Festival de Cannes : Une seconde partie de festival magique magique

Date : 26 / 05 / 2013 à 20h15
Sources :

Source : Unification


Si ce début de festival a alterné les genres, vaquant entre science-fiction, drame et documentaire, les jours qui ont suivi ont continué sur la même voie. Drame, horreur, comédie, thriller, il y en avait pour tous les goûts.

En parlant de goût, les personnages de We are what we are en avaient un goût certain. De Jim Mickle et présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, We are what we are est la refonte d’un film mexicain Somos lo que hay qui avait aussi été présenté à cette même Quinzaine deux ans auparavant. Une refonte car même si les deux films possèdent un même point de départ (une famille de cannibales à notre époque), les deux films divergent à partir d’un point : Si c’est le père qui succombe au début du film mexicain, c’est la mère qui décède brutalement dès les premières minutes de cette nouvelle version. De là ; le film s’axe plutôt sur l’indépendance naissante des deux filles de la famille qui vont peu à peu se rendre compte de la vie un peu trop exotique de leur petite famille. Placée ans une petite ville des États-Unis où il ne fait que pleuvoir à seaux, l’intrigue du film alterne ainsi entre horreur et drame pour aboutir à une fin au goût œdipien. Un film qui laisse des marques.

S’en est suivi ensuite A strange course of events, un autre film de la Quinzaine. D’origine israélienne, ce film conte l’histoire d’un infirmier qui va revenir vers son père, mettant un terme à cinq ans de dialogue coupé. C’était assez plat, franchement sans grande saveur. Le réalisateur a sans doute voulu rendre compte de la banalité de la vie de son personnage, sauf que le pari est si bien réalisé que c’est le film même qui devient banal. Très peu de souvenirs donc de ce film, si ce n’est un glissement sur poisson plutôt cocasse et une malheureuse interruption (heureusement courte) de la projection.

Suite à cette projection, j’ai vu ma soirée se poursuivre en Inde avec la diffusion d’un documentaire d’une quarantaine de minutes Danse de Shiva, qui revient sur la philosophie inculquée par la danse cosmique de Shiva et mis en pratique par Raghunath Manet, danseur, musicien et chanteur célèbre en Inde. Après un film comme A strange course of events, d’une banalité vraiment appuyée (vous aurez compris mon désamour pour ce film), je dois dire que ce documentaire et la soirée ont été une bouffée d’air frais. On a d’ailleurs eu droit à une très belle danse de Raghunath Manet lors de cette même soirée. Bref, les personnes présentes ce soir-là ont été transporté et autant vous le dire tout de suite, après avoir fini cet article, je pars me convertir.

Le lendemain matin, place à Les garçons et Guillaume, à table !, présenté du côté de la Quinzaine. Réalisé, écrit et interprété (doublement) par Guillaume Gallienne. C’est la vraie-fausse vie de ce même Guillaume qui dès sa naissance a été considéré à l’écart de ses deux autres grands frères, garçons. C’est l’’histoire d’une affirmation d’une hétérosexualité. C’est frais, c’est drôle. Bref, un film français drôle à mille lieux des Profs et autres Astérix.

Ensuite, il a "fallu" monter les marches pour Only God Forgives, en compétition officielle. Je dois avouer que grimper le tapis rouge au moment-même où Nightcall de Kavinsky est lancé dans les hauts-parleurs fait son petit effet. Et donc que dire de ce nouveau NWR. Et bien, c’est un peu comme si on prenait Drive et on le montait à l’envers. On rajoute les néons de Bronson et les longs plans silencieux de El Topo, et on y est. On a un film à la bande-son entièrement thaïlandaise (il faut aimer, ce qui n’est malheureusement pas mon cas). J’attendais beaucoup de ce film et je dois dire que j’ai été pris de court dès la première moitié du film passée. En sortant, je ne savais pas si j’avais plutôt adoré ou plutôt détesté. Il faut dire que le film ne laisse de toutes façons pas indifférent. Si vous vous attendiez à de jolies musiques au synthé envoûtantes ou à de belles scènes-choc qui vous prendraient aux tripes, vous n’allez peut être pas être rassasié (hormis au moment du célèbre « Want to fight ? » du trailer). En fait, tout au long du film, on a la sensation que l’intrigue ne décolle pas, qu’on n’y arrive pas. Mais n’est ce pas finalement pas le sujet du film ? L’impuissance de Ryan Gosling est exactement ce que ressent le spectateur lui aussi. Un film à revoir et à revoir pour se rendre compte qu’on l’a finalement peut être adoré.

