Grimoire Pourpre : Interview de l’auteur Michaël Bettinelli
C’est à l’occasion du dernier Paris Manga qu’Unification a eu la chance de rencontrer Michaël Bettinelli, auteur du Grimoire Pourpre chez Les Ardents Editeurs
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et parler de votre parcours professionnel ?
Je suis actuellement en freelance comme graphiste-bédéiste. Après des études en design graphique j’ai travaillé 2 ans en agence de comm avant de m’établir comme freelance. Depuis 3 ans je me consacre essentiellement à la bd (sous différentes formes) et à l’illustration.
Comment est venu votre intérêt pour la bande dessinée ?
Elle m’est venue à l’école primaire avec Tintin. J’ai dévoré tous les albums et très vite, la lecture ne m’a plus suffit. J’ai commencé à dessiner des bd avec des copains et je ne me suis plus arrêté.
Le Grimoire Pourpre, votre série, est à son quatrième tome, pouvez-vous nous en parler ?
Il s’agit d’une histoire basée sur les contes et légendes du Diable. Des jumeaux reçoivent le grimoire pourpre, étrange volume rassemblant toutes les légendes du Malin, le jour de leurs 15 ans. Pour diverses raisons, des pages se déchirent, ils doivent alors revivre les contes inscrits sur les pages sous peine de perdre leurs âmes. J’ai recherché des légendes peu connues afin de les réutiliser et de les moderniser. A l’origine, les contes étaient transmis oralement, de ce fait ils étaient forcément déformés au fur et à mesure et ils évoluaient au cours des années. C’est l’idée forte de la série, faire vivre et évoluer nos vieilles légendes.
Le 4ème tome continue sur cette idée.
Combien de tomes souhaitez-vous faire ?
Il y en aura 5 au total.
Les Ardents Editeurs publient votre série, comment les avez-vous rencontrés ?
Un peu par hasard. Ils ne faisaient pas de bd à l’époque mais avaient envie de créer une collection destinée à la jeunesse, et pourquoi pas en bd. J’avais alors un projet, mais il ne correspondait pas à leur ligne éditoriale, il fallait un lien avec le Limousin. J’ai donc créé un projet sur les légendes locales. Ce qui me plait dans leur ligne éditoriale, c’est qu’ils utilisent la région comme support, ce n’est pas de l’édition régionale ou du terroir, c’est vraiment utiliser les environs pour créer autre chose. C’est d’ailleurs pour ça que tout le monde peut être touché, pas uniquement les locaux. Heureusement d’ailleurs.
Le Grimoire Pourpre vise un large public, quelles sont les contraintes, censures que vous vous imposez ?
Pour les contraintes, je me suis imposé d’utiliser des lieux existants. L’univers des éditions Marvel m’a beaucoup influencé, l’idée que les personnages évoluent dans des lieux où nous pouvons tous nous promener me plaisait énormément.
Côté censure, il n’y a pas de scène trop violente. Mais ce n’est pas vraiment une censure, juste un choix logique par rapport à l’histoire.
Vous avez réalisé la BD Les Binuchards - Ballades graphiques adaptée des chansons d’un groupe de rock festif venu de Charente-Maritime. Pouvez-vous nous parler de ce groupe et comment est née votre collaboration ?
Etant moi-même originaire de Charente-Maritime, je connaissais leurs chansons et je m’étais dit qu’un jour j’essaierais d’en mettre une ou deux en bd. Après la sortie du premier Grimoire Pourpre j’ai commencé à crayonner 3 planches et à leur envoyer le projet par mail sans trop y croire. Le lendemain, un rendez-vous était fixé. Nous avons défini la forme ensemble et voilà. J’ai ensuite illustré la jaquette de leur nouvel album.
Comme beaucoup de nouveaux auteurs, vous avez diffusé quelques travaux comme Légendes du Shi Er sur Internet. Qu’est ce que ce média vous a apporté ?
Légendes du Shi-èr était un test pour m’entraîner sur un nouveau style graphique. Je faisais ça pour le plaisir et je comptais le garder pour moi. Pendant que je dessinais le premier tome, j’ai participé à un web-comics, Saint Seiya-Ocean Chapter d’Ouv, ce qui m’a décidé à partager ma bd sur Internet. Aujourd’hui je me rends compte que ce média est indispensable. Ça permet de se rendre compte que des gens suivent ou non les projets, et les tenir informés des différentes sorties. Ça n’a l’air de rien, mais voir que des gens suivent est d’un côté motivant, mais je trouve surtout que ça te mets face à tes responsabilités : des gens suivent, attendent, donnent leur avis, donc tu dois faire ton boulot du mieux que tu peux pour ne pas les décevoir.
Quelles sont vos sources d’inspiration en général
J’ai toujours lu des choses assez différentes (bd/mangas/comics) donc je puise un peu partout. Ce n’est pas vraiment les dessins qui m’intéressent le plus en bd mais la narration. Si je devais classer ce qui m’intéresse dans un album je dirais 1-le scénario, 2-la narration et 3-le dessin.
Après je n’ai pas un genre d’histoire en particulier. Ce qui m’importe c’est que la bd ait un sens. Je ne sais pas créer des histoires pour faire des histoires. Par exemple avec le Grimoire Pourpre, le but est de faire évoluer les contes et les faire connaître.
J’ai également réalisé un album pour les 7-10 ans avec des personnages dérivés de l’univers du Grimoire Pourpre : Les Enquêtes du Pichou Gens, et j’ai voulu que l’album soit composé à la façon des livres dont vous êtes le héros. Le principe est simple : 4 personnages doivent mener une enquête pour retrouver une princesse. Le problème est qu’ils ne savent pas à quoi elle ressemble. Chacun y va alors de son avis. J’ai utilisé les clichés que les enfants ont en tête pour créer l’histoire et ensuite les tordre. Et comme je fais beaucoup d’interventions scolaires, les albums me servent de support pour animer ces ateliers.
Quelle est votre méthode de travail ? Quelle utilisation faites-vous de l’ordinateur dans votre processus de création ?
Depuis le 4eme tome je finalise les dessins et l’encrage à la tablette graphique. J’étais un peu réticent au début mais vu le temps que je gagne avec cette méthode…
Les couleurs sont également numériques.
J’ai récemment travaillé sur deux albums, l’un comme coloriste pour Krys Farell T.2. de Beaudry et Drevon chez YIL édition, et l’autre comme encreur pour Overkiller’ T1 de Mansour et Bax chez Uppercut édition. Pour ces deux projets j’ai été contraint de travailler en numérique. Ça a été un excellent exercice et c’est ce qui a achevé de me convaincre de l’efficacité de cette méthode.
Avez-vous d’autres projets en tête, si oui lesquels ?
Oui, je travaille sur un album jeunesse avec un éditeur breton, il s’agit d’un spin off de la série Tante Soizig. Il y a déjà 2 tomes chez Chemin Faisant. C’est un album à la fois pédagogique et humoristique.
J’ai écrit un scénario pour le dessinateur Yvan Postel, le dossier est en cours.
Je vais peut-être essayer de faire quelque chose des Légendes du Shi-èr mais ce n’est pas une priorité.
Et bien sur la suite du Grimoire Pourpre.
Le tome 4 du Grimoire Pourpre est sorti au mois d’octobre
EAN : 978-2917032626
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