Women do Cry : La critique

Date : 08 / 03 / 2022 à 10h45

Par : Isabelle Arnaud

Sources :

Unification

WOMEN DO CRY

Date de sortie : 09/03/2022
Titre original : Women do Cry
Durée du film : 1 h 47
Réalisateurs : Mina Mileva, Vesela Kazakova
Scénaristes : Bilyana Kazakova, Vesela Kazakova, Mina Mileva
Interprètes : Maria Bakalova, Ralitsa Stoyanova, Katia Kazakova, Bilyana Kazakova, Vesela Kazakova, Iossif Surchadzhiev

LA CRITIQUE

Après avoir été confrontées à de grandes difficultés sur leur dernier documentaire, Uncle Tony, Three Fools and The Secret Service, qui leur aura valu jusqu’à des menaces de mort, les réalisatrices et scénaristes Mina Mileva et Vesela Kazakova reviennent sur grand écran avec leur dernière fiction Women Do Cry.

Celles-ci se sont associées à la sœur de l’une d’entre elle, Bilyana Kazakova, pour écrire cette histoire présentant les différents membres féminins d’une famille confrontée à divers problèmes. Elle incarne une femme touchée par le post-partum, situation qu’elle connaît bien pour l’avoir subi pendant plus d’une année. Une thématique forte dont on ne parle pas assez et qui est, en France, la première cause de mortalité des femmes dans l’année suivant leur accouchement.

L’histoire aborde différents personnages qui se trouvent confrontés à la situation dramatique touchant l’une d’entre elle, alors qu’elle est touchée par le VIH. D’autant qu’au même moment, en Bulgarie, la loi concernant les violences faites aux femmes, qui évoque aussi le genre, entraîne de grands débats violents et des manifestations dans tout le pays.

On a droit à une version fidèle de l’ambiance d’un pays dans lequel les droits des femmes se sont vus réduire après la chute du communisme où elles participaient, au même titre que les hommes, à la bonne marche du pays. Ainsi, certaines ne sont plus considérées que comme des mères, ayant pour principal objectif dans leur vie de faire des enfants et de s’occuper de leur famille.

Si on croise quelques hommes, en dehors du père / grand-père, ceux-ci sont absents de la dramaturgie du long métrage. En effet, le récit se focalise bien sur les mères, les filles et les sœurs et montre non seulement le lien très fort qui les unissent, mais aussi l’amour que l’on doit porter aux premières qui sont le véritable cœur de la famille.

L’interprétation est très bonne. On retrouve dans le rôle de la jeune fille en proie à la maladie Maria Bakalova qui est impeccable et qui fait une prestation impressionnante d’une jeune fille en proie au doute, à la folie et à peur. Ralitsa Stoyanova est très bonne dans le rôle de sa sœur aînée la soutenant à tout prix. Katia Kazakova est intéressante dans celui de leur mère lunaire aimant tendrement ses enfants. Le personnage, et ses deux sœurs, sont joués par les propres sœurs, elles aussi actrices de la co-réalisatrice. On retrouve ainsi Bilyana Kazakova ayant du mal à s’occuper de son enfant et à retrouver sa vie et Vesela Kazakova dans le rôle d’une femme plus émancipée. Alors que Iossif Surchadzhiev est impressionnant dans le rôle du patriarche de la famille.

Le film a été tourné en discontinu au fil des eaux sur une longue période. Cela apporte une certaine fraîcheur et une grande crédibilité à une œuvre qui reprend les codes du documentaire pour s’approcher au mieux de la vérité. Ce qui permet aux spectateurs de s’immiscer au plus près des membres de cette famille attachante naviguant entre eux résilience, crises de nerf, larmes et fous rires.

Women Do Cry est un bon film donnant l’occasion de côtoyer des femmes bulgares, d’appréhender un peu mieux leur société et de montrer l’universalisme des sentiments et des comportements. Avec une histoire montrant des portraits forts beaux des membres d’une famille, une réalisation délicate et une interprétation vivante, il est vraiment intéressant de se plonger au cœur de cette tribu pleine d’entrain.

Sympathique et instructif.

SYNOPSIS

Une cigogne blessée, une femme en pleine dépression postnatale, une jeune fille confrontée aux stigmates du VIH, une mère qui cherche un peu de magie dans le calendrier lunaire… Sœurs, mères et filles se confrontent à leurs fragilités et à l’absurdité de la vie, au moment où de violentes manifestations et débats sur le genre déchirent leur pays, la Bulgarie. D’après une histoire vraie.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Photographie : Jerome Godfrey, Dimitar Kostov
Montage : Yann Dedet, Donka Ivanova
Musique : Andy Cowton
Décors : Nicolas Avinée
Producteur : Christophe Bruncher, Vesela Kazakova, Mina Mileva pour Arte France Cinéma, Activist 38, Ici et Là Productions
Distributeur : Eurozoom