Terminator 4 Renaissance : Le décryptage.

Date : 10 / 06 / 2009 à 00h15


John Connor est de retour. Cette fois c’est bien lui, à l’âge adulte, dans un monde en ruines. En 2018, il n’est pas encore ce chef de la résistance emblématique que l’on nous a décrit dans les trois précédents opus. Cette fois, les machines n’ont pas à voyager dans le temps pour l’éliminer.

Le film se situe donc deux ans après les événements narrés dans le jeu vidéo ( http://www.unificationfrance.com/spip.php?article6971 ), et on espère fébrilement un résultat plus probant. Heureusement, le film livré par McG est une véritable réussite, à contrario de son adaptation.


Respectant l’univers dépeint par James Cameron (je néglige volontairement le volet de Jonathan Mostow qui s’ostracise lui-même), les reproches ne pourront pas naître de cet aspect. On retrouve dans cet opus un monde décimé, une résistance parcellaire, un tableau d’apocalypse qui contient tous les éléments que nous étions en droit d’exiger.

L’appréhension était pourtant oppressante à la découverte du nom du réalisateur. McG, lié devant l’éternel à charlie et ses drôles de dames. Force est de constater qu’il s’en tire plus qu’honorablement, et qu’il modifie sa réputation par cet exercice périlleux dont il est venu à bout.


Les fans ont leur content de références, habilement déposées. « Suis moi si tu veux vivre » lance Kyle Reese, en écho à cette réplique qu’il est le premier à prononcer dans le premier volet de la saga. « Il reviendra » affirme John Connor, dans un contexte bien éloigné de celui au sein duquel Arnold Schwarzenegger émet cette citation la première fois.

La musique contribue également à nous rappeler certains instants. Pour piéger une moto-robot John Connor l’attire grâce à une musique, qui n’est autre que « You could be mine », de Guns & Roses. Pour les moins jeunes d’entre nous, l’image d’un John Connor rebelle et adolescent pilotant une motocross sur fond de ce même titre reprend vie.


Les scènes achèvent de tisser un lien entre ce nouveau Terminator et les deux premiers volets. Dans le premier d’entre eux, le T800 est achevé dans une usine. Dans le second, le T1000 boit la tasse dans une fonderie. C’est donc tout naturellement que l’endosquelette qui manque de tuer le John du futur finit sa courte existence dans une usine de Skynet.

Détail qui magnifie le respect de l’œuvre, ce combat final met en place une cicatrice à la forme singulière sur le visage de John. Une cicatrice que l’on a déjà vu à l’identique dans l’introduction de Terminator : le jugement dernier sur ce même leader.

Un futur chef de la résistance qui a maille à partir avec un T800 nu comme un ver, au visage emblématique puisqu’il s’agit d’une transposition de celui d’Arnold Schwarzenegger, qui fait ainsi un caméo sans avoir mis les pieds sur le plateau de tournage.


Comme dans chacun des volets, le rapport au temps est essentiel. Cependant, cet essai transformé permet de sortir du paradoxe dans lequel on s’était correctement installé depuis le premier épisode. La question s’imposait toujours à nous : comment John Connor peut-il envoyer son propre père pour se sauver ? Question pertinente, puisque s’il envoie son père, c’est qu’il existe. Qu’il a dont été conçu. Sans son père. A partir d’ici, généralement les conversations s’échauffent, la tête tourne et les neurones produisent un son sinistre avant d’abdiquer.

Dans Terminator : renaissance, au même titre que dans le Terminator : le jour du jugement dernier, la phrase magique est prononcée : « pas de destin, seulement ce que nous faisons. »


En clair, il n’y a pas de chemin inaltérable, les événements peuvent être changés. C’est d’ailleurs le postulat de ce nouvel opus tonitruant. John Connor ne reconnaît pas ce monde que sa mère lui a décrit. Il le souligne lui-même après avoir écouté maintes fois les cassettes laissées par celle-ci (et dont la voix n’est autre que celle de Linda Hamilton, ou sa voix française originale pour ce qui nous concerne) tout en regardant une photo déjà vue.

