Les Ombres persanes : La critique

Date : 18 / 07 / 2023 à 11h00

Par : Isabelle Arnaud

Sources :

Unification

LES OMBRES PERSANES

Date de sortie : 19/07/2023
Titre original : Tafrigh
Durée du film : 1 h 47
Réalisateur : Mani Haghighi
Scénaristes : Mani Haghighi, Amir Reza Koohestani
Interprètes : Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh, Esmail Poor-Reza, Farham Azizi

LA CRITIQUE

Les Ombres persanes est un très bon film iranien qui joue fort bien avec les codes de différents types de films.

Le scénario du réalisateur Mani Haghighi et d’Amir Reza Koohestani se déroule à Téhéran et tourne autour d’un couple qui découvre l’existence de doubles en tout point. Bien que leur vie soit vraiment différente.

C’est en ayant en tête une envie de faire une histoire autour du clonage que le réalisateur Mani Haghighi a eu le désir de ce récit. Il s’est vite émancipé de cette idée de départ, pour déployer une œuvre tournant autour des apparences et de l’identité. Cela permet notamment d’avoir presque une histoire de multiverse dans laquelle des individus peuvent découvrir ce qu’ils seraient devenus s’ils avaient fait d’autres choix de vie.

Néanmoins, il ne fait pas résumer le long métrage à cette seule idée. En effet, on se retrouve devant une œuvre psychologique particulièrement prenante dans laquelle le suspense monte crescendo et où on se demande jusqu’où l’histoire va aller vis-à-vis de ses personnages.

Ces derniers sont magistralement incarnés par deux immenses comédiens iraniens qui ont chacun un rôle dual. Après Leila et ses frères, Taraneh Alidoosti est encore une fois magistrale en femme perturbée et dans son double très assuré. Navid Mohammadzadeh est remarquable en homme aimant versus son double plus manipulateur. Les deux comédiens forment deux duos incroyables et leurs prestations permettent au long métrage d’être particulièrement prenant.

Si Mani Haghighi évite d’aborder la politique d’un niveau frontal, il n’en brosse pas moins un portrait de la société iranienne dans laquelle se dessine les interdictions et les tabous. La très belle photographie de Morteza Najafi renforce parfois cette sensation d’étouffement, alors que la ville est continuellement plongée sous une pluie battante.

Le réalisateur offre une mise en scène travaillée et des séquences particulièrement marquantes. D’ailleurs, même si les protagonistes se déplacent régulièrement au cœur de la capitale iranienne, et qu’ils rencontrent d’autres personnes, on a parfois l’impression de se retrouver devant un huis clos extrêmement tendu entre quatre personnages avec qui tout peut arriver.

Les Ombres persanes est un très bon film et une mise en abîme vertigineuse entre des destinées croisées. Avec une histoire qui emprunte à beaucoup de genres différents, une interprétation incroyable et un travail visuel marquant, ne passez pas à côté de ce thriller impétueux qui offre une vision vraiment particulière de la vie et du couple.

Singulier et immersif.

SYNOPSIS

À Téhéran, un homme et une femme découvrent par hasard qu’un autre couple leur ressemble trait pour trait. Passé le trouble et l’incompréhension va naître une histoire d’amour... et de manipulation.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Photographie : Morteza Najafi
Montage : Meysam Molaei
Musique : Ramin Kousha
Costumes : Neda Nasr
Décors : Mohsen Nasrollahi
Producteur : Majid Motalebi pour Iranian Independents
Distributeur : Diaphana Distribution