Satoshi Kon - l’illusionniste : La critique
Satoshi Kon : l’illusionniste est un excellent documentaire sur l’un des plus grands réalisateurs de l’animation japonaise diffusé le 4 août sur OCS.
En quatre films et une série, Satoshi Kon a révolutionné à la fois l’animation et le cinéma. Disparu malheureusement trop tôt à 46 ans, son héritage a inspiré nombre de réalisateurs dans le monde entier, dont certains viennent parler devant la caméra de Pascal-Alex Vincent de l’impact qu’il a eu sur leurs œuvres.
Le documentaire de Pascal-Alex Vincent est absolument passionnant à découvrir. Il retrace chronologiquement la carrière de l’artiste et s’attarde sur chacune de ses œuvres en proposant de nombreuses scènes, parfois décryptées par ceux qui ont participé au projet, comme les douleurs ou les animateurs.
Le film met aussi en parallèle des extraits de longs métrages qui se sont inspirés de certains passages des amimes. Si on ne retrouve pas des images d’Inception, qui a des similitudes vraiment marquantes avec Paprika, alors que Christopher Nolan ne reconnaît pas cela, d’autres œuvres sont un véritable hommage à l’inventivité de Satoshi Kon.
Le réalisateur s’est intéressé dès sa première création à la psyché humaine. Et il n’a eu de cesse que de brouiller les frontières entre la réalité, le rêve et la fiction.
Ainsi, dans Perfect Blue, c’est une jeune chanteuse devenant comédienne qui se retrouve au centre d’une intrigue où elle est poursuivie par un tueur. Mais n’est-elle pas elle-même ce monstre ? Le film révèle une mise en scène impressionnante marquée par un final particulièrement éblouissant.
Changement complet avec Millenium Actress, l’un de mes animes préférés. Cette fois-ci, c’est à la fois un siècle de cinéma, mais aussi un millénaire d’histoire japonaise qui sont exploités à travers la carrière d’une actrice ayant quitté la scène des décennies plutôt. Le réalisateur alterne constamment entre la réalité et l’imagination pour brouiller les pistes d’un récit s’éloignant des normes usuelles.
Tokyo Godfather marque un véritable changement de rythme avec une histoire trépidante entre trois sans-abris découvrant un bébé abandonné la veille de Noël. Avec un humour subtil et une étude sociétale du Japon, le réalisateur propose une œuvre extrêmement puissante.
Mais c’est Paprika qui le fait reconnaître à l’international avec le récit d’une femme s’introduisant dans les rêves des personnes pour les guérir. Une maestria d’images dans laquelle une réflexion sur l’humanité est poussée très loin.
Le réalisateur avait d’ailleurs l’habitude de s’impliquer énormément dans ses personnages et se projetait souvent dans les principaux. Il se faisait même parfois filmer en les jouant afin de donner des éléments clé à l’animation.
Et bien sûr, sa très belle série Paranoïa Agent est une fort bonne synthèse des thématiques favorites du réalisateur.
Un homme qui a aussi créé quelques mangas, très réussis eux aussi, et dont le perfectionnisme et la passion n’étaient pas toujours faciles à vivre pour ceux qui le côtoyaient.
D’ailleurs, le documentaire laisse la parole à des personnalités qui racontent aussi l’envers du décor du réalisateur, rendant plus humain cet homme passionné par son art.
Le montage de Clément Selitzki est vraiment agréable. Entre la narration chronologique et l’insertion de différents extraits des œuvres que viennent éclairer, expliquer ou commenter des entretiens passionnants, le documentaire est particulièrement immersif.
Satoshi Kon : l’illusionniste est un excellent film permettant de (re)découvrir un réalisateur de génie et les chefs-d’œuvre qu’il a créé. Avec une approche dynamique, didactique et très documentée du travail du grand maître et des rencontres passionnantes avec ceux qui l’ont rencontré, ne passez pas à côté de ce petit bijou qui donne une très grande envie de (re)voir tous les animes présentés. Et si vous avez la chance de les voir passer sur grand écran près de chez vous, n’hésitez pas à aller au cinéma pour découvrir des longs métrages qui n’ont rien perdu de leur puissance et de leur beauté visuelle.
Superbe et captivant.
SYNOPSIS
Le mangaka et cinéaste d’animation Satoshi Kon est mort brutalement en 2010, à l’âge de 46 ans. Il laisse une oeuvre courte et inachevée, qui est pourtant parmi les plus diffusées et les plus influentes de l’histoire de la culture japonaise contemporaine. Dix ans après sa disparition, ses proches et ses collaborateurs s’expriment enfin sur son travail, tandis que ses héritiers, au Japon, en France et à Hollywood, reviennent sur son legs artistique.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 21 Titre original : Satoshi Kon : l’illusionniste Date de Diffusion : 04/08/2021 Réalisateur : Pascal-Alex Vincent Scénariste : Pascal-Alex Vincent Interprètes : Darren Aronofsky, Marc Caro, Jérémy Clapin, Megumi Hayashibara, Mamoru Hosoda, Junko Iwao, Masao Maruyama, Masayuki Murai, Mamoru Oshii, Rodney Rothman, Aya Suzuki Photographie : Toshiyuki Kiyomura, Gordon Spooner Montage : Clément Selitzki Musique : Théo Chapira Producteur : Kenzô Horikoshi, Tarô Maki, Vincent Paul-Boncour pour Eurospace, Genco, Carlotta Films, Allerton Films Distributeur : Carlotta Films Diffuseur : OCS
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