Comic Con Paris 2013 : Doctor Who, le débat du cinquantenaire

Date : 16 / 07 / 2013 à 20h15
Sources :

Source : Unification France



Après la diffusion de l’épisode The Name of The Doctor, le débat Doctor Who consacré au cinquantième anniversaire de la série accueillait sur scène quatre webmasters, trois français et un britannique :

  • Cameron K McEwan (Blogtor Who),
  • Anne-Claire Noël (Beans on Toast),
  • Samy Kacimi (Tardib), et
  • Sullivan Le Postec (Daily Mars).

A votre avis, qui est John Hurt [ndlr : dans l’épisode The Name of The Doctor, il est présenté comme le Docteur à la fin]

Anne-Claire Noël : D’après ce qu’elle a pu comprendre, et elle préfère éviter les spoilers et garder la surprise lors de la diffusion, ce serait un Docteur pendant la Time War.
Samy Kacimi : Le problème de l’hypothèse selon laquelle ce serait le Docteur responsable du génocide sur Gallifrey est que le Docteur a toujours assumé ce qu’il a fait. Or là, il semble qu’il cache quelque chose de bien plus terrible, il semble même avoir peur. Peut-être aurons-nous des éléments de réponse dans l’épisode des 50 ans.
Sullivan Le Postec : Pour lui, c’est un Docteur 8,5 qui se cachait quelque part entre Paul McGann et Christopher Eccleston. On a réentendu parler il y a quelques épisodes de la Guerre du Temps pour la première fois depuis longtemps dans la série. Il rejoint l’avis de Samy Kacimi selon lequel quelque chose de plus sombre se cache.
Cameron K McEwan : Il est d’accord avec Samy selon lequel c’est un Docteur de l’époque de la Guerre du Temps. Dans une interview récente, John Hurt aurait révélé quel Docteur il était, mais il faut aller sur son site pour avoir l’information.


Pour les britanniques, la série a cinquante ans alors que pour la France elle n’en a que huit. Comment la nouvelle saison a-t-elle été accueilli en Angleterre ?
Cameron K McEwan : Pour beaucoup de britanniques, la série avait disparu depuis si longtemps qu’elle n’a que huit ans. La nouvelle version a une bien meilleure réputation que la précédente, elle gagne des prix (BAFTA) alors que les premières versions n’ont jamais gagné de prix en vingt-six années. En Angleterre, on adore le nouveau Doctor Who.

Comment ont-ils découvert la série ?
Sullivan Le Postec : Il travaillait pour un site internet (Le Village) qui s’intéressait exclusivement aux séries européennes ; c’est par ailleurs un grand fan du scénariste Russell T. Davies pour ce qu’il avait fait pour la Fox. Il n’a pas commencé tout de suite, il a commencé avec les deux premières saisons et les Docteurs 9 et 10. Il a découvert l’ancienne série car la série fait référence à son histoire, et le bagage historique existe. Il est intéressant de replonger dans l’histoire du Docteur quand certaines personnages réapparaissent (les Daleks, le Maître) que ce soit en regardant de regarder d’anciens épisodes ou lire des récapitulatifs.
Samy Kacimi : En 2005, il est tombé sur France 4 sur une diffusion de l’épisode Rose dans lequel une poubelle géante attaquait Mickey. Il a alors découvert tout le reste, le TARDIS, le voyage dans le temps, le côté fantastique ...
Anne-Claire Noël : Une amie l’a forcée à regarder les épisodes de la saison 1 et 2 avec les Docteurs 9 et 10, elle a accroché immédiatement aux effets spéciaux "carton pâte" de la saison 1, à l’humour, au fun, etc. Elle a commencé à regarder des épisodes précédents mais assez peu.


Ils sont en contact avec beaucoup de fans via leurs sites internet, ont-ils envie de connaitre la série classique ?
Anne-Claire Noël : Sa cousine de vingt ans a découvert la série il y a deux mois, elle a fait les sept saisons d’un coup et lui a demandé par quels épisodes de la série classique débuter.
Sullivan Le Postec : Il fait beaucoup de critiques d’épisodes en essayant de donner plus que son avis, d’éclairer sur les références au passé (personnages et événements). Les gens ne sont pas forcément à voir les 800 épisodes mais ils aiment avoir des informations approfondies sur le passé de la série.
Samy Kacimi : Il participe à beaucoup de meet-up entre fans et ils sont intéressés par découvrir les séries précédentes car ceux sont les racines de Doctor Who.
Cameron K McEwan : Les fans sont intéressés par les anciens épisodes pour connaitre l’histoire du Docteur avec certaines personnages (Daleks, Cybermen). L’intérêt pour les "anciens" épisodes remonte quand il n’y a pas de nouveaux épisodes diffusés.


