[Théâtre] Les jumeaux vénitiens : La critique
Les jumeaux vénitiens est une excellente pièce de théâtre mettant en scène 10 acteurs et utilisant de très bons et ingénieux immenses décors.
Le texte de Carlo Goldoni a 272 ans, mais cette comédie humaine reste d’une actualité confondante et n’a été que peu dépoussiérée. En effet, l’auteur était célèbre pour ses textes mélangeant psychologie humaine et leçons à tirer des comportements des uns et des autres. De plus, les sentiments humains de base n’ont pas changé et l’amour, l’avidité, l’avarice, la jalousie... restent toujours un puissant moteur dramaturgique.
On passe donc un très bon, et fort drôle, moment de détente devant les aventures croisées de ces jumeaux vénitiens séparés à la naissance et se retrouvant ensemble dans la ville de Vérone où ils viennent courtiser leurs belles. Mais l’un d’entre eux est très bête, alors que le second est fougueux et plein d’esprit.
Il fallait un très grand acteur pour les incarner à tour de rôle pendant deux heures alors qu’il est très fréquemment en scène. Maxime d’Aboville est impeccable et réussi, rien qu’en rentrant sur scène à indiquer quel frère il joue. Ce dernier est aussi hilarant chaque fois qu’il ouvre la bouche et sa séquence du balcon est un grand moment de théâtre.
Les autres acteurs sont tous très bons et font régulièrement rire de leurs malheurs et mésaventures. On aura ainsi la joie de découvrir Victoire Bélézy en demoiselle de bonne famille, Agnès Pontier en servante n’ayant pas sa langue dans la poche et Margaux Van Den Plas en jeune femme décidée à épouser l’homme de sa vie. Côté messieurs, le casting est tout aussi bon, d’autant que ces derniers incarnent aussi de temps en temps d’autres personnages.
On retrouve Philippe Berodot en père avocat, Luc Tremblais en serviteur zélé, Benjamin Jungers en ami amoureux, Adrien Gamba-Gontard en jeune noble excité et Thibault Lacroix en serviteur devant supporter un maître stupide. Il faut donner une mention spéciale à Olivier Sitruk en méchant de l’histoire qui est vraiment impressionnant à chacune de ses apparitions.
À cette pléthore d’acteurs, un décor grandiose de Jean Haas brosse le portrait d’une ville italienne du 18ème siècle. Ce dernier se transforme élégamment et avec ingéniosité en intérieur de maison cossue, en place de ville ou en ruelle mettant en vis-à-vis la maison de l’avocat et un hôtel mitoyen. Cet agencement est évidemment source de rencontres et de quiproquos hilarants alors que les uns et les autres se croisent ou s’interpellent des fenêtres.
Il faut louer la mise en scène de Jean-Louis Benoît qui donne une bien belle jeunesse à une œuvre ancienne. Ce dernier a non seulement su diriger parfaitement les comédiens, mais utilise merveilleusement son décor, ne laissant jamais une seule seconde de temps mort et s’affranchissant des fondu au noir entre les trois actes pour livrer une histoire continue tel qu’on pourrait la trouver dans un film.
Les costumes de Frédéric Olivier sont aussi somptueux et d’une très belle réalisation, donnant vraiment l’impression d’être projeté plusieurs décennies en arrière. La très belle lumière du spectacle, de Joël Hourbeigt, participe pleinement à la mise en valeur à la fois des personnages et des lieux dans lesquels ils évoluent.
Les jumeaux vénitiens est une grande pièce qu’il ne faut vraiment pas manquer tant elle représente avec brio ce qui fait le sel de l’essence théâtrale et démontre avec talent la puissance du spectacle vivant. Avec un récit centré sur des comportements humains intemporels et faisant réfléchir sur ces derniers, une mise en scène formidable, des acteurs superbes et des costumes et décors splendides, cette comédie fait non seulement rire, mais en met plein les yeux.
Impressionnant et magistral.
INFORMATION
La pièce de théâtre se joue du mardi au samedi à 21h, les samedis à 16h30 et dimanches à 16h00 au Théatre Hébertot (78bis Boulevard des Batignolles, 75017 Paris).
SYNOPSIS
Voilà une des plus célèbres comédies de Goldoni, maître incontesté de la comédie italienne du XVIII ème siècle !
Deux jumeaux, Zanetto et Tonino, sont séparés à leur naissance : Zanetto est élevé dans la montagne, Tonino à Venise. Le premier est un crétin, le second un habile homme. Vingt ans après, le hasard les fait arriver en même temps à Vérone pour retrouver leurs dulcinées : chacun des deux ignore que son frère se trouve dans la ville, ce qui va créer une succession de quiproquos, de situations invraisemblables et loufoques propres à semer le désordre dans les esprits et le désarroi dans les cœurs. Duels, amours et désamours, fuites éplorées, intervention de la police, retrouvailles, emprisonnement… Pendant trois actes échevelés, Goldoni ne cesse de pousser l’action de sa comédie en mêlant rire et émotion, tendresse et gravité, sans jamais se départir de ce qui sera sa conduite d’homme de théâtre : amuser le public afin de mieux l’instruire.
DISTRIBUTION
- Adaptation théâtrale et mise en scène : Jean-Louis Benoît
- Avec : Maxime d’Aboville, Olivier Sitruk, Victoire Bélézy, Philippe Berodot, Adrien Gamba-Gontard, Benjamin Jungers, Thibault Lacroix, Agnès Pontier, Luc Tremblais, Margaux Van Den Plas
- Texte : Carlo Goldoni
- Lumières : Joël Hourbeigt
- Costumes : Frédéric Olivier
- Décors : Jean Haas
- Durée : 1h50
- Public : Tout public
- Collaboration artistique : Laurent Delvert
TARIFS
- Carré OR : 60 euros
- Catégorie 1 : 35 euros
- Catégorie 2 : 35 euros
- Catégorie 3 : 18 euros
- Catégorie 4 : 12 euros
GALERIE PHOTOS
Crédits Photos Bernard Richebé
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