Sans Frapper : La critique
SANS FRAPPER
Date de sortie : 09/03/2022
Titre original : Sans Frapper
Durée du film : 1 h 25
Réalisateur : Alexe Poukine
Scénariste : Alexe Poukine d’après le texte de Ada Leiris
LA CRITIQUE
C’est en utilisant un documentaire qui ressemble à de la fiction que le très bon Sans frapper propose avec une grande puissance une réflexion sur l’agression sexuelle.
La réalisatrice Alexe Poukine a rencontré Ada Leiris, après la projection de son précédent long métrage. Elle lui a raconté ce qui lui était arrivé des années auparavant. Après l’avoir rencontré plusieurs fois, elle a eu envie de porter sur écran son histoire et utilise pour cela une manière tout à fait originale de le faire.
Elle a ainsi décidé de faire dire son histoire par plusieurs individus qui incarnent chacun le même personnage. Elle introduit ensuite progressivement différentes personnes qui ont eux aussi subi des agressions, travaillent dans ce domaine ou ont même été agresseur.
Ce sont tout d’abord des actrices professionnelles qui racontent chronologiquement l’histoire, avant de laisser la place à des victimes qui, après avoir fait avancer le fil du récit du personnage principal, reviennent aussi sur leurs propres histoires.
Il est vraiment extrêmement intéressant de séparer les événements narrés de l’individu qui les raconte. Cela permet progressivement de comprendre l’impact des mots prononcés et d’appréhender le tableau en entier. En effet, cette histoire, progressivement glaçante, permet aussi de s’interroger sur ce qui peut arriver quotidiennement et sur la manière dont on comprend les événements lorsqu’ils arrivent.
L’œuvre est d’autant plus nécessaire, que si on parle de plus en plus de consentement, beaucoup de personnes, homme comme femme, victimes comme agresseurs, ne prennent pas la pleine mesure de ce qu’ils font ou de ce qu’ils vivent.
La mise en scène est d’une belle sobriété. Elle filme les différents intervenants dans des intérieurs d’appartement, ce qui permet de se concentrer pleinement sur la personne que l’on regarde, et surtout sur ce qu’elles nous disent.
Car alors que l’histoire avance, on prend progressivement la mesure de ce que l’on entend et l’impact des mots est d’autant plus fort qu’il peut trouver une résonance en nous. En effet, les situations présentées sont d’une cruelle banalité et ce genre de situation peut arriver à chacun d’entre nous, surtout lorsque l’on se croit en sécurité en bonne compagnie.
Sans frapper décrit parfaitement la manière dont une situation peut mal tourner et la façon dont on peut, sans s’en douter, devenir une victime des événements. Avec un témoignage aussi fort repris par de multiples voix et une réalisation se mettant complètement au service de son message, comprendre ce qu’il se passe est déjà un moyen de s’éduquer et de reconnaître ce que l’on ne doit pas laisser passer et surtout ce que l’on doit condamner. Car un non est toujours un non, quelles que soient la situation et les circonstances.
Important et révélateur.
SYNOPSIS
Ada a dix-neuf ans. Elle accepte d’aller dîner chez un garçon qu’elle connaît. Tout va très vite, elle ne se défend pas. Son corps est meurtri, son esprit diffracté. Le récit d’Ada se mélange à ceux d’autres, tous différents et pourtant semblables. La même sale histoire, insensée et banale, vue sous différents angles.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Elin Kirschfink
Montage : Agnès Bruckert
Producteur : C.V.B., Alter Ego Films
Distributeur : La Vingt-Cinquième Heure
LIENS
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