For All Mankind : Review 1.09 Bent Bird
Contre toute attente, For All Mankind 01x09 Bent Bird ne se consacre pas à l’une de ces "accélérations SJW" dont la série de RDM possède le secret, mais au cosmos, et plus précisément à l’extrême fragilité humaine (tant technologique que psychologique) dans un environnement si inhospitalier… où la moindre erreur, la moindre défaillance, la moindre marge d’incertitude peut s’avérer fatale.
Débutant de façon presque routinière suite à For All Mankind 01x08 Rupture (Karen Baldwin gérant son deuil dans la douleur et le repli sur soi, Octavio Rosales punissant sa fille Aleida pour avoir préféré son boy friend au cursus prestigieux du programme Kennedy…), l’épisode de la semaine bascule progressivement, imperceptiblement mais inéluctablement, dans le cauchemar...
Après plusieurs mois d’expertises, de contre-expertises, d’audits en tous genres, d’inquisitions partie romaine partie maccarthyste, de checks multi-niveaux, de perpétuelles révisions à la hausse des normes de sécurité… Saturn V semble être enfin pleinement opérationnel et le go est donné par la NASA pour aller relever le valeureux Edward Baldwin sur Jamestown, cumulant 159 jours de stationnement lunaire.
Mais si le problématique lanceur a bien conduit l’équipage (Ellen Waverly Wilson, Deke Slayton, et Harrison Liu) en vitesse de libération, une carte défectueuse dans l’unité informatique du module Saturn V ne permet pas à Apollo 24 d’effectuer l’injection translunaire (TLI), c’est-à-dire de passer de l’orbite terrestre à l’orbite lunaire. En gros, le réacteur reste inerte.
Une opération de sauvetage est alors improvisée en une paire de jours pour secourir les secoureurs. L’équipage d’Apollo 25, constitué de Molly Cobb (commandante de la mission et également en charge de la sortie extravéhiculaire), Tracy Stevens (pilote et étrennant son premier voyage orbital) et Dennis Lambert (technicien spécialiste), devance ainsi l’appel programmatique, scellant au passage une nouvelle "première sociale" (il en fallait une), à savoir un équipage majoritairement féminin (deux sur trois) ! L’objectif de cette mission de fortune est d’organiser un rendez-vous et une jonction orbitale entre Apollo 24 et Apollo 25, pour remplacer la carte défectueuse au prix d’une intervention externe en combinaison. Mais pas question pour Apollo 25 de pousser jusqu’à la Lune, n’étant propulsé que par le lanceur Saturn 1B.
L’opération se déroule à la perfection, avec une précision millimétrée (Molly installe le FCC du premier coup), le personnel étant visiblement parfaitement rodé et formé. La bonne humeur est contagieuse, les astronautes multipliant les traits d’humour et d’autodérision, convoquant l’imaginaire des réparations à domicile avec money back garanti.
Oui, mais cette quiétude était bien trompeuse, car aussitôt qu’Ellen redémarre (pourtant prudemment) l’ordinateur d’Apollo 24 (à des seules fins de diagnostic), la turbopompe s’allume d’elle-même et sa pression augmente sans crier gare. Visiblement, la réinitialisation informatique a échoué. Et alors dans un embrasement d’enfer, le booster (moteur du troisième étage) entre en ignition, exposant Apollo 24 à une poussée monstrueuse, entrainant dans son sillage le module d’Apollo 25 rattaché par le câble de jonction, et précipitant l’infortuné Harrison Liu dans la gueule du réacteur !
N’écoutant que son abnégation sacrificielle, Molly Cobb réussit toutefois à détacher Apollo 25 du lanceur fou d’Apollo 24, se condamnant elle-même à dériver dans l’espace…
Bilan : Liu (Apollo 24) est mort, Cobb (Apollo 25) semble en perdition, Stevens/Lambert (Apollo 25) restent en contact avec Houston (avec pour intention de récupérer Cobb à n’importe quel prix), et Waverly/Slayton (Apollo 24) demeurent obstinément silencieux (perte d’image et de télémétrie, guidage en rade, leur module fonçant vers la Lune mais sur une trajectoire d’évitement de plus de 1 600 km).
