Les heures heureuses : La critique
LES HEURES HEUREUSES
Date de sortie : 20/04/2022
Titre original : Les heures heureuses
Durée du film : 1 h 17
Réalisateur : Martine Deyres
Scénaristes : Martine Deyres, Anne Paschetta
LA CRITIQUE
C’est un hôpital psychiatrique vraiment étonnant que le formidable documentaire Les heures heureuses présentes aux spectateurs.
En effet, dans les années 40 jusqu’aux années 60, l’hôpital de Saint-Alban propose une psychiatrie tout à fait novatrice et spectaculaire. Ainsi, les patients étaient encouragés à travailler dans la ferme locale, à faire des petits travaux et à exercer des activités.
Toutes les semaines, un spectacle ou une soirée venait égayer les lieux et les villageois du coin n’étaient pas les derniers à profiter de cette bonne ambiance.
Le documentaire de Martine Deyres s’appuie sur des nombreuses bobines de film tournées sur plusieurs années permettant de voir la manière dont les gens vivaient, les différentes activités qu’ils faisaient et les réalisations des uns et des autres.
Sans compter que durant la Deuxième Guerre mondiale, l’hôpital a aussi abrité des Juifs et des résistants, tout en continuant de proposer à leurs centaines de patients une vie confortable, obtenue grâce à une certaine autarcie obtenue par le travail des différents malades.
Aux très nombreuses images montrées, aux photographies que l’on peut découvrir, s’ajoutent les voix off des différents médecins et infirmiers qui ont travaillé en ces lieux. Ces derniers reviennent sur leur vie à l’époque, sur le travail qu’ils faisaient et explicitent le contenu des images qui nous sont proposées. De nombreux encarts viennent étayer ces propos avec des chiffres et des données complémentaires. Ce qui permet de rappeler le destin tragique, sous le régime de Vichy, des 45 000 malades morts de faim et de froid.
On peut aussi découvrir des extraits des articles écrits par les malades qui étaient publiés dans la gazette de l’hôpital à laquelle chacun pouvait participer.
La mise en place des sorties et des vacances, l’adaptation aux différentes pathologies et les soins apportés sont une fort belle histoire humaine qui nous est contée. Il est autant plus dommage que cette méthode extrêmement efficace ait été progressivement abandonnée au profit de l’enfermement, des traitements de plus en plus lourd et de l’isolement des patients.
Car dans cet hôpital, où on ne sait finalement plus vraiment qui est le soignant et qui le patient, c’est le traitement des malades, l’attention qu’on leur porte et la partie de liberté que leur laisse qui permettent à ceux-ci de s’exprimer et de retrouver goût à la vie. Malheureusement, au fil du temps, les crédits ont progressivement été coupés, le personnel s’est raréfié et la formation d’infirmier psychiatrique, qui a été créé à Saint-Alban, a cessé d’être proposée aux infirmiers actuels comme une spécialisation de leur métier.
Le documentaire est particulièrement touchant et captivant de bout en bout. Il montre qu’il est possible avec des moyens et de l’attention de rendre une véritable humanité à des patients ayant des maladies mentales. On se trouve donc devant un document fort montrant que ce qui était possible par le passé pourrait se produire à nouveau si une véritable volonté politique trouvait de l’intérêt à s’occuper des problèmes mentaux qui sont toujours un problème d’actualité aujourd’hui et qui posent un véritable problème sociétal à l’heure actuelle avec un manque de moyen criant dans ce domaine et une prise en charge dégradée.
Les heures heureuses est un merveilleux documentaire utilisant remarquablement des images d’archives incroyables et donnant la parole à ceux qui ont vécu et travaillé à Saint-Alban pour montrer que l’hôpital psychiatrique peut être un havre de sécurité et de joie. La démonstration merveilleuse d’une méthode qui pourrait inspirer certains pour améliorer la condition des patients.
Splendide et remarquable.
SYNOPSIS
Sous le régime de Vichy, 45 000 internés sont morts dans les hôpitaux psychiatriques français. Un seul lieu échappe à cette hécatombe. À l’asile de Saint-Alban, soignants, malades et religieuses luttent ensemble pour la survie et accueillent clandestinement réfugiés et résistants. Grâce aux bobines de films retrouvées dans l’hôpital, Les Heures Heureuses nous plonge dans l’intensité d’un quotidien réinventé où courage politique et audace poétique ont révolutionné la psychiatrie après-guerre.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Jean-Christophe Beauvallet, Dino Berguglia, Antoine-Marie Meert
Montage : Philippe Boucq, Catherine Catella, Martine Deyres
Musique : Olivier Brisson
Producteur : À Vif Cinémas, Les Films du Tambour de Soie
Distributeur : À Vif Cinémas
LIENS
GALERIE PHOTOS
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