Le lendemain matin, Magic Magic de Sebastian Silva, présent à la Quinzaine, m’a décoiffé. On commence sur un pitch de film d’horreur sommaire (une fille partant en vacances sur une île chilienne avec des amis de sa cousine avant que tout dérape), mais on est jamais dans le film d’horreur. On a des moments de pur comédie mais on est jamais très longtemps dans la comédie. Certains moments virent au drame psychologique, mais on n’y est jamais très longtemps. Bref, Magic Magic, c’est un peu tout (même le titre laisse délibérément penser que le film sera fantastique alors que ce n’est pas du tout le cas, dixit le réalisateur). Le film est tenu par l’hypnotique Juno Temple (Killer Joe mais surtout Kaboom de Gregg Araki !) et le drolatique Michael Cera. Un duo d’acteurs de film indé, on ne peut plus attendu et finalement on ne peut plus génial. La bande originale est quand à elle toujours très bonne (faut dire que commencer le film par un plan sur Michael Cera chantant à tue-tête "Pass This On de The Knife", c’est on ne peut plus encourageant comme début). Bref, l’une des excellentes surprises du festival.

Encore tout ébouriffé de mon matin magique magique, je me relance à l’assaut des marches avec ce soir-là, la diffusion de La Vie d’Adèle, en compétition officielle donc. Je dois dire que ce film me faisait de l’œil, d’une part par sa durée ma foi fort intrigante (2h59 !) mais aussi par le fait qu’il soit l’adaptation d’un roman graphique tout récent (2010 !). La première chose qui saute aux yeux est le fait que le film n’en fait jamais trop, alors qu’il avait toutes les chances pour être casse-gueule sur la longueur. En fait, le film est contrôlé de bout en bout par le réalisateur mais surtout son actrice principale Adèle Exarchopoulos qui est simplement hallucinante/envoûtante/vraie/belle/parfaite dans ce rôle d’Adèle, ado qui va passer à l’âge adulte en finissant par se découvrir sexuellement. On découvre ainsi ses rapports compliqués avec les garçons, son attirance pour les femmes, tout ça sans esbroufe. Il n’est pas du tout question d’appuyer le sujet de l’homosexualité, on suit juste le parcours sentimental finalement anodin d’une jeune fille, lesbienne ou non.
Une autre chose qui frappe dans le film, est ses scènes de sexe. Le film étant long, il est assez naturel de se dire qu’on aura des scènes de sexe s’étendant sur la durée. Je crois pourtant que je n’avais plus vu depuis bien longtemps de scènes de sexe aussi longues (une d’elle dure quand même 10 minutes !), et faite sans aucune retenue (de gros plans sur les visages et parties des actrices se multiplient tout au long du film). C’était un spectacle charnel peut être long mais fait avec un tel naturel qu’il apparaît totalement légitime dans le métrage. C’est un fait, les deux actrices se sont données corps et âme au film.
Tout ça pour dire que La Vie d’Adèle est on ne peut plus légitime en tant que tenant du titre de la Palme.

Puis, place à L’inconnu du lac, présente à Un Certain Regard. Voir ce film le lendemain de La Vie d’Adèle, on peut dire que je n’aurais pas pu être plus dans la continuité. Ici, on est donc dans un film exclusivement homosexuel (pas une seule fille présente à l’écran tout du long), et on y couche non-stop, entre deux manigances ma foi fort inquiétantes de l’amant moustachu. Ici encore, les scènes de sexe sont très crues, mais c’est surtout une ambiance particulière. Ici, l’histoire d’amour est placé sous le prisme d’un thriller sous-jacent. Le film nous happe ainsi dans quelque chose qui ne nous laisse pas indifférent. Jusqu’à la fin nous mettant proprement sur le carreau.

Quoi de mieux que de terminer ce marathon cinéphile d’une dizaine de jours avec un film traitant de la course ? Sarah préfère la course est un film québécois présenté à Un Certain Regard. Un film d’une grande fraîcheur. Tout est dans le titre, le reste n’est que secondaire pour Sarah. Son interprète est parfaite, Sarah Desmarais EST Sarah. Un beau (premier) film.

Le Festival de Cannes se termine donc et il est temps pour moi de décerner ma Caméra d’Or. Après moult réflexions, je dois bien dire que trois films sortent particulièrement du lot : le documentaire Jodorowsky’s Dune, le magique Magic Magic et le superbe La Vie d’Adèle. Ce dernier est peut être même un cran au-dessus, mais il est certain que ces trois films sont si différents qu’ils deviennent complémentaires.

En attendant la prochaine édition, le Festival de Cannes est encore loin d’être terminé sur Unification. Les prochaines semaines, vous retrouverez en effet les critiques complètes des films cités lors des chroniques que vous avez pu lire cette semaine.

- Palme d’or :  La vie d’Adèle  d’Abdellatif Kechiche
- Grand prix du Festival : Inside Llewyn Davis  de Ethan Coen et Joel Coen.
- Prix d’interprétation féminine : Bérénice Béjo (Le passé )
- Prix d’interprétation masculine : Bruce Dern (Nebraska)
- Prix de la mise en scène : Amat Escalante (Heli)
- Prix du scénario : Jia Zhang Ke (A touch of sin)
- Prix du jury : Tel père, tel fils  de Koreeda Hirokazu.
- Caméra d’or : Anthony Chen (Ilo Ilo) »
- Palme d’or du court métrage : Byoung-gon Moon (Safe)


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