Matrix Resurrections : La critique

Date : 21 / 12 / 2021 à 17h00

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Le premier Matrix avait été un choc pour nombre d’entre-nous. D’abord par ses thématiques, où quand la simplicité apparente de l’action cachait des enjeux complexes. Ensuite, par sa puissance visuelle, le film des Wachowski redéfinissait la notion de blockbuster. Et enfin par sa vision d’un futur qui, encore 20 ans après, semble d’une actualité criante. Le choc avait été pourtant d’une courte durée tant, les deux films qui avaient suivi semblait renier tout ce qui faisait la valeur du film initial.

20 ans après, Lana Wachowski remet donc le couvert dans un monde réel qui prend jour après jour la direction qu’elle avait prophétisée. Alors oui, un skynet terminatorien ne s’est pas encore manifesté pour faire la guerre à l’humanité. Pour autant, il suffit de plonger son regard dans l’actualité pour voir des signes de la future matrice. Je prends pour preuve le Metaverse chéri de Mark Zuckerberg ou le projet d’Elon Musk de relier notre cerveau à une puce. Bref deux Mister Smith en puissance, ce qui n’a pas échappé à l’acuité de notre réalisatrice aux dreadlocks roses.

Alors, oui, j’ose le dire, je suis sorti de la projection de Matrix Resurrections avec la certitude d’avoir vu enfin le film que j’attendais depuis si longtemps. Si la résurrection du titre concerne bien entendu Neo et Trinity, j’y vois aussi la résurrection d’une réalisatrice qui avait été cornérisé par un certain nombre d’échecs et qui, avec ce film, retrouve le chemin du grand cinéma.

Hors de question de vous divulgacher l’histoire de ce Matrix, car, même si vous avez analysé chaque plan des bandes-annonces, je vous garantis un nombre très conséquent de surprises… des bonnes surprises. Si vous avez eu l’impression que le film serait un quasi-remake du premier, c’est un peu vrai… mais, c’est également faux. Lana et ses co-scénaristes David Mitchell et Aleksandar Hemon ont littéralement déconstruit le premier film pour aboutir à cette proposition qui va vous laisser la bouche grande ouverte.

C’est peu dire que le film a pour colonne vertébrale l’amour que Neo porte à Trinity. Et l’alchimie entre Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss est à nouveau présent comme au premier jour. Ils sont entourés d’un aréopage de nouveaux personnages. Jonathan Groff et Yahya Abdul-Mateen 2 sont hallucinants dans les chaussures de new Smith et new Morpheus. Mais une actrice crève littéralement l’écran. Jessica Henwick a bien fait de refuser Shang-Chi pour préférer la matrice tant elle est une évidence pour incarner Bugs.

Coté visuel, bien évidemment, 20 années de plus permettent d’upgrader tous les effets qu’on adorait dans cette franchise. Bye bye le côté infographie qui faisait si mal aux yeux dans Reloaded et Revolutions. Petit bémol sur les combats qui me semblent visuellement moins maîtrisés que dans les précédents films.

Reste pour moi à vous parler de ce qui fait vraiment la valeur à mes yeux de ce film. J’aime la science-fiction qui me fait réfléchir sur nos sociétés, sur nos actions politiques, sur la direction que prend l’Humanité. Et le premier Matrix hante depuis 20 ans ma réflexion sur ces sujets. Certains ont pris le premier film à la lettre dans leur combat pour/contre la vérité et leur certitude qu’on vit dans un grand complot mondialisé. Lana Wachowski remet magistralement les pendules à l’heure avec ce film et démontre que la diffusion de la théorie du complot est la meilleure arme de la Matrice contre nous...

Le film indispensable de cette fin d’année.

Matrix Resurrections est une nouvelle aventure extrêmement réussie au cœur d’une matrice qui réserve son lot de surprises et d’innovations.

En 1999, quand le long métrage Matrix est sorti, cela a été une véritable révolution, tant visuelle qu’au niveau de la narration. Une œuvre de science-fiction incroyable pour moi qui à l’époque a été une véritable claque cinématographique.

Presque 20 ans plus tard, Lana Wachowski revient seule à la réalisation et propose un film incroyable et brillant qui est de nouveau un véritable chef-d’œuvre. Elle réussit à redonner une âme à la matrice et à faire une nouvelle proposition sortant vraiment de l’ordinaire, qui est toute aussi puissante que celle originale.

Le scénario de David Mitchell, Lana Wachowski et Aleksandar Hemon continue de jouer avec la notion de fiction et de réalité. On retrouve le couple le plus emblématique de la science-fiction cinématographique qui montre qu’il n’a rien perdu de sa superbe et qu’il est toujours capable d’émouvoir et d’offrir un spectacle total aux spectateurs. Car c’est avant tout leur amour, servant parfois de ressort aux précédents opus, qui continue d’avoir son importance dans ce quatrième volet.

