Star Trek Picard : Critique 3.09 Võx

Date : 16 / 04 / 2023 à 14h30
Sources :

Unification


STAR TREK PICARD

- Date de diffusion : 14/04/202
- Plateforme de diffusion : Paramount+ / Prime Video
- Épisode : 3.09 Võx
- Réalisateur : Terry Matalas
- Scénaristes : Sean Tretta & Kiley Rossetter
- Interprètes : Patrick Stewart, Jonathan Frakes, Jeri Ryan, Amanda Plummer, Gates McFadden, Michael Dorn, LeVar Burton, Marina Sirtis, Brent Spiner, Michelle Hurd, Orla Brady, Ed Speleers et Todd Stashwick

LA CRITIQUE FM

Ahhhhh le mythique équipage de l’Enterprise D... Si cette troisième saison de Star Trek Picard avait un unique intérêt, c’était bien l’annonce de ces retrouvailles. C’est d’autant plus dommage que cela se passe uniquement sur la fin de la saison après 3-4 épisodes cheap de remplissage sans intérêt. Si cela s’était déroulé dès la mi saison, cela aurait grandement profité à la série plutôt que d’avoir comme d’habitude une accélération pour délivrer une conclusion en un ou deux épisodes.

Patrick Stewart et ses collègues de la Nouvelle Génération portent en eux tous nos bons souvenirs des joies et des peines de leurs personnages. Il faut être aveugle pour ne pas remarquer que leur alchimie, deux décades après la fin de leur aventure en commun avec le film Star Trek Nemesis, existe toujours. Personnellement, en dehors de toute considération, c’est un immense plaisir de les voir interagir, particulièrement sur le pont principal de leur vaisseau mythique.

Mais voilà... Quand on doit écrire une critique d’un épisode, on ne peut malheureusement pas mettre notre cerveau sur pause pour juste laisser nos émotions s’exprimer.

J’ai un problème global sur ce que Star Trek montre de la science depuis que la franchise a été reprise par Secret Hideout. C’est l’impression diffuse que ce futur a fait des progrès immenses pour le voyage spatial mais que rien n’a évolué pour la médecine. Quand Jack s’inquiète d’une future calvitie en regardant son père lors d’un précédent épisode, on se dit que génétiquement le Généthon à Evry pour le Téléthon est plus avancé que la section médicale de Starfleet 380 années plus tard.

Et donc, l’élément scientifique qui explique le retournement de situation de ce neuvième épisode me laisse sans voix. Quand Picard est revenu de son expérience Locutus, Starfleet a donc été dans l’incapacité de vérifier génétiquement que celui ci n’a pas été modifié ? Vraiment ?

Est ce entendable qu’aucun process de sécurité n’existe dans la programmation des téléporteurs ? Et que dire de la débilité de ce process automatique d’action des vaisseaux qui est déployé pendant ce Frontier Day ? Est il possible d’aller plus loin pour dépeindre la nullité de Starfleet ?

Enfin, ce qui m’interpelle, c’est pour l’instant le silence absolu sur ce qui était la conclusion de la saison précédente de Star Trek Picard. Quand Beverly dit qu’on a aucune nouvelle des Borgs depuis des décennies, on pourrait lui conseiller d’aller visionner sur Paramount+ la destinée d’Agnes Jurati en saison 2. Bref, on va parier pour l’instant que la copine Borg de Picard va arriver comme la cavalerie dans le dernier épisode de la saison. Si cela ne devait pas intervenir, ce sera une nouvelle totale incohérence à mettre au crédit de scénaristes amnésiques à leurs propres productions.

Impossible donc pour moi cette semaine de donner une seule note, étant donné mes sentiments contradictoires.

NOTE NOSTALGIE

NOTE CRÉDIBILITÉ

NOTE PLAISIR

LA CRITIQUE TB

Secret Hideout nous a habitués, au fil des ans, à une logique de surenchère narrative (toujours plus gros, toujours plus fort), combinée à une écriture oscillant entre le médiocre et le vraiment dégueulasse. Arrivant à la fin de la saison, nous avons aujourd’hui un épisode qui s’illustre très clairement dans la seconde catégorie. On atteint cette semaine un niveau dans l’idiocratie et le portnawak tout simplement référentiel, et ce pendant que les enjeux explosent dans un festival d’incohérences et de deus ex machina. Il y a quinze jours, nous avions la trahison totale de ST par ses vétérans au niveau moral, la semaine passée une machine à faire du surplace néanmoins truffée d’absurdités, aujourd’hui une réécriture d’une part conséquente du ST historique, souillant la fin de TNG, de Générations, de First Contact et de Voyager. Ceux qui pourront trouver la force d’en rire seront les plus chanceux aujourd’hui, tant une partie non négligeable du public aura probablement tendance à hurler ou pleurer devant le spectacle. Mais voyons cela dans le détail et le désespoir...

