My Favorite War : La critique

 Date de sortie : 20/04/2022
 Titre original : My Favorite War
 Durée du film : 1 h 22
 Réalisateur : Ilze Burkovska Jacobsen
 Scénariste : Ilze Burkovska Jacobsen

La réalisatrice, et documentariste, lituanienne Ilze Burkovska Jacobsen a décidé de raconter l’histoire moderne de son pays à travers ses souvenirs d’enfance dans My Favorite War.

Ne trouvant pas d’archives qui correspondaient à ce qu’elle voulait faire, elle s’est alors tournée vers l’animation pour raconter ses souvenirs de jeunesse, mais mettre aussi en images les anecdotes que certains habitants âgés du pays lui ont raconté, notamment sur la Seconde Guerre mondiale, sa guerre préférée quand elle était petite.

Elle intègre aussi quelques images d’archives, des extraits d’œuvres qui avaient un grand succès à l’époque et qui aidaient à renforcer l’embrigadement des enfants grâce à des séries militarisme appréciées par ceux-ci comme Four Tank-Men and a Dog. Elle insère aussi des extraits de ses discussions avec sa meilleure amie avec qui elle revient sur certains éléments marquants de leur passé commun.

L’œuvre a donc une animation particulière avec un choix délibéré de rendre les images plutôt grises et d’apporter une véritable singularité aux visages des différents personnages, avec, notamment, des yeux semblables à celui des insectes, ce qui leur donne une physionomie bien particulière.

Ces choix artistiques ne sont jamais gênants. En effet, le récit est particulièrement captivant et cette vision du communisme du pays vu à travers les yeux d’un enfant est vraiment extrêmement bien rendue. Il n’est donc pas surprenant que le film ait remporté les Prix Contrechamp et Prix SensCritique au Festival d’animation d’Annecy en 2020.

L’œuvre est particulièrement anti-militariste. En décrivant sa vie, l’embrigadement de la jeunesse, le poids de l’autorité russe sur le pays, qui a valu des milliers de déportation de ses habitants en Sibérie, y compris des enfants, et sa prise de conscience progressive de l’histoire de sa propre contrée, son récit montre bien que la guerre et l’autoritarisme ne peuvent pas avoir un impact durable.

D’ailleurs, l’une des actions qui a eu une grande importance pour rendre l’autonomie à la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie est une imposante chaîne humaine de 2 millions de personnes faite sur les trois pays, sur 687 km, en 1989, la Voie balte.

Avec ses mots précis, ses réflexions d’enfant que les images montrent très bien, on découvre parfaitement l’envers du décor d’une idéologie qui a progressivement dévié de son idée première. De plus, en grandissant, avec son envie démesurée de devenir journaliste, Ilze Burkovska Jacobsen a progressivement découvert ce qu’il se cachait derrière les belles histoires racontées et les jolies images montrées.

Il s’agit donc d’un témoignage non seulement extrêmement fort, mais qui, au vu de la guerre entre la Russie et l’Ukraine en 2022, prend une nouvelle dimension.

En alliant à la fois le documentaire et la mémoire, les témoignages et l’histoire, Ilze Burkovska Jacobsen réussit une œuvre incroyable d’une grande puissance. D’autant que l’on ressent un immense amour de cette dernière pour sa famille et son amie, malgré les séparations que l’État a parfois tenté de créer entre les différentes personnes.

Quant au doublage, il est extrêmement précis et apporte une grande personnalité aux personnages que l’on découvre.

My Favorite War est un excellent film qui est non seulement fascinant mais particulièrement instructif. Avec une histoire très forte, une réalisation remarquable et une gamine que l’on prend un grand plaisir à découvrir, ce documentaire bien particulier est non seulement indispensable à regarder, mais est aussi particulièrement captivant et émouvant. Et sa description de l’embrigadement des populations trouve un sinistre écho aujourd’hui.

Remarquable et impressionnant.

Dans les années 70, la Lettonie est une République Socialiste Soviétique. Ilze, la réalisatrice, nous raconte son enfance en pleine guerre froide, sous un puissant régime autoritaire. D’abord fervente communiste, elle aiguise tant bien que mal son esprit critique face à l’endoctrinement national. Mais c’est l’adolescence qui lui permet enfin de conquérir une véritable liberté de pensée !

 Photographie : Andrejs Verhoustinskis, Trond Jacobsen, Mārcis Ābele
 Montage : Julie Vinten, Reinis Rinka
 Musique : Kārlis Auzāns
 Producteur : Trond Jacobsen, Guntis Trekteris pour Bivrost Film, Ego Media
 Distributeur : Destiny Films

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