Star Trek Picard : Critique 3.01 The Next Generation

Date : 19 / 02 / 2023 à 14h30
Sources :

Unification


STAR TREK PICARD

- Date de diffusion : 17/02/202
- Plateforme de diffusion : Paramount+ / Prime Video
- Épisode : 3.01 The Next Generation
- Réalisateur : Doug Aarniokoski
- Scénaristes : Terry Matalas
- Interprètes : Patrick Stewart, Jonathan Frakes, Jeri Ryan, Amanda Plummer, Gates McFadden, Michael Dorn, LeVar Burton, Marina Sirtis, Brent Spiner, Michelle Hurd, Orla Brady, Ed Speleers et Todd Stashwick

LA CRITIQUE FM

C’est juste après la fin des « débats » sur les retraites à l’Assemblée Nationale qu’est arrivé à la fois sur Paramount+ et Prime Vidéo la troisième saison de Star Trek Picard. C’est dommage, car les deux premières saisons de la série étaient en soi un excellent argument pour militer pour partir tôt à la retraite tant, faire travailler un excellent acteur shakespearien de plus de 80 ans, s’était révélé catastrophique.

Trêve de plaisanterie. Si je devais résumer ces deux saisons de Picard en quelques mots, je dirais qu’on a assisté les deux fois à un excellent départ avec deux premiers épisodes excellents, suivi de 7 épisodes indigents de remplissage et enfin un épisode final où tout se précipite inutilement. Bref un travail scénaristique de sagouin.

Première réflexion sur cet épisode : ce n’est pas parce qu’on va retrouver à l’écran des acteurs qu’on aime infiniment qu’une série est bonne. Il faut d’abord leur faire jouer des choses intéressantes et surtout logique avec ce qu’est leur personnage à l’origine. Le moins qu’on puisse dire pour l’instant, c’est que Beverly Crusher me fait plus penser à Sarah Connor que la bonne et calme doctoresse de la Nouvelle Génération. Pour autant, je vais attendre d’en savoir plus pour porter un jugement définitif sur cette évolution de caractère.

Sur Laurel et Hardy… euh Jean Luc et William, les choses sont assez conformes à leur relation passée. C’est assez plaisant de retrouver cette solide amitié à l’écran. C’est plus la raison de leur réunion qui m’embête. Comme en saison 1, Picard a besoin d’un moyen de transport pour se rendre d’un point A à un point B et, cette fois-ci, il joue la carte Riker. On est ensuite à nouveau dans un monde rikiki où tout magiquement fait se rencontrer le cast principal de la série en minimisant l’aspect temporel.

Comme par hasard, c’est Seven of Nine qui est Commander du vaisseau qui va transporter Picard. Comme par hasard, c’est obligatoirement un vaisseau qui a un lien fort avec Riker en étant son ancien vaisseau, l’USS Titan. Comme par hasard, c’est la fille de Geordi qui est aux commandes du vaisseau. Et comme c’est pratique, alors que le vaisseau se dirige vers l’opposé de la destination de Picard, celui-ci se retrouve en moins d’une nuit de l’autre côté de la Fédération. Quand je pense aux problèmes de RER des franciliens, vivement que les scénaristes de Picard soient embauchés à Ile de France Mobilités…

Alors que Jeri Ryan précède notre dynamique duo d’une démarche qui rappelle plus un podium de la Fashion Week qu’un couloir d’un vaisseau de Starfleet, arrive la meilleure scène de ce premier épisode : la rencontre avec le capitaine du Titan. Joué par l’excellent Todd Stashwick (The 12 Monkeys), un fidèle du scénariste producteur de la série Terry Matalas, le capitaine Liam Shaw est un formidable individu imbu de lui-même. Cette scène de repas, en forme de dézingage de nos deux héros, restera certainement comme un des meilleurs moments de la série.

Je serai bien moins gentil avec la grosse révélation de la fin de cet épisode tant la vision de la dernière bande annonce, si vous avez votre cerveau encore en fonctionnement après tant d’épisodes à la Secret Hideout, devait vous interroger sur la nature de ce jeune homme au côté de Beverly Crusher. Bref, c’est le moment soapissime de l’épisode. Mais qui peut bien être le papa de ce nouveau personnage ? Même un influenceur décérébré à Dubai est capable de donner la réponse…

Que dire de la participation de Raffi à cette histoire ? Que sa scène de droguée en manque est assez affligeante. Que son dialogue avec je ne sais pas trop qui montre que le sous-jacent à toute série sous Alex Kurtzman, c’est un complot. Et que la scène d’attaque à laquelle, elle assiste, est superbe visuellement.

En définitive, on a un épisode assez sympathique qui convoque un sentiment de nostalgie. Est-ce suffisant pour réussir une saison ? Je n’ai pas encore la réponse à cette question.

LA CRITIQUE YR

Disponible à la fois sur Amazon Prime et Paramount+, Picard 03x01 Next Generation n’était pas attendu avec une impatience démesurée en dépit du matraquage publicitaire capitalisant as usual sur la nostalgie. Réunir tous les personnages de ST TNG, c’est un peu les Beatles qui se reformeraient… depuis leur tombe.

Si vous ne souhaitez pas vous plonger dans une analyse exhaustive du contenu (fatalement riche en spoilers), veuillez cliquer ici pour accéder directement à la conclusion.

La promesse de la série Picard était d’offrir une suite à ST Nemesis et un épilogue à ST TNG (et accessoirement à ST VOY). Hélas, entretemps, Kelvin est passé par là, affectant tragiquement la timeline originelle à partir de 2387...
Au contraire de Discovery qui a toujours cultivé une indigence très homogène du premier au dernier épisode de chaque saison, et de Strange New Worlds qui aura réussi à mieux faire illusion (avec une semblable constance), Picard s’est jusqu’à maintenant toujours illustré par des débuts de saisons fort prometteurs mais partant ensuite en vrille et s’abimant inéluctablement dans des fins affligeantes. Sa troisième saison réussira-t-elle à conjurer cette malédiction ?
Si l’on en croit les showrunners et leurs nombreux attachés de presse, cela ne fait aucun doute. Selon un discours bien rodé depuis 2017, "cette fois-ci ce sera bien différent". Et puis comme il s’agit de la dernière saison (ou pas), avec en sus toute la dream team de ST TNG, "pas question de se louper cette fois".
OK. Mais à force de crier aux loups, chat échaudé craint l’acide.
Et à ce petit jeu de désillusion et d’espoir, chaque saison de Picard aura réussi a être (malgré elle) un reboot implicite (au minimum un retcon) de la précédente — la série elle-même se situant fatalement sur une timeline distincte de celle des séries historiques, au regard de la masse critique d’incompatibilités (cf. toutes les critiques exhaustives antérieures).