Si vous ne souhaitez pas vous plonger dans une analyse détaillée du contenu (fatalement riche en spoilers), veuillez cliquer ici pour accéder directement à la conclusion.

Jack, toujours devant cette satanée porte, se prépare à l’ouvrir, histoire de faire durer encore un peu ce qui aurait dû être fait depuis plusieurs épisodes. Deanna lui demande de se concentrer sur les veines rouges, qualifier ici de "vignes", et Jack de répondre que, en plus d’un souvenir d’enfance sans aucun intérêt narratif, elle lui évoque la vérité, un but et la perfection. On a beau savoir que le test de la tache chez un psy donne souvent des résultats étranges, voir dans un amas rouge sang de vignes entremêlées ce qu’il vient de dépeindre paraît hautement psychotique. Ou scriptique, vu les intentions des auteurs.
Deanna ouvre finalement la porte à la place de Jack et, à peine vu ce qu’il y a derrière, elle rompt immédiatement le contact avec lui et quitte la pièce terrifiée, sans mot dire hormis un I’m sorry, alors que Jack l’implore de lui dire ce qu’elle a vu. Un professionnalisme particulièrement lamentable, comme d’habitude. Elle va retrouver les parents, toujours choquée, et nous la revoyons ouvrir cette fameuse porte en flashback. Pour contexte, rappelons que la porte est rouge, les vignes également, et la lumière passant par la serrure orangée comme des flammes. C’est à dire l’évocation d’un Pah-wraith dans le texte, ou peu s’en faut. Mais non, car cette lueur n’était que celle émanant du nuage qui dissimulait... un cube Borg ??!!! Nous aurons l’occasion d’y revenir en détail, tant cette subverted expectation est au niveau de Rian Johnson dans son The Last Jedi qui a fait, lui aussi, couler beaucoup d’encre sur la "qualité" de son travail. Fin du générique, mais le supplice ne fait que commencer.

Pendant que Picard dit à raison que c’est impossible, Beverly se lancera assez rapidement, inspirée par le saint script, à évoquer les essaims d’abeilles ou les vols d’oiseaux en groupe pour rappeler qu’il y a des exemples dans la nature de transmetteurs naturels, et que peut-être il s’agit ici d’une évolution des Borgs. Picard refusera cette explication particulièrement foireuse, arguant que la seule chose qu’il ait transmise à Jack, c’est son irumodic syndrome. Mais comme Beverly a carrément lu le script, elle dira qu’il n’a jamais eu ledit syndrome, et que ses symptômes n’étaient en vérité qu’un reliquat de son passage chez les Borgs, venant d’une "technologie organique" implantée alors ! Répondons déjà à cela, voulez-vous.
Commençons par l’évidence médicale. Beverly, docteure émérite de la Fédération, suivant son fils depuis le berceau, nous ayant encore dit dans l’épisode précédent que son activité cérébrale était normale, part dans l’hypothèse que Jack aurait l’équivalent d’une mutation incluant une capacité de recevoir/transmettre la pensée à distance (plus la palette de super-pouvoirs qui en découlent). Et jamais le moindre examen médical n’a rien montré en plus de vingt ans ?! On se paie vraiment notre tête ! Mais abordons maintenant l’évidence absolue, l’éléphant dans le couloir, que les auteurs oublient à loisirs à chaque saison de cette pantonymie qu’ils ont le culot de qualifier de série : les Borgs ont été anéantis ! Pas diminués ni contraints à une retraite tactique, mais détruits jusqu’au dernier drone. L’excellent diptyque final VOY 07x25+07x26 Endgame n’avait pas fait les choses à moitié, et par son sacrifice, l’amiral Janeway avait introduit chez eux un virus fatal (venu du futur), au-delà des capacités d’adaptations des Borgs, forcément transmis à la totalité des drones de par leur hyper-connectivité. Donc le coup d’un cube planqué dans la brume, c’est injustifiable — et ne sera évidemment même pas évoqué, la Kurtzmanie n’ayant jamais pris la moindre peine pour crédibiliser ses twists indignes d’un auteur consciencieux — et nie tout le final de Voyager, à nouveau ! Il est vrai que ça fait trois saisons de suite qu’ils le font, « le retour de la vengeance des Borgs qui reviennent et ne sont pas contents ! », vu qu’ils ont autant de créativité que de respect pour la franchise. Mais il fallait aussi réécrire TNG 07x25+07x26 All Good Things puisque celui-ci est irréconciliable avec ce qui vient d’être dit par Beverly. Déjà, comment imaginer que Q l’ait ignoré ? Et il n’aurait rien dit ou fait, ni à l’époque, ni en saison 2, alors qu’il sait depuis trois décennies que Picard est porteur de cela ? Mais surtout, à quoi rimait ce Picard du futur, manifestement atteint d’une phase avancée du syndrome, diminué et dont l’état correspondait à l’évolution de la maladie ? Eh bien cela n’existe plus. Au-delà du retcon, c’est bel et bien la réécriture d’un chef-d’œuvre trekkien qui se fait devant nos yeux horrifiés. Et enfin, cerise à la strychnine sur ce gâteau de poison, pourquoi la reine Borg voulait-elle tuer Picard (et avec force acharnement) dans First Contact, s’il était détenteur d’une technologie organique de pointe spécialement conçue pour être transmise à sa descendance ? Allez, un bijou trekkien de plus détruit pour ce twist de la honte, on est plus à ça près !
Picard, culpabilisant (pour changer), se dévouera afin d’aller parler à Jack, mais Deanna lui rappellera qu’il est désormais une menace et doit être considéré comme dangereux. Pourtant, ce n’est pas Jack le danger, mais le script qui lui fera évidemment faire n’importe quoi. Mais n’allons pas trop vite…

