Abuela : La critique

 Date de sortie : 06/04/2022
 Titre original : Abuela
 Durée du film : 1 h 40
 Réalisateur : Paco Plaza
 Scénaristes : Carlos Vermut
 Interprètes : Almudena amor, Vera Valdez, Karina Kolokolchykova, Chacha Chang, Pablo Guisa Koestinger, Alba Bonnin, Ileana Wilson, Marina Gutiérrez

En 2007, Paco Plaza avait frappé très fort en réalisant Rec, un tel choc dans le domaine des films d’horreur qu’on peut aujourd’hui le considérer comme un film culte. Malheureusement, les deux volets qui ont suivi n’ont pas réussi à être à la hauteur des ambitions narratives et stylistiques de leur aîné et la franchise n’aura finalement pas atteint les sommets qu’elle aurait pu atteindre. C’est pourtant bien le nom du réalisateur qui donnera sans doute envie à de nombreux cinéphiles de découvrir Abuela dans les salles et on peut dire que le résultat vaut largement le coup qu’on s’y intéresse.

Si une grande majorité des films d’horreur se contente d’aligner les scènes angoissantes et violentes pour procurer des frissons aux spectateurs, il existe aussi une certaine frange de ce cinéma où les scénaristes cherchent à injecter un sous-texte amenant à réfléchir sur des sujets de société qu’on ne s’attendrait pas à voir dans ce genre de films.

Ainsi, à partir des idées de Plaza, Carlos Vermut, le scénariste d’Abuela, a fait de la façon que nous avons dans nos sociétés de ne plus s’occuper nos aînés parce que nous nous considérons comme trop occupés de le cœur du film. Nous suivons donc les difficultés que rencontre Susana, une mannequin espagnole à deux doigts de percer à Paris, mais qui doit rentrer en urgence à Madrid s’occuper de sa grand-mère qui vient d’avoir un accident cardiovasculaire. En fait la jeune femme n’a pas vraiment l’intention de s’occuper définitivement de son Abuela ce qui l’amène à lui chercher au plus vite un moyen de garde. Malheureusement pour elle, le comportement pour le moins étrange et inquiétant de sa grand-mère va remettre en question va la mettre face à des difficultés qu’elle n’imaginait pas.

Alors qu’il est déjà difficile de s’occuper d’une personne dépendante, vous imaginez bien que si des événements pour le moins effrayants viennent se rajouter, il y a de quoi se faire des cheveux blancs pas vraiment adaptés quand on est veut être dans les standards des jeunes mannequin actuels... D’ailleurs l’importance qu’on accorde à l’apparence et à la jeunesse physique qu’on voudrait éternelle est l’autre sujet du film. Forcément le fait que la protagoniste principale soit dans le mannequinat, milieu dans lequel règne le diktat de l’apparence permet de faire passer de nombreux messages. Ceci étant dit, tous ces messages étant amenés avec subtilité, il est tout à fait possible d’apprécier le film pour ce qu’il est aussi à savoir un efficace thriller horrifique.

Bien que réussis, ce ne sont pas les habituels jumpscares que l’on retiendra le plus, mais plutôt cette longue montée de l’angoisse jusqu’à une conclusion franchement effrayante. On ne peut que peut saluer la virtuosité de Paco Plaza qui a su utiliser tout son savoir-faire pour mettre en valeur tous les sombres et terribles secrets de l’appartement de la grand-mère où se déroule en grande partie le film. De même, le talent d’écriture de Vermut nous offre une fin logique répondant à une grande partie de toute les interrogations qui naissent dès la fascinante scène d’introduction du film.

Même si quelques points ont volontairement été éludés pour laisser planer une part de mystère bienvenue, on a quand même l’impression à l’issue de la projection de ne pas avoir une véritable justification du manège horrifique auquel on a insisté : il ne paraît en effet pas vraiment logique que ce que subit l’une des protagonistes fasse partie du rituel qui finit par nous être dévoilé. Les voies du diable étant impénétrables, on peut aussi imaginer que cela faisait en fait partie du rituel, mais cela paraît quand même sacrément tordu !

Cela n’enlève cependant rien au plaisir qu’on a à regarder Abuela, dont la direction artistique solide et les ambitions thématiques justifie le talent certain de Paco Plaza pour nous embarquer dans des univers sombres et torturés. Si le public est au rendez-vous, peut-être le retrouverons nous dans des projets plus ambitieux et tout aussi réussis ! Ce sera un plaisir d’être au rendez-vous !

Susana, un jeune mannequin espagnol, est sur le point de percer dans le milieu de la mode parisien. Mais quand sa grand-mère est victime d’un accident la laissant quasi paralysée, Susana doit rentrer à Madrid dans le vieil appartement où elle a grandi afin de veiller sur celle qui constitue son unique famille. Alors qu’approche leur anniversaire commun, de vieux souvenirs resurgissent en parallèle d’événements étranges, et le comportement de sa grand-mère devient de plus en plus inquiétant…

 Photographie : Daniel Fernandez Abello
 Montage : David Gallart
 Musique : JFatima Al Qadiri
 Costumes : Vinyet Escobar
 Décors : Laia Ateca
 Producteurs : Enrique Lopez Lavigne, Sylviez Pialat, Alejandro Arenas, Les Films du Worso, Sony Pictures Releasing de Espana, Atresmedia Cine, Apache Films
 Distributeur : Wild Bunch Distribution

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