Elles dansent : La critique
L’art du documentaire consiste à bien doser le sujet, l’angle, le(s) personnage(s), la trame narrative. Un bon sujet mais pas de personnage ou pas d’angle, et vous tombez dans le reportage. Un bon sujet, un bon angle, un bon personnage mais une trame narrative trop légère, et vous prenez le risque de frustrer votre public. Et c’est ce qui m’a gênée dans Elles dansent : les ingrédients étaient présents, mais l’histoire n’était pas aussi bien racontée que ce qu’elle aurait pu l’être. Le film m’a semblé bancal, parfois même décousu.
Une femme qui danse pour les malades du cancer, c’est un beau sujet. Si seulement on savait ce qui a poussé Aude à faire ce choix... On comprend évidemment ce qui la touche dans la situation des malades, mais pourquoi s’est-elle soudain mise à danser pour eux ? Aude nous dit ce qu’elle voit, ce qu’elle ressent, mais elle ne nous parle jamais de ses raisons, de ses motivations profondes. Il y avait beaucoup plus de choses à découvrir sur ce personnage étonnant et je reste sur ma faim.
Aude donne aussi des cours de danse à des femmes, dont certaines ont été touchées par le cancer. En vit-elle, est elle bénévole ? Pourquoi ces femmes ne viennent-elles pas danser avec elle à l’hôpital ? Pourquoi ai-je eu l’impression que ces deux thèmes étaient déconnectés alors qu’ils sont totalement en lien ?
Et puis soudain on s’intéresse à une patiente qui nous parle de son combat contre le cancer. Mais à part une brève rencontre dans un couloir, son histoire n’a rien à voir avec celle d’Aude. Une histoire d’ailleurs terriblement émouvante qui aurait mérité tout un documentaire, pas juste cette petite incursion un peu hors de propos.
Même si les prestations d’Aude semblent parfois ridicules et embarrassantes vues de l’extérieur, elles sont faites avec tellement de coeur que l’on ne peut y rester insensible. Mais il y a aussi (surtout ?) beaucoup d’ego là-dedans, car Aude a clairement envie qu’on la regarde. On la voit tournoyer dans les couloirs, dans les chambres, souvent, beaucoup, un peu trop même... Elle veut être le centre de l’attention et attirer les regards avec ses mouvements aériens et ses tenues sexy et bigarrées. On finit par comprendre que c’est sa façon à elle d’exister : elle veut être une étoile, mais elle veut aussi que son éclat adoucisse la vie de ceux qui n’en ont peut-être plus beaucoup en réserve. Elle a trouvé son public mais lui, hélas, n’est pas toujours assez conscient pour apprécier ses prestations...
Milieu hospitalier oblige, la caméra a souvent dû se faire discrète et la photographie en pâtit parfois. Le son est la plupart du temps de très bonne qualité et il permet, avec le montage, de compenser un peu le manque de précision de la narration.
Un film maladroit mais touchant.
SYNOPSIS
Aude, sa passion, c’est la danse ; son sacerdoce, c’est d’apporter une bouffée d’air frais à ceux qui souffrent. Elle virevolte à travers les couloirs de services d’oncologie hospitaliers, telle une créature magique qui évolue entre deux réalités : celle de la maladie avec sa pesanteur et sa tristesse, et celle de la danse avec sa légèreté et sa joie. Pour ceux qui sont malades, leurs familles et ceux qui les soignent, Aude danse et nous transporte dans un tourbillon d’émotions.
BANDE ANNONCE - EXTRAITS
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 15
Titre original : Elles dansent
Date de sortie : 17/11/2021
Réalisateur : Alexandre Messina
Scénaristes : Laetitia Bertheuil, Alexandre Messina
Photographie : Alexandre Messina
Montage : Guillaume Lebel
Son : Amaury Arboun
Producteur : Serge Tiar
Distributeur : Fidelio Distribution
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