Dans sa chambre moins bien éclairée qu’une cave — on pulvérise ici un record, vu que l’on ne peut même pas distinguer les traits de Jack avec une caméra à trois mètres de lui ! — le père retrouve son fils et lui annonce la nouvelle. Réagissant aussi bien que l’on peut s’y attendre, Jack dira ceci :
« Oh, funny. I’ve always known the world was imperfect. The broken systems, wars, suffering, violence, poverty, bigotry. And I always thought, if people could only see each other, hear each other... speak in one voice, act in one mind together... Who knew a little cybernetic authoritarianism was the answer ? »
Mais de quoi parle Jack ?! La société dans laquelle il a grandi est supposée être une utopie, qui a éradiqué la pauvreté, l’intolérance, le crime ! Or voilà qu’il aurait toujours pensé que ce monde est imparfait et son système cassé ?!!! Encore une tirade qui empeste le script, et surtout la voix des auteurs, toujours aussi méprisante et ignorante envers l’utopie trekkienne !
Picard agira enfin en père, expliquant à son fils que cela dépasse sa petite personne, qu’il n’a pas la moindre idée de ce que le collectif Borg peut faire faire à un individu, et qu’il existe une académie sur Vulcain où il pourrait recevoir de l’aide : Keslovar. Jack considérant cela comme une prison et étant toujours aussi incapable de penser à autre chose qu’à lui-même, déclinera et voudra partir, mais trouvera deux officiers de sécurité derrière la porte. Cela le rendra furieux, blâmant son père de l’abandonner dans un discours manipulatoire et plein de pathos, avant de posséder les deux figurants et de partir faire ce qu’il sait faire le mieux : obéir à un script idiot. Sa mère l’interpellera dans la coursive (ah, elles nous manquaient, ces coursives !) et Jack révélera l’extraordinaire débilité de son plan : se livrer à la reine en échange de réponses ! Si ! Cinq épisodes à échapper à Vadic qui voulait absolument le livrer à la reine avant le Frontier Day, et maintenant… il y va de son propre chef ! Et ce alors qu’il est borguisé biologiquement, et n’a donc aucune chance face à elle, sans même parler du cube potentiellement rempli de drones. Bon sang mais c’est bien sûr ! Un jeune homme qui entend des voix, ce qui le conduit à rechercher un vaisseau échoué dans un endroit introuvable, seulement pour tomber aux mains de son némésis revenu d’outre-tombe par un trou du script... c’est... c’est The Rise Of Skywalker, heu, Picard ! Difficile de ne pas voir la copie quasi-conforme avec ce film, tout aussi mal écrit. L’industrie, ou en tout cas Secret Hideout, en est donc arrivé à plagier l’opus le plus mauvais au box-office, à l’échelle de sa trilogie, d’une compagnie rivale. Le dernier niveau de l’incompétence semble avoir été atteint, mais il ne faut jamais dire fontaine avec Kurtzman
Jack monte ensuite dans une navette et met le cap vers la reine, guidée par The Võx Of The Script. Pas de rayon tracteur pour l’arrêter, pas de téléportation à l’infirmerie pour lui administrer un sédatif, non, juste Picard et Beverly qui regardent ça par le hublot en se lamentant sur eux-mêmes. Pour couronner le tout, Data annoncera qu’ils ont perdu le signal car Jack brouille le transpondeur. Donc ils ne se sont même pas lancés à sa poursuite avec un vaisseau bien plus rapide qu’une navette, et qui aurait pu la suivre "à vue" sans difficulté. Il n’y a aucune articulation dans cet épisode, seulement les exigences d’un script consternant. Après une saison à délayer, faire du fan-service ad nauseam et jouer de sa pitoyable mystery box, nous assistons maintenant à la résolution de saison by the book de Secret Hideout, où rien n’est expliqué et où tout avance selon les besoins d’un scénario dénué de toute cohérence, en particulier avec lui-même.