Faîtes-vous une différence entre la série "originale" et "moderne" ?
Cameron K McEwan : Pour lui ce n’est qu’une seule et même série de 1963 à 2013.
Sullivan Le Postec : Comme dans les comics, il y a une continuité dans l’histoire, et plein d’interprétations à l’intérieur.
Samy Kacimi : Même si break entre 1989 et 2005, que le format ait changé, cela reste les aventures du Docteur.
Anne-Claire Noël : Elle est du même avis que Sullivan.

La nouvelle série (= post 2005) a-t-elle apporté quelque chose à la série ?
Anne-Claire Noël : Beaucoup de modernité dans les effets spéciaux et les aliens. La série est devenue tout public, et mêle la comédie, le drame.
Cameron K McEwan : Dans la version classique, il y avait déjà tout ça. La principale différence aujourd’hui est que la psychologie des personnages est beaucoup plus forte, le public est bien plus impliqué dans la vie des personnages (Rose, Martha, Clara, etc.).
Sullivan Le Postec : C’est la grande réussite de Russell T. Davies, il a gardé l’essence du format (principes, esprit) et a intégré l’évolution de la science-fiction pendant les seize années pendant Doctor Who n’était plus à l’antenne (Buffy, X-Files). Avoir développé le personnage de Rose, en faire une héroïne égale du Docteur, a permis de diversifier l’audience. La série, qui s’adressait plus aux petits garçons, a intéressé les petites filles qui pouvaient s’identifier à Rose.


Quel est l’impact de la mort des compagnons du Docteur ?
Cameron K McEwan : Ce n’est arrivé qu’une fois, Adric, le compagnon du Docteur #5 (Peter Davison), en 1982. En Angleterre, les gens ont cru que l’acteur (Matthew Waterhouse) était décédé. C’était un jeune garçon que l’on n’a jamais revu. C’était un gros choc à tel point qu’il n’y avait pas de musique sur le générique de fin. Ce qui a traumatisé le public c’est qu’un compagnon du Docteur puisse mourir, car le public n’était pas vraiment fan de Waterhouse. C’était quelque chose d’énorme que même Steven Moffat n’oserait pas faire...


La série de 1970 avec Jon Pertwee est en quelque sorte un reboot ?
Cameron K McEwan : Il est effectivement très différent car il était en couleur. De plus, fin des années 60 Doctor Who a presque été retiré de l’antenne, l’audience baissant avec le Docteur #2, Patrick Troughton. A son retour en 1970, on ne savait si la série marcherait donc ils l’ont bloqué sur Terre, ce qui était un arc intéressant pour un Docteur qui avait voyagé partout dans l’univers.
On peut parler de nouveau reboot avec le Docteur #4 (Tom Baker) qui peut voyager de nouveau, il est plus sombre, presque gothique.
L’idée de la régénération fait partie intégrante de la série que ce soit radical ou plus subtile. Ainsi l’épisode de Noël 2012 avec Matt Smith est plein de nouveautés : un nouveau TARDIS, un nouveau costume et un nouveau compagnon (Clara).


Comment expliquer la longévité de la série ?
Anne-Claire Noël : La régénération do Docteur permet de changer d’acteur, de se renouveler en permanence, de toujours inventer.
Samy Kacimi : La série a toujours su se renouveler en gardant ses bases. Même lorsqu’il était bloqué sur Terre, il travaillait avec l’UNIT. On ne s’ennuie jamais, il n’y a jamais de lassitude.
Sullivan Le Postec : Tous ces changements permettent de faire intervenir de nouveaux producteurs, scénaristes qui vont donner leur vision de la série, la faire évoluer.
Cameron K McEwan : La série a beaucoup de choses que les autres séries n’ont pas : le sens du fun, le sens de la vie et le sens de l’humour. La science-fiction peut être très sérieuse mais dans Doctor Who même si les personnages sont dans une situation sérieuse, ils font des blagues. Les personnages et le public s’amusent. C’est vraiment la marque de fabrique de la série.


Les sites et blogs internet ont-ils un impact sur le succès de la série ?
Cameron K McEwan : Internet va très bien avec l’univers de la science-fiction. Si tout le monde connait la série en Grande-Bretagne, c’est loin d’être le cas en France (ce dont attestent les audiences de France 4 le samedi soir).
Anne-Claire Noël : Internet permet de rassembler les fans qui cherchent des informations sur la série (forum, rencontres entre fans).
Samy Kacimi : La série grossit de plus en plus par des communautés de fans. Sans internet, la série de 2005 n’aurait sans doute pas eu autant de succès.
Sullivan Le Postec : La série peut faire peur avec ses 800 épisodes et ses 50 ans d’histoire. Internet permet de refaire son retard sur l’histoire de la série et aide la série à faire moins peur à celui qui la découvre.


