Iron Man 3 : Rencontre avec Robert Downey Jr
Découvrez une longue interview de Robert Downey Jr., l’interprète de Tony Stark dans Iron Man 3, le film de Shane Black, en salle depuis mercredi dernier.
Lorsque vous avez accepté d’incarner Iron Man, imaginiez-vous que le personnage aurait autant de succès auprès des spectateurs et qu’une relation aussi particulière vous lierait à eux ?
Grâce aux deux premiers volets d’IRON MAN, puis à AVENGERS et enfin, aujourd’hui, à IRON MAN 3, il y a évidemment une certaine continuité.
À mon sens, ce qui fait en partie le succès de cette franchise, c’est son authenticité. Grâce à Legacy Effects, qui s’occupe de toute la technologie du film, c’est comme si l’univers d’Iron Man devenait de plus en plus tangible au fil du temps. On a le sentiment d’être face à quelque chose qui fait partie de l’inconscient collectif. D’une certaine manière, la technologie utilisée dans le film est réaliste, crédible au plan de la réalisation concrète. Je pense que c’est pour cette raison que les films ont du succès. Avec l’aide d’une équipe talentueuse, nous avons essayé de concilier l’aspect merveilleux de la plupart des films de super-héros, et le réalisme de franchises telles que JAMES BOND ou MISSION IMPOSSIBLE.
IRON MAN 3, produit par les studios Marvel, sort cinq ans après le premier film. Votre approche vis-à-vis du personnage a-t-elle évolué au fil du temps ?
Oui, parce que je suis plus vieux de cinq ans ! Lors du premier film, tout ce qui m’intéressait était de savoir si j’avais pris assez de créatine, si mes bras étaient suffisamment musclés, si l’éclairage me mettait en valeur, et si j’étais assez charmant et drôle. Mais dans celui-ci, c’est évidemment la relation de Pepper et Tony qui est au cœur du film. Ce n’est pas de mon fait, mais il semblerait que cette fois-ci je m’intéresse un peu moins à ma petite personne et un peu plus aux autres ! J’essaie de réaliser toutes les choses que j’ai toujours voulu faire. Par exemple, cela faisait longtemps que nous voulions que Tony et Rhodes se retrouvent au Neptune’s Net car c’est à deux pas de chez Tony et que c’est un bar de motards. Jon Favreau, Shane Black et Joss Whedon ont tous contribué à créer cette longue liste de souhaits impossibles à exaucer jusqu’ici soit parce que l’histoire ne s’y prêtait pas, soit parce qu’on n’avait pas l’argent ou le temps nécessaires. Mais plusieurs de ces rêves se réalisent enfin dans IRON MAN 3, sans pour autant que l’intrigue soit tarabiscotée.
En tant qu’acteur, est-il gratifiant de mettre certains aspects de l’histoire de côté pour y revenir ensuite, et ainsi éviter de refaire sans arrêt le même film ?
Absolument, cela me permet également de sentir le temps qui passe. J’ai beaucoup aimé travailler avec toute l’équipe de IRON MAN 3, c’est pourquoi je ne suis pas triste à l’idée que le temps nous soit compté. Vous savez, la durée de vie d’une carrière ou d’une franchise est limitée. Une fois encore, nous avons tous fait de notre mieux et avons le sentiment d’avoir réalisé un très bon film. Mais, c’est avant tout le public qui a fait le succès de la série, et c’est ça qui est fantastique.
En quoi Shane Black était-il le réalisateur idéal pour IRON MAN 3 ? Qu’a-t-il apporté au film ?
Jon et moi avions l’habitude de l’appeler pour lui demander des conseils sur les deux premiers volets de la franchise, il nous répondait par le bais de métaphores ou bien faisait des commentaires directs sans jamais rien demander en échange – sauf une fois, où il nous a demandé du saumon bien cuit et des myrtilles à titre de paiement ! Nous avons beau être une équipe de "barjos", nous partageons néanmoins le même enthousiasme pour la franchise.
Shane a largement contribué à façonner le genre du film d’action et à lui donner une identité particulière, c’est pourquoi j’étais ravi et évidemment très favorable à l’idée qu’il réalise ce film. Cette fois-ci, c’est Shane et moi qui avons appelé Jon Favreau, parti vers d’autres horizons, d’autres succès et d’autres expériences, pour nous assurer que le film s’inscrive bien dans la continuité des deux premiers volets de la série. Ce qu’il y a de formidable avec cette histoire, c’est qu’elle est dramatique, voire parfois assez profonde et sombre, mais qu’elle s’inscrit néanmoins dans la droite lignée de ce que Shane Black a fait auparavant. J’adore les films qui réussissent à me surprendre grâce à des éléments de l’intrigue inattendus, des éléments mis en place bien avant et qui refont surface. D’ailleurs, pour en revenir à Jon, c’est précisément ce que lui et moi avons sans cesse essayé de faire, sans toutefois y mettre trop de rigueur. La place que nous accordions au hasard n’aurait pas sans doute pas convenu à un scénariste ou un réalisateur plus méthodique.