Résumé

Alors de quoi s’agit-il ?
Jean-Luc coule désormais des jours heureux au Château Picard avec Laris. Il contemple au coin du feu une peinture de l’Enterprise D (qu’il aimerait d’ailleurs offrir au Fleet Museum désormais dirigé par Geordi La Forge) et s’apprête à partir en villégiature avec sa compagne romulienne sur Chaltok IV.
Mais voilà que son vieux combadge de l’Enterprise D, délaissé dans une malle depuis une génération, reçoit un appel de détresse crypté (au moyen du codec Myriad) de la part de Beverly Crusher… ayant coupé tous les ponts avec lui (et ses autres collègues de ST TNG) depuis vingt ans. Dans un vaisseau civil, le SS Mariposa Eleos XII, l’ancienne doctoresse est traquée par de mystérieux prédateurs humanoïdes aliens (et/ou masqués) ayant un faux air de Skeletor (les Klingons casqués abramsiens de ST Into Darkness ?)… qu’elle élimine par désintégration au phaser lorsqu’ils tentent d’aborder. Mais face à une nouvelle vague d’assaillants et tandis qu’elle fait chauffer le réacteur à distorsion pour tenter de leur échapper, Beverly envoie en urgence à Jean-Luc un message contenant des coordonnées spatiales, un mot clé (Hellbird), et la consigne impérieuse de ne surtout pas solliciter Starfleet car "trust no one", le tout sous l’empire d’une terreur palpable !
Incité par Laris à faire confiance à son ancienne collègue, amie (et possiblement maîtresse) malgré deux décennies de silence, Picard repart donc à l’aventure… Première étape : le bar de Guinan ("10") où il retrouve Riker… invité (ça tombe bien) par sa femme (Deanna) et sa fille (Kestra) à prendre le large. William révèlera à Jean-Luc le sens de Hellbird, un virus informatique de transformation (incrémentation de chaque chiffre par 3) qui avait sévit durant sa période de captivité borg (lorsqu’il devint Locutus). De quoi déduire les coordonnées exactes du point de ralliement (le système Ryton à la frontière extérieure de l’espace de l’UFP). Manque plus qu’à trouver un moyen de locomotion, sachant que ni l’amiral Picard (à la retraite) ni le capitaine Riker (sans affectation) ne commandent de vaisseaux et qu’une sollicitation en bonne et due forme de Starfleet est exclue (étant donné la mise en garde paranoïaque de Beverly).
William élabore alors un "plan" (faut le dire vite) : en prévision du Frontier Day (une grande parade interstellaire), feindre une inspection de son ancien vaisseau, l’USS Titan (sortant juste d’un refit), et à cette occasion tenter de convaincre son "nouveau" capitaine (depuis cinq ans quand même), Liam Shaw, de faire un grand détour par Ryton. Comme par hasard (Starfleet est bien petit), Seven Of Nine (désormais commander Annika Hansen) a été affectée comme XO sur ce vaisseau (après sa "field promotion" au commandement de l’USS Stargazer dans Picard 02x10 Farewell). L’arrivée à bord sera l’occasion d’une séance contemplative (façon ST I The Motion Picture) de l’USS Titan de classe Neo-Constitution (qui ressemble curieusement à l’USS Enterprise C de ST TNG 03x15 Yesterday Enterprise). Mais une contemplation remakée en version (très) accélérée, comme dans ST 2009 ou dans le SNW 01x01 Strange New Worlds. OK pour la pâmoison, mais vite fait alors, car on est quand même en 2023, à l’ère de TikTok quoi.
À bord, ce sera la rencontre avec la nouvelle génération de la nouvelle génération, à savoir l’enseigne Sidney La Forge (fille de Geordi et pilote casse-cou de l’USS Titan), mirrorant bien sûr Demora Sulu (la fille d’Hikaru Sulu et pilote elle aussi de l’USS Enterprise B), puis la sortie du spacedock en orbite de la Terre (comme dans ST III The Search For Spock) avec les mêmes émois inauguraux que (par exemple) dans ST VI The Undiscovered Country.
Mais l’autorité martiale et le respect déférent qu’inspirait jadis Picard n’est plus qu’un souvenir. Non content de ne même pas accueillir en personne l’amiral à bord, de commencer le dîner auquel il fut convié sans même l’attendre, et d’exprimer un condescendant mépris envers les célèbres exploits salvateurs passés de l’USS Enterprise (qu’il qualifiera indignement d’irresponsables !), le capitaine Shaw opposera finalement une fin de non-recevoir blessante à toutes les demandes de Picard (et de Riker). Selon l’actuel commandant de l’USS Titan (qui défend jalousement son territoire, déteste le jazz et se prévaut d’orthogonalité structurelle), un amiral à la retraite et un capitaine sans vaisseau n’ont aucun ordre à donner. Et pour enfoncer le clou, leur quartier à bord se limiteront même à un placard à balai avec couchettes superposées ! Fichtre.
De son côté, Seven Of Nine devine aisément que son compagnon d’infortune de la seconde saison n’est pas monté à bord pour une simple inspection, elle lui arrache alors des aveux en pleine nuit dans la salle d’observation… pour lui confesser en retour sa difficulté à s’intégrer dans Starfleet sous les ordres d’une "crétin" (sic) comme Shaw, regrettant sa liberté passée comme Ranger. Mais Seven n’aura même pas attendu cette "séance de vérité" nocturne pour désobéir par anticipation à son capitaine de tutelle en mettant le cap sur Ryton à distorsion maximale (aux antipodes de la destination prévue), tuant ainsi dans l’œuf une carrière dans Starfleet que l’amirale Janeway et l’amiral Picard auront parrainé avec les plus grandes difficultés (cf. les deux saisons précédentes).
Survolant vite fait les protestations puis les remerciements d’usage, Picard et Riker auront finalement obtenu ce qu’ils voulaient (sur le dos de Seven mais OSEF). La superbe nébuleuse de Ryton leur tend désormais les bras, une navette affectée par le commander Hansen leur permettra même de rejoindre rapidement l’astronef qui croise en bordure, masqué par de nombreuses interférences.
C’est alors que le capitaine Shaw se réveille, déboule comme un possédé sur la passerelle de l’USS Titan, exige de Seven un rapport complet, et lui annonce qu’elle vient de mettre fin à sa carrière. On n’en attendait pas moins.
De leur côté, après avoir exploré — phasers et lampes torches au poing — le fantomatique SS Mariposa Eleos XII et détecté avec angoisse les traces de désintégration au sol, les deux aventuriers picaresques découvriront la Dr Crusher blessée et inanimée derrière la vitre d’une unité médicale automatique avant d’être mis en joue au phaser par un jeune homme… qui s’avèrera être son fils caché, Jack. Pas la peine d’être grand clerc pour deviner quelle probable paternité cette maternité dissimule, les twists soapissimes de ce genre étant la grande spécialité des productions Kurtzman depuis la première saison de Discovery.
Mais les présentations ne seront pas achevées que surgira de la nébuleuse un gigantesque vaisseau carnassier comme les affectionne tant Bad Robot dans ses blockbusters, appartenant manifestement à ceux qui traquent sans répit Beverly & son (à Sarnia, à Kaphar, à Exo-Port…), et qui ne sont jamais les mêmes (voire changent d’apparence ?) à chaque rencontre. Suite au prochain numéro…
En parallèle de cette histoire A, il y a la B. Travaillant sous couverture pour Starfleet Intelligence dans la plaque tournante marchande (hors Fédération) de M’Talas Prime District 6, Raffaella Musiker sera chargée (opération Daybreak) de retrouver une puissante technologie expérimentale ("quantum tunneling"), volée à l’Institut Daystrom, et susceptible d’être militarisée (transformée en arme). Elle achètera (non sans mal) des infos à un Orion, puis entrera en contact avec Starfleet pour réclamer davantage de fonds. Par la suite, depuis le SS La Sirena, elle entamera un dialogue en distanciel aveugle avec sa référente (agent ou handler en VO) au sein de Starfleet Intelligence, apparemment une alien (chacune de ses répliques étant visiblement traduites en anglais depuis une langue extraterrestre) mais présentant étrangement la froideur et toutes les manières d’une I.A. (aucun visage à l’écran, juste un curseur clignotant). Cet échange se mutera progressivement en séance chez le psy ou en confessionnal (Raffi étant visiblement toujours mentalement fragile), et son interlocutrice hiératique ne manquera pas de lui montrer (ou lui rappeler) qu’elle sait absolument tout d’elle, de ses passifs peu reluisants et de ses failles.
Cette piste la conduira à rechercher une mystérieuse Red Lady menacée… que Raffi finira par identifier, à savoir une statue rouge de la capitaine Rachel Garrett (une autre référence à l’USS Enterprise C), supposée être mise à l’honneur durant le Frontier Day, et implantée sur le parvis d’un grand bâtiment circulaire (un centre de recrutement) de Starfleet sur District 7. Ni une ni deux, Musiker se rendra au moyen du vaisseau SS La Sirena sur les lieux, mais elle arrivera trop tard pour prévenir Starfleet, désormais sourd et muet. Et alors soudain, tel un champ de force, un mur lumineux enveloppe l’édifice, puis ce dernier implose sur lui-même dans une déflagration apocalyptique et spectaculaire, avant d’être littéralement avalé (avec la Red Lady) par le sol, faisant place à une gigantesque doline. Puis peu après, à quelques centaines de mètres de là, un énorme cercle rougeâtre se dessine dans le ciel, s’ouvre, et laisse tomber les vestiges disloqués du bâtiment englouti qui s’effondrent pesamment sur une autre partie de la ville. En somme, le centre de recrutement de Starfleet a été dématérialisé par un portail transdimensionnel horizontal au niveau du sol (manifestement produit par le quantum tunneling volé) pour être rematérialisé en morceaux plus haut dans le ciel. Raffi assiste impuissante et médusée à ces événements, comme dans un état second...
That’s all folks, du moins pour cette fois.

