Il était une fois les séries : Médecins de nuit

Date : 16 / 04 / 2023 à 08h00

Par : Olivier T.

Sources :

Unification

MÉDECINS DE NUIT

Type : Drame
Diffusion France : A2 (1978 - 1986)
Épisodes : 38 x 54 minutes
Créée par : B. Kouchner, H. Chabalier
Générique : Vladimir Cosma
Interprètes : Catherine Allégret, Greg Germain, Georges Beller, Étienne Chicot, Brigitte Roüan, Rémy Carpentier, Philippe Rouleau

Les séries urbaines françaises des années 70 étaient trustées par les aventures policières.

Le Parti Socialiste, qui montait en puissance, décida de promouvoir d’autres héros pour inverser la tendance et verser dans le social (comme pour L’Instit en 1993), sous l’impulsion de Serge Moati, qui était alors le conseiller pour l’audiovisuel du futur Président de la République François Mitterand.

Bernard Kouchner, futur Ministre de la santé sous différents gouvernements, engagé dans l’humanitaire et la création de Médecins sans frontières en 1971, puis Médecins du Monde en 1980 (ce qui lui valu l’image d’homme d’action seulement pour les caméras), lui-même gastro-entérologue, en signera les scénarios, sous le pseudonyme de Bernard Gridaine (mais cocréa aussi les séries Hôtel de police en 1985 et En cas de bonheur en 1989).

Il est impossible d’oublier le fantastique générique, avec une musique composée par Vladimir Cosma (Le Grand Blond, Les Aventures de Rabbi Jacob, La Boum, Les Mondes Engloutis, Le Château de ma mère, l’As des as…), sur fond de sirène 3 tons. En images, des inserts de différentes scènes des rues de Paris, la nuit, arpentées par les ambulances.

Mine de rien, le générique, vient de nous présenter les deux personnages principaux de la série :

Le corps médical, représenté par ses différents médecins. Chaque épisode est soit centré sur un médecin, soit sur un petit groupe de médecins dont les interventions ne se croisent pas forcément, dispatchées avec douceur par la standardiste Léone (incarnée par Cathérine Allégret, fille de Simone Signoret et élevé par Yves Montand, femme de J.P. Castaldi). Des médecins, on retiendra surtout Michel (Georges Beller) et Alpha (Greg Germain), mais aussi Anne (Agnès Château) et Christophe (Etienne Chicot). Beaucoup se succèderont au cours des 38 épisodes, tous humains, mais tous différents.

Ils seront confrontés à l’autre personnage de la série, le Paris nocturne des années 80, et sa misère. Ces médecins de nuits s’infiltrent en effet dans tous les coins de la capitale et sa banlieue, se confrontant avec simplicité et sans jugements avec toutes les classes et tous les maux. Les bobos physiques bien entendu, mais surtout à la détresse morale et sociale, voir à la mort ou à la folie.

Hyperréaliste, la série est un véritable reportage sur les années 80, les voitures, les habits, les rues, les intérieurs, le mode de vie et le langage de l’époque. Même la série américaine Hill Street Blues, à peu près à la même période, pourtant réputée pour son réalisme, n’atteindra pas ce résultat.

Le rythme lent (qui simulait les nuits de travail à rallonge) rendu possible par le format étendu à 54 minutes, peut paraitre aujourd’hui désuet, tout comme l’interprétation de certains acteurs (pourtant excellents dans l’ensemble, avec leurs gueules de Monsieur Tout-le-monde). Il ne faudrait pas passer à côté de cette fantastique fenêtre ouverte sur notre passé pour cela, car cette série est à l’opposé de la soupe que nous sert Grey’s Anatomy.

La série vit défiler de nombreux noms connus : Anémone, Richard Anconina, Jean-François Stévenin, Gérard Lanvin, Jean-Pierre Castaldi, Bernard-Pierre Donnadieu, Richard Bohringer, Jean-Pierre Kalfon, Roland Blanche, Maurice Risch, Linda de Souza…