Shane Black constitue un choix intéressant car il a beaucoup de talent pour porter à l’écran un scénario dans lequel évoluent une multitude de personnages, ce qui est loin d’être facile…
Non, en effet, ça n’est pas facile. Pour commencer, nous voulions voir comment réagirait Tony face à un enfant plutôt malin et doué de ses dix doigts, une sorte de petit génie de la technologie. Nous avons pensé à un mini-geek d’une école d’élite, mais nous nous sommes dit que personne ne pourrait s’identifier à lui, nous avons donc opté pour un petit garçon du Tennessee.
Nous tenions également beaucoup à ce que Rhodes soit plus présent, qu’il porte une arme et qu’il soit véritablement l’alter ego de Tony en termes de courage et d’esprit, et nous avons réussi. Quant à Tony et Pepper, nous voulions montrer l’évolution de leur relation après quatre films, car comme Kevin Feige, le producteur, me l’a fait remarquer, Tony Stark est le seul super-héros à entretenir une relation réellement suivie avec une femme.
À ce propos, comment faites-vous pour que la relation entre Tony et Pepper reste intéressante ?
Aujourd’hui, je réfléchis davantage à ce que le film peut apporter à mes partenaires, et notamment à ce qui rend le rôle de Pepper intéressant pour Gwyneth. Son personnage connaît une évolution particulièrement soignée pour une héroïne féminine. C’est sans doute l’un des aspects du film qui me plaît le plus. Sans trop en révéler, disons seulement que Pepper est assez incroyable dans cet opus.
Que pouvez-vous nous dire des autres personnages féminins de IRON MAN 3 ?
Rebecca Hall, qui interprète le Dr Maya Hansen, est quelqu’un que j’apprécie énormément. La réapparition de cette femme du passé de Tony avec laquelle il n’a passé qu’une nuit, entraîne certains changements et crée une tension dramatique entre Pepper et lui. Mais c’est également intéressant, car on a toujours perçu Tony comme un playboy et on a du mal à imaginer qu’il ait voulu entretenir une histoire sérieuse avec quelqu’un. Leur relation est un élément intéressant de l’histoire et du thème du film. Rebecca a été formidable.
Avez-vous été impressionné par le talent de vos partenaires ?
Ce qui est passionnant à mon sens, c’est l’émulation entre comédiens, lorsqu’on se dit qu’on peut vraiment se lâcher, qu’on peut faire plus que simplement réciter nos répliques. Je pense qu’un acteur qui a l’instinct du jeu ne se satisfera d’ailleurs jamais vraiment de sa performance, même une fois le tournage achevé. Guy Pearce, qui incarne Killian, a vraiment été fantastique, et je pense qu’en le voyant, les gens vont se rappeler pourquoi il fait partie des plus grands acteurs américains… même s’il nous a été prêté par l’Australie, évidemment !
Cette émulation entre les acteurs semble avoir eu un effet bénéfique sur tout le monde.
Qu’est-il arrivé à la notion de plaisir ? C’est la première question que je me suis posée. Je mets constamment l’accent sur le fait de se faire plaisir en travaillant. Qu’est-ce qui fait que j’oublie à quel point c’est essentiel ? Pourquoi je cède à la pression de mon emploi du temps ? Incarner Tony Stark est un véritable plaisir et charité bien ordonnée commence par soi-même.
Qu’apporte Extremis à l’intrigue ?
Je me souviens être tombé sur Extremis en relisant certains des derniers comics Iron Man, et je soumets régulièrement l’idée depuis le tournage du premier IRON MAN en 2007. Je trouvais ça fantastique, mais j’étais un peu le seul dans ce cas ! J’ai une nouvelle fois proposé cette idée pour IRON MAN 2, mais la réponse a été la même. Shane Black, en revanche, l’a vraiment aimée et a réfléchi à une manière de l’intégrer à l’histoire. Dans IRON MAN 3, Extremis est à l’origine de la présence de Maya et de Killian. L’idée principale du film, c’est que nous voulions nous débarrasser de l’armure, mais il nous fallait une alternative. Extremis peut également servir en dehors du domaine militaire. D’ailleurs, Maya espère recevoir le Prix Nobel pour ses recherches, mais dans le monde réel, son travail serait plutôt une véritable catastrophe.
Pourquoi teniez-vous à ce qu’Happy fasse son retour ?
Jon Favreau est avant tout l’un des acteurs les plus incroyablement doués et les plus fantastiques de sa génération. À mon sens, il n’est pas du tout apprécié à sa juste valeur. Son personnage, Happy, est un élément central de l’histoire, car, en dehors de Rhodes, c’est l’ami le plus proche de Tony.
