Vendeur : La rencontre avec Sylvain Desclous, Gilbert Melki

Date : 09 / 05 / 2016 à 08h50
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Unification


À l’issue de la projection du film Vendeur, le réalisateur Sylvain Desclous et l’acteur Gilbert Melki sont venus répondre aux questions du public.

Voici la retranscription des échanges qui ont eu lieu. Vous pouvez aussi en visualiser la vidéo en fin d’article.

Quand vous êtes-vous rencontré ?

Sylvain Desclous : J’ai tout d’abord été un spectateur. Gilbert est un comédien dont j’ai vu beaucoup de films. Lors de l’écriture de mon scénario, j’ai tout de suite pensé à lui. Quand je l’ai contacté, il m’a dit « Ok, mais on fait un film pas un premier film ! »

Gilbert Melki : Si on fait un film, on doit se donner les moyens de le faire. Il faut évacuer les problèmes comme le manque d’argent… On a collaboré. Moi, j’avais un peu d’expérience et j’avais envie de l’aider. On s’est très bien entendu sur le choix des musiques.
Mon personnage est très musical. Dans ma tête, je le voyais en tournée musicale et il arrivait dans les cuisines comme une star attendue et faisait son show. Le film est un road movie.

Comment s’est passée votre collaboration ?

Sylvain Desclous : Le personnage de serge est haut en couleur et devait tenir ses promesses. Il fallait donc faire attention sur comment il s’habille. Il y a pas mal d’idées qui viennent de Gilbert, comme ses manteaux, ses lunettes et son col dur. Gilbert disait que sont personnage devait avoir une tenue bien droite et le col dur permet cela alors que le col mou n’allait pas.
C’est pareil pour la voiture. Quelle voiture devait-on choisir ? Si le film était entièrement réaliste, on n’aurait pas pris ce type de voitures qui consomme trop d’essence, mais j’avais envie d’une BMW ancienne.
En ce qui concerne la musique, même sur le plateau de tournage, Gilbert me faisait écouter ce qu’il avait dans son IPhone et je m’en suis rappelé dans le montage.

Il y a une utilisation de la batterie pendant les moments de tensions entre le père et le fils. Est-ce emprunté à des films récents comme Whiplash ou Birdman ?

Sylvain Desclous : Ce n’est pas le cas du thème musical du film qui est celui de Serge. Il s’agir d’une idée du compositeur qui allait bien avec la mise en scène du personnage.
Je n’avais pas envie que le mec, chaque fois qu’il rentrait dans sa voiture mette la musique. J’avais envie de montrer qu’il écoute son moteur et que ce soit le spectateur qui ait la musique qui accompagne la scène.

Gilbert, il parait que vous avez suivi un régime strict pendant le tournage ?

Gilbert Melki : J’ai suivi une diète, car je voulais être en forme pour jouer un mec pas du tout en forme qui fume, boit et se drogue. J’ai beaucoup fumé sur le plateau !

Pourquoi prendre comme thème de votre film les vendeurs ?

Sylvain Desclous : Parce que être grand vendeur est un métier à part que je trouve très cinématographique. Ce sont de véritables stars dans les foires, les lieux où ils vont. C’est de vrais phénomènes. On les voit, on les observe travailler.

Avez-vous un rapport avec les vendeurs ?

Gilbert Melki : Si un vendeur ne convient pas, on va en voir un autre. Être acteur, c’est vendre un film. Les vendeurs jouent avec les gens.

Sylvain Desclous : J’ai fait plein de boulots différents avant de devenir réalisateur. J’ai été Prof de tennis, brancardier…
Non, je n’arrangeais pas les foules, mais j’ai fait des scènes de motivation de troupe. Je l’ai aussi vu faire à plusieurs reprises. La première fois, j’ai trouvé cela extrêmement cocasse et j’ai voulu mettre cette scène dans le film.

Gilbert, il parait que vous avez été un vendeur dans une autre vie ?

Gilbert Melki : Je me suis nourri de tout, de mon expérience de vendeur, de mon père, pour faire le film. J’avais d’ailleurs du mal à dire papa au comédien qui jouait mon père. C’était très compliqué. Quand on est un acteur, il est illusoire de croire qu’on ne va jouer avec ce qu’on est.

Comment avez-vous travaillé la relation père-fils ?

Gilbert Melki : Je ne connaissais pas l’acteur qui joue mon fils. On a travaillé en communiquant à travers nos personnages qui étaient très bien écrits. Quand on ne connaît pas un acteur, on communique à travers son personnage. Notre première scène était celle du restaurant avec les filles.

Sylvain vous a donné quelle direction pour interpréter votre personnage ?

Sylvain Desclous : On a fait une lecture ensemble à la maison. Il n’y a pas eu de répétition. Les acteurs voulaient se découvrir sur le plateau.

Gilbert Melki : Parfois, il n’y a pas besoin de se poser de questions. On doit rester très naturel. Pio Marmai a 30 ans, j’ai l’âge que j’ai.

Vous avez eu 38 jours de tournage sur le film. Comment cela s’est passé ?

Sylvain Desclous : Cela s’est plutôt bien passé sur les 38 jours de tournage. On a bien vécu cela. On a été très bien entouré par les acteurs et l’équipe technique. Il n’y a pas eu de galère, ce qui était une bonne nouvelle. Par contre, au niveau du scénario, cela a été long et douloureux à écrire, réécrire…
Je suis parti d’un point de départ réaliste. Il aurait pu être hyper crédible, mais je n’en avais pas envie. Je voulais me faire plaisir, que cela ne ressemble pas trop à un film français.

La musique, fait penser à À bout de souffle avec un côté très déconstruit. Est-ce une référence à cette musique ?