Après un interlude où l’on verra Jack trouver le cube — en moins d’un quart d‘heure en temps fictif au vu du montage alterné (quel homme...) — Geordi expliquera à Picard que lorsqu’il devint Locutus, du matériau génétique fut stocké en lui sans que personne ne s’en soit rendu compte depuis. Non, juste non. Entre les examens médicaux de Beverly ou ceux de Starfleet, sans oublier le téléporteur qui aurait forcément relevé un pattern altéré ou un surplus de matériau génétique, il est impensable que personne ne s’en soit rendu compte à l’époque, a fortiori en 35 années, pour attendre l’autorisation du script avant que Geordi fasse enfin le travail ! Et comme si cela ne suffisait pas, Picard en déduit que c’est pour cela qu’il pouvait entendre les Borgs dans First Contact. Sauf que non, nous apprendrons plus tard qu’il faut avoir moins de 25 ans au moment de "l’infection" pour que le matériau puisse se développer, c’était donc impossible pour Jean-Luc. Incohérents même avec la révélation infligée un quart d’heure plus tôt ! Et tant que nous y sommes, comment se fait-il que Picard soit le seul affecté ? Seven, borgisée en bas âge, ou n’importe qui parmi les trop nombreuses victimes de l’assimilation au sein de la Fédération, aucun n’a jamais reçu ce matériau (Vipisme oblige). Tout ceci est absurde, incohérent et prétentieux, mais passons, il y a aujourd’hui assez d’absurdités pour une masse critique à même de raser la Californie.
Worf ajoutera que les Changelings ont donc volé le corps de Picard pour en extraire ce matériau, afin d’en faire ensuite une arme. Ah bon ? On est censé trouver logique et allant de soi que les métamorphes aient voulu aider les Borgs ? Apparemment oui vu que l’idée ne choque pas Beverly, Worf clôturant l’échange en rappelant que toute la conspiration doit aboutir aujourd’hui, car nous sommes le Frontier Day, et Picard demandera à Shaw de mettre le cap sur le système Sol.
Minute, papillon. Donc toute la conspiration dépend depuis le début du fait que Jack soit aux mains des Borgs le jour J, ou F en l’occurrence ? Déjà, on va remercier le script d’avoir obligé Jack à foncer les voir alors qu’il suffisait de rester 24h sans rien faire pour faire échouer ce plan "de maître". Ensuite, on se souviendra de la Tête de mort qui harcelait Vadic pour qu’elle accomplisse sa mission, soit de capturer Jack pour l’amener à la reine. Et alors que tout Starfleet était compromis et infiltré par les Changelings, ils n’ont dépêché qu’un seul vaisseau, ce pendant qu’ils étaient à quelques jours de voir toute la conspiration échouée ? C’est une blague ? Et pépite finale, le corps de Picard n’a été volé que très récemment (une affaire de jours, quelques semaines tout au plus), mais les métamorphes ont déjà trouvé le moyen de transformer cela en arme ? Mais qui peut croire à un tel monceau de foutaises ?!
Avec un peu de recul, on est en droit d’imaginer qu’il y a eu deux équipes de scénaristes, lesquelles ont chacune travaillées de leur côté avant de mettre leur travail de cochon en commun. L’une aurait rédigé le début et la fin de la saison, et l’autre fut sans doute chargée de remplir le ventre mou avec un autre arc. Voilà pourquoi les Changelings sont apparus de nulle part à l’épisode 03X03 et, sitôt leur utilité narrative terminée, s’éclipsent bien opportunément pour laisser la place aux Borgs, eux aussi amenés au tractopelle. Des arcs déjà très mauvais séparément, désormais mauvais au carré au vu de leurs incompatibilités évidentes. Une écriture proprement dégueulasse, donc.

