Charlotte : La critique

 Date de sortie : 09/11/2022
 Titre original : Charlotte
 Durée du film : 1 h 32
 Réalisateurs : Eric Warin, Tahir Rana
 Scénaristes : David Bezmozgis, Eric Rutherford d’après l’œuvre de Charlotte Salomon
 Interprètes VO : Keira Knightley, Sam Claflin, Sophie Okonedo, Brenda Blethyn, Jim Broadbent, Henry Czerny, Eddie Marsan, Helen McCrory
 Interprètes VF : Marion Cotillard, Romain Duris, Anne Dorval

C’est devant le très beau biopic de l’artiste juive allemande Charlotte Salomon que l’on se retrouve avec ce Charlotte tout en délicatesse.

Le choix de l’animation pour une artiste est vraiment extrêmement pertinent. L’intégration de ses œuvres dans la trame narrative et la manière dont son personnage les dessine forme des passages franchement magnifiques.

En effet, cette dernière a livré plus de 1 000 tableaux composants, pour la première fois, l’histoire d’une vie, la sienne, celle de sa famille et de ses connaissances. Une œuvre nommée Leben ? oder Theater ? (Est-ce la vie ou du théâtre ?) qui est tombée dans l’oubli avant d’être réhabilité d’une belle manière dans ce long métrage.

Le scénario de David Bezmozgis et d’Eric Rutherford suit la destinée de cette jeune femme brillante née à une terrible époque où sa propre existence a été tragiquement perturbée par la Deuxième Guerre mondiale. Sans compter qu’être une femme artiste au siècle précédent n’était pas non plus une sinécure et que cela a sans doute joué sur l’invisibilité de ses œuvres jusqu’à aujourd’hui.

La vie de l’artiste a eu ses hauts et ses bas. Le film d’Eric Warin et deTahir Rana la montre sans fard, tout en l’intégrant étroitement au cœur de l’histoire de l’Europe du siècle précédent qu’elle a subit de près.

En effet, née en l’Allemagne et de confession juive, on découvre la montée en puissance de toutes les vexations dont elle et sa famille font l’objet. Sa fuite dans le sud de la France n’est pas non plus dénuée de dangers ou d’éléments malheureusement plus tragiques liés à la collaboration de l’état français avec l’Allemagne, suite à l’invasion de cette dernière.

Le biopic est d’une grande puissance et donne l’occasion de s’immerger au cœur de la vie de cette jeune femme souhaitant laisser une trace de son passage. Ses œuvres sont d’ailleurs conservées au Musée d’histoire juive d’Amsterdam et donnent vraiment envie d’aller les découvrir de plus près.

Si les dessins, et certains parti-pris, peuvent adoucir un peu le propos, l’horreur est pourtant bien présente. De plus, l’animation permet la reconstitution de séquences impressionnantes qui sont d’une grande puissance et porteuses d’un immense effroi.

La partie finale donne l’occasion de découvrir des documents d’archives et des petits films tournés après la Deuxième Guerre mondiale permettant de savoir ce que sont devenus la famille et les amis du personnage principal.

L’animation est très bien faite et d’une grande fluidité. Elle se marie parfaitement avec les œuvres de l’artiste qu’elle met en valeur de temps en temps d’une manière spectaculaire.

Le doublage est d’une grande qualité et on oublie bien vite que les personnages sont dessinés pour se concentrer avant tout sur les vies qui nous sont contées.

La musique de Michelino Bisceglia se mêle bien aux tribulations de cette jeune femme volontaire et accompagne au mieux les bouleversements et les épreuves auxquels elle fait face.

Charlotte est un très bon film, plein de passion et de tourments, mettant à l’honneur une grande artiste qui n’aurait jamais dû être oubliée de la sorte. Avec une histoire montrant que la vie propose des rebondissements, parfois tragiques, souvent supérieurs à la fiction, et une réalisation délicate, cette plongée au cœur de l’existence d’une jeune femme prise au milieu d’une période historique affreuse est remarquable.

Poignant et fascinant.

Charlotte Salomon est une jeune peintre juive allemande, dont le destin bascule à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Face au tourbillon de l’histoire et à la révélation d’un secret de famille, seul un acte extraordinaire pourra la sauver. Elle entame alors l’oeuvre de sa vie...

 Montage : Roderick Deogrades, Sam Patterson
 Musique : Michelino Bisceglia
 Décors : François Moret
 Producteur : Julia Rosenberg pour Les Productions Balthazar, Walking The Dog, Sons of Manual, January Films
 Distributeur : Nour Films

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