Lune : Review du ’documentaire’ de Planète +
Je n’aime pas tirer à boulets rouges sur mes collègues documentaristes mais Lune n’est pas un documentaire, alors je vais me lâcher un peu...
Nous avons ici une espèce de conte audiovisuel, certainement produit à grands frais par des gens qui se sont payé un beau voyage autour du monde, pour leur plus grand plaisir mais pas forcément pour le nôtre.... Le résultat aurait été moins esthétique mais tout aussi (in)intéressant si le réalisateur avait choisi d’assembler des images de stock, ce qu’il aurait pu faire avec un dixième du budget, sans bouger les fesses de son fauteuil. Mais ce n’aurait pas été aussi drôle - pour lui.
Voilà ce que j’ai vu, mais je me trompe peut-être : une demi-douzaine de cadreurs sont allés tourner des plans au petit bonheur à la chance un peu partout dans le monde : USA, Turquie, Chine... puis une monteuse a assemblé les vidéos de façon plus ou moins cohérente (je demande à voir le scénario d’origine), et une narration a été écrite pour coller aux images... C’est un peu comme si Casimir nous servait un gloubiboulga en nous disant que c’est de la tarte aux pommes. Il y a plein d’ingrédients dedans, certes, mais ça n’a ni le goût ni l’apparence d’une tarte aux pommes (il me semble avoir déjà utilisé une métaphore à base de gloubiboulga...).
Vous vous demandez peut-être ce qui me rend aussi amère, et je vais vous le dire. D’abord, le fait d’avoir passé 1h20 devant mon ordinateur en vérifiant toutes les 5 minutes combien de temps il me restait à souffrir. A tel point que j’ai joué sur mon portable pendant un bonne partie du visionnage, histoire de ne pas avoir l’impression de complètement perdre mon temps. Ensuite, le fait d’avoir dû subir une narration pseudo-poétique qui cherchait désespérément à coller, comme un patchwork, des morceaux de visuels pas toujours en lien avec ’l’histoire’ que le réalisateur essayait de conter.
En guise de cadeau de Noël, voici quelques morceaux choisis :
Notre lune, cet oeil blanc dans le ciel borgne. Tu sais ce qu’il te dit, le ciel ?
Elle (la Lune) est capable de revenir des ténèbres. Grande fifille, la Lulune !
La mythologie première était en train de naître, des êtres supérieurs voyaient le jour. Ah ben oui, à force de penser qu’ils sont supérieurs, les êtres, ils finissent par écrire des trucs comme ça.
La lune était devenue le promontoire du songe. Et le promontoire du singe, il est où ?
Les chasses meurtrières du lion ont marqué notre histoire. Ah bon ? Et en plus, me dire ça sur fond de Paris by night, je ne vois pas trop où tu veux en venir.
Et le meilleur pour la fin :
La lune pourrait servir de lancement à cette prochaine conquête spatiale. Ça, il faut m’expliquer. De ’base’ de lancement, peut-être, mais de ’lancement’, j’ai du mal avec le concept. Un coup marketing, peut-être ?
Et comme je sens qu’à ce moment de ma diatribe, nombre d’entre vous auront déjà décidé de faire l’impasse sur ce film, je vous livre aussi mes commentaires sur quelques-un des interminables visuels, afin que vous ayez au moins de quoi discuter si un jour quelqu’un décidait de vous brancher là-dessus.
Des animations de seconde zone (sérieusement, en 2015 !) pour nous expliquer que dans la Lune, on peut voir (avec une bonne imagination) des gens qui s’embrassent et aussi... un lièvre ! D’autres animations style ’carton découpé par non neveu’ pour représenter nos ancêtres les proto-humains. Et encore un autre type d’animation, style ’court-métrage d’étudiant de première année en 1990’, pour représenter les Sélénites, les habitants fantasmés de la Lune.
Des girafes qui broutent. Fascinant.
Deux minutes de Stonehenge. C’est long, deux minutes.
Quasiment une minute de musulmans en train de prier. Une minute de culs de mecs en l’air, c’est pas très sexy, mais il fallait bien illustrer ’la lune’...
45 secondes de cloches qui sonnent. Oh, une grosse cloche ! Oh, deux grosses cloches ! Oh, trois cloches moyennes ! Trop bien.
Un passage interminable sur l’observation de la surface de la lune, illustré par des images de nature (terrienne) qui se reflète dans l’eau (au clair de lune). Poésie quand tu nous tiens...
Et juste après avoir très rapidement parlé des premiers pas de l’Homme sur la Lune, 30 secondes de.... derviche tourneur. Ça, c’est de la continuité narrative !
Alors oui, les images sont belles, mais voir des limules qui pondent et des oiseaux qui mangent les oeufs desdites limules histoire d’illustrer les cycles de la Lune, ça me gave grave ! C’est joli, mais qu’est-ce qu’on se fait chier ! On n’apprend pas grand chose dans ce film, sauf si on a vécu toute sa vie dans une caverne ou si on est allé à l’école de la République ces 20 dernières années. Maintenant que j’y pense, je me dis que c’est peut-être un film destiné aux scolaires...
A mon avis, Lune est au mieux une élucubration pas très inspirée d’un réalisateur en manque de projets intéressants, et au pire une vaste et coûteuse fumisterie. Mais c’est parfait comme somnifère.
SYNOPSIS
Un film qui n’est ni une fiction, ni un documentaire, et qui tente de raconter 4 milliards d’années de relation des habitants de la Terre - animaux et humains - avec la Lune. Sur fond de belles images hétéroclites avec une narration approximativement intéressante, lue par Féodor Atkine.
BANDE ANNONCE - EXTRAITS
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 22
Titre original : Lune
Date de sortie : 17/03/2015
Réalisateur, Scénariste : François de Riberolles
Photographie : François de Riberolles, Tarek Rebeihi, François Bouvier, Maxime Beauquesne, Samuel Guiton, Jean-Charles Granjeon
Montage : Sabine Emiliani
Musique : Stéphane Lopez
Producteurs : Camera Lucida / Planète +, France 5
Distributeur : Planète +
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