En attendant le carnaval : La critique

Date : 03 / 10 / 2020 à 10h00
Sources :

Unification


En attendant le carnaval est un très bon documentaire et qui se focalise sur Toritama, une ville de 40 000 habitants qui produit chaque année 20 millions de jeans, soit 20 % de la production totale du Brésil.

Le réalisateur Marcelo Gomes a voulu faire un documentaire sur une région qu’il affectionne particulièrement, et qu’il avait fréquenté lorsqu’il était jeune. C’est en y retournant qu’il a découvert les changements immenses qui ont lieu dans cette région agricole, avec la création de plein de micros entreprises, toutes concentrées sur la création de jeans.

Il a alors décidé de filmer l’activité de la ville, et de donner la parole à ceux qui la font. En effet, une activité intense s’y déroule pendant pratiquement 300 jours par an, pendant laquelle les habitants passent la quasi-totalité de leur temps à travailler pour avoir de l’argent. Mais venu le festival, ceux-ci n’hésitent pas à vendre leurs biens, tels des réfrigérateurs ou des télévisions, pour pouvoir se payer le carnaval au bord des plages du Brésil et passer un moment de détente en famille. Avant de nouveau travailler énormément pour pouvoir se racheter leurs anciennes possessions.

Ce microcosme est une formidable illustration du capitalisme. Ainsi, le rendement apporte de l’argent qui semble être, en dehors du carnaval, le principal sujet de préoccupation de ceux qui travaillent. Néanmoins, aucune des personnes interrogées ne semble malheureuse de son sort. En effet, chacun apprécie d’être libre de faire son travail quand il veut et comme il veut, le salaire de la journée étant exclusivement lié à la production du travailleur.

Marcelo Gomes s’attarde beaucoup sur les machines et les différentes tâches des uns et des autres. D’ailleurs, les personnes qu’il rencontre ne s’arrêtent généralement pas de travailler pour répondre à ses questions, offrant la parfaite illustration de l’adage « Le temps est de l’argent ».

Cette frénésie des mains derrière les machines, ces mouvements maintes fois répétés, ces monticules d’habits plus ou moins finalisés sont particulièrement bien captés par la très belle photographie de Pedro Andrade. Les images sont parfois hypnotisantes, d’autant que la bande sonore est particulièrement bien travaillée, permettant de s’immerger en plein dans ces petits ateliers.

Les rencontres sont toutes intéressantes et permettent de croiser des protagonistes bigarrés et attachants. Leonardo Dos Santos, Leo, sort rapidement du lot, et le réalisateur lui donne bientôt plus souvent la parole. L’homme a fait de nombreux métiers, adore travailler et a une vision de la vie remplie d’humour et d’une certaine philosophie.

C’est d’ailleurs à lui que l’on doit les images de ce qu’il se passe pendant le carnaval. En effet, le réalisateur après être resté de nombreux mois à filmer tous les habitants de Toritama au travail, a proposé à certains d’entre eux de filmer eux-mêmes leur période de vacances, pour ne pas s’immiscer dans leur seul temps libre de l’année. Au vu des similitudes des images captées, il a décidé de se concentrer sur celles filmées par un homme, Leo, qui sert finalement de fil rouge au documentaire.

Il faut d’ailleurs saluer le très beau montage de Karen Harley qui permet de rendre le sujet du long métrage attractif et d’avoir une certaine fascination devant ce qu’il se passe dans cette ville, ce travail acharné associé au sentiment de satisfaction de ceux qui produisent des jeans à la chaîne et qui ont l’impression de contrôler leurs vies.

En attendant le carnaval est un documentaire passionnant à voir qui, à travers une petite ville, permet d’appréhender l’essence même du capitalisme : la production, l’argent et la consommation. Avec des individus très intéressants à écouter, des images captivantes et cette étrange tradition locale de vendre tout ce que l’on a pour partir faire le carnaval ailleurs, transformant les lieux pendant quelques jours en ville fantôme, l’œuvre est bien attractive et mérite vraiment d’être vue.

Impressionnant et étonnant.

SYNOPSIS

Dans la région reculée du Nord Este au Brésil, le petit village de Toritama est un microcosme du capitalisme impitoyable. Chaque année, plus de 20 millions de paires de jeans sont produites dans des usines de fortune. Les gens du pays travaillent sans arrêt, fiers d’être maîtres de leur temps. Pendant le Carnaval, seul moment de loisir de l’année, ils transgressent la logique de l’accumulation des biens, vendent leurs affaires sans regret et fuient vers les plages à la recherche du bonheur éphémère.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 25
- Titre original : Estou me Guardando para Quando o Carnaval Chegar
- Date de sortie : 07/10/2020
- Réalisateur : Marcelo Gomes
- Scénariste : Marcelo Gomes
- Photographie : Pedro Andrade
- Montage : Karen Harley
- Musique : O Grivo
- Producteur : Nara Aragão, João Vieira Jr. pour Rec Produtores Associados Ltda., Carnaval Filmes
- Distributeur : JHR Films

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

En attendant le carnaval



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