Joyland : La critique

Date : 23 / 12 / 2022 à 11h00

Par : Isabelle Arnaud

Sources :

Unification

JOYLAND

Date de sortie : 28/12/2022
Titre original : Joyland
Durée du film : 2 h 06
Réalisateur : Saim Sadiq
Scénariste : Saim Sadiq
Interprètes : Ali Junejo, Alina Khan, Sania Saeed, Salmaan Peerzada

LA CRITIQUE

Il n’est pas toujours facile de voir un film pakistanais, tant la production cinématographique du pays a beaucoup diminué ces dernières décennies. Joyland est un film remarquable qui, tout en parlant de la société pakistanaise, évoque aussi avec subtilité, le désir, la sexualité et la liberté de faire et d’être ce que l’on veut.

Il n’est donc pas surprenant qu’il ait obtenu le Prix du jury Un Certain Regard et la Queer Palm au Festival de Cannes en 2022.

Le scénario du réalisateur Saim Sadiq tourne autour d’un homme marié vivant avec sa famille. Il va alors trouver un travail dans un cabaret, ce qui va non seulement changer la dynamique au sein de son couple, mais va le perturber profondément.

Le film de Saim Sadiq est d’une immense délicatesse. Il parle avec brio de l’attirance d’un homme vers une transsexuelle, qui plus est danse pour gagner sa vie. L’œuvre est aussi une très belle réflexion sur la condition de la femme. En effet, entre la danseuse du cabaret fascinante, la femme du protagoniste principal, et sa belle-sœur, ce sont trois portraits de femmes différentes qui sont brossés et décrivent des vies vraiment diverses.

D’ailleurs, les trois comédiens principaux sont remarquables et les secondaires sont vraiment très convaincants. Ali Junejo est impressionnant en homme découvrant un autre monde et se mettant à rêver d’une autre vie. Alina Khan est magnifique en danseuse n’ayant pas sa langue dans sa poche et luttant pour trouver une place dans une société qui l’abhorre. Et Sania Saeed est splendide en épouse aimant son travail ne voulant pas se transformer en femme traditionnelle.

Les comédiens livrent une prestation splendide et montrent avec une grande crédibilité, et beaucoup de puissance, comment leurs personnages peuvent finalement trouver une paix intérieure bien difficile à obtenir dans un pays où les places des hommes et des femmes sont figées et où ceux qui sont différents ont peu de moyens d’exister.

La ville de Lahore a aussi une grande importance dans les portraits croisés de ces individus attachants. Surtout le parc d’attractions où se trouve le cabaret et qui porte le nom de Joyland. La très belle photographie de Joe Saade met bien en valeur les différents lieux où se déroule l’intrigue. Notamment la maison familiale qui se situe au cœur du récit.

Certains passages sont de toute beauté. Ceux se déroulant au sein du cabaret sont passionnants et les séquences de danse sont vraiment très bien faites. La musique compte beaucoup dans le long métrage et la composition de Abdullah Siddiqui est très plaisante.

L’œuvre réussit aussi bien être tendre que dure, poétique que terrible. Le final d’une grande puissance hante longtemps la mémoire et vient clore d’une magistrale manière ce récit tellement vibrant.

Joyland est un très bon film parlant remarquablement de la liberté, de l’espoir et du bonheur. Avec une histoire extrêmement bien écrite, une réalisation d’une grande sobriété et des comédiens remarquables, ne passez pas à côté de cette œuvre marquante qui ne peut pas laisser indifférent.

Puissant et bouleversant.

SYNOPSIS

A Lahore, Haider et son épouse, cohabitent avec la famille de son frère au grand complet. Dans cette maison où chacun vit sous le regard des autres, Haider est prié de trouver un emploi et de devenir père. Le jour où il déniche un petit boulot dans un cabaret, il tombe sous le charme de Biba, danseuse sensuelle et magnétique. Alors que des sentiments naissent, Haider se retrouve écartelé entre les injonctions qui pèsent sur lui et l’irrésistible appel de la liberté.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Photographie : Joe Saade
Montage : Saim Sadiq
Musique : Abdullah Siddiqui
Costumes : Zoya Hassan
Décors : Kanwal Khoosat
Producteurs : Sana Jafri, Sarmad Sultan Khoosat, Lauren Mann, Katharina Otto-Bernstein, Oliver Ridge, April Shih pour Noruz Films, Film Manufacturers, One Two Twenty Entertainment
Distributeur : Condor Distribution