LGBTQIA auxquelles sont très attachés Murphy sont toujours aussi présentes et lui permettent de mettre en avant la tragique duplicité qui impacte sur le bien-être d’une grande partie de ceux n’affirmant pas (totalement) leur identité. À cela, s’ajoute une critique sociétale acérée dans laquelle les ultras-riches, forcément beaux comme des Dieux, ont un niveau de certitudes proportionnel à la taille de leur portefeuille. Sous prétexte de rendre service à la communauté, ils cherchent avant tout à préserver leurs intérêts. Les moins riches, sont vus par ces derniers comme de véritables prolétaires et en plus d’avoir un physique plutôt ingrat, ont un intellect assez limité. Quand ils n’ont pas des préoccupations au ras des pâquerettes, ils ne rêvent que d’une chose : être riches à leur tour.
On est donc dans une thématique vue récemment dans le déjà culte Parasite, mais comme vous pouvez vous douter, The Politician est aussi américain dans son traitement que le film de Bong Joon-ho était coréen. Ainsi, outre la galerie de personnages caricaturaux au possible jusqu’à en devenir fascinants, n’attendez donc pas quelque chose de réaliste, mais plutôt quelque chose de suffisamment bien amené pour qu’on y croie. Les twists, rebondissements et autres cliffhangers pleuvent et rendent ces 8 épisodes véritablement passionnants à suivre.
De multiples sous-intrigues rejoignent donc celle de Payton dont l’évoluton reprend habilement les archétypes du genre avec ascension, sommet et chute... Sauf que ce schéma se répète plusieurs fois dans la saison sans pour autant provoquer de lassitude. Pour reprendre les propos délicieusement grossiers du personnages joué par Patrow, " la vie est un torrent de merde et d’or. Il faut éviter la merde et attraper l’or ". C’est avec beaucoup de délectation que nous accompagnons notre politicien dans cette quête dans laquelle il a bien du mal à placer ses propres émotions.
Au contraire de beaucoup de séries Netflix ayant du mal à démarrer puis un ventre mou en milieu de saison, on n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer devant cette première livraison, fruit du mirobolant contrat (d’une durée de 5 ans et de 300 millions de dollars) de Murphy avec Netflix.
On retrouve dans le casting des habitués du Murphy Universe aux côtés de jeunes acteurs tout aussi brillants que leurs aînés. Jessica Lange est toujours aussi savoureuse en grand-mère poule ayant beaucoup de choses à se cacher. De même Gwyneth Paltrow est remarquable dans le rôle de la mère aimante et délurée de Payton, prête à tous les sacrifices pour que ce dernier accomplisse ses rêves. Dans le rôle-titre, Ben Platt livre une prestation épatante, dans un rôle pourtant difficile, où il arrive à être attachant et antipathique à la fois. Fidèle à son amour des numéro vocaux, Murphy a d’ailleurs intégré des scènes de chants qu’interprète Platt avec brio et qui viennent apporter une dose d’émotion à une intrigue plutôt portée sur le cynisme et la dérision. Enfin, dans le rôle d’Infinity Jackson, une femme-enfant atteint d’un cancer chronique, Zoey Deutch est elle aussi formidable.
Outre la savoureuse et subtile pique à Donald Trump dans un générique d’ouverture très réussi, la série ne cesse d’illustrer comment une certaine ploutocratie à kidnappé le pouvoir en dépit de sa méconnaissance des réalités et un manque d’intelligence émotionnelle dramatique. Chez les riches, on se déchire (avec les pires des coups bas) aussi vite qu’on se rabiboche hypocritement, car l’ambition du pouvoir et les conventions sociales sont plus fortes que tout. Si une bonne dose d’hypocrisie suffit à maintenir le cap, c’est parfois un véritable sacrifice qui doit être fait. Un choix tragique qui leur donne cependant une certaine humanité et nous font oublier leurs ridicules lubies.
Le principal reproche que l’on peut faire à la série est que les protagonistes se réconcilient un peu trop facilement, sans que parfois la moindre raison ne soit évoquée. De même, aussi bons soient-ils, il est toujours un peu gênant de voir des acteurs faisant beaucoup plus âgés que leurs personnages, même si cela semble se justifier par le fait que l’intrigue se déroulera sans doute sur plusieurs années. Pour le reste, si on tient compte de l’habilité de la série à démontrer quels sont les mécanismes qui font que notre démocratie est en panne, il n’y a rien à redire si ce n’est que The Politician est une franche réussite.
C’est donc avec beaucoup de frustration qu’on arrive déjà au huitième et dernier épisode de la saison... Qui aurait pu très bien inaugurer la seconde ! L’arrivée de nouveaux personnages et enjeux donne follement envie de découvrir la suite. Les séries créées par Murphy ayant une sérieuse tendance à perdre de leur interêt au fur et à mesure des saisons, les promesses qui sont faites lors de l’épilogue sont suffisamment audacieuses pour qu’on ait envie de retrouver au plus vite toute la fine équipe qui se forme dans les derniers instants. Une équipe dont les membres auront, le temps d’une série, réussi à nous transmettre leur amour de la politique, pour le meilleur et surtout pour le pire !
ÉPISODE
Episode : 1.01 à 1.08
Titre : Pilote, La commode Harrington, Petites manipulations pré-éléctions, La fille prodigue, La solitude de l’électeur, L’assassinat de Payton Hobart, L’assassinat de Payton Hobart : 2e phase, Vienna
Date de première diffusion : 27 septembre 2019 (Netflix)
Créateur : Ryan Murphy, Brad Falchuk, Ian Brennan
Réalisateur : Helen Hunt, Janet Mock, Ryan Murphy
Scénariste : Ryan Murphy, Brad Falchuk, Ian Brennan
Avec : Ben Platt, Gwyneth Paltrow, Jessica Lange, Zoey Deutch, Lucy Boynton, Theo Germaine, Julia Schlaepfer, Laura Dreyfuss, Bette Midler, Dylan McDermott, January Jones, Trey Eason, Trevor Eason
RÉSUMÉ
Payton Hobart, riche élève de Santa Barbara en Californie pressentait depuis l’âge de sept ans qu’il deviendrait un jour Président des États-Unis d’Amérique. Mais avant, il devra relever le défi du parcours politique le plus semé d’embûches… Au lycée Saint Sebastian. Pour se faire élire Président du Corps Étudiant, s’assurer une place à Harvard et conserver son statut d’élève modèle, Payton devra se montrer plus rusé que ses impitoyables camarades de classe, sans pour autant sacrifier sa propre éthique et sa réputation exemplaire.
BANDE ANNONCE
Les films et séries TV sont Copyright © Netflix et les ayants droits Tous droits réservés. Les films et séries TV, leurs personnages et photos de production sont la propriété de Netflix et les ayants droits.