Les comédiens ont vieilli, mais le récit explique bien cela. Il n’en reste pas moins qu’ils sont tous spectaculaires et que les nouveaux venus sont aussi impeccable que les personnages que l’on a déjà pu croiser précédemment.

On retrouve donc avec un immense plaisir Keanu Reeves qui est toujours formidable en Neo se débattant avec son rôle d’élu. Carrie-Anne Moss est impressionnante en Trinity qui n’a rien perdu de son mordant. Les deux acteurs ont une alchimie qui fonctionne à merveille entre eux. Ils sont incroyables à chacune de leur apparition simultanée et dégagent une énergie éblouissante. Yahya Abdul-Mateen II est impeccable en personnage toujours intéressant. Jessica Henwick crève l’écran en nouvelle venue dans cet univers cyber. Jonathan Groff est très bon en personnage qui a aussi son mot à dire sur la matrice. Les autres comédiens sont impeccables dans leurs rôles et permettent de croire à leurs personnages.

La réalisation de Lana Wachowski est splendide. Elle propose non seulement les scènes que l’on a appris à apprécier lors des longs métrages précédents, mais sait les renouveler d’une belle façon. Les combats sont extrêmement percutants, même s’ils sont parfois moins ciselés que lors des précédents films. Toutefois, quelques passages en mettent franchement plein les yeux et font preuve d’une certaine innovation. D’autant que le montage de Joseph Jett Sally fait honneur au brio de la mise en scène de la réalisatrice.

Il est donc facile de se retrouver à nouveau projeté en plein cœur de la matrice et de suivre les aventures spectaculaires des humains qui veulent que leur vie leur appartienne entièrement. Car les thématiques abordées n’ont pas pris une ride et les réflexions sur la liberté, sur l’amour et sur l’envie d’avoir un certain confort en échange d’une bienheureuse ignorance sont toujours d’actualité.

Les effets spéciaux de Dan Glass sont vraiment impressionnants. L’œuvre est visuellement époustouflante et les ajouts qui sont faits à l’univers d’origine sont toujours impeccablement trouvés.

Tous les éléments visuels sont vraiment bien travaillés. Les costumes de Lindsay Pugh sont parfois splendides. Ils sont bien mis en valeur, tous comme les différents protagonistes, par la très belle photographie de John Toll. Alors que la musique de Johnny Klimek et Tom Tykwer vient rehausser un divertissement particulièrement intense qui sous couvert de blockbuster est une œuvre faisant énormément réfléchir sur l’humanité, sur les éléments qui l’anime et sur les sentiments de ses représentants.

Matrix Resurrections est un film incroyable qui montre qu’une suite peut revisiter avec brio une œuvre originale et lui faire accéder à une nouvelle dimension. Avec une histoire merveilleusement conçue, une réflexion puissante sur les humains, les machines et l’amour, un travail splendide sur le visuel et les effets spéciaux, une réalisation brillante et un duo d’acteurs étincelant, cette nouvelle plongée dans la matrice sait sublimer son passé pour faire une nouvelle proposition envoûtante et incroyable.

Dantesque et exceptionnel.

SYNOPSIS

MATRIX RESURRECTIONS nous replonge dans deux réalités parallèles – celle de notre quotidien et celle du monde qui s’y dissimule. Pour savoir avec certitude si sa réalité propre est une construction physique ou mentale, et pour véritablement se connaître lui- même, M. Anderson devra de nouveau suivre le lapin blanc. Et si Thomas... Neo... a bien appris quelque chose, c’est qu’une telle décision, quoique illusoire, est la seule manière de s’extraire de la Matrice – ou d’y entrer... Bien entendu, Neo sait déjà ce qui lui reste à faire. Ce qu’il ignore en revanche, c’est que la Matrice est plus puissante, plus sécurisée et plus redoutable que jamais. Comme un air de déjà vu...

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 2 h 28
Titre original : The Matrix Resurrections
Date de sortie : 22/12/2021
Réalisateur : Lana Wachowski
Scénariste : Lana Wachowski, David Mitchell, et Aleksandar Hemon
Interprètes : Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Jada Pinkett Smith, Yahya Abdul-Mateen II, Priyanka Chopra Jonas, Jessica Henwick, Neil Patrick Harris, Jonathan Groff, Brian J. Smith et Christina Ricci
Photographie : John Toll
Montage : Joseph Jett Sally
Musique : Johnny Klimek et Tom Tykwer
Costumes : Lindsay Pugh
Décors : Hugh Bateup, Lisa Brennan, Peter Walpole et Barbara Munch
Producteur : Lana Wachowski et Grant Hill pour Warner Bros et Village Roadshow Pictures
Distributeur : Warner Bros. France