Analyse

Dans l’ordre des apparences, ce qui frappe de prime abord, c’est l’inventaire à la Prévert de citations, d’emprunts scéniques et de pompages en tous genres. Sans en dresser ici la liste (pour ne pas spoiler l’avalanche de Easter eggs), on y croise pêle-mêle des éléments de ST TOS, ST TNG, ST DS9, ST VOY, ST The Motion Picture, ST II The Wrath Of Khan (la police graphique), ST III The Search For Spock, ST V The Final Frontier, ST VI The Final Frontier, ST Insurrection, ST Generations, ST First Contact, ST Nemesis, ainsi que du NuTrek (post-2005), mais aussi de sources extérieures à la franchise comme Blade Runner ou Alien (les hypersleep chambers). Même la musique n’est qu’un assemblage de classiques et de hits populaires (Nocturnes Opus 9 No 2 en mi bémol majeur de Frédéric Chopin, I Don’t Want To Set The World On Fire de Harlan Leonard, I Can’t Stop Crying de Will Grove-White...), mais surtout de BO trekkiennes antérieures composées notamment par Jerry Goldsmith. La plus majestueuse de toutes, celle de ST Premier Contact, a même été récup’ par le (premier) générique de fin pour illustrer un balayage en gros plan très organique des interfaces LCARS upgradées — au demeurant une composition visuelle plutôt réussie à laquelle le couple Okuda n’est pas forcément étranger. Quant au générique d’ouverture, radicalement différent de ceux des deux premières saisons, il consiste en une pastille minimaliste (à la mode des années 2010) évoquant le souvenir de Star Trek par l’emprunt de gimmicks sonores des films ST TNG.
C’est à croire qu’il n’existe presque pas de structure de scène qui appartienne en propre à l’épisode. Ce collage de pièces détachées venues de tous les horizons s’apparenterait presque au monstre de Frankenstein. Le cannibalisme culturel est élevé ici au rang de système, entre l’art et l’arnaque (selon le point de vue), au fond comme dans la série Lower Decks.
Rien d’étonnant alors que l’ambiance et la substance de Picard 03x01 The Next Generation semble se raccorder davantage à ST TNG et plus généralement au Star Trek bermanien...
L’effort est probablement réel, mais ce n’est là qu’un exercice de forme en mode caméléon ou photocopieuse tweakée, exactement comme peut l’être SNW par rapport à ST TOS. Et bientôt, avec l’ensemble du cast de l’Enterprise D, l’illusion pourra être complète...
Rien que l’exploitation décomplexée de la BO du film ST First Contact, ce chef d’œuvre musical sans égal ayant ensorcelé à jamais le cœur des trekkers — tout un symbole — illustre le niveau de manipulation émotionnelle à laquelle va se livrer cette troisième saison de Picard ! C’est violent et probablement sans précédent. Un nouveau cap semble avoir été franchi. Attention donc à ne pas y perdre toute phylaxie critique...

Passé la phase de la sidération ou de la subjugation devant ce théâtre d’ombres, le fond et la structure du récit dévoilent eux aussi leur absence totale d’autonomie... Le hamster continue à tourner dans sa roue, et parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets, la même partition est engendrée (par mitose et non par méiose)...

On humilie une fois de plus papy Picard de toutes les façons possibles. Et désormais, même Riker vient se joindre au concert des croulants. La gérontophobie rampante ou du moins larvée n’est plus bien loin (mais il est vrai qu’il s’agit-là de la seule discrimination que la doxa actuelle, si ce n’est encourage, du moins tolère).
Le capitaine Liam Shaw tient ici le rôle diégétique de l’infecte amirale Kirsten Clancy, avec pour fonction institutionnelle d’immoler tout altruisme sur l’autel de l’égocentrisme, de garantir l’indifférence au sort de l’altérité, d’envoyer à la casse la vieille garde.
Oh, il ne fait aucun doute que Todd Stashwick est un comédien solide et charismatique, qui s’était illustré dans 12 Monkeys du même auteur (Terry Matalas). Mais l’écriture est contreproductive d’une perspective trekkienne, tant il artificialise un vain moteur d’adversité, sur le même mode de lantern que Discovery 03x07 Unification III. Si "bien" que même si la scène est en elle-même bien dialoguée et interprétée, elle n’accouche que d’une fausse dialectique de contresens. Avec à la clef une belle invraisemblance, car même dans les sociétés occidentales d’aujourd’hui, jamais un capitaine de vaisseau d’active n’aurait traité un amiral en deuxième section de la sorte. Donc comme à son habitude, la fausse utopie kurztmanienne réussit à faire pire que le contemporain.