Nous assistons au Frontier Day dans l’espace, en orbite autour d’une station non loin de la Terre, où toute la flotte est assemblée pour l’occasion. On prendra un instant pour admirer les feux d’artifices dans le vide spatial (ils osent vraiment tout, Michel Audiard serait très fier...), puis un autre pour s’interroger sur l’extraordinaire stupidité de regrouper la flotte entière au même endroit, pour l’équivalent d’un gros 14 juillet. N’a-t-on jamais vu l’oncle Sam rappeler l’entièreté de son armée pour un défilé ? Alors imaginer la Fédération entière regrouper toutes ses forces au même endroit, pour une vulgaire parade qui plus est, c’est au-delà de ce qu’un cerveau normalement constitué peut accomplir...
Au milieu de la gigantesque station spatiale supervisant ce carnaval, l’amirale Elizabeth Shelby préside le tout à bord de l’Enterprise E. Encore une séquence puante de fan-service (pour ceux qui ne seraient pas morts d’occlusion intestinale durant les épisodes précédents), où elle nous fera le récit du premier Enterprise NX-01 qui mènera à la fondation de Starfleet. Et encore un personnage historique (sorti ici de ST TNG 03x26 The Best Of Both Worlds et interprété par la même Elizabeth Dennehy) que l’on ramène (comme auparavant Ro Laren) juste pour être tuée. Picard ou L’Ultime souper (1995).
Après un bref aperçu de Jack qui avance dans le cube, nous revenons sur Shelby qui nous explique un nouveau monument d’idiocratie : la Fleet Formation. Cette technologie révolutionnairement débile permet à tous les vaisseaux d’être connectés entre eux, et d’agir à l’unissons en passant outre les personnes aux commandes. Alors mettons de côté le "comment ?" de cette absurdité, qui pourrait fonctionner à des années lumières de distance entre les vaisseaux, pour se concentrer sur le plus évident : "c’est quoi leur problème" ??!!! Après le système de balise impossible à désactiver donnant ta position exacte à l’ennemi, la passerelle décapotable, leur nouvelle trouvaille est de connecter tous les vaisseaux entre eux, afin qu’une seule et même attaque soit capable de prendre le contrôle de toute la flotte simultanément. On est au-delà de l’idiocratie, au niveau de l’Everest de la stupidité faite ressort scénaristique. Et évidemment, on peut être sûr que moins d’un quart d’heure après l’apparition de cette technologie en scriptex renforcé, cela va se retourner contre ses créateurs. Mais procédons dans l’ordre où les conneries arrivent à l’écran, sans quoi l’on pourrait s’y perdre.