Difficile de décrire la violence de la "claque" infligée par cette catastrophe que rien n’annonçait ! En introduisant un tel changement de rythme dans le dernier quart de l’épisode, For All Mankind bascule en une demi-seconde de l’exercice cérébral (les dialogues ne faisant jamais l’économie de la profondeur) assorti de contemplation spatiale (avec des visuels orbitaux dignes du Gravity d’Alfonso Cuarón)… dans le blockbuster le plus sauvage (mais ne sacrifiant pour autant jamais la crédibilité scientifique et la vraisemblance factuelle). Soit un contraste tonal saisissant et faisant office d’électrochoc à l’aimable attention des spectateurs assoupis, non sans rappeler le semblable basculement au mitan de Star Trek Nemesis, et prouvant que les showrunners maîtrisent à la perfection toutes les facettes de l’expression audiovisuelle – la lenteur générale de For All Mankind étant un parti pris et non une impuissance.
Tout en s’échinant en vain à rétablir le contact avec Apollo 24, Houston est en proie au plus insoluble des dilemmes : jouer la carte de la moralité + du risque en tentant de sauver Molly (qui ne dispose plus que d’une autonomie en oxygène de 30 minutes) sans l’assistance d’un calcul de trajectoire (faute de données suffisantes) quitte à compromettre pour cela la réintégration atmosphérique de Tracy et Dennis (Apollo 25 ne disposant plus que 22% de carburant, celui-ci fondant à vue d’œil)... ou bien jouer au contraire la carte de la sécurité + du cynisme en abandonnant Molly à un ’destin satellitaire’ pour garantir le retour sain et sauf de Tracy et Dennis.
À la consternation générale de la salle de contrôle, Margo Madison opte pour la seconde option… qui suscite aussitôt une mutinerie à la fois de Gordo au sol et de Tracy en vol, celle-ci prenant la décision de commandement de ne pas repartir sans Molly. En situation de minorité, Margo cède, mais sans manquer d’asséner un saisissant « Don’t make me regret this », qui subsistera telle une pesante épée de Damoclès tout du long. Tracy Stevens réclamera alors l’assistance de son mari pour la guider dans cette opération de navigation à vue, Molly s’éloignant progressivement (étant passé de 100 à 800 m depuis une orbite initialement commune), mais facilitant le ciblage par l’allumage de la flashlight de sa combinaison (se découpant sur le fond obscur d’une Terre en phase nocturne, occultant donc le soleil pour Apollo 25). Du principe cardinal des dogfights ("loose sight loose fight") au contrôle matriciel de la poussée vectorielle et de la vitesse différentielle, cette séance de VFR (vol à vue) orbital respecte à tel point la mécanique céleste que cela s’apparente à un cours d’astronautique appliqué. Et lorsque l’épuisement des batteries de la combinaison de Molly éteignent l’ultime phare du salut, le rapport de guidage s’inversera : Apollo 25 allumera ses propres projecteurs, et c’est Cobb qui guidera par radio ses sauveteurs, transmettant de proche en proche les corrections de vol ("one more pulse, minus-Y"...).
Gordo rachète ici glorieusement ses errements lunaires (et ses velléités de confessions suicidaires et ingrates envers le sacrifice de Danielle) par la démonstration de ses compétences instinctives de pilote et d’astronaute hors pair. Cependant, son épouse Tracy n’est pas en reste. En dépit de sa plastique de parfaite bimbo blondasse, Sarah Jones compose une pilote bad ass d’une autorité naturelle au feu proprement écrasante, mais aussi d’une exceptionnelle vérité jusque dans les plus infimes réflexes et idiosyncrasies des pionniers de l’aéronautique (ayant appris le pilotage à la dure). On retiendra également le lien transcendant et d’une maturité rare qui lie Tracy à Gordo, coreligionnaire de pilotage avant d’être mari (infidèle) : « Gordo may be one crazy son of a bitch, but he knows this spacecreft better than anybody ».
De bout en bout, une séquence bluffante tant elle tire sa force de la réalité technique et de la vérité humaine irriguant chaque détail, au point d’en faire oublier l’improbabilité statistique de la réussite de ce sauvetage orbital au doigt mouillé, mais que l’épisode possède la malice d’assumer comme tel en internaliste.
Il faut aussi complimenter For All Mankind 01x09 Bent Bird pour l’authenticité – souvent douloureuse et inique – des interactions au sol, en marge de la grande contre-Histoire spatiale.