Mais il faut bien admettre aussi qu’à nouveau les héros sont eux aussi indignes de leurs réputations légendaires. Un peu comme dans ST TNG III The Search For Spock, une team de old timers transgresse l’ordre et la loi pour secourir un·e bestie en détresse (ici Beverly au lieu de Spock). Sauf que Picard et Riker ressemblent ici plus à des Pieds Nickelés sur le retour, marchant bien difficilement dans les pas mutins de Kirk & co, tant leur plan est irresponsable aussi bien tactiquement que moralement, outre d’être eux-mêmes à la ramasse (ignorance de biens des actualités et nouvelles procédures). À croire que les vieux briscards se métamorphosent en têtes brûlées infantiles juste pour servir l’agenda des showrunners...
Dans le but de retrouver au plus vite Beverly après vingt ans de silence dans le système Ryton (aux confins de l’UFP), Jean-Luc aurait par exemple pu songer (ne fût-ce qu’à travers une modeste ligne de dialogue) à réutiliser son mode de locomotion favori dans les deux saisons précédentes, à savoir le très performant SS La Sirena dont Raffi a manifestement hérité de Cristóbal Rios (depuis qu’il est resté avec Teresa au 21ème siècle). Mais rien de tel. Riker et Picard préfèrent en fait planifier l’inspection bidon d’un des plus puissants vaisseaux de Starfleet pour tenter d’induire un petit détournement l’air de rien (en exploitant l’effet supposément produit par le grade d’amiral). Sauf qu’ils choisissent comme par hasard le vaisseau commandé par le plus inflexible et indifférent des capitaines (Shaw)… mais secondé (XO) par Seven Of Nine, désormais devenue la commandante Annika Hansen.
La probabilité de convaincre le premier étant quasi-nulle (ce que Riker ne pouvait ignorer puisque c’est son successeur aux commandes de l’USS Titan), les deux old timers en sont réduits à se reposer (sans l’avouer) sur la seconde (tout en s’en défaussant comme de parfaits tartuffes). Étant donné leurs liens personnels passés, Seven Of Nine se voit ainsi prise en otage de la plus sournoise des façons. Car par la seule présence de Picard, dans le meilleur des cas, elle allait être suspecte de complicité (en cas d’enquête). Et dans le pire des cas, elle serait poussée moralement à désobéir à son capitaine par loyauté envers ses oldies, puisque depuis son retour dans le quadrant alpha, le personnage s’est construit (selon le retcon même infligé par la série Picard) dans le clanisme et non le légalisme, fait que Jean-Luc ne pouvait ignorer.
Bien entendu, c’est le pire qui adviendra. Seven se retrouvera donc perdue pour Starfleet du seul fait de l’impéritie de Picard, alors qu’il fut si difficile de l’y faire admettre en premier lieu (selon les deux saisons précédentes). Révoltant.
Mais au moins, l’épisode aurait pu avoir l’intelligence diégétique d’en tirer un dilemme moral dans la plus pure tradition de ST TNG. Hélas, comme n’ont cessé de le faire Discovery et Strange New Worlds, tout le potentiel dialectique ou discursif est évacué ou caché sous le tapis. Il n’y a ni questionnement, ni débat, ni réflexion, ni tiraillement (par exemple devoir vs. famille) mais simplement un acte de foi bien commode (narrativement), puisque Seven met simplement — en solo et sans hésitation — le cap sur Ryton au mépris des ordres reçus, avant même de discuter franchement avec Picard et Riker, avant même de savoir pourquoi ils ont débarqué en grand pompe sur l’USS Titan. En définitive, c’est presque un bis repetita du très manipulatoire SNW 01x06 Lift Us Where Suffering Cannot Reach, quoique ici à bien plus petite échelle.
De surcroît, cet autodafé professionnel de Seven aurait dû être en toute logique bien vain (sauf à monter d’un cran dans la mutinerie) puisque aussitôt arrivé sur la passerelle de l’USS Titan, le capitaine Shaw avait largement les moyens (autorité et technologie) de récupérer de force la navette empruntée par Picard et Riker (notamment par voie de téléportation ou de rayons tracteurs). Mais les auteurs espèrent certainement que l’impact émotionnel provoqué par la réprimande et la sanction publique de la commander Annika Hansen enfumeront cet illogisme opérationnel.
Bilan : on opte pour la procédure opérationnelle la plus improbable et foireuse (faisant le plus de dégâts humains possibles) rien que pour se payer un peu de fan service (i.e. monter à bord de l’USS Titan), tout en louvoyant adroitement pour éviter le moindre sujet de fond. Chapeau le con artist !
Mais bah ! Faisons confiance à un script capillotracté (et/ou plein de dei ex machina) dont Secret Hideout possède le secret pour venir "légitimer" (d’autorité) d’ici la fin du show les pires fautes décisionnelles des personnages tout du long. Ainsi, comme dans la grotesque seconde saison de Picard, s’il y a toujours un filet, rien ne compte vraiment. Le spectateur pourra ainsi se souvenir à chaque instant que tout ça n’est qu’un (pauvre) spectacle après tout...

Il faut épingler au tableau des WTF l’emploi par Beverly d’un canal de communication dont la probabilité d’aboutir tend vers le zéro absolu. Parce que le délire qui consiste à envoyer depuis les confins de l’espace de l’UFP (à des milliers d’années-lumière) un SOS subspatial qui ne pourra être reçu que par un seul et unique combadge abandonné depuis plus de vingt ans et dont il est impossible de savoir ce qu’il est devenu faute de fréquenter son ex-propriétaire (Picard), qui plus est un combadge (de l’Enterprise D) qui n’est normalement pas capable de gérer les communications subspatiales (cf. ST TNG), et au contenu sur-codé selon un virus (Hellbird) que Picard ne pouvait connaître (car alors Locutus), c’est comment dire... un portnawak de compétition ! Oui, tout le monde comprend le symbole de Picard qui se "reconnecte" ainsi à son passé de ST TNG, mais cela ne rend pas ce choix de communication moins nonsensique, a fortiori quand il est question de vie et de mort (qui plus est de son propre fils).
Retour de politesse : Picard a-t-il besoin d’une ex-espionne romulienne pour lui rappeler les liens vitaux et romantiques qui l’unissaient à Beverly en un temps qu’elle n’a point connu, pour lui rappeler les devoirs élémentaires du compagnonnage et de l’amitié par-delà les années. Eh non Laris, mauvais diagnostic, la sincérité n’empêche aucunement la paranoïa. Bien au contraire...
On appréciera au passage la traversée d’une moitié de la Fédération en une seule nuit, c’est à peu près digne de l’univers miniature Kelvin. Alors certes, l’épisode a bien établi un déplacement à Warp 9.99 (une échelle exponentielle au-delà de Warp 9), et on pourrait toujours imaginer que comme par hasard Ryton est situé à une bordure étonnamment proche du spacedock (en orbite de la Terre où est sise la capitale de l’UFP)... ce qui impliquerait que le territoire de la Fédération est extrêmement concave. Mais l’opposition de Shaw à la "requête" de Picard suggère au contraire un détournement conséquent. Même si les fans peuvent toujours broder des configurations uniques pour tenter de tout justifier, il n’en demeure pas moins qu’une tendance antinomique s’est dessinée à partir de 2009 : dans le ST historique, il fallait des semaines ou des mois à distorsion maximale pour traverser la très vaste étendue du territoire spatial de la Fédération (y compris à l’ère de ST TNG) ; tandis que depuis 2009, les voyages spatiaux ne dépassent jamais quelques minutes, au maximum quelques heures (et cela quelle que soit la période de la chronologie). Alors si ce n’est pas là le symptôme d’un "rétrécissement au rebootage"...

