Aucun ours : La critique
AUCUN OURS
Date de sortie : 23/11/2022
Titre original : Khers nist
Durée du film : 1 h 47
Réalisateur : Jafar Panahi
Scénariste : Jafar Panahi
Interprètes : Jafar Panahi, Mina Kavani, Vahid Mobasheri, Naser Hashemi, Mina Khosrovani, Bakhtiyar Panjeei
LA CRITIQUE
Aucun ours est le très bon dernier long métrage du réalisateur iranien Jafar Panahi qui vient d’être à nouveau incarcéré en prison, pour 6 ans, depuis juillet 2022 pour ne pas avoir respecté l’injonction de ne plus tourner.
Son œuvre a remporté le Prix Spécial du Jury à la Mostra de Venise 2022 et la visibilité de celle-ci à l’étranger a besoin d’être importante, alors qu’une demande internationale est en cours pour que Jafar Panahi soit relâché.
Le scénario de celui-ci présente un réalisateur qui s’installe dans un petit village à la frontière de l’Iran. Celui-ci est ainsi proche du lieu de tournage de son dernier film ou il ne peut se rendre, car il n’a pas le droit d’aller l’étranger. Il dirige donc en visioconférence ses acteurs, qui sont aussi dans leur vie privée en plein drame. Alors que de son côté, il se retrouve au milieu d’une histoire d’amour bien compliquée se situant à l’endroit où il a posé ses valises.
Le long métrage a une vraie résonance avec la vie même de Jafar Panahi. En effet, avant son arrestation, il n’avait plus le droit de se déplacer à l’étranger depuis de nombreuses années. Sans compter que le tournage qu’il fait concerne la tentative d’un couple, qui a connu l’emprisonnement et les tortures, de quitter l’Iran.
De plus, au sein du microcosme de ce petit village situé à la frontière, ce sont des traditions locales qui sont mises en avant et qui mènent à un drame terrible.
Jafar Panahi se met d’ailleurs lui-même en scène au cœur des événements, alors qu’une photo qu’il aurait prise est source de discorde au sein des habitants du lieu où il se trouve.
L’interprétation est collégialement très convaincante. Les différents personnages sont hauts en couleurs et se retrouvent régulièrement à fleur de peau face aux situations devant lesquelles ils se trouvent.
Les deux lieux sont extrêmement différents les uns des autres. On a d’un côté une grande cité cosmopolite et animée et de l’autre un petit village où la nuit est sombre et où chacun sait ce qu’il se passe.
En dehors des portraits vivaces d’une population iranienne variée, l’œuvre aborde aussi la vie courante des individus, et la manière dont les frontaliers tentent de survivre dans des endroits frappés régulièrement par une sécheresse persistante.
Aucun ours est un très bon film profondément humain à la fois drôle et émouvant, tragique et universel. Avec une histoire où le burlesque s’invite régulièrement dans la dramaturgie, une réalisation parfois proche du documentaire et une interprétation digne d’intérêt, n’hésitez pas à aller découvrir une œuvre singulière mettant à l’honneur la passion d’un réalisateur prêt à subir de grandes exactions pour raconter ses histoires, et celles des habitants de son pays.
Surprenant et bouleversant.
SYNOPSIS
Dans un village iranien proche de la frontière, un metteur en scène est témoin d’une histoire d’amour tandis qu’il en filme une autre. La tradition et la politique auront-elles raison des deux ?
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Amin Ja’fari
Montage : Amir Etminan
Producteur : Jafar Panahi pour JP Production
Distributeur : ARP Sélection
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