Jon a été formidable sur le tournage car il était libéré de la pression qui incombe au réalisateur, il était simplement là pour jouer la comédie et prendre du plaisir. Je pense qu’il était très important qu’il soit là pour les fans, pour nous tous qui l’aimons, pour Shane, et pour tous les acteurs du film qui le connaissent directement ou savent qu’il est à l’origine de notre présence à tous. Ses scènes sont les plus touchantes mais également les plus divertissantes du film.
L’histoire d’IRON MAN 3 est particulièrement émouvante...
C’est vrai. Avant tout, nous nous sommes demandé : comment l’histoire d’Iron Man a-t-elle commencé ? Par un éclat d’obus qui s’est logé près de son cœur. Et comment a-t-il survécu ? Grâce à l’électroaimant que lui installe Yinsen. Qu’a-t-il fait ensuite ? Il l’a remplacé par un réacteur Arc de sa création. Quelles conséquences cela a-t-il eu ? Toutes ses créations sont alimentées par l’énergie nucléaire. Que s’est-il passé ensuite ? Le réacteur a commencé à l’empoisonner. Enfin, son père lui a envoyé à titre posthume une mystérieuse énigme lui permettant de perfectionner son propre cœur.
Mais au début de IRON MAN 3, Tony a perfectionné son cœur sans prendre le soin de guérir la blessure qui est à l’origine de toute l’histoire. Face à tous ces éléments, on se demande ce qu’il est supposé faire. Selon moi, une seule possibilité s’offre à lui, tout le reste a déjà été maintes fois évoqué, et je pense que la direction que nous avons choisie est absolument jubilatoire.
En quoi l’armure de votre personnage a-t-elle évolué entre le premier film et celui-ci ?
Bizarrement, l’armure Mark 1 était vraiment imposante et grossière, mais elle était super. Les gens l’ont aimée et l’aiment toujours, qu’ils l’aient connue à travers les comics ou l’aient découverte avec les films. Toute l’équipe a ensuite œuvré pour la rendre plus facile d’utilisation avec la collaboration de tous les départements. Les choses sont donc devenues de plus en plus faciles pour moi, au point qu’aujourd’hui je peux porter une armure assez imposante sur une longue période sans que cela soit pénible. J’ai beaucoup moins de raisons de me plaindre, ce qui me laisse un peu perplexe, mais cela me permet de me concentrer davantage sur l’histoire et sur le jeu de mes partenaires.
En quoi le tournage d’IRON MAN 3 a-t-il été différent des deux premiers ?
Nous avons beaucoup tourné de nuit. Parfois c’était magique, tout semblait fonctionner parfaitement alors qu’il était quatre heures du matin, que la scène comportait 25 éléments clés de l’intrigue et 6 personnages. Le meilleur remède contre les complications, c’est de s’amuser. Avec ce film, nous sommes revenus aux bases que nous avions établies lors du tournage du premier film – aussi stressant a-t-il été, nous débordions d’espoir et d’enthousiasme pour cette nouvelle franchise, et ici nous n’avions qu’une envie, c’était de prendre du plaisir et de faire un bon film. Je pense que nous avons également plus confiance en nous aujourd’hui, nous faisons cela depuis assez longtemps maintenant pour ne plus avoir à nous poser de questions. Nous le faisons néanmoins, parce que cela nous oblige à repousser nos limites. Mais cette fois-ci, nous sommes allés si loin qu’il n’y a pas de retour possible.
Pourquoi avoir choisi le Mandarin comme ennemi pour Iron Man, et avoir confié le rôle à Sir Ben Kingsley ?
Le casting est l’une des choses que Marvel fait le mieux, ils choisissent leurs acteurs avec beaucoup de sérieux et de minutie, tout en faisant preuve d’audace.
Ben Kingsley est un artiste accompli. Il a eu d’excellentes idées qui, une fois intégrées, ont énormément apporté au film. Mais c’est également un grand enfant capable d’improviser et de faire preuve d’une vraie liberté de jeu. Je pense d’ailleurs que mon meilleur souvenir du tournage est d’avoir pu l’observer dans ces séquences dont personne n’aurait pu avoir l’idée avant de le voir les interpréter. Venant de moi, qui me targue d’être un acteur spontané, ce n’est pas peu dire ! D’une certaine manière, le film n’aurait pas pu voir le jour et ne serait pas le même sans lui.
À quoi le public doit-il s’attendre ?
Je peux honnêtement dire que les spectateurs doivent s’attendre à être continuellement surpris, car le film est une suite de rebondissements. Mais je pense que d’une certaine manière, il s’agit du film le plus abouti des trois sur le plan émotionnel, mais aussi le plus divertissant du point de vue technique et en matière d’action. C’est un film génial et passionnant !
Iron Man est Copyright © Marvel Studios Tous droits réservés. Iron Man, ses personnages et photos de production sont la propriété de Marvel Studios.