La société trekkienne… enfin kurtzmanienne est de nouveau 100% dystopique… entre le dumping des vétérans, les désintégrations directes (par défaut) au phaser des indésirables, et un "trust no one" surgissant de "The X Files" et que Beverly Crusher énonce avec effroi.
Une dérive endogène ou bien un éternel complot (de plus) ? Qu’importe les raisons exactes finalement, puisque Alex Kurtzman ne manquera jamais de ressources pour veiller à ce que l’utopie roddenberrienne soit systématiquement le poison à combattre (voire à abattre), dans chacune de ses séries et dans chacune de ses saisons. Or il ne pourrait pas y avoir pire corruption de l’idéal progressiste et du message humaniste dans la mesure où ils ne faisaient sens et n’étaient innovants qu’à l’échelle d’une institution et mieux encore d’une société (et non de quelques individus). Mais que pouvait-on espérer d’autre du co-showrunner de la lamentable Alias, puisque jamais il n’a mis vraiment à jour son logiciel ? À croire que K est mentalement incapable de sortir de ce mode obsidional en dépit de toute la liberté dont il dispose désormais. Certes, pourquoi se remettrait-il en question aujourd’hui, vu que jamais la dérive complotiste n’a été autant en vogue, contaminant de plus en plus d’esprits, partout dans le monde, aussi bien sur le web qu’IRL.
D’entrée de jeu, la saison établit (et la série confirme) que l’ennemi est à l’intérieur et que le méchant-obligatoire-de-service est... Starfleet (ou dans Starfleet) ! Postulat fondamental qui conditionnera tous les actes et tous les choix des héros, condamnés donc comme durant les saisons précédentes à duper ou fuir les institutions (avant que l’univers i.e. les auteurs ne changent hypocritement les règles du jeu), ce qui induit fatalement un schéma narratif profondément ennuyeux tant il est répétitif et convenu.
Mais bon sang, c’était déjà le refrain de Kelvin Into Darkness, de la première saison de Discovery, de la première saison de Picard, et même en quelque sorte de la première saison de Strange New Worlds (où l’UFP prend cher aussi dans certains épisodes au point de pousser certains personnages à vivre ou se vivre dans la clandestinité). Soit un véritable système (Tricatel) lorsqu’un ST TNG 01x25 Conspiracy demeurait une exception circonscrite à un loner sans lendemain.
Dès lors, seuls quelques individus hors norme et providentiels seront susceptibles de faire la différence, puis recommencer, à chaque saison, circulairement, à jamais... puisque la société est condamnée à retomber inéluctablement dans les pires abysses sans eux. Soit la synthèse du crédo hollywoodien le plus trivial, tellement trivial même désormais qu’il ne dit plus rien, qu’il n’apporte plus rien.
L’identité de Star Trek, son originalité, son audace formaient la proposition exactement inverse : des individus représentatifs d’une société meilleure, une réussite collective, une perpétuelle évolution civilisationnelle et scientifique (avec notamment pour corollaire de considérables écarts entre chaque époque de la chronologie).
Une pareille inversion épistémologique est grave et lourde de conséquences, mais presque aucun média ne le remarque ni ne le dénonce. Dans presque toutes les reviews, il n’y en a que pour le pathos et l’affect, nourri d’un culte people des personnages et de leurs interactions. Somme toute, la seule composante qui n’appartienne aucunement à Star Trek en propre.
Une coquille vide et le plus petit dénominateur commun semblent donc suffire. Faut-il y voir un morne signe des temps ?

Quel est donc cet étonnant "pay grade" des hauts gradés de Starfleet invoqué par le capitaine Shaw pour disqualifier l’autorité de l’amiral has been Picard ? « Je refuse d’accéder à votre requête amiral Picard, car je dois obéir à des huiles bien mieux payées que vous »
Voilà qui en impose. La dystopie kurtzmanienne serait-elle devenue monétaire et, tant qu’à faire, sa hiérarchie sociale... carrément ploutocratique ?
Plus sérieusement, "above your pay grade" signifie à la base en anglais un meilleur niveau salarial (sens premier), mais dans la langue usuelle, cette locution fait souvent référence symboliquement à un niveau de responsabilité supérieur. Néanmoins, nous sommes-là dans un langage lourdement connoté "corporate" tant il est enraciné dans le modèle contemporain (celui du libéralisme financier où le niveau de responsabilité est déterminé par le niveau de salaire), et même si cette expression peut parfaitement avoir été conservée à une ère post-monétaire (après tout, Kirk avait bien employé à plusieurs reprises l’expression "earned your pay" dans ST TOS pour désigner un travail bien fait), cette locution pourrait représenter un subtile anachronisme (de plus). En traduisant par "plus haut gradé", la VF officielle (produite pour Paramount+ et Prime Vidéo) a pris le parti d’accorder le bénéfice du doute aux scénaristes, ce que Terry Matalas est d’ailleurs venu confirmer en personne dans un tweet (du damage control ?) après un début de polémique aux USA ; mais les sous-titres français tout aussi officiels (car également fournis par Paramount+ et Prime Vidéo) ont quant à eux basiquement traduits par "plus haut salaire" (une mauvaise traduction ou un litmus révélateur ?).
Il serait donc possible de suspecter ici un continuum de classe, où une aristocratie de prestige aurait succédé à une aristocratie financière... faisant a minima du capitaine Shaw un personnage vulgaire, bien peu digne de son rang.
Au regard de toutes leurs transgressions/trahisons coutumières par ailleurs, il est également permis de se demander si les auteurs/showrunners de Secret Hideout ont mesuré les implications systémiques lorsque, dans le même épisode, Raffi réclame avec le plus grand naturel une rallonge de fric à Starfleet Intelligence pour sa mission d’infiltration dans une société interlope. Certes ST TNG et ST DS9 avaient assumé des systèmes de compensation en nature voire en latinium dans le cadre des trocs avec des sociétés extérieures à l’UFP, et même un système de "crédits" pour les petits achats du quotidien à des tiers étrangers (comme sur Farpoint ou dans le bar de Quark sur DS9). Mais ça n’explique pas pour autant la facilité avec laquelle Starfleet semble pouvoir décaisser des fonds et ordonner des virements au sein de systèmes fiduciaires dématérialisés (et hors de tout partenariat en amont). Si la société trekkienne est une économie non monétaire (pour la vitrine utopique) mais utilisant quand même à volonté de l’argent ou des devises chaque fois que les scénaristes en ont besoin (avec l’aisance d’une société capitaliste ou libérale), ne rengrège-t-elle pas la géométrie variable d’une chose et de son contraire ad libitum. On quitterait alors le champ de la SF cohérente (hard ou conjecturale) pour glisser (im)perceptiblement dans le TGCM ("ta gueule c’est magique")...