Ainsi, l’inconsolable Karen Baldwin, qui après avoir tenté de se réfugier dans le sommeil, prend brutalement conscience qu’elle n’a finalement rien en commun avec ses amies de toujours, pourtant pleines d’attentions pour elle et son deuil. Et l’épouse d’Edward s’en retourne une nouvelle fois vers le hippie Wayne Cobb, son compagnon d’infortune, l’autre "épouse" d’astronaute du groupe, pour qui Karen n’avait au départ que mépris à travers son corset de bienséance. Après quelques pétards plus ou moins roboratifs (ici point de panacée narcotique), leur long échange (psycho)thérapeutique sera d’une vérité peu commune, flirtant avec des épisodes de In Treatment (version israélienne ou version US), chacun exhumant sur le divan son passé respectif… Wayne était à l’origine promis à une brillante carrière de médecin avant d’être désavoué (et déshérité) par son père pour avoir déçu ses espérances projectives ; tandis que Karen tomba amoureuse à douze ans d’Ed, fou d’avions & de fusées, et archétype de l’Homo Americanus, espérant alors devenir sa partenaire à part égale avant de comprendre qu’elle ne serait jamais que dans son ombre.
Par ailleurs, poursuivant ses inquisitions tel(le) un Torquemada implacable ou une Nora Satie insatiable, l’agent du FBI Gavin Donahue s’est trouvé une nouvelle proie. Après Larry Wilson et Ellen Waverly, c’est au tour de l’immigré latino Octavio Rosales de passer sous ses fourches caudines. Mais là, le dossier à charge en nettement plus tangible. Accusé d’avoir emprunté le numéro de sécurité sociale d’un défunt (écrasé par un semi-remorque il y a six ans), en réalité pour trouver un emploi aux USA, le père d’Aleida est immédiatement soupçonné d’avoir été recruté par le KGB, e.g. via Valery Kostikov de l’ambassade soviétique de Mexico. Pour "preuve" (il faut le dire vite), des photos d’astronefs découverts dans son casier... qu’il récupérait dans les poubelles de Houston en faisant le ménage, en fait à la fois par passion personnelle pour le programme spatial et pour nourrir l’intérêt de sa fille. Il y a bien évidemment quelque chose de grossièrement kalfkaïen à soupçonner un simple agent d’entretien d’être une taupe soviétique, car dans sa position bien modeste, il n’a accès à aucune donnée classifiée ; et si le KGB l’avait vraiment embauché, il aurait bénéficié d’une couverture légale incomparablement plus solide et pénétrante. Mais qu’importe, il faut y voir un écho de l’obsessionnelle croisade anti-communiste qui hantait les USA même quinze ans après l’éviction de Joseph McCarthy, au point d’être aveugles et sourdes aux marques de prestige et de rayonnement que le programme spatial étatsunien suscitait à travers le monde durant les seventies. Alors quitte à établir des rapprochements ultra-sophistiques avec Jack McManus (vice-président de FIP System en Californie, sous-traitant de NASA et arrêté pour avoir vendu des secrets à l’URSS), un vrai fan de la NASA en situation irrégulière constituera bien un bouc émissaire commode pour le zélé valet d’une administration parano, qui plus en quête de diversions aux frasques sexuelles de l’incontinent président Ted Kennedy. Assurément une "tragédie ordinaire" à suivre, et sur laquelle la série reviendra fatalement, étant donné les liens entre Margo Madison et Aleida Rosales…
Preuve que le rythme s’accélère et que la densité explose, ces scènes auraient aisément constitué les problématiques principales des épisodes précédents. Mais dans le neuvième opus, ce sont "seulement" des ressorts accessoires, quoique pas moins marquants.
Parallèlement, sur la Lune, tandis qu’il "patrouille" sans cesse en rover, tel un cow-boy (ou un Texas Ranger) solitaire, Ed Baldwin surprend cette fois les Soviétiques en flagrant délit : un véhicule russe garé à proximité de la station haute de la tyrolienne, puis un cosmonaute (Mikhaïl Mikhailovic) dans son scaphandre lunaire ocre estampillé "CCCP" qui remonte du gisement de glace comme si de rien n’était !
