Babylon : La critique

 Date de sortie : 18/01/2023
 Titre original : Babylon
 Durée du film : 3 h 09
 Réalisateur : Damien Chazelle
 Scénariste : Damien Chazelle
 Interprètes : Brad Pitt, Margot Robbie, Tobey Maguire, Diego Calva, Jean Smart, Jovan Adepo, Li Jun Li, Lukas Haas

C’est avec une fresque impressionnante sur une vingtaine d’années de l’histoire d’Hollywood que Damien Chazelle revient sur grand écran avec son Babylon.

Le scénario de Damien Chazelle débute en 1920. Il montre une jeune comédienne débutante et un homme à tout faire souhaitant rentrer dans le milieu du cinéma. On va alors suivre ces derniers, ainsi que différents autres protagonistes, dont un acteur star, durant de nombreuses années.

À travers sa prestation chorale, l’œuvre permet de comprendre comment l’industrie cinématographique américaine s’est développée et professionnalisée. On a ainsi droit au passage de tournages en plein air à ceux se déroulant dans des studios, ainsi que le virage pris par l’arrivée du parlant.

La réalisation de Damien Chazelle est exceptionnelle. Il livre une œuvre d’une grande puissance et aux plans extrêmement travaillés. Certains passages sont absolument incroyables. Tandis que d’autres fascinent prodigieusement. Il réussit a instiller de l’humour, du glamour, du suspense et même de l’horreur à certains moments. Sa précision technique est particulièrement envoûtante.

Mais il faut avouer que l’émotion est souvent absente, jusqu’à un final ou les dernières minutes sont particulièrement touchantes. Aussi, si on ne se laisse pas entraîner par un casting cinq étoiles et une réalisation remarquable, mais parfois un peu désincarnée, on peut ne pas être touché par un film incroyable, mais manquant parfois d’émotions.

Le titre fait d’ailleurs allusion à la fameuse cité mésopotamienne, où des personnes de nombreuses nationalités se côtoyaient, décriée dans la Bible par son luxe tapageur et son immoralité. D’ailleurs, le long métrage s’ouvre sur une fête épique qui est filmée d’une manière magistrale.

Au fil des ans, on va suivre l’évolution de cette industrie du spectacle et de ceux qui en sont à sa tête. Une certaine liberté disparaît donc progressivement et les minorités sont renvoyées dans leur placard ou dans des postes subalternes, alors qu’un certain puritanisme s’installe dans le pays. Sans compter qu’en filigrane, on voit la disparition des femmes réalisatrices, et des productrices, qui sont progressivement effacées et remplacées par des hommes.

Alors que la femme glamour doit aussi rentrer dans le moule que la société lui impose et se retrouve enfermée dans un système qui va perdurer des décennies.

L’interprétation est collégialement incroyable. Tous les comédiens sont impeccables et donnent vraiment l’impression de se retrouver parfois plongé dans un documentaire ayant été tourné à l’époque. Un début du cinéma hollywoodien qui ne faisait pas de cadeau et où les accidents du travail pouvaient être mortels, sans beaucoup émouvoir.

Margot Robbie crève littéralement l’écran en actrice extrêmement ambitieuse. À chacune de ses apparitions, elle est particulièrement hypnotisante. Certains passages sont d’ailleurs vraiment impressionnants et il est difficile de ne pas applaudir une telle prestation. Brad Pitt est remarquable en comédien célèbre voyant sa carrière s’éroder au fil des années. Il se coule avec aisance dans un personnage ayant une certaine subtilité qu’il habite fort bien.

Diego Calva est superbe en jeune homme d’origine hispanique voulant devenir réalisateur et prêt à tout pour atteindre son objectif. C’est à travers son regard que l’on parcourt le film et que l’on découvre l’envers du décor pas si heureux que cela d’une industrie cinématographique en plein excès. Jovan Adepo est remarquable en musicien noir talentueux se retrouvant confronté au racisme sur les plateaux. Li Jun Li est formidable en chanteuse brillante. Et Jean Smart est très intéressante en chroniqueuse spécialisée dans le cinéma.

Le récit s’appuie sur un certain nombre de personnalités de l’époque qui ont plus ou moins défrayés la chronique. Cela permet de brosser le portrait d’individus ayant contribué à l’essor des studios hollywoodien et la façon dont certains ont été brisés par des règles de plus en plus libertaires et par le poids moral d’une société de plus en plus restrictive. Même si d’un autre côté, les fêtes grandioses et le comportement professionnel de certains étaient trop excessif dans certains domaines.

Le travail sur les costumes de Mary Zophres est incroyable. Ils sont extrêmement diversifiés et offrent de très nombreux personnages soient costumés pour les différents films dans lesquels ils jouent, soient habillés comme les personnes du début du siècle précédent. Celui sur les décors par Florencia Martin est aussi impressionnant. L’œuvre se déroule sur une vingtaine d’années dans différents lieux et permet de brosser une société qui a depuis bien changé.

La superbe photographie de Linus Sandgren vient éclairer parfaitement aussi bien les très nombreux plans pris dans les paysages extérieurs des environs d’Hollywood que ceux se déroulant dans des intérieurs plus ou moins chargés.

Le montage de Tom Cross permet d’ailleurs d’obtenir un film de 3 h 10 parfaitement lisible et dont les scènes s’enchaînent impeccablement.

Quant à la musique de Justin Hurwitz, elle est impressionnante. Elle se marie impeccablement à ce film choral et spectaculaire qui en met régulièrement plein les yeux et dont la bande originale participe beaucoup au plaisir que l’on a de se retrouver projeté au cœur de cette époque où luxe et beauté rimait avec excès et coups bas.

Babylon est un film incroyable qui devrait vraiment ravir les amateurs de cinéma et ceux appréciant l’histoire d’Hollywood. Avec un récit permettant de voir l’essor, les déboires et la professionnalisation d’un art ludique, une réalisation éblouissante, un travail incroyable sur les décors et les costumes et un casting exceptionnel, l’œuvre est vraiment fascinante, bien qu’elle ne parlera peut-être pas à tout le monde.

Incroyable et épique.

Los Angeles des années 1920. Récit d’une ambition démesurée et d’excès les plus fous, BABYLON retrace l’ascension et la chute de différents personnages lors de la création d’Hollywood, une ère de décadence et de dépravation sans limites.

 Photographie : Linus Sandgren
 Montage : Tom Cross
 Musique : Justin Hurwitz
 Costumes : Mary Zophres
 Décors : Florencia Martin
 Producteurs : Marc Platt, Olivia Hamilton, Matthew Plouffe pour Paramount Pictures
 Distributeur : Paramount Pictures France

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