Une fois de plus, les mondes et les sociétés périphériques de l’UFP sont des techno-bouges mafieux, soit le seul horizon imaginaire (bouché) du Kurtzverse. En effet, M’Talas Prime District 6 n’aurait pas pu davantage ressembler à Stardust City Rag dans le cinquième épisode du même nom de la première saison de Picard, à Karma de Porathia dans DIS 04x08 All In, ou encore à tous ces zones désertés par la Fédération du 32ème siècle durant la troisième saison de Discovery.
Et again, comme dans presque chaque opus ou saison depuis 2009, on ressort de derrière les fagots une méga-menace-de-la-mort-qui-tue, à savoir ici une arme terrifiante volée à la Fédération, et même (pour ne pas changer) au Daystrom Institute.
Et qui donc est chargé de la retrouver dans le cadre de l’opération Daybreak (Aurore en français) ? Raffi Musiker, et elle seule visiblement ! Alors que la technologie expérimentale de "quantum tunneling" est un "game changer" représentant un risque majeur. Quelle insouciance et légèreté de la part de Starfleet !
En effet, comment ne pas s’étonner que malgré ses outrances incontinentes durant la seconde saison de Picard et son dossier particulièrement chargé (renvois pour déshonneur, paranoïa, compulsivité, agressivité, treize délits passibles de la cour martiale, abus de stupéfiants…), Raffaella Musiker soit réengagée comme si de rien n’était dans le département le plus délicat d’une force militaire, à savoir le Renseignement (Starfleet Intelligence), qui plus est pour les missions les plus difficiles de toutes (car réclamant un mental d’acier), à savoir l’espionnage et l’infiltration ? Le VIPisme de micro-univers a vraiment bon dos.
Curieusement aussi, il lui est permis de mener une opération d’infiltration au moyen d’un équipement personnel pour le moins connoté, à savoir le vaisseau SS Sirena reçu en legs.
Pour pouvoir approcher un Orion ("oracle omniscient de la pègre" sic), Raffi se fait passer pour une junkie ravagée après avoir rompu avec sa copine et à la dérive après avoir été virée de Starfleet. N’est-il pas révélateur que les spectateurs n’aient aucune difficulté à croire à ce jeu de composition ?
Lorsque Musiker identifiera la Red Lady (une statue de la capitaine Rachel Garrett qui s’était sacrifiée à la fin de ST TNG 03x15 Yesterday Enterprise), au lieu de contacter immédiatement Starfleet (par les mêmes voies de communication que lorsqu’elle a réclamé du blé et/ou s’est épanchée), Raffi décide de se déplacer elle-même en aéronef (SS La Sirena) jusqu’à District 7 ! Un temps inexplicablement perdu qui aurait pu faire le départ entre un attentat terroriste réussi et un "inside job" raté.
L’idiocratie discoverienne se porte décidément bien, y compris dans toutes ses séries télévisées sœurs produites par Secret Hideout.

L’oppressante sensation de "déjà vu" se déploie jusque dans le cliffhanger final, où le SS Mariposa Eleos XII (vaisseau civil de Beverly Crusher et de son fils Jack) se retrouve face à un vaisseau prédateur géant bordé de quatre éperons courbés (au look préhensile de crustacé géant), pour un concours de btailles abramsien, quelque part entre le Narada de Nero (ST 2009) et le Scimitar de Shinzon (ST Nemesis), avec une touche de Ru’afo’s flagship (ST Insurrection).
Ironiquement, même les effets spéciaux de l’épisode parviennent à être décevants, au minimum très inégaux, certes parfois spectaculaires (l’effondrement du bâtiment de Starfleet sur District 7), mais souvent risibles (la texture un peu plastoc de l’USS Titan refité, la navette sortant du Shuttlebay 3 manquant vraiment de définition, le vaisseau devant la nébuleuse de Ryton souffrant d’erreurs de perspective que ne commettaient même pas les SFX originels de ST TOS…).
Et si la présence de sons dans le vide spatial s’inscrivent dans le marbre d’une convention (malheureuse) de la SF audiovisuelle (sauf rares exceptions), ils conservaient la justification d’être toujours extradiégétique (comme les BO), c’est-à-dire audible seulement des spectateurs, non des personnages. Mais Picard 03x01 The Next Generation semble visiblement ignorer ces circonstances atténuantes pour avoir inventé les sons spatiaux intradiégétiques : ainsi, le capitaine Shaw est réveillé dans sa cabine de l’USS Titan par le bruit des explosions chroniques émises au sein de la nébuleuse de Ryton (alors que celles-ci n’affectent pas physiquement le vaisseau étant donné son éloignement), en somme comme s’il s’agissait d’un orage dans une atmosphère. Le bruit sonore dans le cosmos devient donc ici une véritable incohérence.

Le seul moment où l’épisode 03x01 The Next Generation réussira à tutoyer une certaine finesse, c’est lorsque papy Picard et papy Riker seront envoyés par l’infatué Shaw non pas au piquet mais dans une cabine exigüe à lits superposés de l’USS Titan tels de simples cadets. Même si la cohérence (société utopique, respect des vétérans, planification crédible) aurait voulu qu’ils ne se retrouvent pas dans cette situation en premier lieu, la scène sonne juste en elle-même, augmentée d’une subtile ironie. Entre deux évocations de leurs problèmes respectifs d’arthrite et de prostate, Picard questionnera le passé volé, les raisons indéchiffrables de son embrouille avec Beverly, l’angoisse de ne jamais pouvoir les réparer. Un seul petit moment de grâce (30 secondes) dans une purge quasi-intégrale (53 minutes), mais qui finalement doit presque tout à la scène dont elle s’inspire ouvertement (à savoir les confessions de Kirk à McCoy dans le dortoir du pénitencier Rura Penthe dans ST VI The Undiscovered Country).
Certes, d’aucuns projetteront dans l’ensemble des interactions entre Picard et Riker le souvenir de l’alchimie qui animait ST TNG. Mais c’est surtout la complicité entre les comédiens qui s’exprime dans le temps polynomial de cet épisode, renvoyant davantage à une expérience commémorative en convention SF, voire à un trip égotiste. Oui, on a bien compris que ces acteurs sont content de se retrouver et d’être ensemble. Mais ce n’est pas une condition suffisante (ni même hélas nécessaire).
Difficile de faire du neuf avec du vieux, et surtout d’être après avoir (si bien) été.

