Il était une fois les séries : Les Incorruptibles

Date : 13 / 08 / 2023 à 08h00

Par : Olivier T.

Sources :

Unification

LES INCORRUPTIBLES

Type : Policier
Titre Original : The Untouchables
Diffusion USA : ABC (1959-1963)
1ère Diffusion France : ORTF (1964)
Épisodes : 119 x 50 minutes
Créée par : Quinn Martin
Production : Desilu Productions
Musique : N. Riddle, W. Loose
Interprètes : Robert Stack, Paul Picerni, Abel Fernandez, Nicholas Georgiade, Steve London

Dans les années 20 et 30, la ville de Chicago est gangrénée par la mafia (surtout italienne) derrière quasiment tous les coups fumeux et illégaux (souvent liés à la prohibition). L’agent Eliot Ness, et sa brigade du Trésor, sont alors chargés de coincer Al Capone et tous ses sbires.

Jugée très violente (de nombreux épisodes comportaient des scènes d’échanges de tirs d’arme à feu, qui finissaient invariablement par de nombreux morts gisant au sol, sous le regard froid de Ness), les pressions étaient fortes pour son annulation. C’est en fait une succession de problèmes (accidents, procès, manque de financement) qui achèvera la série.

Beaucoup d’épisodes sont excellents, mais citons, pour l’exemple, l’un des meilleurs, la seconde partie de Tueur sans gages (The Unhired Assassin - S01xE21), qui suit le destin croisé de deux tueurs qui doivent assassiner deux personnes différentes (dont le président Roosevelt, nouvellement élu), au même endroit, sans qu’aucun ne connaisse l’intention de l’autre. Le suspense monte progressivement et devient insoutenable jusqu’à la révélation finale.

Des gueules, un Chicago assez fantasmé et très visuel, des répliques qui frappent, une narration en voix off et de nombreux rebondissements furent les ingrédients de cette grande série.
D’un point de vue technique, de nombreuses petites astuces permirent de proposer une photographie très marquante, malgré le manque de budget.

Par exemple, nombre de scènes étaient filmées de nuit afin de rendre l’image plus noire, et les rues étaient arrosées régulièrement pour briller à l’image. Les visages, très éclairés, comme souvent à l’époque, étaient en plus soulignés par le bord des chapeaux, légèrement relevés des acteurs, accentuant l’attention sur les regards.

Les Incorruptibles doit surtout son succès à l’interprétation de Robert Stack, mais aussi de nombreux acteurs de soutiens, souvent vus dans Les 7 mercenaires (John Sturges – 1960).
De nombreux acteurs connus y firent une apparition : Charles Bronson (Il était une fois dans l’Ouest), Robert Redford (Les Trois Jours du Condor), Peter Falk (Columbo), Telly Savalas (Kojak), James Coburn (Les Sept Mercenaires), Lee Marvin (Les Douze Salopards), Robert Duvall (Le Parrain), Elizabeth Montgomery (Ma sorcière bien-aimée), Leslie Nielsen (Y a-t-il un pilote dans l’avion ?), Martin Landau (Cosmos 1999), Roy Thinnes (Les Envahisseurs), Robert Vaughn (Des agents très spéciaux) …

Les Incorruptibles est la première production TV du visionnaire Quinn Martin, à qui l’on devra aussi Le Fugitif, Les Envahisseurs, Cannon, Sur la piste du crime, Les Rues de San Francisco. La société de production Desilu (Paramount Pictures, plus tard), à qui on devait déjà I Love Lucy dans les années 50, connaît là sa première série dramatique. Ils produiront plus tard Star Trek, Mannix et Mission : impossible.

Cette série est largement inspirée du roman autobiographique The Untouchables, d’Eliot Ness et Oscar Fraley publié en 1957, qui inspira aussi le fantastique film Les Incorruptibles (Brian de Palma en 1987 – avec Kevin Costner, Sean Connery, Robert De Niro et Andy Garcia).

Ce premier support a été considéré, au fil des années, comme, au mieux, approximatif sur les faits historiques, Eliot Ness ayant lui-même plus ou moins « amélioré » la vérité. La série qui en découle, encore plus fictionnée, ne doit donc absolument pas être considérée comme historiquement juste, loin de là. Le FBI s’en plaignit même, car leurs arrestations y furent faussement attribuées à l’équipe de Ness.

Qu’importe au final, car cette géniale série, qui domina la TV des années 60, avec Les Envahisseurs et Le Fugitif, du même producteur, est une perle intemporelle, pleine de suspense, soutenue par un casting et une réalisation très solides.