EXCLUSIF - Castle : La tentation du Soap Opéra fait peur à Seamus Dever (spoilers)
Première partie de l’interview, cliquez ici : For the first part of the interview, click here
Voici la suite de l’nterview exclusive de Seamus Dever, l’un des acteurs principaux de la série Castle, que nous avons réalisée samedi dernier en compagnie de notre confrère Fanny Perreau de Séries Live. Au programme : le cliffhanger de la fin de la saison 3, le couple Castle/Beckett, le tueur du Triple X, et ses réflexions sur la façon dont une série doit évoluer pour renforcer son audience et éviter de devenir un soap opera. Attention aux spoilers sur la saison 3 !
Parlons maintenant du cliffhanger de fin de la saison 3. On peut supposer que Kate Beckett ne va pas mourir, non ?
Je ne pense pas. Stana est en Mongolie en vacances en ce moment. Ce n’est pas vraiment un spoiler, mais je suis sûr qu’elle va reprendre le travail avec nous la semaine prochaine. Castle et Beckett représentent le futur de la série. Je ne sais pas comment ils vont le faire, mais j’espère que ce sera brillant, et pas comme dans un soap opera à la Dallas où on se demande qui a tiré sur JR, et qu’on se rende compte que c’était en fait un rêve. Connaissant Andy Marlowe, il va trouver une façon très intelligente pour reprendre à ce moment exact. D’après ce qu’on m’a dit, on va reprendre exactement à la fin de la saison 3. Je ne l’ai pas encore lu, et je le lirai sans doute deux jours avant le début du tournage. Mais d’après ce que j’ai entendu, la saison va commencer au même endroit, au cimetière, là où Beckett s’est faite tirer dessus.
Et Beckett a été touchée près du cœur, n’est-ce pas ?
Oui.
Or Josh est un chirurgien spécialisé en cardiologie...
(Rires) La possibilité est là, oui. Mais je ne sais pas. Il est supposé être l’un des plus grands spécialistes dans ce domaine. Mais nous avons des scénaristes intelligents qui savent éviter les situations que l’on voit venir de loin. Notre série est plus maline que ça. Ils savent faire des retournements qu’on n’attend pas. Mais oui, beaucoup de personnes ont spéculé sur ça : « Josh est un chirurgien cardiaque super sexy, il est le meilleur au monde. » Peut-être qu’elle portait un gilet pare-balles, peut-être pas. Ca s’est passé et tourné si vite qu’il y a pu y avoir quelque chose qui s’est passé que nous n’avons pas vu. On verra : je ne suis pas encore dans le secret.
Pensez-vous que les personnages de Castle et Beckett doivent finir en couple ? Les fans attendent cela.
J’ai lu une interview intéressante de l’un des producteurs de Desperate Housewives, qui est marié à une amie. Il pense que plus une série dure, plus elle devient un soap opera. Et c’est le défi. A moins que l’univers de la série ne cesse de s’étendre comme c’était le cas pour Lost. J’ai discuté de la première saison de Desperate Housewives avec lui ; je la regardais chaque semaine, elle était surprenante ! Et je ne suis ni une femme ni homosexuel (tous mes amis gays regardent Desperate Housewives.) Puis ils ont cherché à se réinventer saison après saison, et c’est devenu de plus en plus difficile.
Comment éviter qu’une série devienne un soap opera ? Ils se mettent ensemble, se séparent, se remettent ensemble, se séparent à nouveau, etc. J’espère qu’on ne fera pas ça. Et qu’il n’y aura pas de nouveau personnage qui viendra casser cette dynamique, et se sera forcément aliéné le public. J’espère qu’ils vont finir ensemble, qu’ils vont finalement le faire, pour qu’on arrête enfin d’en parler. Qu’ils feront marcher la relation, qu’ils seront toujours partenaires, et que ça rendra leur relation plus forte. Et je pense qu’il y aura aussi des conflits entre eux : ils ne formeront pas un couple qui s’entend tout le temps. Ils ne seront pas ce genre de couple dont on se dit « Oh, ils sont un couple parfait... »
Je pense qu’on va aller dans cette direction. Les gens parlent de la malédiction de Clair de Lune, mais ils oublient que la série a été touchée par la grève des scénaristes à la fin des années 80 : ils se sont mis en couple puis la série était en pause pendant un moment. Les téléspectateurs ne sont pas revenus ensuite, et ils n’ont pas eu le temps de développer ce point. C’est un point d’histoire qu’on oublie lorsqu’on parle de la malédiction de Clair de Lune.