Finissons par la cerise sur le (bour)soufflé...
Kurtzman & cie sortent de leur manche le (probable) fils caché (Jack) de Jean-Luc Picard, comme ils avaient déjà sorti le fils caché (Altan Inigo) de Noonien Soong dans la première saison, et la sœur cachée (Michael Burnham) de Spock dans Discovery.
Au secours...
Déjà, la communauté des trekkers étatsuniens est en rumeur. Déjà on brode, on joue à spéculer, on battit des plans sur la comète... Et au hit-parade des bookmakers, Dr Beverley Crusher étant absente de la seconde saison de ST TNG (remplacée par Dr Katherine Pulaski), eût-ce été (en internaliste) pour dissimuler sa grossesse et mettre au monde en secret le fils caché de Jean-Luc ?! Jack aurait alors plus de 35 ans en 2401+, justement comme son acteur (Ed Speleers).
Astucieux chronologiquement, mais une pareille hypothèse témoignerait d’une sociologie outrageusement rétrograde. Sommes-nous dans l’utopie trekkienne inclusive, à la pointe du progressisme hier, du wokisme aujourd’hui ? Ou bien sommes-nous dans l’Angleterre victorienne ou encore dans la France de Marcel Pagnol, lorsque les filles-mères devaient accoucher loin des regards pour échapper à la honte et au déshonneur ?
Manifestement, la maladie du retcon — un mot prétentieux qui n’est que le cache-misère de l’incapacité pathologique des auteurs à développer un univers imaginaire cohérent — contamine désormais toute la communauté des fans, résignés à devoir vivre sous ce nouveau régime politique.
Et outre bien sûr le film ST Generations, dire que l’épisode ST TNG 07x22 Bloodlines avait déjà merveilleusement bien exploré la problématique paternelle de Jean-Luc Picard, mais sous un angle potentiel (Jason Vigo), sans hypothéquer la chronologie ni l’équilibre des personnages...
Toujours est-il que dans Picard 03x01 The Next Generation, les raisons du ghosting soudain (il y a vingt ans) de Beverly envers Jean-Luc et ses autres collègues des USS Enterprise D/E sont ambiguës, au point de composer un énigmatique fil vert de la saison. Perdu pour perdu (un retcon de plus étant probablement inévitable), espérons tout de même que Secret Hideout nous épargnera les explications anachroniques et les psychodrames soapy...
Et puisque Jack semble avoir environ 35 balais (et non 20), faut-il rappeler que rien dans les sept saisons et les quatre films de ST TNG ne suggérait que Wesley avait un petit frère et Beverly un second fils hors champ. Pire, certains épisodes rendent une pareille hypothèse purement et simplement impossible, par exemple ST TNG 07x08 Attached (ou Jean-Luc et Beverly furent télépathiquement unis, sans possibilité de secrets l’un envers l’autre) !
Mais il faut dire aussi que tout le parcours historique de Jean-Luc excluait un quelconque traumatisme maternel. Or cela n’a pourtant pas empêché Terry Matalas de le sortir malgré tout de son chapeau pour la seconde saison. Parce que l’objectif réel, permanent, obsessionnel des showrunners de Secret Hideout est d’inventer à Picard des psychoses ou des névroses terrées dans les tréfonds de son insondable passé afin de pouvoir les soigner à l’écran au travers de mises en danger personnelles ou globales. Soit autant de retcons pour autant de "rétro-nouvelles" menaces picarocentrées. Le début de la troisième saison copie-colle ainsi le début de la seconde, qui déjà copiait-collait le début de la première.
Dans SNW, chaque personnage du main cast (ou presque) possède son trauma ; mais dans Picard, le personnage en titre les concentre tous (et dire que le malheureux ne le savait pas dans ST TNG). Syndrome d’un psychologisme narcissique incontinent (imposant de trouver un quota de maladies mentales et de blessures secrètes chez tout le monde), mais qui dans le cas d’un héros sénile, contribue à accentuer une dynamique rétrogyre, donc tournée vers le passé et non vers l’avenir. Comme pour renforcer la pauvre idée reçue qu’un vieillard reste toujours (qu’il le veuille ou non) emprisonné dans son passé et qu’il n’a décidément aucun réel avenir. Dès lors, aucun progrès en quatre siècles, et c’est à ce demander à quoi aura servi son transfert de conscience dans un cyber-golem potentiellement immortel (phantasme pourtant ultime du transhumanisme). Assez ballot tout de même pour une SF supposée conjecturale, exploratoire et prométhéenne.
De même, tout excluait dans ST TOS la possibilité que Spock ait eu une sœur humaine. Et pourtant...
Mais c’est bien connu, Alex Kurtzman et son écurie osent tout (comme dirait Michel Audiard). Et le pire peut-être est que cela reste toujours bien vain...

Vain oui, car pas un nawak, pas une provocation, pas une trahison n’est féconde ou constructive en matière de worldbuilding ou de sémantique. Il reste toujours possible de s’accommoder d’une infidélité si celle-ci engendre de beaux enfants. Mais les productions de Secret Hideout se prennent tellement les pieds dans le tapis, se contredisent tellement elles-mêmes que même leur propre continuité est sans cesse brisée. Or s’il est incontestable que la série Picard accumule moins d’absurdités à la minute que Discovery, sa façon un peu faux cul d’ignorer — ou du moins de ne pas assumer pleinement — les apports contextuels et personnels des saisons précédentes (pourtant feuilletonnantes) confirme bien la systémique d’un reboot implicite permanent (mais qui ne dit pas son nom). Chaque saison précédente est comme en partie effacée ou estompée pour laisser davantage de "séminalité" à la suivante. La mutation radicale des génériques (de début et de fin) renforce également cette sensation. Les spectateurs ayant un peu de mémoire (plutôt un inconvénient aujourd’hui) ont alors la désagréable impression de faire du surplace ou bien de naviguer en permanence entre des réalités alternatives, fluides et mouvantes, d’une année à l’autre, d’un FakeTrek à un autre. Ce n’est donc pas seulement que les productions ST depuis 2017 définissent de facto une nouvelle timeline (comme l’avaient fait auparavant les films sortis entre 2009 et 2016), mais c’est qu’elles induisent un Big Bang perpétuel de timelines — la solution d’Hugh Everett au problème de la mesure quantique devenant désormais une pauvre rustine ou un joker.
Ce procédé pourrait bien sûr résulter d’un constat d’échec établi en interne et en amont (à l’échelle de CBS/Paramount+) obligeant sans cesse à corriger le tir.
Mais ledit procédé pourrait être aussi (l’un n’empêchant d’ailleurs pas l’autre) une astuce de com pour se racheter une virginité à peu de frais à chaque nouvelle saison ou série de Secret Hideout, en "interdisant moralement" aux médias, aux influenceurs et aux trekkers d’entériner (ou simplement de tenir compte de) ce qui précède pour ne jamais préjuger ou méjuger ce qui va suivre. En d’autre termes, un passeport d’immunité qui permettrait de produire à volonté et sans complexe des navets sans en être vraiment comptable ensuite — chaque nouvelle déclinaison conservant le bénéfice du doute que l’on accorderait forcément à la première œuvre prometteuse d’un débutant, honnête et sincère.
Ainsi, selon cette "jurisprudence", il serait possible de reprocher à la présente critique d’être de parti pris puisqu’elle présume de beaucoup de choses sur la base de tout ce qui a été produit par les mêmes équipes sous le label "Star Trek" depuis 2017 (voire depuis 2009). Une latitude qui ne devrait pas être déontologiquement permise n’est-ce pas, puisque par contrat, les compteurs sont remis à zéro à chaque fois et qu’il n’y a plus d’historique.
À force de se (dé)multiplier, les reboots internalistes ne chercheraient-ils pas aussi à imprimer des reboots externalites ? Serait-ce une nouvelle forme de pyramide de Ponzi ou de virginité perpétuelle ? Le FakeTrek a-t-il développé ainsi sa propre fabrique du consentement ?

Conclusion

Certes, le parfum et la saveur, le ramage et le plumage, les vibes et le feeling de Picard 03x01 The Next Generation émulent davantage ST TNG (série et films) grâce à un savant construct visuel et sonore s’adressant au plus puissant des moteurs psychologiques : la nostalgie.
Alors est-ce là l’expression d’un respect accru (voire d’un amour sincère) pour le Star Trek qui fut ou est-ce le symptôme d’une exploitation toujours cynique mais désormais obséquieuse d’une inépuisable banque de données à haute valeur sémiotique ? Peut-être un peu des deux, mais le procès d’intention demeure toujours un exercice périlleux. C’est surtout le résultat qui importe.
Or la forme ne fait pas le fond, la substance ne fait pas l’essence.
Et malheureusement, force est de constater que la recette est toujours aussi médiocre et anti-trekkienne. Pour la simple et bonne raison que c’est exactement la même, invariablement, obstinément, saison après saison. Même procédés, mêmes ressorts, mêmes enjeux, même épine dorsale. Telle une check list immuable dont toutes les cases sont toujours cochées.
En dépit des annonces et des promesses, nihil novi sub sole.