Quel est l’atmosphère en cette année du cinquantenaire ?
Cameron K McEwan : Les fans sont trop excités en Angleterre et ils sont énervés car il n’y a pas encore de vraie célébration. Sur BBC America, chaque mois l’accent est mis sur un Docteur avec un documentaire et la diffusion d’un épisode propre à ce Docteur.
En Australie et en Nouvelle-Zélande, chaque dimanche voit la diffusion d’un épisode classique.
Certains fans britanniques ne comprennent donc pas bien pourquoi ils ont si peu de couverture de Doctor Who alors que la série est britannique. D’autant plus que la saison est plus courte (huit et deux spéciaux).
Le cinquantième anniversaire de Doctor Who n’étant qu’en novembre, il y a encore du temps et il est persuadé que tout le monde sera comblé une fois l’anniversaire passé.
Le sujet de préoccupation principale est l’identité du prochain docteur : un homme ou une femme ? Qui l’interprétera ?

L’année du cinquantenaire, il n’y a plus que la série à l’antenne ... plus de Doctor Who Confidential, Torchwood ou The Sarah Jane Adventures

Anne-Claire Noël : Elle a été très déçue par l’arrêt des Doctor Who Confidential car cette série permettait de comprendre les épisodes, faisait le point sur qui faisait quoi. Quant à Torchwood, déçue par la saison 4, il valait peut-être mieux que ça s’arrête.
Samy Kacimi : Déçu également par l’arrêt de Doctor Who Confidential, The Sarah Jane Adventures a dû être arrêté suite au décès de l’actrice principale (Elisabeth Sladen). Concernant Torchwood, vu la qualité de la saison 4, il est du même avis qu’Anne-Claire. Il verrait bien une série spin-off avec Madame Vastra et Jenny... peut-être faut-il en parler à Mark Gatiss...
Pour sortir du monde télévisuel, Big Finish va faire un épisode audio multi Docteurs (4, 5, 6, 7 et 8) avec d’anciens compagnons et beaucoup de guests.
Sullivan Le Postec : On ne pourra juger qu’en fin d’année de la qualité de l’anniversaire mais on peut comprendre les fans qui sont déçus par les célébrations du premier semestre.


A quoi vous attendez-vous pour le cinquantième anniversaire ? Comme Steven Moffat, pensez-vous que le téléfilm célèbrera le futur de la série plutôt que son passé ?
Anne-Claire Noël : Elle ne s’attend à rien, préférant être surprise mais elle fait confiance à Mark Gatiss.
Samy Kacimi : Il pense qu’ils vont s’intéresser aux précédentes années et aurait souhaité voir plus de Docteurs mais Eccleston est quelque peu en froid avec la BBC et les autres Docteurs sont un peu vieux. Il faut espérer que les départs successifs des producteurs n’auront pas d’impact sur la qualité de l’épisode anniversaire.
Sullivan Le Postec : Steven Moffat a peu être perdu une occasion de se taire avec une telle déclaration. Il faut que la célébration soit double (passé et avenir), on n’enterre pas Doctor Who et fêter un avenir long.
Cameron K McEwan : Avant tout il veut une bonne histoire. Il n’est pas très fan de la nostalgie et les documentaires seront l’occasion de célébrer le passé. Il est d’accord sur le fait que Steven Moffat aurait besoin d’un attaché de presse pour le faire taire sur certaines choses.
Sullivan Le Postec : Chaque épisode diffusé en 2013 faisait référence au passé. Les fait ne correspondent donc pas aux déclarations de Steven Moffat.


Qu’avez-vous pensé de la saison 7.2, des épisodes diffusés en 2013 ? Et de Steven Moffat en showrunner ?
Anne-Claire Noël : Impression très mitigée et manque d’un fil directeur entre la saison 7.1 et la saison 7.2. Le lien entre les épisodes est plus flou ; la pause entre les deux parties un peu longue.
Samy Kacimi : Il a toujours dit que Steven Moffat était un bon scénariste mais pas un bon showrunner. Il faudrait stabiliser l’équipe et arrêter de changer de producteurs. Qui plus est, il fait trop d’arcs narratifs qui embrouillent les téléspectateurs.
Cameron K McEwan : Il adore Steven Moffat (rires). Il aime Doctor Who même quand ce n’est pas aussi bien que l’année précédente ou celle d’avant. Il aime Clara, elle est très jolie et c’est fascinant de la regarder. La saison 7 manque de lien.
Sullivan Le Postec : Steven Moffat est un scénariste génial. Il a peut-être trop peur de changer la série, et il ne devrait pas. On a l’impression qu’il n’ose pas prendre le projet à bras le corps.

Si l’on regrette qu’il ai fallu attendre dimanche 7 juillet, dernier jour de la Comic Con 2013, pour la masterclass de Mark Gatiss, le débat proposé restait intéressant, même s’il était loin des éditions 2011 et 2012.


Doctor Who est Copyright © BBC Tous droits réservés. Doctor Who, ses personnages et photos de production sont la propriété de BBC.



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