Mais est-ce qu’il y a une malédiction de Clair de Lune ? J’espère que non : j’ai une maison à finir de payer, donc je voudrais qu’on y échappe pendant, 4, 5 ou même 10 saisons. J’espère qu’ils vont finir ensemble, et que ce sera d’une façon que les téléspectateurs n’auront pas vu venir.
Je pense que l’idée du Tueur au Triple X est une bonne idée car il met Castle dans la situation d’un policier qui laisse s’échapper un tueur. Il va forcément se sentir coupable quand il frappera à nouveau. Qu’avez-vous pensé de cette idée, et le reverra-t-on bientôt ?
Oui, il va revenir cette saison. Je pense que c’était une idée brillante, un épisode brillant ; ils voulaient que Castle ait en quelque sorte son Moriarty, et ils ont donc été influencé par la littérature policière classique. La personne qui a eu cette idée est l’un de nos producteurs exécutifs qui est aussi scénariste, David Amann. J’ai donné quelques idées pour la fin de l’épisode, et elles seront reprises dans le prochain épisode où il apparaîtra. Ils ont laissé quelques indices sur la direction que l’on prendra pour les téléspectateurs.
Quelque chose s’est passé à la fin de l’épisode, et on jouera dessus. Je pense que c’est très malin. Lee Tergesen est fantastique, ce sera bien de le revoir. Ils ont fait ce retournement de situation dans lequel il est d’abord quelqu’un de simple, discret, puis se révèle être le tueur. On verra, mais il va bien revenir cette saison je pense.
Peut-on d’attendre à de nouvelles révélations sur le meurtre de la mère de Beckett ?
Oui, mais je ne sais pas du tout où on va. C’est devenu de plus en plus gros. C’est drôle : on est parti de ce crime anonyme dans une rue, et ça s’est étendu en devenant une affaire dans laquelle on voit des rapports avec la mafia, des trafiquants de drogue, des officiers de police, des tueurs à gage, un syndicat du crime international... Je ne sais pas où on ira avec ça : peut-être que c’est Richard Nixon qui a ordonné le meurtre ? Je suis sûr qu’ils ont quelque chose de malin en tête, Andrew Marlowe est très intelligent, il trouvera un moyen de revenir à cette intrigue. Je ne sais pas ce qu’on peut faire maintenant, ce qu’on peut mettre dedans, à moins qu’on mette la main sur le commanditaire : on a déjà tué le meurtrier, alors qui a donné l’ordre ?
Il y aura un moins un épisode à ce sujet, oui. Mais est-ce qu’on trouvera le commanditaire ? Est-ce qu’on va remonter jusqu’au Secrétaire Général des Nations Unies, avec une mission clandestine au Cambodge ? On verra où ça va aller, mais il y aura bien quelque chose.
Que pouvez-vous nous dire de manière générale sur cette saison à venir ?
Je pense qu’elle sera bonne, qu’il y aura des changements ; la série doit se réinventer d’une façon ou d’une autre, pour rester intéressante et garder son public, ce qui est très important aux Etats-Unis. Vous savez, c’est marrant, on a des séries qui sont des grands hits au début, puis perdent petit à petit leur audience. Notre série était une petite série, petite mais qui s’en sortait bien, puis qui est devenue plus importante au fur et à mesure. Maintenant nous sommes dans le classement des dix séries les plus regardées en Amérique. Le dernier final de saison était neuvième ou dixième je crois.
On s’en sort très bien sur notre chaîne, on arrive même à battre Hawaii Five-0, ce qui est très bien ; je crois qu’on les a battus les 6 ou 7 derniers épisodes. On est face à face, il y a une compétition amicale et pas si amicale à la fois entre nos deux séries. Je pense que tout le monde veut qu’on fasse encore mieux. Nous venons de passer en syndication aux Etats-Unis, ce qui est très important : on sera diffusé l’été sur TNT désormais. C’est comme ça que NCIS est devenu un si grand succès. Est-ce que NCIS marche ici aussi ?