La rencontre entre Etatsuniens et Russes était fortement expectée, fantasmée même depuis le début de la série. Quand bien même éventée par des échanges de télex dans l’épisode précédent, elle prend ici l’allure d’un First Contact façon Stanislas Lem. Les deux astro/cosmonautes se font face, mutuellement impénétrables derrière leur visière réfléchissante, sans possibilité de communication (pas d’air ni de fréquences/protocoles radiophoniques accordés). Edward lui barre la route, menaçant. Mais Mikhaïl brandit un marteau (à défaut d’une faucille). À contrecœur, l’Américain le laisse passer. Mais il bouillonne, son ire est à son comble.
Et plutôt que de prévenir la Terre de cette nouvelle intrusion russe, de demander des instructions… Edward Baldwin s’isole davantage tel un sociopathe, ne répond à aucune communication, pour devenir juge et partie.
Puis lorsque – fait incroyable – le cosmonaute vient frapper à la porte de Jamestown, visiblement surpris par le manque d’oxygène trop loin de Zvezda, l’astronaute fait mine de l’accueillir selon la tradition de solidarité aéro/astronautique en situation de détresse. Il s’appelle Mikhaïl, mais Ed le surnomme Ivan, car pour Ed, tous les Russes se prénomment "Ivan". Puis l’impensable se produit : après avoir laissé Mikhailovic retirer sa combinaison dans le sas, désormais en confiance et à sa merci, Baldwin actionne la dépressurisation, condamnant le Russe à une mort affreuse par décompression. Le tout empathisé par une BO à contremploi devenant pour l’occasion tragiquement systémique, à savoir My Way interprétée par Frank Sinatra (1969), qui se prolonge durant le générique final tel un glas funeste.
Autant dire que le héros principal de la série perpètre un meurtre de sang-froid, aux conséquences incalculables... Il faut croire que la Guerre du Vietnam, qui s’était abrégée dans cette timeline, a trouvé une façon indirecte de se poursuive sur la Lune...
Outre le caractère immoral de ce qui constitue ni plus ni moins un assassinat en partie prémédité (éventuellement qualifiable de first-degree selon les lois US), et le risque géostratégique majeur (casus belli potentiel) d’un acte autrement plus impactant que la déprédation volontaire d’un matériel de surveillance, immense est ici l’irresponsabilité d’un astronaute américain isolé sur la Lune, dont le rapatriement sur Terre n’a encore rien de garanti, et dont la survie pourrait donc bien dépendre de ses rivaux soviétiques...
Mais visiblement, Edward Baldwin n’en a cure. Dorénavant guidé par ses seules émotions, ayant perdu toute rationalité, en prise à une paranoïa aigüe, Ed se révèle paradoxalement davantage compromis par l’isolement lunaire prolongé que Gordo auparavant (dans 01x07 Hi Bob).
Une absence de complaisance bienvenue dans une ligne temporelle uchronique qui semblait parfois un peu trop idéalisée. Mais aussi, un parti pris faisant honneur à l’aptitude foncièrement occidentale de se penser contre soi-même, où le mauvais rôle est tenu par "l’ami" américain et le bon rôle par "l’ennemi" russe. Et in fine, un flirt avec l’audacieuse première saison de la très Hard-SF Stargate Universe où les héros (Nicholas Rush et Everett Young) n’hésitaient pas à assassiner au besoin. Ainsi, For All Mankind 01x09 Bent Bird produit peu ou prou le même choc que SG-U 01x10 Justice en son temps !
Malheureusement, il serait également possible de déceler en filigrane dans Bent Bird une nouvelle manifestation d’un féminisme militant. Car les comportements lunaires (dans les deux sens) en roue libre de Gordon puis d’Edward successivement – tous deux pourtant "la crème de la crème" de la NASA – semblent participer d’une charge sexiste en creux contre la gent masculine, visiblement condamnée à perdre les pédales lorsque soumis à un stress extrême…. alors que leur collègues féminines restent bien entendu impeccables en toute circonstance. Assez tendancieux, et assurément teinté de conformisme idéologique.
