Sentinelle Sud : La critique

 Date de sortie : 27/04/2022
 Titre original : Sentinelle Sud
 Durée du film : 1 h 36
 Réalisateurs : Mathieu Gerault
 Scénaristes : Mathieu Gerault
 Interprètes : Niels Schneider, Sofian Khammes, India Hair, Denis Lavant, Thomas Daloz et David Ayala

Revenir, guérir ou mourir.

Douloureux retour de guerre d’Afghanistan pour trois soldats sans grade démobilisés et leur commandant (intimidant Denis Lavant), militaire de carrière. Les trois jeunes hommes aux psychologies à fleur de peau ont été à la fois renforcés et abimés par l’Armée en plein conflit. Avec leur ancien chef, ils sont pris dans une affaire de suspicion de trafic d’opium, dont les enjeux les dépassent. Ce commerce illégal serait la cause de l’embuscade mortelle pour de nombreux camarades de troupe, qui a déclenché leur retour prématuré. Eux, en ont réchappé. Qui sait vraiment ce qu’il s’est passé ? L’Armée enquête. Peu à peu, entre Christian, ancien enfant placé, et pourtant, le moins amoché des trois, Mounir, son frère d’adoption à l’âme écorchée, et Henri, mentalement reclus, les fils se dénouent, sans jamais entamer le ciment de leur fraternité.

Christian tente péniblement un retour dans la société civile, lutte contre des vautours mafieux qui voudraient le recruter et rêve de retrouver une Armée Famille. Mounir retrouve, amer, une France qui semble lui faire payer ses origines algériennes et se fait rattraper par ses mauvais trafics avec les mêmes vautours. Quant à Henri, le plus sensible et le plus vulnérable, il sombre dans une espèce de folie douce, ou presque.

Ce film, qui se regarde comme un film noir à intrigue et comme un drame sociologique, n’épargne ni l’Armée, ni sa hiérarchie. C’est surtout la vie des trois jeunes hommes que l’on suit, et leur dur retour à la vie ordinaire, alors qu’ils sont partis se battre pour fuir un présent qui ne leur allait pas. Tous les cercles ne sont pas vertueux ; le même présent les attend à leur retour. Seul Christian y échappera.

A travers Christian, Nils Schneider parvient à faire vivre avec justesse cet attachement fraternel sans lien de sang pour Mounir, joué par Sofian Khammes. La détresse de celui-ci et son potentiel de violence autodestructeur sont palpables. On pourra être fugitivement surpris par son recul intellectuel (sur la guerre d’Algérie) peu cohérent avec son milieu populaire. Denis Lavant incarne à la perfection la duplicité d’une hiérarchie militaire de terrain qui ne s’interdit pas de recourir aux moyens jugés « nécessaires ». Infirmière à l’énergie bienfaitrice, India Hair apporte chaleur et affection dans ce monde rugueux d’hommes meurtris par le choc de la guerre.

Même si l’intrigue principale met un peu de temps à prendre corps, on est assez vite captivés par Christian et Mounir qui se débattent pour surmonter les difficultés du retour.

Un film intelligent et sensible avec une réflexion sociale parfaitement incarnée.

Aux lendemains d’une opération clandestine qui a décimé son unité, le soldat Christian Lafayette est de retour en France. Alors qu’il essaie de reprendre une vie normale, il est bientôt mêlé à un trafic d’opium pour sauver ses deux frères d’armes survivants. La mission dont ils sont les seuls à être revenus n’était peut-être pas celle qu’ils croyaient…

 Photographie : Laurent Brunet
 Montage : Guerric Catala
 Musique : Evgueni Galperine et Sacha Galperine
 Décors : Sébastien Danos
 Costumes : Judith de Luze
 Producteur : David Coujard pour Agat Films & Cie
 Distributeur : UFO Distribution

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