La femme des Steppes, le flic et l’œuf : La critique

Sorte d’OVNI cinématographique La femme des Steppes, le flic et l’œuf de Wang Quanan va entraîner le spectateur dans un polar des plus singulier.
Surgi de nulle part après une préparation d’un mois et un tournage express en 20 jours, avec tout le lot de galères que cela implique.

Ça n’est que dans la salle de montage que le réalisateur, une fois le film monté, a compris que son film était bien plus qu’un simple film policier. Un de plus, dans le paysage du cinéma international, cela n’aurait pas changé grand chose et n’aurait sans doute pas attiré l’attention plus que ça.

Pourtant, ce film "sur la vie, la mort et l’amour", revendique-t-il, est bien plus.
Il invite à ressentir "le concept du temps". Tel qu’il est vécu en Mongolie.

Tout avait, d’un coup, pour le réalisateur, une signification différente. Et bien vite, le public le suivra, j’en suis sûre, dans cet étrange voyage, au confins du temps et de l’espace vital.

Il m’a convaincue, aussi. C’est un peu comme un voyage dans une autre dimension. Le genre de film qui transporte, comme dans un autre monde.
Mais sur notre planète.

L’expérience est attrayante. L’invitation véritablement originale.
Le résultat, peu commun.

L’histoire est à la fois simple et empreinte de mystère. Les acteurs évoluent dans un récit bien construit, destiné à montrer, sans fioriture.

Pourtant adepte des dialogues, qui à son sens contribuent à la bonne compréhension d’un film, Wang Quanan a cette fois-ci estimé que le langage était superflu. Et enjoint le spectateur à se "contenter de regarder l’image".

Une image magnifiquement photographiée. La lumière de cette contrée est très spéciale. Les décors naturels, sont prodigieux. Une autre dimension, vous dis-je.

Cela pourra donc emporter ou déconcerter. Ce sera selon l’humeur, la curiosité, l’envie de nouveauté. Qui devrait primer, je l’espère.
Et le public donner à ce film "à part" toutes ses chances. Amplement méritées.
Salué et récompensé dans plusieurs festivals.
En compétition à Berlin. Grand Prix à Gand.
Montgolfière d’Or au Festival des 3 Continents de Nantes.
À voir.

DB
La femme des Steppes, le flic et l’œuf est un bon film sino-mongol qui a une atmosphère tout à fait originale.

Le scénario du réalisateur Quanan Wang, qui a préféré tourner en Mongolie pour limiter l’impact de la censure chinoise, présente le corps d’une jeune femme retrouvée dans la steppe mongole et devant être gardée une nuit par un jeune policier inexpérimenté que vient aider une bergère armée. Une partie du récit se focalise sur cette rencontre, alors que l’histoire suit de près cette bergère, sa façon de vivre et d’appréhender la vie.

C’est d’ailleurs une véritable bergère, Dulamjav Enkhtaivan, qui incarne son propre rôle et qui est non seulement véridique, mais d’une grande aisance devant la caméra. Une partie de l’équipe s’est d’ailleurs occupée de ses bêtes pendant le tournage, alors que cette dernière a été isolée afin qu’elle ne prenne pas conscience qu’elle avait le rôle central dans le long métrage. Le jeune homme qui incarne le flic, Norovsambuu Batmunkh, est lui-même un policier en formation et sa véracité en est renforcée.

Le récit parle de la vie de la mort, de l’amour et du désir, et des tâches quotidiennes qui rythment autant l’existence que le jour et la nuit dans cette plate région où le froid se fait mordant quand le soleil se couche.

La photographie d’Aymerick Pilarski est d’ailleurs superbe, proposant des images d’une beauté saisissante qui offre une plaine s’étalant à perte de vue dans laquelle les lumières des différents moments de la journée jouent sur la perception. Ainsi le rose, le bleu, la luminosité participent pleinement à l’immersion que l’on a dans une œuvre qui touche parfois à la métaphysique.

La mise en scène de Quanan Wang est très intéressante. Celui-ci propose des plans immenses permettant au regard d’appréhender une partie de cette steppe. Il utilise aussi très bien les caméras embarquées pour suivre les divers protagonistes à travers la plaine et les montrer vaquer à leurs occupations. Tout en se faisant plus discret lorsque ces dernières sont plus intimes. Son plan saisissant se déroulant en pleine steppe dans un lieu aménagé avec deux lampadaires et des bancs sous un petit patio, est à l’image du récit qu’il raconte sur la destinée d’une femme.

La femme des Steppes, le flic et l’œuf est un film singulier parfois contemplatif et métaphysique. Il laisse libre cours à l’imaginaire et au ressenti et évoque des sujets centraux de l’humanité à travers le personnage d’une bergère à la présence imposante très bien mise en valeur par une formidable photographie.

Étonnant et charmeur.

IA

Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se protéger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’enquête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé.

 Durée du film : 1 h 40
 Titre original : Öndög
 Date de sortie : 19/08/2020
 Réalisateur : Quanan Wang
 Scénariste : Quanan Wang
 Interprètes : Dulamjav Enkhtaivan, Aorigeletu, Norovsambuu Batmunkh, B. Anujin, Gangtemuer Arild, Silengge, Puribuzhabu, Talinqiqige
 Photographie : Aymerick Pilarski
 Montage : Quanan Wang, Yang Wenjian
 Décors : Bater
 Producteur : Quanan Wang pour Star Light Films LLC, New Theater Union, Landi Studios, Mogo Film Labs, October Harvest Culture Media
 Distributeur : Diaphana Distribution

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