Holly Weed : Interview de Jeannot l’épicier - Philippe Vieux
OCS Signature lance le 21 décembre une nouvelle série : Holly Weed qui raconte l’histoire d’un village sinistré par le chômage sur une île isolée où 25 tonnes de Marijuana viennent s’échouer. Après d’âpres débats entre les villageois, il est décidé que la survie du village passera par l’exploitation de la drogue..
Unification a eu l’occasion de passer une journée sur le tournage de la nouvelle série et de rencontrer Philippe Vieux. L’acteur français interprète Jeannot, l’épicier du village, avide et magouilleur, et tout de suite séduit par l’idée de revendre la drogue.
Bonjour, pouvez-vous nous parler de la série Holly Weed ?
Cette série est unique. Cela fait 26 ans que je fais ce métier, que je tourne dans des séries telles que Caméra Café, Péplum et bien d’autres, mais je n’ai jamais fait une série aussi dingue, irrévérencieuse et formidable. C’est le rêve de tout acteur parce que tout est permis grâce à un texte finement écrit, drolatique à souhait et libre. La chaîne OCS permet ce ton-là, tout ce que l’on ne peut pas faire ailleurs. Du coup, les auteurs se sont lâchés. Et pour les acteurs, c’est un véritable cadeau que de jouer dans cette série.
En plus, la collaboration entre Arthur Benzaquen, producteur et acteur principal et Laurent De Vismes est exquise puisqu’ils se complètent parfaitement. On a déjà dans les mains, nous acteurs, un texte extraordinaire, mais le jeu grâce à Arthur et à Laurent le réalisateur, c’est encore au-dessus, c’est une couche supplémentaire dans l’accomplissement de cette réalisation. Chaque jour, c’est de petits miracles que l’on trouve, en jeu. C’est parfait au niveau de la comédie.
Pouvez-vous nous parler de votre personnage ?
Mon personnage, c’est Jeannot l’épicier du village. C’est un garçon qui est touché par la situation de son village où il y a du chômage, où tout le monde s’en va. On parle de désertification des villages ruraux, c’est un peu ce qu’il se passe sur cette île. Il en souffre et l’occasion de remplir les caisses de la mairie lorsqu’ils trouvent cette drogue, il ne veut pas passer à côté. Alors, il va tout faire pour aller dans le sens du maire pour vendre cette drogue, renflouer les caisses de la mairie, mais aussi les siennes. Ce sont tous les deux des gens prêts à tout. C’est quelqu’un de tendre, mais qui se laisse aveugler par l’argent.
Comment avez-vous travaillé ?
Je me laisse vraiment pénétrer par ce que je lis. Ça imprime en moi. J’ai toujours eu le réflexe de me mettre au service du texte, de l’auteur et de la mise en scène. C’est un réflexe, lorsque je lis un scénario le personnage vient en moi et me transforme. Avec la collaboration de Laurent et d’Arthur, nous avons peaufiné ce personnage d’une façon méticuleuse et précise. C’est quelque chose de passionnant à faire. Le plus dur en fait dans cette aventure, c’est de ne pas rire, car c’est quand même très drôle ce que l’on a à faire.
Connaissiez-vous la série précédente d’Arthur Benzaquen, Zack ?
J’ai vu Zack à une projection organisée par OCS. Quand j’ai vu Zack je me suis dit c’est ma came, mon univers. Il faut que je rencontre ce réalisateur. Je ne le connaissais pas Arthur. Et comme un heureux hasard, un an après on reprend la comédie musicale tirée du film Sacré Graal des Monthy Python à Bobinot. Arthur était l’un des deux producteurs, c’est là que je l’ai rencontré. Je ne me suis pas privé de lui dire que Zack était mon univers. C’est tout ce que j’aime : l’absurde, j’ai été élevé avec. C’est comme cela que je me suis retrouvé sur Spamelot et quelques années auparavant sur des sketch des Monthy Python que l’on avait joué au palais des glaces. Chez nous, on ne rater jamais le Muppet Show, les Monthy Python ou Benny Hill, c’était le moment sacré. Il y avait la messe le dimanche matin et le soir Benny Hill ou le Muppet Show.
Ce n’est pas que de l’absurde dans la série. C’est très très bien fait. Il y en a un peu, mais c’est un très très bel équilibre. J’ai rarement eu ça dans les mains, quelque chose de si audacieux et irrévérencieux, dans le bon sens. Sur les chaînes nationales classiques, on ne se permet plus ce ton-là et c’est bien dommage de se priver de cette liberté parce que ce n’est pas sain de tous le temps se retenir, interdire. En même temps, on dénonce tout ça. On dénonce le racisme, le sexisme… L’humour le permet... L’humour permet de montrer à quelqu’un sans le blesser qu’il est con : il va rire et ça va faire son chemin. Le rapport frontal ne marche jamais. Au niveau de l’image, au niveau de la presse, c’est indispensable dans une démocratie d’avoir un ton libre. Ça permet de maintenir une paix intellectuelle chez chacun.
Quels sont les sujets particulièrement irrévérencieux ?
Justement, le racisme, les sales réflexes. Par exemple, ils ne savent pas à qui vendre la drogue, car ils ne connaissent personne sur l’île qui aurait des réseaux. Il y a une noire sur l’île, ils se disent que forcément, ils vont aller la voir.
Aussi au niveau du machisme, ces sales réflexes que l’on peut avoir. Je me souviens quand j’étais petit des expressions me choquaient dans le langage de mes beaux-frères : je trouvaient pas ça normal qu’ils parlent de ma sœur comme ça. Ce n’était pas méchant, mais macho et je trouvais ça déplacé et je me disais jamais je ne serais comme ça avec ma femme en tout cas, je ne la rabaisserai jamais.
Ce ton irrévérencieux, il est là dans cette série. Les Américains le font très bien sur HBO par exemple. OCS est un proche au niveau du ton, on y trouve ce qui ne se fait pas ailleurs, la liberté de ton
Ma culture vient du théâtre, celui de l’absurde. Vous ne pouvez pas savoir le bienfait, c’est un rire libérateur et intelligent. Les gens rigolent
Holly Weed c’est une comédie intelligente ?
Holly Weed est une comédie très intelligente. C’est un parfait équilibre entre un peu d’absurde, une légère tension dramatique, de la comédie... C’est très bien écrit
Qu’apportez-vous à votre personnage ?
En toute humilité, je dirai que j’apporterai l’humanité. C’est souvent pour cela que l’on m’embauche à l’image ou même dans mes pièces. J’ai le sens de la comédie. Quand j’ai commencé, j’étais encore à l’école nationale des arts et techniques du théâtre en deuxième année. Je sortais de scènes à 21h30 et on allait jouer dans un cabaret un spectacle « L’éléphant s’enferme dans la salle de bain pour jouer avec les robinets ».
Qu’avez vous appris de ce personnage ?
Plein de choses. J’apprends dans la direction à encore plus servir le personnage à essayer de m’oublier. Mon savoir-faire. Je ne suis pas un mec intéressé et le personnage l’est. Je suis très tourné vers les autres et des fois ça me joue un peu des tours. Je suis altruiste et je l’ai toujours été. Je devrais parfois être un peu plus intéressé. Je suis quelqu’un qui ne va pas dans les soirées, et même les « soirées chiffres ». Mais on m’a dit qu’il fallait y aller pour te montrer dire que tu t’intéresses au film. Ne pas être là que pour jouer, mais accompagner aussi l’œuvre