Avec ce nouveau film qui reprend la thèse élaborée par Sarah Connor, il est possible de balayer le paradoxe. Il devient probable que John Connor ait eu un père différent de Kyle Reese. Puis qu’en remontant le temps, ce dernier change la donne en concevant son chef. La trame du temps aurait donc pris ainsi une orientation différente, au même titre que ce futur n’est plus celui conté à Sarah par Kyle.


A l’aube du projet, la production désirait Christian Bale pour camper le rôle de Marcus Wright. Devant l’insistance de l’acteur pour incarner John Connor, McG a finalement revu sa copie, et nous n’avons pas à nous en plaindre. Le personnage est assagi, mais on perçoit en filigrane un volcan d’émotions, qui nous ramène quelques années en arrière. S’il n’a évidemment pas le même visage, ce John Connor a le même caractère que son alter ego adolescent.

Le réalisateur offre une relecture saine de l’opposant machine. Patinées, moins chromées, les mécaniques sont d’autant plus réalistes. Fonctionnelles, certaines d’entre elles s’incrustent parmi d’autres plus imposantes. On observe une chaîne crédible de pertinence à dessein unique : la destruction de l’humanité. Cette esthétique renouvelée n’altère pas l’existant, et améliore notre perception du monde dépeint. Très bonne mise à jour.

Les combats en extérieur sont spectaculaires, immersifs, et le premier quart d’heure du film nous enfonce dans le siège. Le ton est donné. Nous sommes en guerre dans un monde dévasté. Nous, spectateurs, autant que les personnages. Mais au delà de cette dimension visuelle, Terminator renaissance amène un thème sur lequel il est intéressant de se pencher.


Le premier épisode était un écho de son époque. Une période durant laquelle la peur d’une guerre nucléaire était encore fraîche. Où l’informatique moderne prenait son envol. Aujourd’hui, tandis que le monde est transi d’une crainte apportée par le terrorisme, on retrouve l’incarnation de cette angoisse dans le personnage de Marcus. Il n’est pas qu’un ennemi, ainsi que les autres machines. Il est l’individu si infiltré qu’il est en mesure de provoquer une catastrophe sans être inquiété.

Si proche de ses ennemis par nature, que la distinction entre ami et ennemi n’est plus si aisée. Déjà développée dans le giron d’une confrontation homme machine par Battlestar Galactica, la réflexion se calque aisément sur notre monde moderne, et ses tourments nuancés. Terminator renaissance s’inscrit donc à son tour dans une réflexion de son époque.


Terminator renaissance n’est pas exempt de défaut. John Connor aurait du mourir sans recours trois fois au moins (deux explosions nucléaires bien trop proches, et une barre de fer large comme le bras qui le traverse au niveau du cœur et d’un poumon). La salle tout confort de Skynet est hors de propos, celui-ci s’évertuant à modeler un monde sans humains. D’ailleurs, les écrans sont tout aussi futiles, puisqu’il suffit d’une connexion aux machines pour transférer les informations, à contrario des humains qui ont besoin de voir pour décrypter.

Les hélicoptères et les avions en extérieurs auraient du disparaître depuis longtemps, les bases rasées par les troupes de Skynet. Ce dernier est d’ailleurs trop théâtral et trop humain dans son laïus à l’adresse de Marcus.


Néanmoins, faisant fi de ces faux pas, Terminator renaissance est un film à l’esthétique magnifique, une vision pertinente au diapason du monde décrit succinctement il y a 25 ans. Plus qu’un simple enchaînement d’effets spéciaux (néanmoins magnifiques en l’état) époustouflants, c’est un film qui possède une histoire qui à défaut d’être magistrale, a le mérite d’exister.

Skynet y est plus machiavélique, échafaude un plan qui fait de lui une entité autrement plus dangereuse. Le respect de l’œuvre de James cameron est visible dans chaque segment du film. Le scénario n’est pas figé sur John Connor, mais s’émancipe pour mettre en avant d’autres personnalités prégnantes. Une véritable réussite qui se montre à la hauteur des attentes, et qui sort McG du carcan au sein duquel il s’était malencontreusement vautré.


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