Freaks Out : La critique

 Date de sortie : 30/03/2022
 Titre original : Freaks Out
 Durée du film : 2 h 21
 Réalisateur : Gabriele Mainetti
 Scénaristes : Nicola Guaglianone, Gabriele Mainetti
 Interprètes : Franz Rogowski, Claudio Santamaria, Pietro Castellitto, Aurora Giovinazzo, Giorgio Tirabassi, Giancarlo Martini, Eric Godon

Il y a 7 ans, le réalisateur italien Gabriele Mainetti a fait un grand coup en partageant sa vision bien particulière des super-héros dans son premier long métrage On l’appelle Jeeg Robot. Il revient sur grand écran avec ce Freaks Out qui montre ce qu’est du grand cinéma.

Le scénario de Nicola Guaglianone et de Gabriele Mainetti se déroule en Italie en 1941. On y découvre une troupe itinérante de cirque composée de personnage monstrueux, ayant des pouvoirs particuliers, qui va partir à la recherche de leur directeur disparu, alors que les nazis se déploient à Rome.

Le film de Gabriele Mainetti est vraiment brillant. Il est la composition extrêmement réussie de plusieurs genres différents. On passe ainsi d’une histoire de cirque à un thriller. On se plonge dans une horreur immense avant de basculer sur un long métrage de guerre spectaculaire, en passant par une belle étude sociologique et psychologique. Et bien sûr, il s’agit quelque part aussi d’une histoire de super-héros avec les thématiques qui lui sont associées telles que la maîtrise et l’utilisation d’un pouvoir qui sort de l’ordinaire, tout en s’interrogeant sur la limite entre le monstre et l’humain.

Gabriele Mainetti a la grande capacité de mettre en valeur des personnages atypiques, des délaissés de la société, des individus que l’on méprise ou que l’on ignore. Il sait parfaitement créer des personnages sortant de l’ordinaire et les faire évoluer sur l’écran pour marquer durablement le spectateur qui est les y découvre.

On ne voit jamais le temps passer, alors que la richesse de la proposition, tant narrative que visuelle, de Gabriele Mainetti ne cesse d’étonner et d’époustoufler. Car le long métrage se différencie vraiment de ce que l’on a l’habitude de voir et fait des propositions cinématographiques remarquables et innovantes. Sans compter que la très belle photographie de Michele D’Attanasio renforce le plaisir visuel que l’on a de découvrir cette œuvre singulière.

L’interprétation est vraiment formidable. Aurora Giovinazzo est éblouissante en jeune fille ayant un don puissant qu’elle n’arrive pas à maîtriser. Claudio Santamaria est magnifique en homme atteint d’hypertrichose, une pathologie faisant pousser des poils sur l’intégralité du corps de celui qui en est atteint. Pietro Castellitto est bien sympathique en jeune homme ayant une grande affinité avec les insectes. Giancarlo Martini est intéressant en homme possédant une très grande force. Giorgio Tirabassi est fort bon dans le rôle du directeur du cirque. Il faut aussi souligner la prestation extraordinaire de Franz Rogowski qui est génial en nazi tourmenté cherchant à monter sa propre armée de sur-hommes.

La famille composée par ces parias de la société est particulièrement attachante. D’autant que les tensions entre ses différents membres, liées à leurs perceptions différentes de leur avenir, apportent une dynamique intéressante aux relations qui les lie.
L’œuvre a un véritable charme et une atmosphère particulièrement envoûtante. On se retrouve plongé dans une période bien sombre à la poursuite d’une bande étrange essayant de survivre.

Il faut saluer la très belle reconstitution de l’époque. Un grand soin a été porté aux décors par Alessandro Troso. Les costumes de Mary Montalto sont tout à fait convaincants. Alors que les différents éléments et les véhicules que l’on peut découvrir semblent vraiment issus de cette époque passée.

La musique de Gabriele Mainetti et de Michele Braga est aussi bien agréable à écouter. Sans compter qu’elle a une grande place au cœur du film, l’antagoniste principal étant un musicien de talent qui interprète certains de ses morceaux sur scène.

Quant aux effets spéciaux, et aux maquillages, ils sont très bien réalisés. On prend beaucoup de plaisir à découvrir la manière dont les pouvoirs des protagonistes principaux s’expriment. Certains d’entre eux sont d’ailleurs surprenants et apportent une étrange poésie à une œuvre parfois crépusculaire.

Il y a une véritable montée en puissance du récit qui trouve un bel écho avec l’histoire du passage à l’âge adulte du personnage qui est le plus jeune membre de cette troupe bigarrée et chaleureuse. Car c’est principalement à travers ses yeux que l’on découvre les événements et que ses propres choix influent sur le cours de ceux-ci.

Freaks Out est un excellent film de genre qui raconte une merveilleuse histoire de famille recomposée perdue au milieu d’une guerre affreuse et devant lutter contre les véritables monstres qui sont les humains normaux. Avec une histoire mettant magnifiquement à l’honneur ceux qui ne rentrent pas dans la norme, une réalisation vraiment brillante et une galerie de comédiens formidables, si vous aimez le grand cinéma à la fois spectaculaire et intimiste, ne passez pas à côté de cette œuvre originale et envoûtante.

Impressionnant et magnifique.

Rome, 1943, sous occupation nazie, la Ville éternelle accueille le cirque où travaillent Matilde, Cencio, Fulvio et Mario comme phénomènes de foire. Israel, le propriétaire du cirque et figure paternelle de cette petite famille, tente d’organiser leur fuite vers l’Amérique, mais il disparaît. Privés de foyer et de protection, dans une société où ils n’ont plus leur place, les quatre « Freaks » vont tenter de survivre dans un monde en guerre…

 Photographie : Michele D’Attanasio
 Montage : Francesco Di Stefano
 Musique : Gabriele Mainetti, Michele Braga
 Costumes : Mary Montalto
 Décors : Alessandro Troso
 Producteur : Gabriele Mainetti, Andrea Occhipinti pour Goon Films, Lucky Red
 Distributeur : Metropolitan FilmExport

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