Jack trouve enfin la reine Borg dans un échange où chacun se la raconte à sa manière, avant qu’il ne décide d’essayer de lui tirer dessus. Évidemment, cet abruti verra son adversaire rire et lui dire que si cela lui était possible de la tuer, ce serait déjà fait. Et Jack de hurler d’impuissance, réalisant combien la narration lui a fait faire n’importe quoi. Des câbles viendront s’insérer en lui — parachevant de démontrer qu’il est la marionnette du script — et ses yeux vireront au noir, tout comme la vision du spectateur, victime de facepalms à répétition.
De retour sur l’USS Titan, Geordi et Data ont trouvé, en farfouillant dans les archives prises sur le Shriek, le code de Starfleet. D’où viennent ces archives miraculeuses ? Rappelons que le Shriek a été détruit à coup de torpilles et que le téléchargement de Raffi fut interrompu par une alarme presque immédiatement. Encore cette narration incohérente avec elle-même en plus d’être incohérente avec Star Trek. Le code trouvé, plus spécifiquement le code des transporteurs, a été utilisé pour implanter le matériau génétique à tout le personnel de Starfleet, assimilant ses membres sans que personne ne puisse s’en rendre compte. En à peine 15 jours. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu. Cette conspiration est donc idiote dans sa conception (pourquoi uniquement Picard ?), dans sa temporalité (Daystrom a été volé il y a trop peu de temps) et dans son exécution (pourquoi les métamorphes aideraient les Borgs ?). Et c’est ça le point culminant, le climax de cette saison. On sera en droit d’être heureux que la série se termine au prochain épisode, et son cortège d’absurdités avec elle, tant qu’ils nous restent quelques neurones intacts.
Picard essaiera de convaincre l’amiral Shelby de l’urgence de la situation par canal audio. Alors qu’elle basculera sur écran pour l’écouter pendant qu’il lui demande d’oublier leurs heurts du passé — parle-t-il de la saison 1 ou de la fois où il lui a offert une bouteille de son infâme vinaigre ? (mystère...) — , mais trop tard, leur échange sera brutalement interrompu. Toutes les communications seront coupées et un signal Borg sera transmis sur toutes les fréquences, à toute la flotte.
Beverly a, pendant ce temps, établi que le matériau génétique ne se développe que jusqu’à la maturité du cortex frontal, à 25 ans chez l’être humain. Du coup, tout le cast des vieux de la vielle est immunisé, mais nous nous heurtons encore une fois à une incohérence massue. En effet, les deux officiers de sécurité possédés par Jack au début de l’épisode affichaient tous deux une solide trentaine. Or cela fonctionnait manifestement sur eux, mais compte tenu du vol récent de la dépouille de Picard, ceux-ci n’ont eu aucune chance d’être "assimilés" avant l’âge de 25 ans. Donc, du propre aveu du script, ils auraient dû être immunisés. Tout à l’esbroufe, à la phrase choc et au coup de bonneteau pour que le spectateur manipulé ne prenne pas le temps de réfléchir à l’effarante stupidité de ce qu’il regarde, mais pour qui s’en donnera la peine, les preuves sont là, partout.
Shaw passera en alerte rouge, mais l’épisode virera ici au film de virus zombie, quasiment tout l’équipage devenant Borg par l’entremise du signal. Sauf les anciens, y compris Seven, très étrangement, pourtant toujours en partie Borg et dotée d’un cortical node… Mais bon, c’est une VIP donc elle sera immunisée par le script alors qu’elle arrive à entendre et identifier le signal ! Tout aussi bizarrement, nous verrons le retour de Shelby sur l’écran de communications (qui viennent d’être coupées deux minutes plus tôt !!!) juste pour la voir se faire abattre par une enseigne borguisée. Comprenant que toute la flotte a été assimilée, Shaw ordonnera de fuir — sans prendre le temps de bloquer les commandes du vaisseau avec ses codes de capitaine, ce qui est vocalement très rapide et faisable depuis une coursive — tout en spécifiant de ne tirer qu’en stun mode. Alors ça c’est le pompon ! Jusqu’ici on pouvait avoir l’impression que ce mode incapacitant, évitant de tuer, avait été supprimé pour d’obscures raisons, mais non, il n’en était rien, c’était juste car notre valeureux groupe de héros — qui, à l’aune de cette information, sont définitivement une bande d’ordures tuant comme ils respirent — ne le juge nécessaire que sur les membres de leur propre équipage. Tout simplement à vomir.
Dans le turbolift où ils fuient, les vieux entendront l’appel de l’USS Excelsior dont le capitaine annonce qu’il a repris le contrôle. Évidemment, grâce au Fleet Formation, il sera incapacité à distance et abattu par les vaisseaux sous contrôle borg. Ce système n’aura donc même pas eu le temps de finir son inauguration avant de se retourner contre les débiles qui l’ont conçu, et si c’est pour le coup assez réaliste, ça ne fait qu’appuyer sur l’évidence de l’absurdité dudit système. Néanmoins, Shaw aura l’idée d’aller à la maintenance après cet appel, vu que celui-ci en utilisait la fréquence. Dans un vaisseau au contrôle du collectif Borg où les non-assimilés sont abattus à vue, toute la fine équipe arrivera à la maintenance sans une égratignure, bien évidemment off screen, comme d’habitude. Alors qu’ils envisagent de fuir en navette, Geordi aura une meilleure idée. Mais, dans ce tunnel de maintenance qui ressemble à s’y méprendre à une coursive, le script impitoyable rattrapera l’équipe, laquelle sera attaqué en mode létal par les drones. Car ces Borgs — une fois encore présentés comme plus évolués que les anciens, comme les métamorphes — sont incapables d’assimiler qui que ce soit, et se lancent donc dans l’extermination de tous les non-assimilés, là où la logique dicterait de faire un maximum de prisonniers en attendant que la reine arrive avec ses nanoprobes. Quelle évolution impressionnante... de bêtise.
Profitons-en également pour nous attarder au niveau pitoyable de la mise en scène. Intégralement filmé en serrant sur les personnages au maximum, l’action sera quasi illisible — Combien d’assaillants ? Comment sont-ils disposés ? D’où arrivent-ils ? OSEF, ça tire —, et quand elle le sera, tournera au ridicule. En effet, passé les premiers échanges de tirs, le script fera son apparition. Alors qu’il était bien positionné derrière des caisses, et qu’aucun ennemi n’est visible à l’écran, Shaw se retournera pour ordonner à Picard de fuir tout en se mettant à découvert. A cet instant, un ennemi apparaît en plein champ (sans qu’on le voit sortir d’où que ce soit, il pop littéralement à l’écran !), lui aussi complètement à découvert et touche Shaw qui s’effondre. Seven se rue vers lui, mais au lieu de le tirer à l’abri sous un tir de couverture, elle s’assoit en plein champ de tir pour lui prendre la main, de dos à l’ennemi ! Notons que sitôt Shaw à terre, l’ennemi disparaît du champ (il dépop) — comme ça il peut s’arrêter de tirer pendant plus de 20 secondes pour cause de dialogues, car on peut désormais être un drone et se montrer poli, sûrement une "évolution" de l’espèce. Ceci dure jusqu’à ce que Raffi sorte complètement à découvert et avance droit sur l’ennemi (qui repop), tirant pour finalement l’abattre, mais seulement au second tir, le premier touchant le mur de la coursive à un mètre de sa cible — l’ennemi est alors revenu à sa position précédente, à moins de cinq mètres, immobile, en plein champ et à découvert, attendant la mort toujours aussi poliment. On est au niveau d’un nanar de seconde zone des années 80 en terme de réalisation, c’est absolument consternant !
Shaw sera donc tué dans l’affrontement, mais il aurait dû s’y attendre, vu que la dernière fois où il s’est battu dans une coursive, il s’est fait démolir. Dans son dernier souffle, le script lui fera donner le commandement à Seven. Adieu, voix des auteurs, tes maîtres se sont finalement débarrassés de toi à la seconde où tu as perdu ton intérêt dans ce rôle totalement fonction. Cette péripétie fera que Raffi et Seven resteront sur place — car maintenant, on abandonne des gens derrière soi pour sauver sa peau, nos vétérans n’en ratent décidément pas une ! — pour couvrir la fuite des autres. Qui se résument désormais à l’équipage de TNG, ni plus, ni moins. Vous le sentez venir, le final pur fan service ?

