Star Trek : Ronald D. Moore parle de Star Trek, de la fatigue de la franchise et du processus de création

Date : 19 / 08 / 2018 à 10h00
Sources :

Trek Movie


Ronald D. Moore, scénariste de La nouvelle génération, de Deep Space Nine et showrunner de ses propres séries télévisées à succès est revenu à la convention 2018 Star Trek de Las Vegas. Il a abordé un certain nombre de sujets, notamment le rôle de showrunner, le rôle des médias sociaux dans l’écriture de scénarios aujourd’hui, et bien sûr son expérience sur TNG et DS9.

L’un des meilleurs moments du panel de Moore est arrivé à la fin, lorsqu’un fan a posé une question sur la fatigue de la franchise Star Trek.

« Lorsque vous évoquez la fatigue de la franchise, cela signifie que, pour moi, que la saveur particulière qui faisait l’originalité de Star Trek était tarie, que nous étions en bout de course. On pouvait le voir dans les séries, la fatigue était omniprésente. Ce n’était plus vraiment engageant. Ensuite, on réinvente, puis on introduit de nouvelles personnes, et vous apportez de nouvelles idées, et vous modifiez les paramètres, puis tout est à nouveau ravivé. Donc, ce n’est pas tellement une question de quantité, ce n’est pas vraiment de savoir combien il y a de séries, c’est vraiment de savoir si vous pouvez toujours obtenir l’adhésion du public. Le risque est de toujours présenter le même spectacle, c’est ce que la franchise Star Trek a commencé à faire au moment où Enterprise a pris fin. . C’est à ce moment qu’est venu le temps du changement, de se mettre en jachère pendant un moment et de semer à nouveau. »

Moore a continué à répondre aux inquiétudes des fans à propos de l’information selon laquelle CBS est intéressée par l’idée de diffuser des contenus "Star Trek" sur All Access toute l’année, ce qui pourrait mener à une nouvelle fatigue de la franchise :

« Là où nous en sommes actuellement, c’est comme si tout était réinventé, ça a l’air complètement différent, le style est très différent, les histoires sont différentes, donc je ne pense pas qu’il y ait de risque de fatigue de la franchise juste parce que beaucoup de concepts sortent en même temps. Par contre, si ces concepts sont tous identiques, alors oui la franchise se fatiguera et ils auront les mêmes problèmes. »

Michael Piller a été intégré au cours de la troisième saison de La nouvelle génération pour diriger la "writer’s room". Sa nouveauté et sa volonté de prendre des risques avec de jeunes scénaristes ont favorisé un environnement inédit. Piller a ensuite co-créé Deep Space Nine et Voyager ainsi que Insurrection.

« Michael était un gars extraordinaire, je n’ai jamais rencontré d’autres personnes comme lui. Il était un vrai mentor et se souciait vraiment d’accompagner des personnes inexpérimentées comme moi, Brannon Braga, René Echevarria et Naren Shankar. Michael nous a tous encadrés et il était toujours à la recherche de moyens de donner aux gens la possibilité de réussir. C’était un homme adorable et gentil. C’était un personnage, il portait toujours sa casquette de baseball LA Dodgers au bureau. »

Après avoir écrit le premier film de Trek avec son partenaire Brannon Braga, ils ont participé à différentes séries. Moore a pris ses marques sur Deep Space Nine, où il est resté jusqu’à la fin de la série.

« Il est difficile de croire que c’était il y a 25 ans. C’était une expérience formidable. Je pense toujours que pour moi, La nouvelle génération était comme aller au lycée pour écrire à la télévision, puis les études supérieures étaient Deep Space Nine.

Notre volonté avec cette équipe était de repousser les limites de Star Trek, à bousculer les concepts de ce qu’était Trek et ce qu’il n’était pas. Rendre les personnages plus compliqués, avoir une narration plus ambiguë, mettre en scènes des situations très complexes et nuancées. On a vraiment adoré, c’est un peu comme si on se disait : "On est le beau-fils oublié de Star Trek et on bouscule les autres !" Un jour, ils nous aimeront. »

Un autre sujet important concernait la manière dont les écrivains et les producteurs de télévision modernes peuvent désormais recevoir des commentaires instantanés des fans grâce aux médias sociaux.

« Je ne trouve pas que [les médias sociaux] constituent un outil particulièrement utile, je pense que c’est bon pour la publicité de la série. J’aime le fait qu’il existe un point d’accès où vous pouvez vous lancer dans le "fandom" et vous pouvez parler aux gens de la série. Mais en ce qui concerne leur impact sur ce que nous faisons ou leur impact sur la "writer’s room", j’essaie de mettre en place un pare-feu en leur disant "ce n’est pas une démocratie, nous ne prenons pas de votes. "... Je ne pense pas que pour faire du bon travail créatif, il faille en quelque sorte l’ouvrir au processus démocratique, faute de mieux. Je pense que c’est quelque chose de très interne, les artistes doivent décider ce qu’ils veulent faire et vous travaillez très dur, puis vous le présentez au public et vous espérez qu’ils aimeront. Mais essayer de les impliquer dans le processus créatif n’est pas une chose positive. C’est difficile parce qu’en réalité, quand vous disposez d’au moins deux millions de téléspectateurs, combien de personnes pouvez-vous réellement écouter en ligne ? Juste une poignée par rapport au public réel ».

Après son passage chez Star Trek, Moore s’est occupé du reboot de la série de science-fiction des années 70, Battlestar Galactica. Il a commencé le travail peu de temps après l’attaque terroriste du 11 septembre aux Etats Unis, et a vu l’opportunité de faire des choses qu’il ne pouvait pas faire sur Trek, notamment un narration sérialisée dans un univers plus difficile et moins parfait. Il posait des questions difficiles sur la nature humaine et sur ce qui constituait l’humain avec sa série télévisée Battlestar Galactica, acclamée par la critique et réinventée. Un jeune fan a posé une excellente question : "Parmi toutes vos expériences d’écriture, laquelle vous a le plus satisfait ?"

« Probablement le travail sur Battlestar m’a le plus satisfait, et probablement le premier épisode de la première saison qui s’appelait 33. Ce fut un moment créatif très satisfaisant, car je n’avais pas de plan prédéfini, j’avais juste une idée précise qui était que la flotte sauterait toutes les 33 minutes et les Cylons continueraient à les pourchasser. »


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