L’ange rouge : La critique

 Date de sortie : 02/11/2022
 Titre original : Akai tenshi
 Durée du film : 1 h 35
 Réalisateur : Yasuzo Masumura
 Scénariste : Ryozo Kasahara d’après l’œuvre de Yoriyoshi Arima
 Interprètes : Ayako Wakao, Shinsuke Ashida, Yûsuke Kawazu

C’est avec une très belle version restaurée que l’on peut découvrir ce film incroyable qu’est L’ange rouge.

Le scénario de Ryozo Kasahara présente une jeune infirmière envoyée sur le front de la guerre sino-japonaise en 1939. Elle va y découvrir les horreurs qui s’y déroulent et tomber amoureuse d’un chirurgien addict à la morphine.

Le film de Yasuzo Masumura suit de près son personnage principal dans toutes ces tâches et ses rencontres. Cela permet une immersion extrêmement vivace en plein cœur des différents hôpitaux des plus sommaires où travaille la jeune femme.

Les descriptions sont extrêmement précises et horrifiques. Qu’il s’agisse du tri, du soin ou de l’empilement des corps, rien n’est épargné aux spectateurs, jusqu’à un final bouleversant.

Différents cas de figure sont montrés, permettant d’atténuer la ferveur patriotique de certains japonais envoyés au front, qui n’ont pas beaucoup le choix. Si aucun passage n’évoque la raison d’une telle guerre ou ne prend parti contre un tel choix fait à l’époque, les exactions sont montrées parfois avec brutalité, et commentées sans fard, tout comme le comportement du gouvernement vis-à-vis des blessés de guerre. De plus, la réflexion sur la sexualité et sur la masculinité est intéressante, d’autant que certains éléments sont vraiment différents aujourd’hui.

Sans compter que de par sa condition de femme, le personnage principal se retrouve aussi dans des situations délicates et le traitement qu’elle subit montre que la société n’a finalement pas tant changé que cela malheureusement.

Les scènes se déroulant au cœur de l’hôpital, les séquences de chirurgie ou encore le passage narrant l’attente sur le front sont formidablement chorégraphiés et ont un impact visuel certain. Toutefois, au vu de leur grande dureté, et sublimées par un magnifique noir et blanc très âpre, l’œuvre n’est pas à montrer à un public jeune.

Ayako Wakao est exceptionnelle dans le rôle de cette infirmière dévouée complètement à ses passions. La manière dont elle fait ses choix et voit ces derniers avoir un impact dans sa vie est remarquablement montrée. La comédienne livre une prestation de haute volée qui reste longtemps en mémoire. Shinsuke Ashida est excellent en médecin essayant de sauver un maximum de personnes. Il montre très bien la dichotomie effroyable existant entre son envie de bien faire et les actions qu’il doit mener, alors qu’il n’a ni les moyens, ni le temps, d’effectuer correctement son travail.

La reconstitution des différents lieux est remarquable. Il est terrifiant de se rendre compte de la façon dont un tel hôpital fonctionne sur le front et d’imaginer le nombre de blessés qui ont dû passer par de tels lieux pendant la Deuxième Guerre mondiale.

L’ange rouge est un très beau film, extrêmement frappant montrant une gestion des blessés de guerre particulièrement véridique. Avec un scénario implacable, une réalisation éblouissante et une interprétation magnifique, le long métrage est très impressionnant et mérite vraiment d’être visionné.

Effroyable et remarquable.

En 1939, pendant la guerre sino-japonaise l’infirmière Sakura travaille dans un hôpital en soignant des soldats blessés. Un soir, elle se fait agressée par un groupe d’hommes repartant au front le lendemain. Quelque temps après elle retrouve l’un de ses agresseurs dans un hôpital de campagne. Elle convertira sa vengeance en pitié et cherchera à soulager les malades par tous les moyens...

 Photographie : Setsuo Kobayashi
 Montage : Tatsuji Nakashizu
 Musique : Sei Ikeno
 Décors : Shigeo Mano
 Producteur : Ikuo Kubodera pour Daiei Studios
 Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers

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