The Housewife : La critique

 Date de sortie : 09/03/2022
 Titre original : Red
 Durée du film : 2 h 03
 Réalisateur : Yukiko Mishima
 Scénaristes : Yukiko Mishima, Ikeda Chihiro d’après l’œuvre de Rio Shimamoto
 Interprètes : Kaho, Satoshi Tsumabuki, Tasuku Emoto, Shôtarô Mamiya, Reiko Kataoka, Yoshi Sakô, Yamamoto Ikuko, Kazuyuki Asano, Kimiko Yo

The Housewife est un très bon film japonais qui se penche avec une belle délicatesse sur une femme au foyer.

Séduit par le roman Red de Rio Shimamoto, la réalisatrice Yukiko Mishima a décidé d’en consigner le scénario avec Ikeda Chihiro. Elle décrit la vie d’une femme au foyer qui après avoir croisé par hasard son ancien amant, décide de se remettre à travailler et de changer d’existence.

Le film va suivre le personnage principal au plus près, permettant de brosser le très beau portrait d’une femme coincée entre les attentes de la société, celle de son mari et de sa famille et ses propres aspirations.

Le roman a choqué certaines personnes au Japon lors de sa sortie. En effet, l’émancipation du personnage principal va contre les attentes que la société japonaise a vis-à-vis du comportement d’une femme au foyer. Et cela est représentatif d’une société où se côtoient à la fois une très grande modernité et une tradition séculaire qui pèse lourd, généralement sur les femmes.

La mise en scène est très belle et offre quelques passages particulièrement somptueux. La séquence de retrouvailles des deux amis est absolument magnifique et reste longtemps en mémoire. Certains plans ont une grande force et n’ont pas besoin de mots pour impacter durablement l’esprit. Yukiko Mishima sait aussi jouer avec les sons et la musique pour appuyer les pensées et les émotions de son personnage, magnifiquement incarné par Kaho qui porte sans faillir le film sur ses épaules.

Satoshi Tsumabuki est magnifique en ancien amant qui voit son ex-partenaire comme une personne à part entière et son égal. Shôtarô Mamiya est très bon dans le rôle de son époux. Et Tasuku Emoto est vraiment intéressant en collègue n’hésitant pas à flirter avec la jeune femme.

Le personnage principal est une architecte. L’espace a donc beaucoup d’importance dans l’histoire. La réalisatrice sait parfaitement l’utiliser et s’appuie sur la superbe photographie de Shinya Kimura pour jouer avec l’ombre et la lumière, ce que l’on voit est ce qui n’est qu’entraperçu.

Avec ce très beau portrait de femme au foyer, c’est la vie du personnage principal qui se déploie devant nos yeux, ainsi que ses désirs et ses choix. En effet, en voulant reprendre en main sa vie, la jeune femme doit faire la part des choses entre ce qu’elle doit être et ce qu’elle est vraiment. Une personnalité qu’elle doit d’ailleurs redécouvrir, après avoir enfouie une partie d’elle pendant des années.

Ce sont aussi les autres personnages féminins qui viennent offrir un certain regard sur la société japonaise. Entre les collègues de la jeune femme, sa belle-mère et sa mère, ou cette restauratrice au grand cœur, le poids que la société fait porter aux femmes se dévoile par petites touches et montre toutes les injonctions que ces dernières subissent et auxquelles il est difficile d’échapper.

The Housewife est un très beau film racontant à la fois une passionnante histoire d’amour et la très belle prise de conscience d’une femme enfermée dans son carcan d’épouse et de mère qu’elle n’a pas entièrement choisi. Avec une histoire qui se déploie délicatement, une réalisation d’une belle subtilité et un duo d’acteurs magnifiques, l’œuvre va droit au cœur et fait beaucoup réfléchir sur la société et sur la condition de la femme.

Émouvant et intense.

C’est en recroisant son ancien amant de faculté, que Toko, depuis longtemps femme au foyer, voit soudain renaître en elle le désir de travailler, et de reprendre son métier d’architecte. Mais peut-on jamais réinventer sa vie ?

 Photographie : Shinya Kimura
 Musique : Tanaka Takuto
 Producteurs : Satoshi Akagi, Yumi Arakawa, Suguru Kubota pour Office shirous, Nikkatsu Studio
 Distributeur : Art House

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