À nouveau, Picard se retrouve en clodo (voire en tricard) de Starfleet à devoir quémander, mendier, supplier sans être ni cru ni même écouté par les autorités.
À nouveau, Picard est condamné à se transformer en hitchhiker spatial ou à ruser pour réussir à se déplacer dans l’urgence d’un endroit à un autre de la galaxie.
À nouveau, Picard est humilié et discriminé en raison de son âge et de tous les clichés ringards qui s’y rapportent.
À nouveau, les exploits passées de Picard (et cette fois aussi de Riker) sont tournés en ridicule par des plus jeunes qu’eux, entre la calomnie et la jalousie.
À nouveau, il n’y a pas la moindre responsabilité ni préparation sérieuse dans la stratégie (légale ou illégale) suivie par les héros, leur improbable réussite reposant toujours sur le dos des autres (la pauvre Seven ici) et sur la Main invisible des scénaristes.
À nouveau, les showrunners sortent de nulle part un super-péril pan-galactique qui va s’étaler artificiellement sur toute la saison.
À nouveau, la construction narrative va consister en un jeu de piste intergalactique et une chasse aux MacGuffins.
À nouveau, les enchaînements sont simplistes et artificiels, davantage guidés par la volonté de réunir quelques personnages cultes (comme dans Kelvin) que d’explorer des problématiques morales ou philosophiques (par exemple le passionnant dilemme décisionnel de Seven que la situation appelait a été totalement escamoté...).
À nouveau, le "hasard" des rencontres et des situations sert tellement commodément les objectifs avoués des showrunners que l’externalisme se devine derrière toute velléité d’internalisme.
À nouveau, l’ennemi est à l’intérieur de l’institution ou de la société, faisant de Starfleet ou de l’UFP une pure dystopie toujours sauvée in-extremis (donc portée à bout de bras) par les héros.
À nouveau, on massacre et on désintègre par défaut les antagonistes, on ne les paralyse plus (trop old school probablement), l’humanisme trekkien n’est plus qu’un luxe réservé aux candides.
À nouveau, l’état naturel galactique est mafieux, chaque mission hors de l’UFP consistant à infiltrer des cyber-Las Vegas sans foi ni loi.
À nouveau, l’évident objectif diégétique est d’exhumer des nœuds imaginaires dans le passé de Picard pour le soumettre à une psychanalyse factice, quitte à retconer et galvauder un peu plus à chaque fois le personnage iconique de ST TNG.
À nouveau, le discours médicalisé et le psychologisme refont surface, ce qui dans le cas d’un héros au grand âge renforce le caractère nauséabond de l’idéologie sous-jacente.
À nouveau, le soap le plus putassier revient en force : on découvre des fils, des frères, ou des sœurs caché·e·s largement incompatibles avec tout ce qui avait été précédemment montré et établi...
À nouveau, les choix et les actions des personnages sont foncièrement illogiques ou irresponsables (Riker et Picard qui se choisissent sciemment le plus buté des capitaines pour être quasi-certains de rater leur opération, Riker et Picard qui prétendent ne pas vouloir compromettre Seven alors que leur simple présence la compromet, Raffi qui se garde bien de prévenir Starfleet à distance pour réduire au maximum ses chances d’empêcher l’attentat, Shaw qui aurait pu récupérer la navette et les fugitifs s’il l’avait voulu...).
À nouveau, les marques fortes ou faibles d’anachronismes contemporo-centrés émaillent l’épisode, comme le langage ordurier de Raffi (des "shit" dans presque chaque phrase), la vulgarité beauf de Shaw, les vastes ressources monétaires d’une société supposée sans argent, la gouvernance par le prestige... autant de stades immatures que la société trekkienne avait pourtant dépassés depuis longtemps.
À nouveau, les incohérences sont foison (déplacement express dans le cosmos, combadges de l’Enterprise D communiquant à distorsion, sons intradiégétiques dans l’espace...).
À nouveau, il n’y a pas la moindre marque de progression sociétale et contextuelle d’une saison à l’autre, les personnages (et les spectateurs) endurant presque le sort de Sisyphe.
À nouveau, l’épisode multiplie ad nauseam les emprunts au Star Trek qui fut et à la culture audiovisuelle, entre le fan service dégoulinant et le medley démago, saturant la synesthésie comme le ferait un épisode de Lower Decks en live action.
À nouveau, l’alchimie entre Jean-Luc Picard et William Riker tient davantage à une rencontre entre Patrick Stewart et Jonathan Frakes (exactement comme dans Picard 01x07 Nepenthe).
À nouveau, l’ambiance, la plastique, et le visuel sont darks ; tellement darkissimes cette fois que l’intelligibilité de ce Dark Trek en pâtit tandis que les effets spéciaux sont pour le moins inégaux et irréalistes. Un problème de budget éclairage ?

Autant dire que le spectateur n’est pas près d’être sorti de la boucle temporelle... Passé les (nombreux) facteurs d’appels affectifs, et à quelques variables d’ajustement près, la naphtaline remplaçant parfois la moraline, le trekker sera condamné à revivre peu ou prou la même expérience émétique que dans chaque saison du FakeTrek depuis 2017.
Car comme à son habitude, Tricatel Hideout (re)démolit consciencieusement tout l’édifice trekkien en début de run pour faire semblant de le rebâtir ensuite, mais de la plus bancale ou simpliste des façons, juste pour donner l’illusion de réinventer l’eau tiède.
De l’aveu même de Seven Of Nine, presque verbatim, la justice et la morale sont désormais du côté des aventuriers et des mercenaires (comme les Fenris Rangers par exemple), devenus les seuls dépositaires éventuels de l’idéalisme, lorsque Starfleet incarne le danger, le cynisme ou l’absurdité kafkaïenne, indépendamment même de la paranoïa du fil rouge interchangeable.
Une preuve de plus, s’il en fallait une, que la principale héroïne trekkienne, la société, la Fédération, a bien été crucifiée. Et elle continue à l’être rituellement, encore et encore, tel un cadavre à chaque fois profané pour le fun.
Il ne reste alors plus que quelques individus d’exception, prédestinés, et toujours plus ou moins hors la loi ou marginalisés, comme dans Star Wars.
Malheureusement ici, ces Élus sont eux-mêmes lourdement écornés, infériorisés, ridiculisés, insignifiants, à bout de souffle.
Quelle misère. Il ne reste donc rien, si ce n’est une madeleine de Proust ou une boutique de souvenirs... exploitée industriellement.

Alex Kurtzman et Terry Matalas pensent-ils vraiment qu’il suffit de ressortir du formol tous les personnages de la cultissime ST TNG, quand bien même réduits à l’ombre de leur chien, pour que les trekkers aient une éjaculation précoce ?
La suite le dira... ou pas.
Il n’en demeure pas moins qu’il y a une profonde contradiction à vouloir cannibaliser tout le matériau existant pour tenter désespérément de donner des gages démagogiques de fidélité (ou de conformité) aux fans les plus hardcores... tout en s’obstinant à étriller et même profaner l’idéal sociétal et épistémologique trekkien qui seul pourtant démarque cet univers du reste. À un tel niveau de contre-productivité, cela frise la schizophrénie ou l’idéologisme. Serait-ce une soumission militante et autotélique à l’esprit du temps ?
Il est vrai que la doxa contemporaine ne croit tout simplement plus à la possibilité de Star Trek — le vrai — désormais perçu juste comme un divertissement ringard et naïf quoique hautement monnayable. Pourtant, c’est bien aujourd’hui, davantage encore que dans les années 1980, 1990 et 2000 que notre monde aurait besoin d’un Star Trek authentique... par exemple de la façon dont The Orville a modestement tenté de l’être.

À ce stade, la troisième saison de Picard est un "Star Trek de wish", tellement ténébreuse et dépressive, tellement gratuitement décliniste qu’elle en fait amèrement regretter les "obscures lumières" de Star Trek Nemesis, la seule fin que ST TNG aura probablement jamais.

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

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