Florence Foster Jenkins : La rencontre avec Stephen Frears
À l’issue de la projection du film Florence Foster Jenkins, le réalisateur Stephen Frears est venu répondre aux questions du public.
Voici la retranscription des échanges qui ont eu lieu. Vous pouvez aussi en visualiser la vidéo en fin d’article.
Qu’est-ce qui vous a inspiré dans le personnage de Florence Foster Jenkins ?
Si vous allez sur Youtube, il n’y a pas de film sur elle, mais on peut écouter des enregistrements qu’elle a fait et on commence à rire, car c’est à la fois ridicule et très émouvant.
Le scénario permet de rire avec le personnage, mais pas d’elle. Comment avez-vous atteint cet équilibre ?
C’est grâce à Meryl Streep qui était très inquiète qu’on se moque de Florence Foster Jenkins, mais le scénario était très fin et montrait bien cette femme et sa vie aussi tragique.
Dans vos films, vous choisissez souvent des femmes ou des personnages âgés, ce qui n’est pas forcément commercial. Est-ce voulu de votre part ou revendicatif ?
Je lis les scénarios et je les aime. Il n’y a aucun calcul de ma part.
Votre film célèbre la musique et l’art. C’est aussi votre vision ?
C’est le plaisir que je donne à mon public et c’est ce que doivent faire les réalisateurs
Comment s’est composé le couple Meryl Streep et Hugh Grant ?
C’est Meryl Streep qui a proposé Hugh Grant pour ce rôle et il est brillant. C’est moi qui l’ai sous-utilisé, car je ne lui avais jamais demandé de jouer dans un de mes films.
Il a cette phrase quand il parle à Cosmé quand il lui dit qu’il ne sera jamais un acteur génial, mais que c’est un bon acteur. Elle se trouvait déjà dans le scénario, mais cela correspond bien à Hugh Grant.
La scène où on voit Hugh Grant danser est une référence à Fred Astaire.
Alexandre Desplat est le compositeur de votre film D’où vient ce choix du compositeur et comment s’est passée votre collaboration ?
Il a composé l’ensemble du film en intégrant diverses musiques classiques comme du Chopin. Notre collaboration a commencé avec The Queen.
Pour l’anecdote, on se moque au début de Cosmé qui joue du Saint-Saëns qui est considéré comme une musique ringarde. Mais le musicien a composé la toute première musique spécialement créée pour le cinéma, celle du film L’Assassinat du duc de Guise (18 minutes).
Est-ce que le compositeur a eu envie de faire une composition spécifique pour ce film ?
Non, le film a été tourné dans l’esprit des comédies des années 40 avec une recherche sur le son.
The Program et Florence Foster Jenkins donnent l’impression de 2 films jumeaux : on y trouve mensonge, crédulité, et jeu de dupes. Qu’est-ce qui les rapproche ?
Je pense que ce n’était pas délibéré de ma part. C’était inconscient. Je voulais parler de l’illusion, du mensonge, et c’est effectivement ce qui relie ces deux films. Vous avez compris la différence entre un auteur et un artiste qui utilise des récurrences dans les thématiques qu’il utilise.
Qu’est-ce qu’il faut retenir entre comédie, amour ou drame ?
Tout. C’est la vie humaine. C’est ce que j’aime, que tout soit là ensemble, la comédie, l’amour et le drame.
Est-ce que c’était difficile de diriger Meryl Streep qui chante faux comme une casserole ?
Meryl Streep chante très bien, car c’est une chanteuse entraînée. Cela a été facile pour moi de la diriger, car pour mal chanter, il faut bien chanter. Elle avait un coach qui la préparait à chanter comme cela.
Est-ce que c’est un enregistrement de la voix de Florence Foster Jenkins quand elle entre en scène ?
Non, c’est bien Meryl Streep qui chante.
Vous avez dans votre casting un acteur très connu dans The Big Bang Theory. Est-ce que vous n’avez pas eu de problème avec sa notoriété sur le tournage ?
C’est un très bon acteur. Il a un visage particulier et il venait souvent me voir pour savoir s’il était juste.
Avez-vous vu Marguerite. Les deux projets ont dû être montés en même temps. Cela a-t-il changé quelque chose dans votre façon de réaliser votre film ?
Je ne l’ai pas vu, mais cela arrive souvent que des projets similaires se montent en même temps.
J’ai été très touché par la relation entre Meryl Streep et Hugh Grant et surtout la scène où il lui enlève sa perruque et ses faux cils. Je trouve qu’il s’agit d’une belle histoire d’amour. Est-ce vrai, ou c’est un grand rôle d’acteur pour Hugh Grant ?
Leur relation est compliquée, mais il aime sa femme. Quand il la rencontre, c’était un acteur sans succès et il dépendait d’elle. Il l’a utilisé au début, mais elle aussi en a eu besoin et je voulais montrer la complexité de leur relation.
Si vous pensez avoir fait un film génial et que ce dernier est tué par la critique, comment envisagez-vous cela ?
C’est un tel privilège de faire du cinéma qu’on a peur d’avoir quelqu’un qui débarque sur le tournage et qui nous dise qu’on est mauvais et qu’on doit arrêter. Les critiques sont aussi des tueurs.
Quelle est votre définition du talent ?
Je viens de l’Angleterre. Je n’ai pas d’idée de ce que c’est au contraire de vous français. Mais Meryl Streep et Hugh Grant sont des gens très brillants.
Est-ce que Florence Foster Jenkins avait du talent ?
Elle avait un talent pour la vie, mais n’était pas une très bonne chanteuse et pendant la guerre, elle a fait beaucoup pour le milieu musical.
Qu’elle est votre prochain projet ?
Je vais travailler sur la reine Victoria qui vers la fin de sa vie, à 80 ans est tombée amoureuse d’un de ses serviteurs indiens. On a un très bon script du scénariste de Billy Elliot, Lee Hall.
Encore une femme âgée au cœur de votre prochain film ?
Je ne suis pas un documentariste. Ce qui m’intéresse, c’est l’histoire et les actrices qui sont les plus grandes du cinéma et j’ai envie de travailler avec elles.
Attention spoilers ci-dessous !!!
En ce qui concerne son testament, est-ce que l’anecdote est vraie et est-ce la taille réelle du document ?
Elle portait son testament dans un sac et a beaucoup donné d’argent à plein de personnes, car son mari n’a pas eu grand-chose à la fin quand elle est décédée.
Dans le film, elle meurt après la mauvaise critique. Est-ce vrai ?
Non, elle est morte 3 mois après, mais Hollywood, c’est du cinéma.
Florence Foster Jenkins est un beau film qui fait rire, mais surtout réfléchir sur la passion et l’art. C’est aussi une très belle histoire d’amour qui sort de l’ordinaire. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.
VIDÉOS
Rencontre avec Stephen Frears :
Bande annonce :
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