Star Wars - Ahsoka : L’enfant de la Force
Véritable convergence de genres, de valeurs et de références mythologiques, Star Wars raisonne dans la culture populaire mondiale tout en étant une véritable institution dans l’industrie du divertissement.
Avec Star Wars, Georges Lucas a eu le génie d’ériger un univers pourvu de codes suffisamment riches et plastiques pour permettre à d’autres auteurs de l’enrichir sans en altérer la cosmogonie. En tant que franchise, Star Wars est une galaxie sui generis, qui a vocation à accueillir une constellation d’histoires et de personnages aux destinées wagnériennes.
Héritière d’un passé glorieux et en rupture avec un présent controversé, aucune figure n’incarne mieux la saga aujourd’hui qu’Ahsoka Tano – La guerrière Togruta aux sabres blancs qui siège désormais entre les Jedis et les Siths, là où d’autres nouvelles figures (Rey) ont choisi d’être les deux.
Créée en 2008 par Georges Lucas et son " héritier " Dave Filoni, Ahsoka Tano s’est frayée dans la douleur, un chemin dans le cœur des fans, même les plus conservateurs.
Signe de son destin hors du commun, Ahsoka Tano s’est façonnée en se confrontant à des objections immenses, qu’il s’agisse du conseil Jedi qui, dans un moment d’égarement désastreux, la radie de l’ordre ou des " fans " qui réfutent aveuglément sa place dans Star Wars, en niant son lien précieux avec Anakin Skywalker, devenu Darth Vader, le seigneur Sith. Or, n’en déplaise à certains, elle est une figure majeure dans Star Wars au même titre qu’Obiwan et Anakin avec qui elle prolonge la " trinité de Mortis ", comme en témoigne son " hibou ". Son existence permet d’équilibrer le célèbre duo de Jedi tout en l’inscrivant fidèlement dans la structure ternaire sur lequel repose toute la franchise.
A l’instar d’Harry Potter, elle va grandir avec toute une génération qui va partager ses impertinences, ses erreurs, ses faits d’armes. Tous voudront porter le poids immense de ses drames, de sa culpabilité pour la soulager un peu. Au fil des années, la " Chipie " est devenue si proche et familière que la voir apparaître en chair et en os – sous les traits de Rosario Dawson – relève moins de l’évidence que d’une consécration et une reconnaissance légitime.
Outre la patience et la ténacité de l’actrice qui milite pour le rôle depuis 2017 sur la base d’une illustration d’un fan, il faut saluer son immense talent. Dès sa première apparition, elle parvient à faire transparaître toute la noblesse et l’expérience guerrière du personnage. Elle réussit à dégager dans sa gestuelle, son regard, quelques sourires fugaces, le voile de mélancolie, de tristesse mais aussi la soif d’espoir qui entoure ce personnage. Par ailleurs, le souci de fidélité apporté à son apparence témoigne de l’amour de l’équipe créative pour Ahsoka.
Surtout, pour une franchise qui tend à s’enfermer dans la même timeline, l’apparition d’Ahsoka Tano constitue un avancement significatif - Tout simplement car sous les traits de Rosario Dawson, la " Chipie " illustre à merveille le temps qui passe dans Star Wars.
Et la stature symbolique du personnage se cristallise dans l’épisode 5 de la saison 2 de The Mandalorian – C’est dire combien cette série ne se réduit pas à du " fan services " ou du " filler " comme se plaisent à en dire les esprits chagrins.
En un seul épisode, Dave Filoni parvient à mettre en image tout ce qui fait l’essence de Star Wars, notamment la thématique du " double " : le western spaghetti et l’esprit Chambara de Kurosawa ou Ito, le mandalorien et le Jedi, le père et le fils, l’oppresseur et l’oppressé, l’élève et le maître, le laser et le Beskar, le chasseur et la proie.
En particulier, le duel entre Ahsoka et une sœur de la nuit de Dathomir – la Magistrate – est une brillante leçon pour ceux qui résument les duels à une démonstration de pouvoirs et de combats hyper chorégraphiés. Dans Star Wars, le duel au sabre laser est aussi une danse intime et sobre. Et ce n’est pas un hasard si les " premiers pas de danse " d’Ahsoka emprunte beaucoup à " la dernière danse " du vieux Ben Kenobi lors de son duel avec Darth Vader – Cela participe à l’ambition de nouerplus fortement les liens entre les " Episodes " cinématographiques et l’immense contenu des autres formats : Animés, Romans, bandes dessinées. Et en filigrane, les créatifs, Jon Favreau, Déborah Chow ou Dave Filoni en première ligne, communiquent un message très fort : Star Wars ne se réduit pas aux " Episodes " numérotés, qui se limitent à l’histoire de la lignée des Skywalker.
A travers Ahsoka, Star Wars retrace surtout les destinées des " enfants de la Force " - Anakin, Luke, Ahsoka, Ezra, Cal ou Grogu – qui vont devoir apprendre à trouver la lumière dans les ténèbres d’un monde oppressant et forger leur avenir, sans jamais perdre espoir. Ce message très classique résonne clairement, car elle est en phase avec le vécu de la jeunesse actuelle.
En définitive, l’arrivée d’Ahsoka est salutaire car elle ramène Star Wars à son essence même tout en décentrant la franchise des Skywalker.
En effet, au regard du logo, l’anthologie qui lui sera dédiée signifie une grande promesse, celle de la continuité de l’arc mystique du " Voile de la Force " lié à la " trinité de Mortis " (Clone Wars Saison 3 ep. 15-17) et les " grands savoirs " des temples Jedi (Saison 4 Rebels et The Mandalorian saison 2 ep.6). Et cette continuité va nécessairement demander l’implication des Rebelles Ezra Bridger et Sabine Wren face au Grand Amiral Thrawn de Timothy Zahn.
Longtemps méprisée et ignorée, Ashoka Tano se révèle aujourd’hui comme un des nouveaux porte-étendards, voire la clé de voute du futur de Star Wars en tant que saga et en tant qu’industrie.
Elle représente ce que Star Wars apporte de meilleur, de merveilleux et de positif dans le monde d’aujourd’hui – et les cris et les larmes de joies de fans qui accompagnent sa " renaissance " valent plus que milles mots.
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