Mrs America : Review des trois premiers épisodes

Date : 22 / 04 / 2020 à 13h00
Sources :

Unification


Imaginez, pendant que Lincoln cherchait à abolir l’esclavage, un soulèvement mené par des milliers d’esclaves protestant contre l’abolition ! C’est le thème de cette série qui retrace des événements historiques, à part que l’on parle ici des femmes, du féminisme, de l’Equal Rights Amendment et des coincées du ciboulot qui n’en voulaient pas.

Je ne suis pas très fan de Cate Blanchett. Il me semble qu’il se dégage d’elle une espèce de mépris pour tout ce qui l’entoure et qui ne me la rend pas sympathique... Mais c’est indéniablement une actrice remarquable et, dans le rôle de Phyllis Schlafly, l’anti-héroïne de cette série, elle est excellente, je dirais même tout à fait à sa place.

Comme Mrs America parle de femmes et du combat féministe des années 70, chacun des trois premiers épisodes s’intéresse à l’un des principaux personnages féminins de la série.

PHYLLIS : L’épisode 1 nous présente Phyllis, une femme au foyer de l’Illinois hyper conservatrice, mère de six enfants, mariée à l’avocat Fred Schlafly (John Slattery), et qui, dans son temps libre, s’intéresse à la course à l’armement nucléaire entre les USA et L’URSS. Ce goût, plutôt inhabituel pour une femme de l’époque, lui viendrait du temps qu’elle a passé à travailler dans la ’plus grande usine de munitions du monde’ pendant la 2ème guerre mondiale. Phyllis est ambitieuse : elle veut une place dans l’hémicycle à Washington, mais elle n’envisage sa campagne qu’autour de son dada : les armes nucléaires. Of course, les machos du congrès ne la prennent pas au sérieux et lui suggèrent d’aller plutôt s’attaquer à l’ERA, l’Equal Rights Amendment, qui va donner aux femmes autant de droits qu’aux hommes, une véritable aberration ! Phyllis ravale sa fierté et se trouve une nouvelle passion : mettre à terre les féministes et leur amendement décadent. Car voyez-vous, si L’ERA passe, prétend-elle à la télé, on aura des toilettes mixtes, les femmes n’auront plus de pension alimentaire en cas de divorce et elles iront faire la guerre comme les hommes ! On ne peut pas faire subir ça à nos filles !!! STOP ERA !

GLORIA : dans l’épisode 2, on découvre Gloria Steinem (Rose Byrne), belle, journaliste, féministe, activiste et belle-mère de Christian Bale pendant 3 ans. Mais ce dernier point, la série n’en parle évidemment pas, c’était juste une anecdote wikipediesque, comme ça, en passant... Célibataire endurcie, hippie dans l’âme, elle sort avec un Afro-américain, ce qui était déjà un sacré coup dans les dents des conventions sociales américaines. Elle s’insurge contre la façon dont les femmes sont considérées : poules pondeuses, cuisinières, soumises à leur mari. Elle écrit bien, parle bien, soutient ardemment l’ERA et milite pour légaliser l’avortement. Elle s’implique aussi avec passion dans la politique, auprès de la députée Shirley Chisolm.

SHIRLEY : le 3ème épisode met en lumière Shirley Chisolm (Uzo Aduba), la première femme afro-américaine a avoir été élue au Congrès américain. Elle représentera le 12ème district de New York de 1969 à 1983. Engagée, elle l’est, avec la double étiquette ’femme’ et ’black’. ’Laquelle est vraiment ta priorité ?’ lui demandent les hommes qui la suivent, inquiets qu’elle fasse passer la cause des femmes avant celle des noirs. En 1972, Shirley se présente aux primaires du parti démocrate dans l’espoir de devenir sa candidate aux élections présidentielles. Contre le sénateur McGovern, la star du parti, elle a peu de chances. Mais elle y croit et se battra jusqu’au bout. Cette épisode nous montre la complexité du système électoral américain, et surtout les magouilles qui vont avec.

Mrs America est une autre de ces nombreuses séries politiques que les Américains affectionnent. Elle nous montre les deux côtés du débat sur l’ERA qui fera couler de l’encre, de la sueur et même du sang pendant des années. Car ce n’est pas parce que le Congrès a voté une loi qu’elle va être mise en place dans tous les états en même temps : les USA sont un pays fédéral, chaque état doit ratifier la loi localement et ils ont jusqu’en 1979 pour le faire.

Cette série a évidemment un grand intérêt au plan historique, mais à mon goût, elle sombre trop dans la verbosité. Il est vrai qu’en politique on parle beaucoup plus que ce qu’on agit, mais trop c’est trop et j’avoue que j’ai parfois été dépassée par les tenants et les aboutissants de certaines situations. Je ne mettrais pas Mrs America dans la catégorie ’divertissement’, mais si vous avez un penchant pour la politique, le féminisme et l’Amérique des années 70, alors vous y retrouverez vos petits.


EPISODE

- Episodes : 1.01, 1.02, 1.03
- Titres : Phyllis, Gloria, Shirley
- Date de première diffusion : 15 avril 2020 (Hulu)
- Réalisateurs : Anna Boden, Ryan Fleck, Amma Asante
- Scénaristes : Dahvi Waller, Joshua Allen Griffith, Tanya Barfield

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