A fortiori lorsqu’on sait que dans le monde réel, les records de longévité dans l’espace demeurent sans commune mesure (878 jours soit plus de 2 ans !). Or ni les cosmonautes russes Guennadi Padalka et Iouri Malentchenko, ni les astronautes américains Peggy Whitson et Jeffrey Williams ne sont devenus psychopathes et tueurs sanguinaires ! Et gageons qu’ils ne le seraient pas non plus devenus s’ils avaient appris le décès d’un membre de leur famille durant leur séjour spatial. Ils n’avaient en outre pas le privilège et la liberté exutoire de pouvoir se balader à la surface lunaire au quotidien...
Dans l’isolement de sa "prison à cosmos ouvert", après avoir subi le supplice de Tantale des faux retours à répétition, la détresse du décès de son fils, les dissimulations de ses collègues et de sa femme depuis Houston, les intrusions et l’espionnage des "ennemis" soviétiques... Ed, ce héros si typiquement américain (dixit sa femme Karen) s’est finalement recréé dans son Pandémonium lunaire les lignes de front de sa traumatique Guerre de Corée (dont il n’est jamais totalement revenu), suivant à son tour la voie du colonel Walter E Kurtz (Apocalypse Now de Francis Ford Coppola d’après Heart Of Darkness de Joseph Conrad). Abandonnant la déontologie aéronautique étendue à l’astronautique (porter assistance par-delà toute autre considération)... au profit de la loi du far west (dominée par les règlements de comptes et l’absence de proportionnalité des peines) où le meurtre sanctionne sans complexe la colère.
Après moins d’un an d’occupation, en tuant Abel, Caïn importe ainsi symboliquement le péché originel sur le vierge astre sélène, pour un véritable acte de baptême dans le sang : celui d’une colonie désormais pleinement humaine.
En faisant de la Lune une extension du domaine de la lutte, For All Mankind prequeliserait-elle symboliquement davantage Ad Astra de James Gray (2019) que le second segment du 2001 de Stanley Kubrick (1968) ?
Simultanément, For All Mankind 01x09 Bent Bird expose à la façon de Janus les deux visages pionniers de l’ultime frontière :
d’un côté, Gordo – le "faux" héros lunaire – qui est prêt à risquer la vie de sa propre femme (Tracy) pour n’abandonner personne (Molly) à l’odieuse mort solitaire dans l’espace ;
de l’autre, Edward – le "vrai" héros lunaire – qui assassine froidement le cosmonaute russe (Mikhaïl) après lui avoir tendu un rameau d’olivier dans un moment de vulnérabilité extrême.
Même si For All Mankind 01x09 Bent Bird n’est pas totalement "critical proof", rarement le réalisme scientifique et la physique spatiale n’auront été aussi magistralement combinés à une étude psychologique et sociale (presque) sans faille. À la faveur d’une variance de paces record (qui scotche au mur et tétanise), l’angoisse et le malaise sont ici à leur comble, d’autant plus qu’ils s’abattent sans prévenir sur le spectateur tout en s’inscrivant dans une logique causale implacable. En somme, l’antithèse des twists artificiels tels que les cultivent en batterie les productions JJ Abrams et Alex Kurtzman (entre autres).
Et déjà, on sent venir à bas bruit la fin de première saison de For All Mankind. Non pas à la façon d’une conclusion de cycle… mais comme paroxysme de tous ces fils rouges et verts égrenés par petites touches et qui prennent soudain leur envol, afin d’exacerber l’attente d’une seconde saison et en garantir le renouvellement (il est vrai déjà acté en amont par Apple).
La série fut initialement introspective, son rythme lent et hypnotique, son réalisme chirurgical... mais la patience des spectateurs les plus persévérants est désormais récompensée. Car l’accroche est maintenant digne de ce qui s’est fait de mieux en Hard-SF télévisuelle depuis une vingtaine d’années : un panthéon et un podium post-2000 occupé par les séries Enterprise, Odyssey 5, Jeremiah, Battlestar Galactica/Caprica, Stargate Universe, The Sarah Connor Chronicles, Black Mirror, The Man In The High Castle, Counterpart, The Expanse... et que For All Mankind est – mine de rien – en passe de rejoindre.
ÉPISODE
Episode : 1.09
Titre : Bent Bird (Un oiseau blessé)
Date de première diffusion : 13 décembre 2019 (Apple TV+)
Réalisateur : John Dahl
Scénariste : David Weddle & Bradley Thompson
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