Paranoïa Park : Rencontre avec Bruno Mercier

Date : 31 / 10 / 2015 à 08h11
Sources :

Unification


L’avant-première de Paranoïa Park a été l’occasion de rencontrer le réalisateur Bruno Mercier et Hervé Millet le responsable de Destiny Distribution qui distribue le film en France, qui ont répondu aux questions du public.

Attention, quelques éléments sont des spoilers du film. Les questions ont été déplacées à la fin de l’article.

Avant la diffusion du film, Hervé Millet prend la parole pour remercier le public d’être venu en nombre pour cette avant-première. Il a eu de grandes difficultés pour trouver des salles qui acceptaient de projeter le film. 20% des films se partagent 80% des écrans français. Les autres films doivent donc se partager les quelques pourcents qui restent.
Devant une telle difficulté, Paranoïa Park n’est diffusé que dans deux salles : le cinéma Chaplin Saint Lambert dans le 15ème pour une séance par jour et le cinéma Saint André des Arts qui lui réserve deux séances par jour.
En France, il est très difficile de sortir un cinéma d’auteur seul, surtout quand le CSA n’apporte pas d’aide.

De plus le film est entre deux chaises et ne trouve pas son public en France alors qu’il a beaucoup de succès à l’étranger (il n’y a qu’à voir le nombre de prix remportés en festival, nda).

Bruno Mercier : Le film a fait appel à du crowfunding, un financement participatif. Il devait s’agir à l’origine du pilote d’une série, mais l’œuvre a évolué vers un film tourné en quelques heures : 6 dans le Parc des Buttes-Chaumont et 4 dans un appartement. Les américains ont d’ailleurs demandé comment on pouvait réaliser un tel film avec aussi peu de moyens. Mais finalement le manque d’argent à permis d’obtenir un film réussi tel quel. Avec plus de fonds, il aurait peut-être fini par ressembler à d’autres thrillers.

Quelles sont les salles qui ne veulent pas diffuser le film ?

Hervé Millet : tous les grands réseaux de distribution, Gaumont, Pathé, UGC. Nous avions de l’espoir avec les MK2, mais cela ne s’est pas fait.
Nous avons approché les CGR qui est un réseau plus petit, mais fortement implanté en province. Le programmeur des CGR n’a pas aimé le film, mais il nous a permis d’organiser une séance spéciale en présence du réalisateur avec les responsables de tous les CGR de France. Cela devait se passer au CGR de Torcy, mais finalement la projection n’a pas eu lieu. Nous avons appris par la suite que le responsable avait envoyé un message à tout le monde pour dire qu’il ne voulait pas qu’un cinéma du réseau passe le film.
En ce qui concerne les autres salles, soit elles considéraient qu’il ne s’agissait pas d’un film art et d’essai, soit que ce n’était pas un film grand public…

Par amour, est-on vraiment prêt à faire n’importe quoi ?

Bruno Mercier : oui. Cet homme est dérangé. Il n’a pas les mêmes normes que tout le monde. C’est un psychopathe. On peut tout faire par amour, à moins que ce soit de l’égocentrisme. On peut mettre un pays à feu et à sang par amour.

Comment vous est venu l’idée de faire ce film ?

Bruno Mercier : je me baladais dans le Parc des Buttes-Chaumont et je me disais que ce serait un parfait endroit pour suive une personne menacée, surtout si on n’a pas d’argent pour faire un vrai tournage. Puis je me suis demandé pourquoi cette personne serait menacée. Cela m’a aussi donné envie de parler des réseaux sociaux et du fait que l’on échange des messages avec des personnes qu’on ne connaît pas et que cela peut être n’importe qui à la place de la personne à qui vous pensez vous adresser. Cela peut être un véritable danger.
J’ai écris l’histoire en 2 jours. Nous avons eu une répétition chez moi et une dans le parc. Le film s’est fait très vite. Cela se sent d’ailleurs.

La voix du psychopathe a-t-elle été faite en post-synchro ?

Bruno Mercier : sur le tournage, j’avais un micro-cravate avec seulement une entrée son. J’ai greffé le téléphone dans lequel on entend la voix du psychopathe et ai fait un enregistrement direct. Puis comme de temps en temps il y a des frottements, j’ai fait des retouches en postsynchronisation en studio. L’effet obtenu est très bien rendu. On dirait vraiment qu’on entend une conversation téléphonique au micro.
Je suis retourné le lendemain dans le parc pour faire des prises de son stéréo.
Sur le film, je suis scénariste, réalisateur, monteur, caméraman. Le film a été fait avec peu de moyens. Je remercie d’ailleurs le soutien de notre producteur Le mûres sauvages.

Il est très intéressant de voir les passants dans le parc. Sont-ce des acteurs ?

Bruno Mercier : nous avons tourné sans autorisation dans le Parc des Buttes-Chaumont. Au bout d’une heure, 7 policiers sont arrivés. Nous avons dû leur dire que nous ne tournions pas un film. En plus, j’étais seul avec une caméra et je leur ai dit qu’il s’agissait d’un pilote et qu’il n’y avait pas d’équipe de tournage. Ils ont mis une demi-heure pour nous dresser un procès verbal, mais nous ne l’avons jamais reçu.
J’ai fait très attention à ce que les passants ne regardent pas la caméra, ce qui n’est pas facile car quand il y a une caméra, les gens ont tendance à la regarder.
En plus, c’était en décembre et il faisait très froid.

Légalement, si vous n’avez pas eu les autorisations de tournage, avez-vous le droit de diffuser le film ?

Bruno Mercier : il y a environ la moitié des films qui sortent qui n’ont pas d’autorisation de tourner.
Mon prochain film qui est une comédie se passe à Cannes. Nous avons demandé si nous pouvions tourner là-bas et on nous a dit oui, pour 1 800 euros la journée. Du coup nous avons tourné pendant le festival de Cannes, sans autorisation. Il y a d’ailleurs plein de films qui se tournent à cette occasion.

Qu’en est-il de ce personnage psychopathe ?

Bruno Mercier : c’est un psychopathe, mais le personnage n’est pas gratuit. Quant à la mère qui aime sa fille, ce n’est pas une héroïne. Je veux surprendre le spectateur, l’entraîner dans la confusion. C’est pour cela que la caméra doit coller la comédienne.

Avez-vous été inspiré par Phone Game ?

Bruno Mercier : non. C’est plutôt Michael Haneke qui m’a inspiré.

En tant que scénariste, à quel moment avez-vous voulu que la femme rentre dans l’histoire ? Car elle n’a pas l’air de lutter contre ce qui lui arrive.

Bruno Mercier : le psychopathe l’entraîne directement dans la peur avec le caisson étanche. Il l’amène très rapidement à ne plus réfléchir. C’est aussi pour cela qu’il lui parle tout le temps. Cela lui évite de se rendre compte des incohérences de la situation. De plus le silence devient dramatique pour la femme car elle a peur de perdre sa fille et se raccroche donc à la voix et aux consignes qu’elle donne.

Pourquoi cette fin ?

Bruno Mercier : je voulais que la fin reste ouverte. On ne change pas le personnage. J’ai tourné une fin alternative dans laquelle il tire à travers la porte et quand il l’ouvre, il se rend compte qu’il a tué son ex-femme. Mais je l’ai trouvé trop moralisatrice. Le film n’avait pas besoin de cela.

Paranoïa Park est un thriller en temps réel malin et addictif. C’est un véritable exercice de manipulation dont la fin est fort bien trouvée. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.

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