L’incompris : La critique
Il faut avouer qu’avec nos standards actuels de rythmique d’intrigue et de découpage de plans, regarder un film comme L’incompris, sorti en 1968, va demander un effort certain au spectateur pour qu’il puisse en apprécier tous ses qualités.
Le film est centré sur Andrea, le fils aîné d’un diplomate britannique, habitant dans une très belle demeure à Florence et devant faire face avec son frère au décès de leur mère. Estimant le cadet trop fragile, le père cherche à lui cacher la vérité et oblige donc Andrea à mentir sur le funeste sort de sa mère. Ce mensonge va être le point de départ de bien des tourments pour pauvre garçon.
Il existe de nombreux récits décrivant combien l’enfance peut-être cruelle et il faut avouer que le traitement de L’incompris bénéficie d’une finesse qui rend le film aussi novateur qu’intemporel. Ici, pas d’enfant souffre-douleur ou victime d’un conflit d’adultes qui le dépasse, mais plutôt une forme de maltraitance d’un père envers son enfant ayant pour origine une terrible incompréhension de sa part. De cette incompréhension, va découler bien des sévices dont la naissance d’une forme de méchanceté enfantine aux conséquences dévastatrices.
Si vous arrivez à vous faire au rythme posé du film, vous serez alors en capacité d’apprécier ses qualités indiscutables comme son casting d’enfants, tous épatants de naturel, ou sa mise en scène extrêmement réfléchie. Scruté par la caméra qui nous immerge complètement dans leur quotidien, Andrea et son petit frère Milo, vont tour à tour vous amuser, vous agacer, vous énerver et vous émouvoir.
C’est sans doute à ce niveau que le film divisera, car le film nous plonge au cœur d’une forme de noirceur qu’on n’est pas vraiment habitué à observer. Sur la longueur, certains auront peut-être l’impression de se faire manipuler par son dénouement aussi mélodramatique qu’inattendue. Les spectateurs les plus sensibles sauront néanmoins apprécier la puissance tragique d’une histoire cherchant à atteindre un réalisme de tous les instants pour atteindre une certaine vérité dans l’émotion.
Fort de ses qualités intemporelles, L’incompris constitue un sommet dans la longue filmographie de son réalisateur, Luigi Comencini qui mérite largement d’être (re)découvert dans les salles lors de sa ressortie dans une version restaurée. Il devrait contenter de nombreux cinéphiles à la recherche d’un peu de nostalgie pour se rafraîchir les idées !
SYNOPSIS
Le consul britannique à Florence vient de perdre sa femme. Ébranlé par le deuil, il partage la nouvelle avec son fils aîné, Andrea, mais choisit de cacher la vérité au plus jeune, Milo. Malgré les jeux qu’ils partagent et leur forte complicité, les deux frères sont divisés par l’attitude de leur père : alors qu’il manifeste toute sa tendresse au petit Milo qui souffre d’une santé fragile, le consul délaisse Andrea qu’il juge insensible et irresponsable...
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 44
Titre original : Incompreso
Réalisateur : Luigi Comencini
Scénariste : Piero de Bernardi, Lucia Drudi Dembi, Guiseppe Mangione, Leonardo Benvenuti d’après l’œuvre de Florence de Montgomery
Interprètes : Anthony Quayle, Stefano Cologrande, Simone Gionnzzi, John Sharp, Adriana Facchetti, Rino Benini, Giorgia Moll, Graziella Granata
Photographie : Armando Nannuzzi
Montage : Nino Baragli
Musique : Fiorenzo Carpi
Producteur : Franco London Films, Instituto Luce, Rizzoli Film S.p.a.
Distributeur : Carlotta Films
LIENS
Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.