Oui, ils battaient même la principale émission de télé-réalité musicale.
Ouah, vraiment ? Ça ne pourrait pas se produire en Amérique ! NCIS, c’est l’histoire de ce qui se passe quand une série est très bien réalisée et écrite, j’ai joué je crois dans la deuxième ou troisième saison (Note du Rédacteur : c’est la quatrième.) ce sont des gens très bien, ils font une bonne série, ils sont drôles, et ont beaucoup d’éléments que nous avons dans Castle : de l’humour, des mystères, de l’action. Ils faisaient des audiences correctes, mais pas énormes, alors que CBS a toujours de très grosses audiences. Mais ils se sont accrochés, et ça a abouti. Ils sont un spin-off de JAG ! Beaucoup l’ont déjà oublié !
Puis ils sont passés en syndication. Les gens ont commencé à regarder les anciens épisodes, et ils ont gagné un nouveau public parce que les épisodes sont bien écrits. C’est un nouveau phénomène aux Etats-Unis : maintenant NCIS est troisième ou quatrième programme en termes d’audience, et est la première série. Et elle pourrait continuer en l’état pendant longtemps. Ils en sont déjà à huit saisons. C’est fou, c’est très bien pour eux, et j’espère qu’on aura le même succès.
Est-ce que c’est vrai que c’est vous qui êtes responsables du changement de créneau horaire des Experts : Miami ?
Oui, je peux vous le dire. Je ne vous donnerai pas toutes les informations, car elles sont privées, mais c’est bien le cas. Chez nous, le créneau de 22h est très important, et Dancing With the Stars est un très bon lead-in. On doit arrêter de critiquer la télé-réalité quand elle vous donne de l’audience (rires) et dire « Mais c’est de la bonne télé-réalité ! » Mais c’est bien plutôt un concours de danse.
Miami a toujours été diffusé le lundi à cette heure, j’y ai même joué une fois. J’ai des amis qui travaillent dans la série et je leur ai envoyé un courriel en leur disant « hey, désolé les gars, vous allez être diffusé le dimanche maintenant ! » Mais je pense qu’ils s’en sortent très bien : c’est dur à dire quand on parle d’une série qui dure depuis si longtemps.
C’est beaucoup plus dur pour les nouvelles séries, quand elles changent tout le temps de créneau et de jour. Castle a je crois beaucoup de problèmes de ce type dans plusieurs pays : en Irlande, un ami me disait qu’il essaie de regarder mais ça passe un coup à 2h du matin le jeudi, un coup le mardi à 20h. Quand vous n’avez pas un créneau fixe, le public a du mal à vous suivre. En Amérique, c’est le baiser de la mort pour les séries.
Mais heureusement, on est diffusé le lundi à 22h, et on a beaucoup de chance d’être au même moment depuis les débuts de la série, et j’espère qu’on y restera.
La série a été renouvelée en plein milieu de la troisième saison, c’est donc un très bon indicateur.
Merci. J’étais dans une voiture avec Jon Huertas et Nathan Fillion en train d’attendre de tourner une scène, et comme on le fait souvent on était sur nos iphones et c’est là que quelqu’un m’a twitté : « Félicitations pour la saison 4 ! » Je ne me souviens même plus qui c’était ! Et puis mon fil Twitter s’est étendu et étendu avec des félicitations. Je me suis tourné : « Jon, Nathan, on a une saison 4 ! »
« Comment tu le sais ? » « Twitter. » Ni la chaîne ni le producteur exécutif ne m’ont appelé, ils ont donc eu le scoop avant moi ! Ce qui est marrant c’est qu’au début ce type d’annonce, c’était très important. Mais on était là « Cool, c’est bien, on a une saison 4. » Et j’ai prévenu tout le monde, c’était Michael Ausiello qui l’avait annoncé sur son site : « c’est là sur Twitter, regardez. »
Maintenant, tout le monde est concentré sur le travail et j’espère qu’on fera 7 ou 8 saisons, et qu’on aura l’annonce d’une saison 5 en plein milieu de la saison 4. Mais c’est un magnifique cadeau que nous a fait la chaîne : on est sinon toujours à toucher du bois, croiser les doigts à la fin d’une saison. Un de mes amis, Jeremy, bossait sur Cold Case l’an dernier, et il me disait qu’il attendait depuis quelque temps la réponse et était impatient. Puis le lendemain il a reçu un coup de fil de la chaîne annonçant l’annulation. C’était une annonce importante : Cold Case existait depuis un moment et marchait très bien, ils ont été annulés comme ça. C’est quelque chose qui peut tomber sur les meilleurs d’entre nous. On verra bien ce qui se passera avec Castle, mais je suis content qu’on ait au moins une saison de plus. Il y a tellement de choses à développer chez Ryan et Esposito.
