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Livre SF : Un an dans la Ville-Rue de Paul Di Filippo - Un couloir entre deux mystères

Date : 20 / 04 / 2025 à 12h00

UN AN DANS LA VILLE-RUE : UNE INTRIGUE EN TROMPE-L’ŒIL ?

- Auteur : Paul Di Filippo
- Premier éditeur : PS Publishing
- Première parution : 2002
- ISBN : 978-2381630434

Un ruban sans fin, deux soleils figés dans un ciel inconnu et une ville étirée à perte de vue : et si l’univers lui-même n’était qu’un couloir entre deux mystères ? C’est dans ce vertige que nous plonge Un an dans la Ville-Rue de Paul Di Filippo, une novella aussi brève qu’immensément dense, récemment traduite en français dans la collection Une heure-lumière.

À la croisière entre le genre New Weird et la science-fiction métaphysique, Di Filippo nous entraîne dans un univers déroutant, à mi-chemin entre l’allégorie existentielle et le pastiche littéraire où chaque détail, chaque nom, chaque fonction semble résonner comme une note d’une symphonie symboliste.

C’est une intrigue en trompe-l’œil, au service de l’étrangeté

Le récit suit Diego Patchen, un écrivain de « Cosmos-Fiction » dans un monde où la science-fiction est reléguée aux marges de la culture (sur ce point, c’est presque un univers miroir au notre). Diego vit dans l’un des innombrables « arrondissements » de la Ville-Rue, structure linéaire aux dimensions insondables, délimitée par le fleuve d’un côté et les voies ferrées de l’autre. Entre sa relation amoureuse tumultueuse, les soucis de santé de son père et une carrière littéraire incertaine, on pourrait croire à une intrigue banale. Mais c’est précisément ce contraste entre quotidien et démesure qui confère à cette novella son étrange pouvoir de fascination.

L’auteur nous montre un monde métaphorique

La Ville-Rue, où les habitants ignorent qui sont leurs créateurs et jusqu’où s’étend leur monde, incarne un espace de questionnement métaphysique. Par exemple, des oiseaux un peu spéciaux, les psychopompes, transportent les âmes des morts et nous rappellent la présence permanente de la mort et du mystère dans le récit. Cette ville-labyrinthe sans fin fait écho à la condition humaine : enfermés dans une structure que nous n’avons pas construite, nous tentons de créer du sens.

À cet égard, Un an dans la Ville-Rue rejoint des œuvres comme La Horde du Contrevent d’Alain Damasio, La Cité des Saints et des Fous de Jeff VanderMeer ou L’Incal de Jodorowsky et Moebius. Chacune de ces fictions imagine des univers clos, fondés sur des lois internes absurdes ou indéchiffrables, comme pour mieux illustrer la quête humaine de transcendance.

Une thématiques centrale : la science-fiction dans le miroir

Mais la réflexion la plus brillante de Di Filippo concerne la science-fiction elle-même. Diego, qui vit dans un monde déjà extraordinairement exotique, rêve d’un « Réel » tel que nous le connaissons. Dans une subtile mise en abîme, l’auteur renverse les conventions : ici, c’est l’Ailleurs qui est le point de départ et le familier qui devient l’objet de l’imagination. Cette inversion interroge directement notre rapport à l’altérité et à l’imaginaire.

Par ce jeu de miroirs, Paul Di Filippo signe une véritable lettre d’amour au genre. Il questionne les frontières entre fiction et réalité et critique avec humour l’ostracisme culturel souvent infligé à la SF, taxée de sous-littérature.

Le style d’écriture et un rythme digne d’un artisanat littéraire

La traduction française signée Pierre-Paul Durastanti est à saluer. Elle restitue avec finesse les subtilités de la prose baroque de Di Filippo : un style à la fois dense, ironique, et bourré de détournements. L’auteur excelle dans l’équilibre entre exubérance lexicale et sobriété narrative. Les scènes s’enchaînent avec un rythme modéré, presque contemplatif, où les descriptions comptent autant que l’action, voire davantage.

Ce choix stylistique peut dérouter. Il exige du lecteur une attention soutenue, mais récompense par une immersion rare et un plaisir littéraire certain.

Di Filippo, souvent cantonné à un cercle d’initiés en France, est pourtant une figure majeure du cyberpunk et du New WeirdUn an dans la Ville-Rue incarne parfaitement cette hybridation des genres : ni tout à fait SF, ni pleinement fantastique, mais une œuvre-limite où l’expérimentation devient le moteur principal.

Son influence se retrouve dans la SF contemporaine qui ose brouiller les codes : Claire North, avec Le Serpent, ou Audrey Pleynet, avec Rossignol, abordent aussi des thèmes existentiels dans des cadres narratifs atypiques. Di Filippo est un précurseur, un explorateur des marges littéraires.

Une œuvre pour qui ?

Cette novella ne plaira sans doute pas à tous. Son absence de réponses claires, son style dense et sa structure linéaire peuvent frustrer les amateurs d’intrigues classiques. Mais pour celui ou celle qui aime la SF qui questionne, qui dérange et qui se cherche elle-même, Un an dans la Ville-Rue est une expérience unique.

Elle s’adresse aux lecteurs avides de métaphores, de labyrinthes mentaux et d’univers à la fois absurdes et cohérents. Ceux qui aiment Borges, Ballard, Dick ou Calvino y trouveront une résonance particulière.

Et si la plus grande frontière n’était pas l’espace, mais notre capacité à penser autrement ? Un an dans la Ville-Rue ne propose ni héros, ni quête, ni solution. Il offre un miroir déformant, une introspection collective sur ce que la science-fiction peut, et doit, continuellement tenter : imaginer l’impossible pour mieux comprendre le réel.

Malgré des critiques parfois sévères à l’égard de son style exigeant ou de son absence volontaire de résolution, ce roman reste une introspection profonde sur notre condition d’humains face à l’inconnu. Il ne cherche pas à plaire, mais à éveiller. C’est une œuvre qui dérange, qui pousse à la réflexion, et qui mérite d’être lue pour ce qu’elle ose : ne rien expliquer, mais tout questionner.

Un livre rare, exigeant et précieux.

À bientôt les fans de fiction !


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