Sylvain Desclous : Je l’ai vu, mais j’en ai très peu de souvenirs surtout en ce qui concerne la musique.

La partie du scénario portant sur les techniques de vente vous a-t-il été inspiré par de vrai vendeur où cela vient de vous ?

Sylvain Desclous : Les deux. J’ai écrit le canevas et ai passé du temps avec deux vendeurs et peaufiné les scénarios de vente puis j’ai fait lire le scénario à des amis vendeurs qui m’ont dit que je n’avais pas écrit de conneries.
Beaucoup de cuisinistes ont vu le film et se sont reconnus.

Comment avez-vous créé ce personnage qui n’est pas pathétique ?

Gilbert Melki : Je voulais faire un personnage half pathétique. Il se fait de l’argent, il est content, mais quand vient le soir, son vide affectif est immense.
Le côté solitaire était le plus plaisant à jouer que sa partie exubérante.
J’ai adoré jouer seul. La scène de l’oreiller dans sa chambre d’enfant, quand il ne sait pas mettre une taie d’oreiller, car il passe sa vie dans des hôtes, cela me plaisait beaucoup.
Je préférais faire des choses avec mon père, avec Pio, ou quand je lui donnais des conseils dans le film. J’ai adoré jouer ces séquences.

Lors de l’enterrement du père, il y a une scène comique avec l’ami du père. Était-ce écrit dans le scénario ou une improvisation ?

Sylvain Desclous : C’était écrit comme cela et j’ai même un peu coupé la scène. J’adore passer du rire aux larmes. C’était une tentative de faire une coupure dans le drame que vit le personnage.

Pourquoi avoir choisi l’acteur Romain Bouteille ?

Sylvain Desclous : Il y a eu un casting pour le rôle du père et je m’étais bien entendu avec lui-même s’il n’a pas été retenu. J’ai trouvé rigolo de le faire quand même venir sur le tournage. Il est très crédible dans ce village sans femme, car il n’y reste plus que des veufs.

Pourquoi avoir mis aussi peu de personnages féminins ?

Sylvain Desclous : Le monde des vendeurs est très masculin. Je voulais un autre regard sur ce monde d’homme qui court à la folie. J’ai donc créé deux personnes plus sensées avec ces deux femmes qui d’ailleurs s’en vont, car elles savent qu’elles ne seront pas heureuses avec ces hommes.

Comment doit-on interpréter le changement de numéro de téléphone de Chloé ?

Sylvain Desclous : Elle n’est pas morte. Chacun peut en penser ce qu’il veut. Mais elle a sans doute compris qu’elle n’avait pas d’avenir auprès de Serge.

Gilbert Melki : C’est une prostituée, elle le baratine, car c’est son travail. Dès qu’elle sent que le client est amoureux, elle coupe tout.

Qu’est que la coke que l’on sniffe dans le film, et l’alcool ?

Gilbert Melki : C’est une sorte de sucre que l’on trouve en pharmacie qui finis en oz. Cela va dans la narine et ne fait rien. En ce qui concerne l’alcool, on boit du jus de pomme avec de la glace.

Avez-vous fait beaucoup de prise pour chaque scène ?

Sylvain Desclous : Si la scène est bonne, on ne refait pas beaucoup de prises de vue.

Gilbert Melki : Les gens qui font beaucoup de prises, c’est très compliqué, car parfois, la première prise est très bonne, et puis cela créé une usure du comédien.

Sylvain Desclous : J’ai travaillé avec un coscénariste. Je l’ai rencontré et convaincu de travailler avec vous sur le film.
Olivier Lorelle est arrivé au milieu de l’écriture. Le scénario lui plaisait. Il était assez simple et il a beaucoup apporté au scénario.

Parlez-nous de votre prochain film ?

Sylvain Desclous : Je suis en pleine écriture de mon deuxième scénario. Cette fois-ci, le personnage principal est une jeune femme qui a une incartade dans le milieu politique.

La relation père-fils a-t-elle pris de l’importance au cours de l’écriture où était-elle présente dès le début de l’écriture ?

Sylvain Desclous : Au fur et à mesure de l’écriture, j’ai repositionné la relation père-fils. Le film est fidèle à cette idée. Au cours tournage et du montage, c’est leur relation qui m’a ému.

Est-ce que aura un rôle dans votre prochain film ?

Sylvain Desclous : Je n’en ai aucune idée. J’espère en faire un troisième et qu’il soit dedans.

Qu’est-ce qui reste de ce tournage ?

Gilbert Melki : De la liberté. D’avoir mis les musiques qu’on aimait. Une liberté de jeu, de ton, un grand plaisir. Sylvain filme bien et a un grand talent. C’est comme le cinéma de Michael Mann, James Grey. De s’approcher de Little Odessa.

Sylvain Desclous : J’ai grandi en province à Toulon et à l’époque, je n’avais pas d’idée que les films pouvaient se fabriquer. Après mon service militaire à Paris, j’ai côtoyé des gens qui faisaient partie du milieu du cinéma et puis je me suis dit « Pourquoi pas moi ? J’ai des histoires à raconter ? » J’ai d’abord commencé avec des courts métrages.

Dans la scène de l’hôtel, lors de la rencontre avec la copine, pourquoi est-elle partie sans rien dire ?

Sylvain Desclous : C’était plus sympa de filmer la scène de ménage dans le parking que dans le couloir.

Vendeur est un film agréable qui présente d’une façon intéressante et originale le métier de grand vendeur et traite avec justesse d’une relation père-fils compliquée. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.

- SITE OFFICIEL

VIDÉOS

Rencontre avec le réalisateur Sylvain Desclous et les acteurs Gilbert Melki et Pio Marmaï :


Bande annonce :



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