Amel & les fauves : La critique

 Date de sortie : 26/04/2023
 Titre original : Streams
 Durée du film : 2 h 02
 Réalisateur : Mehdi Hmili
 Scénariste : Mehdi Hmili
 Interprètes : Afef Ben Mahmoud, Iheb Bouyahia, Sarah Hanachi

Amel & les fauves est un très bon film tunisien qui tout en n’étant pas autobiographique s’inspire de la propre vie du réalisateur Mehdi Hmili.

C’est donc à lui que l’on doit un scénario particulièrement puissant. On y découvre une femme qui victime d’une tentative de viol va se retrouver en prison pour adultère, alors que l’homme est libéré. C’est en sortant de prison qu’elle va se rendre compte que son fils adolescent s’est retrouvé à la rue. Le récit va donc suivre les deux personnages de près.

Le film est d’une grande délicatesse et brosse le portrait vivace d’une mère et de son fils essayant de subsister qui sont pris dans les filets d’une société qui veut les broyer. Néanmoins, malgré sa thématique très sombre, l’œuvre a un grand cœur et une certaine luminosité.

Le long métrage a en effet une belle tendresse pour ses deux protagonistes principaux, ainsi que pour ceux qu’ils fréquentent et qui sont aussi des marginaux et des cabossés de la vie.

Néanmoins, chacun d’entre eux est plein de vie et à une grande résilience. Ce qui leur permet de surmonter de nombreuses épreuves dans une société où la corruption est très forte et où le patriarcat a beaucoup d’importance.

Les personnages ont de grandes nuances et ne sont jamais manichéens. Certains comédiens non professionnels font d’ailleurs leur première apparition sur un écran. C’est toutefois Afef Ben Mahmoud remarquable en mère courage et Iheb Bouyahia excellent dans le rôle de son fils qui crèvent l’écran. Les deux acteurs ont une très belle alchimie entre eux et forment un très beau duo qui se cherche et se retrouve, malgré les vicissitudes de leurs vies.
La ville de Tunis participe aussi beaucoup à l’impact visuel du récit. Elle permet d’obtenir des décors variés et des ambiances tout à fait différentes selon le jour ou la nuit et les endroits choisis.

La narration est souvent très émotionnelle, sans jamais tomber dans le misérabilisme. Elle entraîne le spectateur dans une histoire captivante qui rend un très bel hommage à ceux qui doivent se battre en permanence et qui sont parfois méprisés par les personnes mieux nanties.

Le long métrage et sa description sans fard d’une vie nocturne et marginale peu montrée a beaucoup fait réagir. Toutefois, c’est le traitement de cette femme accusé injustement qui a surtout interpellé. Car, en Tunisie, une femme mariée surprise en compagnie d’un homme dans un espace clos peut être arrêtée pour adultère et y encourir jusqu’à cinq ans de prison. Alors que l’homme n’écope que d’une amende. Néanmoins, la législation n’a toujours pas changé dans le pays à l’heure actuelle.

Amel & les fauves est un très bon film qui va droit au cœur. Avec une histoire d’une grande véracité et une réalisation mettant avec délicatesse ses personnages, remarquablement interprétés, au premier plan, ne passez pas à côté de cette histoire d’une grande force.

Poignant et volontaire.

Amel est ouvrière dans une usine à Tunis. Son patron la met en relation avec un homme d’affaires qui peut permettre à son fils d’intégrer le club de foot local. Profitant de la situation, l’homme tente d’abuser d’elle. La police les surprend mais c’est Amel qui est finalement déclarée coupable d’attentat à la pudeur et d’adultère. A sa sortie de prison, elle part à la recherche de son fils dans les soirées underground de Tunis, peuplées de prédateurs et d’une jeunesse en quête de liberté.

D’après une histoire vraie de Mehdi Hmili.

 Photographie : Ikbal Arafat
 Montage : Ghalia Lacroix, Hafedh Laridhi
 Musique : Amine Bouhafa
 Costumes : Emna Barhoumi
 Décors : Nahla Smati
 Producteur : Mehdi Hmili pour Yol Film House
 Distributeur : La Vingt-Cinquième Heure

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