Daredevil : Review de la saison 3
Après une longue période d’absence (2 ans et demi), la renaissance du diable d’Hell’s Kitchen arrive à point nommé pour une franchise The Defenders qui connaît des heures bien sombres.
Délaissant sa casquette de producteur d’Arrow (CW) et du Man in The High Castle (Prime), le showrunner Erik Oleson offre une troisième saison de très haute volée à Daredevil.
Le showrunner profite des conséquences de l’unique run The Defenders pour enterrer définitivement dans les bas-fonds toute dimension mystique, dès les premières images antéchristique de la saison.
Cela lui permet de retrouver la simplicité et l’efficacité redoutable de l’intrigue mafieuse – très terre à terre – déjà à l’œuvre durant la première saison. Cette intrigue mafieuse et conspirationniste est enrichie par des thématiques qui se retrouve souvent dans le cinéma de Christopher Nolan : les traumatismes et les blessures familiales du passé.
Mettant presque en parenthèse ou en aparté la saison 2, la troisième croisade de Daredevil se présente clairement comme une suite directe de la première saison puisqu’elle reprend l’affrontement mortel avec Wilson Fisk, là où elle s’est arrêtée.
A l’instar du Titan Fou Thanos, le personnage incarné par Vincent D’Onofrio dégage une capacité de nuisance, une dangerosité quasi-palpable et singulièrement crédible.
D’aucuns diront que cette crédibilité malaisante que dégage le KingPin (Caïd) puise ses racines du Président américain Donald Trump.
Afin de pousser encore plus loin les obstacles pour forcer la renaissance de Matt Murdock ou la transfiguration de Daredevil, les scénaristes mettent au-devant de la scène le némésis emblématique de l’homme sans peur : le tireur d’élite Bullseye. Afin d’éviter la redondance avec le Punisher, la nouvelle saison revisite et modernise les origines de cet antagoniste culte, admirablement campé par Wilson Berthel. Pour ce faire, le développement du personnage de Ben Pointdexter s’inspire du processus de descente aux enfers d’Harvey Dent que Christopher Nolan a puisé dans le comics Batman Long Halloween. Comme le justifie, à raison, le showrunner Erik Oleson, il est toujours intéressant de dévoiler les blessures de la vie qui font basculer une personne a priori normale en véritable vilain de comics book.
Plus puissant et crédible est l’antagonisme, plus captivant et réussi est l’affrontement. Et en passant, les séquences de combats constituent la plus grande réussite de Daredevil.
Etonnamment livrées avec parcimonie, les séquences de combats ne peuvent que forcer le respect tant elles feront date dans l’histoire télévisuelle. Une séquence en particulier est à la mesure du combat au « marteau » de Old Boy ou la bataille des Batards de Game Of Thrones. Toute la puissance des combats provient de la crédibilité viscérale dégagée au moyen de plans séquences ahurissants de maîtrise technique. Abnégation des acteurs – chapeau M. Charlie Cox –, ambitions esthétiques, professionnalisme et amour de la franchise se retrouvent dans ces minutes de violences absolument jouissives. Ces séquences parviennent même à tirer un véritable plaisir coupable que certains n’auront ressenti que lors du premier visionnage d’œuvres cultes comme 300 ou The Matrix.
Beaucoup plus affaibli, moralement et physiquement, que dans les saisons précédentes, Daredevil peut toujours compter sur le soutien indéfectible de l’avocat Franklin « Foggy » Nelson et la journaliste Karen Page. Cette dernière bénéficie d’une écriture et d’un traitement soigné qui est une résultante très positive du mouvement Me too qui souffle sur toute l’industrie Hollywoodienne.
Ainsi, une fois n’est pas coutume, le format en 13 épisodes, bien que diluant l’efficacité de l’intrigue, permet à ces deux personnages de tirer leur épingle du jeu. Autrement dit, même les moments de digression qui font office de « remplissage » - propre aux séries de la franchise The Defenders, sont ici intéressantes, voire captivantes. C’est dire l’excellente qualité de l’ensemble de la saison.
Finalement, pour parvenir à cet excellent résultat, le showrunner Oleson s’appuie sur les meilleurs ingrédients des saisons précédentes pour agrémenter une recette qui n’est autre qu’une énième relecture intelligente du Dark Knight de Christopher Nolan.
Et au diable les raccourcis et les facilités scénaristiques, ceux qui dès l’enfance ont baigné dans les pages de comics, comprennent, ô combien, c’est un véritable bonheur de voir ces personnages d’encre et de papier littéralement prendre vie, en chair et en os, sur le petit écran, au travers d’une saison aussi inspirée. Le bonheur est même décuplé lorsque les acteurs redoublent d’efforts pour apporter une épaisseur et une complexité inédit à des personnages iconiques mais parfois monochromes et archétypés.
Si Marvel et Netflix venaient à tirer un trait sur la franchise, Daredevil aura livré un magnifique et émouvant chant de cygnes.
EPISODE
Episodes : 3.01 – 3.02 – 3.03 – 3.04 – 3.05 – 3.06 – 3.07 – 3.08 – 3.09 – 3.10 – 3.11 – 3.12 et 3.13
Titres : Resurrection - Please - No Good Deed - Blidsided - The Perfect Game - The Devil You Know - Aftermath - Upstairs/Downstairs - Revelations - Karen - Reunion - One Last Shot - A New Napkin
Date de première diffusion : 19/10/2018 (Netflix)
Réalisateurs : Mark Jobst (3.1) - Lukas Ettlin (3.2) - Jennifer Getzinger (3.3) - Alex Garcia Lopez (3.4, 3.10) - Julian Holmes (3.5) - Stephen Surjik (3.6) - Toa Fraser (3.7) - Alex Zakrewski (3.8) - Jennifer Lynch (3.9) - Jet Wilkinson (3.11) - Phil Abraham (3.12) - Sam Miller (3.13)
Scénaristes : Erik Oleson (3.1, 3.2, 3.13) - Jim Dunn (3.2, 3.11) - Sonay Hoffman (3.3) - Lewaa Nasserdeen (3.4) - Tonya Kong (3.5) - Dylan Gallagher (3.6) - Sarah Streicher (3.7) - Dara Resnik (3.8, 3.11) - Sam Ernst (3.9, 3.12) - Tamara Becher-Wilkinson (3.10)
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