Pendant que la flotte Starfleet/Borg se regroupe pour attaquer la Terre, la navette des vieux retourne au musée où Geordi, statuant qu’il leur faut un vaisseau ancien pour éviter le contrôle à distance, montrera son projet secret. La musique de TNG se fera entendre, le hangar s’ouvrira, et dans un maniérisme de mise en scène total pour intensifier ce fan-service ultime, le Big D fera son apparition !!! Il ne manquait à ce concerto en réécriture majeure que Generations passe également à la moulinette, voici donc la fin de ce vaisseau emblématique qui subit lui aussi la curie. Cinq minutes chrono à s’émerveiller, se passer la pommade, et de se dire qu’ils forment une famille pour nos chers vétérans. Si le final de la semaine dernière vous a donné la nausée, fuyez : c’est encore plus obscène et infatué. On remarquera un détail notable, au moins l’éclairage est enfin lumineux ! Sûrement qu’ils ne mettaient pas des ampoules basse consommation sur tous leurs vaisseaux, à l’époque...
Picard reprend donc le contrôle de feue son vaisseau revenu d’outre-tombe — justifier par Geordi expliquant qu’il a passé vingt ans à récupérer des pièces pour le remettre sur pied, ce qui devrait faire du vaisseau un patchwork de technologies très dysfonctionnel, soit dit en passant —, et lance un dernier "engage" en donnant l’ordre de retourner sur Terre, car maintenant, le Big D peut être manœuvré par six personnes (comme "par hasard" (les VIP de la passerelle). Et les torpilles à photons stockées par dizaines dans un musée, c’est normal aussi. La marmotte, tout ça... Un vaisseau fort de trente ans de retard, retapé dans un garage par un seul ingénieur avec des pièces détachées, s’en va donc affronter seul toute la flotte avec ses petits phaseurs musclés. Fin de ce cauchemar éveillé la semaine prochaine.