Quelle guest star voudriez-voir dans la série ?
Je ne suis pas ce type d’acteur qui veut forcément de grandes guest stars. Je sais que Nathan veut Christopher Walken pour jouer son père, et il l’a dit plusieurs fois publiquement. Je pense à des acteurs dont on ne sait jamais le nom mais qu’on voit partout : cet acteur canadien Colm Feore, par exemple, qui joue dans The Borgias, et que je voudrais voir jouer mon père. Ou bien encore quelqu’un comme Robert Duvall. Et aussi certains amis acteurs avec qui je voudrais bien travailler, dont Georg Stanford Brown qui était connu à la télévision dans les années 70 dans The Rookies et avec qui j’ai récemment joué au théâtre. Je ne cherche pas des acteurs forcément connus, mais des acteurs solides, qui ont du bagage, et que je connais depuis longtemps.
Et tous les fans de SF étaient ravis de voir Robert Picardo.
Oui ! J’étais heureux aussi. Je me suis retenu de faire une imitation de lui dans Innerspace (Le Voyage Intérieur), vous savez ce film dans lequel il est un cow-boy et chante « I’m an old cow-boy... » Il était si hilarant, et il est un acteur si consistant. C’est le moment dans la carrière d’un acteur où on voit quelqu’un qu’on a vu à la télévision en grandissant, je pense à China Beach. On grandit en se disant « je veux être comme lui plus tard. » Puis vous voyez cet acteur, dans votre série, et il vous demande un autographe pour sa fille !
Quand Robert Picardo vous demande une autographe pour sa fille, c’est un de ces moments où les choses sont inversées, et on se dit « Ouah ! » Et parmi les personnes qui regardent la télévision alors, on se dit que certains voudraient être à votre place à leur tour. C‘est bizarre, mais c’est vraiment cool. C’est un de ces acteurs qu’on est content de voir dans une série car on a grandi avec lui à la télévision.
Il y avait aussi un 12e commissariat dans la série Barney Miller, une série comme MASH, et notre série se passe aussi dans le 12e. Je pense que c’est parce qu’il n’existe pas réellement dans New York. J’adorerais avoir quelqu’un de Barney Miller. Firefly avait quelqu’un de Barney Miller : ce serait bien de l’avoir chez nous. C’est ça qui est bien : on veut revoir notre enfance dans la série.
Quels sont vos autres projets ? La musique comme Jon Huertas ?
C’est très marrant ce qu’il a fait avec ça ! Et il a plein de projets dans le domaine de la musique. Je ne sais pas. Je joue du piano, me laisse pousser la barbe, et je viens en Europe pour apprendre plein de choses sur le vin, mais je n’ai rien fait d’autre. Je n’ai pas d’autres projets pour le moment. Castle prend tout notre temps. J’espérais pouvoir arriver à tourner un film pendant le hiatus, mais je n’ai pas pu. Mais j’ai beaucoup appris de choses sur le Bordeaux, le Bourgogne, et Paris.
En France il y a deux clans, les amateurs de Bordeaux et de Bourgogne. Dans lequel vous vous rangez ?
Dans les deux. C’est une très mauvaise réponse, mais les deux. C’est une réponse de poule mouillée. J’aime la complexité du Bordeaux, et la simplicité, le terroir, et l’histoire du Bourgogne. Et j’apprends à connaître le Pinot Noir. Mon palais se développe : je commence à apprécier un très bon Bourgogne maintenant. J’aime aussi apprendre des choses sur l’histoire de la Bourgogne.
Crédits photo : Alexane Trubert.
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