99 Homes [e-cinéma] : La critique

Date : 18 / 03 / 2016 à 09h30
Sources :

Unification


99 Homes est un très bon film sur les expulsions de masse, phénomène appelé foreclosure-gate, qui ont frappé les américains au lendemain de la crise des subprimes.

Le rêve américain, c’est une maison, un partenaire, deux enfants et parfois un chien/chat. Oui, mais la maison n’est pas toujours facile à obtenir. Aussi des banquiers ont eu l’idée de proposer des taux variables à des personnes qui n’ont pas forcément les garanties pour pouvoir rembourser le prêt et de spéculer dessus.

Évidemment quand la bulle immobilière a explosé en 2007, les banques se sont retrouvées dans un grand embarra, engluées dans l’affaire des subprimes. Mais si ces dernière s’en sont globalement bien sorties, un seul banquier, suisse de surcroît, a été emprisonné, et c’est parce que l’Etat, et les américains ont payé.

Mais les américains ont aussi perdu en masse leurs chères maisons. N’ayant plus les moyens de rembourser leurs crédits, parfois conseillés à tort par leur banque de se mettre en cessation de paiement, ces derniers sont expulsés de leur domicile et se retrouvent en quelques heures à la rue.

L’histoire de 99 Homes se focalise sur un promoteur immobilier chargé d’expulser des gens et un jeune homme qui, perdant sa maison, se met à travailler pour celui qui l’a mis dehors.

Mais si la loi est du côté de l’homme d’affaire, les moyens de ce dernier pour s’assurer que les plaignants ne gagnent pas en en appel le droit de garder leur maison, ainsi que ceux employés pour « voler » de l’argent à l’état, sont plus que criminels.

Le film est donc une descente aux enfers dans les magouilles d’un promoteur prêt à tout pour se faire de l’argent, et des pauvres gens qui voient leurs vies et leurs rêves s’écrouler en quelques minutes.

Ainsi, après son contrat avec un homme charismatique et sans état d’âme, c’est la question du « jusqu’où peut-on aller quand on veut sauver ceux qu’on aime ? ». La victime peut-elle devenir bourreau sans remord ? Qu’est-ce qu’un être humain honnête est prêt à faire quand on ne lui laisse plus la possibilité de vivre correctement ?

Les images sont violentes, surtout psychologiquement, tant l’histoire brosse un tableau très complet des différentes personnes touchées par ces expulsions. Du retraité au travailleur immigré, du chômeur à l’employé à petit salaire, de la maison familiale servant d’entreprise à la personne ayant des moyens mais plus ceux de rembourser sa grande maison, tous se retrouvent logés à la même enseigne, souvent celle d’un petit motel bondé.

En effet, les scénaristes, Ramin Bahrani, Amir Naderi, se sont bien documentés sur l’affaire et la nature humaine et livrent une histoire âpre et véridique qui fait d’autant plus froid dans le dos que cela pourrait arriver à tout le monde.

L’interprétation est impeccable et les amateurs retrouveront avec plaisir Andrew Garfield, dans un rôle ambigu écartelé entre une vie correcte pour sa famille et les moyens employés pour y arriver. Laura Dern fait une apparition sympathique dans le rôle d’une mère qui doit quitter sa maison familiale et se retrouve dehors avec son fils et son petit-fils.

Mais c’est vraiment Michael Shannon qui retient l’attention. Ce dernier en requin de l’immobilier sans remords est excellent. Le personnage qu’il incarne est exécrable, mais le comédien réussit à le rendre tellement attirant et fascinant qu’il est difficile de ne pas être hypnotisé par ses magouilles et justificatifs plus ou moins oiseux. Le pire étant que sur certains éléments il est en effet dans son bon droit. Car ainsi qu’il l’exprime dans une magnifique diatribe, beaucoup de personnes peuvent être responsables des expulsions, banquiers, promoteurs, particuliers, voire même Etat, mais certains s’enrichissent au profit des autres et cela, c’est la société qui le permet.

99 Homes est un très bon film, glaçant et parfois terrifiant. C’est une sombre plongée dans les tréfonds de l’immobilier quand les promoteurs s’enrichissent sur le dos de ceux qui ont tout perdu. Avec une photographie très propre, des maisons mises en valeurs comme des personnages à part entière, une histoire soignée et des acteurs convaincants, l’œuvre laisse un goût amer sur la langue mais captive complètement.

Une magnifique étude de la psyché humaine et de l’envie de tous d’avoir une vie meilleure.

Intéressant et fort touchant.

Le film a eu le Grand prix du Festival du film américain de Deauville 2015.

Il sera proposé en première exclusivité en version dématérialisée pendant 6 semaines, au prix généralement constaté de 6,99€ (HD).

SYNOPSIS

Rick Carver, homme d’affaires à la fois impitoyable et charismatique, fait fortune dans la saisie de biens immobiliers. Lorsqu’il met à la porte Dennis Nash, père célibataire vivant avec sa mère et son fils, il lui propose un marché. Pour récupérer sa maison, sur les ordres de Carver, Dennis doit à son tour expulser des familles entières de chez elles.

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DISPONIBILITÉ

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FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1S h 52
- Titre original : 99 Homes
- Date de sortie : 18/03/2016
- Réalisateur : Ramin Bahrani
- Scénariste : Ramin Bahrani, Amir Naderi
- Interprètes : Andrew Garfield, Michael Shannon, Laura Dern, Tim Guinee, J.D. Evermore, Juan Gaspard, Nicole Barré, Cullen Moss
- Photographie : Bobby Bukowski
- Montage : Ramin Bahrani
- Musique : Antony Partos, Matteo Zingales
- Costumes : Meghan Kasperlik
- Décors : Alex DiGerlando
- Producteur : Ashok Amritraj, Ramin Bahrani, Andrew Garfield, Justin Nappi, Kevin Turen pour Noruz Films
- Distributeur : Wild Bunch Distribution

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

99 Homes



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