Conclusion

D’un point de vue trekkien, nous sommes cette semaine en face d’un authentique mollard craché à nos visages tuméfiés. Cannibale jusqu’à dévorer les os de la carcasse fumante de ST, mettant en scène une Fédération et un Starfleet plus idiocratiques que jamais, dépourvu de fond, de morale, et dont la seule idée SF est un concert d’absurdités, d’invraisemblances, et d’incohérences avec ses propres explications, plus bancales qu’un lit avec la moitié de ses pieds sciés. Le résultat est abrutissant, insultant, et surtout sans le moindre intérêt, tant il vaut mieux passer une heure à faire la vaisselle qu’à regarder ce spectacle affligeant. La fine équipe de TNG n’est ici que pour se féliciter d’elle-même, et faire le paon dans une orgie de fan-service grossier, malaisant, et parfaitement ridicule.
Même si d’aventure l’on pouvait faire abstraction du logo "Star Trek", il n’en resterait pas moins un épisode qui se contredit toutes les cinq minutes. Aucun propos de fond ici, hormis en creux une hyper-connectivité dont les jeunes seraient les victimes, sauf que cela se faisant totalement à leur insu, c’est aussi évolué que de critiquer un malade pour avoir attrapé un virus. Et la série ne justifie toujours rien quant au comment de son fil rouge, le tout en trouvant néanmoins le moyen d’accumuler les contradictions :
-  sont passés les métamorphes ? Ils ont visiblement disparu parce que le script n’avait plus besoin d’eux.
- D’où sortent les Borgs, visiblement planqués dans la contre-allée à attendre Jack depuis 25 ans ? Parce que le script avait besoin d’eux.
- Pourquoi Shaw meurt ? Parce que le script ne voulait plus de lui.
- Pourquoi Jack est stupide ? Parce que le script avait besoin qu’il le soit.
- Pourquoi personne n’arrête sa navette ? Parce que le script avait besoin qu’il ne soit pas arrêté.
- Pourquoi Starfleet a installé un système dont même un lycéen pourrait voir le danger ? Parce que le script avait besoin que ce soit fait.
- Etc.
Personne n’est véritablement, dans cet épisode, un personnage authentique avec une personnalité, des décisions autonomes, ou plus simplement un néocortex fonctionnel. Tout est le monde est là pour faire avancer une intrigue qui ne tient pas debout, le plus souvent avec autant de finesse et de crédibilité qu’un Klingon ayant bu une barrique de vin d’hémoglobine. Et cela oblige des acteurs qui ont tant à offrir, comme Edward Speleers, à jouer quelqu’un d’inexistant et de profondément artificiel. Tout ça pour un enjeu qui est une énième fois de sauver le monde, et aura été dissimulé par un tour de passe-passe si grossier, si mal construit, que l’on en voit les ficelles (ou plutôt les cordages) à 100 mètres. Revoir le Big D n’aura jamais eu un goût si amer, et accentuera, s’il en était encore besoin, cet éclairage épouvantablement sous-exposé que l’on a subi toute la saison. Les décors sont un peu moins faméliques que les semaines passées, mais hormis le Frontier Day qui dure moins de cinq minutes, c’est encore un recyclage permanent des mêmes lieux. Mais où diable sont passés les 100 millions de dollars de budget ? La saison 3 de The Orville a proposé infiniment plus sur les costumes, le maquillage, la direction artistique, les décors et les SFX avec à peine plus de 50 millions !
Donc même en faisant abstraction de la très mauvaise plaisanterie de voir « Star Trek » (in name only) écrit en lettres de sang au générique, cet épisode est extrêmement mauvais en tant que tel. Tout ici insulte l’intelligence du spectateur, de l’intrigue qui ne tient pas debout à cette réalisation toujours cheap, mais aussi pire qu’amateuriste, en passant par les dialogues absurdes et les personnages-fonctions. Tout cela au service exclusif d’un script idiot et sans l’ombre d’une cohérence. Réalisé par Terry Matalas lui-même, qui atteste ici que tout talent qu’il ait pu posséder un jour appartient bel et bien au passé, et, comble du comble, nous ressortant les Borgs pour la troisième fois en autant de saisons. Un final catastrophique dont la résolution à venir n’a par avance aucun intérêt, il est grand temps que cette série se termine et nous permette la seule chose sensée à faire d’elle : l’oublier.

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

Autant dire que selon la jurisprudence d’Yves, voilà un double zéro pointé... amplement mérité.

BANDE ANNONCE





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