Playlist : La critique
On ne va pas se mentir, avec son noir et blanc et son affiche décalée, Playlist est le genre de film que l’on aurait tendance à estimer comme bobo et prétentieux et pas forcément destiné à un large public. D’ailleurs, les premières minutes sont un peu déstabilisantes, avec un narrateur masculin en voix-off disant ce qu’il pense de ce qu’est devenu l’amour aujourd’hui, alors que le film est centrée sur une jeune femme jouée par Sara Forestier. De plus, les premières scènes semblent s’enchaîner de manière hachée sans donner l’impression d’avoir un vrai fil conducteur donnant l’impression d’un film à sketches.
Et puis au fur et mesure que se dévoile à nous la vie de Sophie, l’héroïne de Playlist, tous les éléments scénaristiques et stylistiques imaginés par Nine Atico, autrice de bandes-dessinées qui a écrit et réalisé ici son premier film, trouvent leur sens jusqu’à nous révéler sa véritable ambition : nous raconter de manière définitive la recherche du grand Amour et les conséquences possibles lorsqu’on ne l’a pas trouvé.
Il fallait donc faire preuve de beaucoup d’audace pour convaincre le spectateur dont ce qu’il y a dans Playlist ne ressemble à rien de ce qu’il a pu voir auparavant, alors que les situations qu’on y découvre ont d’une manière ou d’une autre déjà été montrées maintes et maintes fois dans un nombre incalculable de fictions. C’est en cela que le choix du noir et blanc pour que les choses paraissent intemporelles était indispensable, tout comme l’aspect faussement décousu de l’intrigue afin de refléter l’état émotionnel de la protagoniste principale. Ainsi, la générosité d’un travail bien fait et mûrement réfléchi en amont nous fait vite oublier tous les préjugés que l’on pouvait avoir en allant voir le film.
Avec son titre à l’interprétation multiple au regard de ce qu’il contient, Playlist se devait d’avoir une bande-son impeccable et il faut avouer que celle-ci parvient parfaitement à surligner ce qu’il se passe à l’écran. Ajoutez à cela le casting au diapason porté par Sara Forestier, formidable comme toujours, et Laetitia Dosch, incroyable de drôlerie dans le rôle de sa meilleure amie et l’immense plaisir qu’on a à regarder le film apparaît comme une évidence.
On regrettera peut-être la fin un peu frustrante, même si elle illustre aussi le fait que la vie à cette capacité de nous amener là où on ne s’y attend pas, sans qu’on y soit vraiment préparé ! Ceci étant dit, cela n’enlève rien au plaisir immense qu’on ressent devant un film qui, en plus de nous faire passer avec bonheur du rire aux larmes, parvient à avoir cette portée universelle qui en fera une œuvre inoubliable pour de nombreux spectateurs.
SYNOPSIS
Sophie a 28 ans. Elle aimerait être dessinatrice, mais ce serait tellement plus facile si elle avait fait une école d’art. Elle aimerait aussi trouver l’amour, mais ce serait tellement plus facile s’il vous sautait aux yeux. Elle multiplie les expériences amoureuses et professionnelles. Prendre des coups, beaucoup, en donner, un peu : c’est ça, l’apprentissage. Dans sa tête tourne en boucle Daniel Johnston, qui chante que « l’amour véritable finit bien par vous tomber dessus » ; mais Sophie se demande s’il dit vrai.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 28
Titre original : Playlist
Date de sortie : 02/06/2021
Réalisateur : Nine Antico
Scénariste : Nine Antico, Marc Syriagas
Interprètes : Sara Forestier, Laetitia Dosch, Inas Chanti, Pierre Lottin, Andranic Manet, Mathieu Lescop, Gregoire Colin, Anne Steffens
Photographie : Julie conte
Montage : Carole Le Page
Costumes : Ariane Daurat
Décors : Juliette Doyard
Producteur : Atelier de Production
Distributeur : KMBO
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